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EAN : 9791030405699
112 pages
Allia (06/10/2016)
4.25/5   12 notes
Résumé :
Un cimetière sur une colline dominant la rivière Spoon ; un éparpillement de pierres tombales porteuses d’épitaphes, par lesquelles les morts parlent et se répondent. Forgerons, lunetiers, dentistes, prêcheurs et pasteurs, poétesses délicates, cocottes mondaines, entrepreneurs de presse, rescapés de grandes expéditions guerrières, tricheurs, poivrots, fermiers pauvres et riches, spoliateurs et spoliés, maris trahis et femmes trompées.

Masters ne s’en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'ai oublié d'où je tiens le nom de Edgar Lee Masters : sans aucun doute d'un autre livre où j'ai lu son nom au passage ; quant à savoir lequel… Ce nom figurait sur une de mes fiches comme une référence curieuse : j'ai parcouru la liste de ses ouvrages disponibles en français, et je n'ai trouvé que Spoon River, alors j'ai acheté, sans savoir au juste de quoi il s'agissait.

Voilà donc : des poèmes américains traduits, sans texte original en vis-à-vis. Vraiment, mon recueil de critiques semble condamné à ne commencer environ que par des exceptions, car enfin, comme je l'ai déjà écrit, généralement je ne lis pas de poésie uniquement traduite, à plus forte raison quand les vers sont libres : je n'entends presque rien aux règles de versification étrangères et je déteste à peu près toutes les « licences poétiques ».

Enfin ! on ne me reprochera pas cette fois-ci, comme c'est arrivé, de cultiver des préjugés par une attitude de fermeture, de sectarisme, d'obstination butée : je m'intéresse à tout, quoi qu'on me reproche, en voici la preuve, et je me moque qu'on critique mes avis car ils sont sincères et sans a priori. Ne serais-je pas réellement le dernier imbécile si je m'importunais à passer de longues heures dans un ouvrage au seul plaisir anticipé de le démonter ensuite ?

Masters : 1868-1950 – situation chronologique. Spoon River Anthology, en version originale – ce n'était pourquoi guère difficile à traduire… L'idée de ce recueil, je dois dire, est astucieuse et fascinante : Spoon River est le nom d'un village américain probablement imaginaire. Là, sous une colline qu'on appelle un cimetière, les morts du siècle précédent livrent en vers leurs ultimes leçons de vie, récitant à l'infini leurs dernière sagesses, tout ce qu'ils croient avoir appris de nécessaire sur l'existence et qu'ils ressassent outre-tombe, le plus souvent avec amertume et remords. C'est ainsi que chaque poème, exprimé en général en moins d'une page, est intitulé du nom du défunt.

Ce qu'il y a de prodigieusement inventif dans cette idée simple en apparence, c'est que tous ces personnages, issus des milieux les plus divers, ayant exercé les professions les plus opposées, chargés des tendances les plus incompatibles, compositement se connaissent et se répondent, se contredisent et se critiquent, fourmillent de maintes anecdotes entrecroisées, racontant leurs morts, exposant leurs idéaux, chacun dans son langage et suivant son caractère, au point que, d'épitaphe en épitaphe, c'est tout le peuple d'un hameau ancien qui se déploie avec ses turpitudes et ses rumeurs, avec ses aspirations et son mode de vie, avec sa jalousie et son histoire ; et toutes ces paroles disparates, se rejoignant en une vaste communauté d'âmes dont l'humanité est ce qui transparaît le mieux, forment ensemble un portrait collectif de n'importe quel groupement d'individus isolés, sans préconception ni idéalisme naïfs. On découvre ainsi qu'il y a des morts qui se détestent, les enterrements ne transfigurant personne, que tout est demeuré figé dans des synthèses de rancune et d'hypocrisie larvées, que des enfants et des hommes et des femmes et des vieillards ont vécu et sont morts insatisfaits, que l'argent et la politique et le travail et la croyance et la poésie ont bâti tout le passé inextricable de Spoon River ; et, pour le lecteur, c'est une réjouissance et un défoulement que tout ce qu'il y avait de plus secret, de plus rentré, de plus ignoblement ou superbement tu, soit enfin révélé comme par indiscrétion d'âmes et comme s'il était lui-même le descendant de cette foule enfouie.

C'est ce jaillissement-là, cette exhumation des vérités après l'inhumation des corps, qui produit un sentiment d'éblouissante honnêteté, ainsi qu'au bain direct d'esprits humains, même d'esprits médiocres ou vicieux, qui ont en commun l'abandon de la pudeur et la perte de toute nécessité des usages et des faux-semblants.

Et je songe qu'il a fallu un homme d'une singulière trempe et d'une observation bien vaste pour oser produire tant de témoignages fictifs et hétérogènes sur la religion, sur le pouvoir, sur les milieux sociaux et sur l'Amérique même, sans pourtant en faire un ressort systématique ou pamphlétaire qui serait réducteur et partisan, et en embrassant, en somme, un cosmopolisme de points de vue crédibles, comme s'il avait été possible à cet auteur d'immiscer et de rendre compte à peu près des pensées achevées ou inaccomplies d'une génération entière.

Alors, parmi toutes ces correspondances singulières ou symboliques, on discerne, mais au gré seulement de ce qu'on préfère entendre, je veux dire à la suite uniquement de ceux des morts qu'on élit, des bribes de réflexions fugitives et édifiantes, des incitations à vivre de telle manière, de véritables pensées éloquentes, qui prônent tantôt la contemplation de la nature, le goût des amitiés, les joies et douleurs de la famille, les combats et les injustices politiques, la poursuite vaine ou épanouissante des biens acquis et de l'argent, ou encore les asservissements et libertés de toutes sortes – le tout étonnamment détaché des conventions notamment religieuses propres encore aux mentalités anglo-saxonnes de 1916 où l'ouvrage fut publié. Cette variété de maximes explicites ou induites qu'on doit supposer les conclusions morales d'existences tangibles, inévitablement finit par « parler » au lecteur quel qu'il soit, et, sans de cette influence pesante qui imprègne toute fable un peu appuyée, on ressent tôt ou tard quelque adhésion et même quelque amitié profonde – admiration ou pitié – pour l'un de ces personnages qui résument, avec tant de générosité et de verve, tout le lot d'une vie, comme un cadeau d'existence à apposer à la nôtre.

Avec cela, une expression généralement ample, colorée, minutieuse et imagée, certes un peu difficile quelquefois en première lecture – il faut, à mon avis, lire immédiatement chaque poème au moins deux fois – mais traduisant efficacement, même en français, les subtilités de chaque âme ainsi dépeinte et offerte.

On trouve forcément, dans le lot, des poèmes moins forts, vite oubliés, évidemment secondaires, où la réflexion est plus lâche – voire absconse – et le style plus consensuel, et je regrette que le recueil s'oriente peu à peu vers des méditations de plus en plus abstraites au point que les personnages ne sont plus, dans le dernier quart ou cinquième du livre, que des émanations sans tempérament, de purs esprits auxquels l'auteur a ajouté un nom. Je préfère, et de loin, ces poèmes où les « Spoon Riverains » racontent quelque anecdote d'importance et par exemple la façon significative dont ils ont fini leur vie : ces pièces-là, dans leur réalisme cru et terminées comme des chutes, trainent après elles une émotion sincère, plus brute mais souvent déchirante, au lieu de cet éther un peu artificiel dont on fabrique de la morale détachée et qui sent excessivement la chaire, sans parler de l'ampoule et de la déconnexion.

Un dernier mot enfin, sur cette couverture superbe d'un certain Harry Clarke de 1919, où l'on voit, par une sorte de transparence, un cadavre dans son cercueil, exorbité, une main déployée et la bouche ouverte comme prête à crier, côtoyant les racines étendues d'un vieil arbre poussant à la surface, en un style qui m'évoque Aubrey Beardsley que j'avais découvert en illustration d'une pièce d'Oscar Wilde. Cette gravure inspirée est sinistre peut-être mais évocatrice de l'enfermement où se sentent pris morts et autrefois vivants dans l'oeuvre elle-même : elle témoigne d'une époque plus élevée que la nôtre où l'artiste lisait le livre qu'il se proposait d'illustrer, et où on ne confiait pas ce rôle esthétique à des studios qui en réalisent aujourd'hui quinze par jour en apposant des photos idiotes sur des romans classiques aussi bien que contemporainement superficiels. Il n'y a rien de plus à dire là-dessus, sinon qu'il faudra convenir un jour que si les éditeurs ambitionnent de continuer longtemps à vendre des livres au format papier, il faudra qu'ils fassent de cet objet quelque chose de plus attentivement soigné que ces malheureux poches qu'ils nous imposent, faute d'avoir voulu employer les gens qu'il faut et qui, peut-être, leur auraient réclamé seulement quatre ou cinq centimes de plus par livre produit.
Lien : http://henrywar.canalblog.com
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C'est consécutivement à la lecture en 1909 des épigrammes de l'Anthologie grecque, qu'Edgar Lee Masters eut l'idée de composer cet ouvrage étrange et vénéneux, paru en 1915 et mettant en scène les habitants disparus de Spoon River, village issu de la fusion imaginaire de Lewistown et de Petersburg, bourgades de l'Illinois. On retrouve dans le ton étrange de ces épitaphes les influences conjointes de Poe et de Whitman. L'Anthologie de Spoon River surprend par son mélange d'ironie et d'humanité, mettant en lumière les contradictions entre la moralité officielle affichée de leur vivant par les villageois décédés et leurs véritables aspirations. L'amertume et la frustration, le regret du non-vécu et les espoirs déçus qui sont exprimés ici, donnent à cet ouvrage une sonorité étonnamment critique de l'hypocrisie constitutive du puritanisme "à l'américaine". Mais c'est tout le talent d'Edgar Lee Masters d'avoir pour se faire, trouvé une forme poétique, adéquate à ces discours « d'outre-tombe » empreints de mélancolie.
Une oeuvre remarquable qui reste pourtant fâcheusement méconnue en France.
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Deux cent quarante quatre ombres d'éternité qui savent que courtes et tristes sont les vies - les leurs - les nôtres -
dites en quelques vers de rhétorique creuse sur des pierres tombales.
Dans le cimetière Madame Pantier parle à Ruben Pantier qui s'adresse à Emily Sparks, sa vieille fille d'institutrice qui l'aimait comme un Jésus Christ de L'Illinois;
et tous ils se racontent,
et ils/nous ont si peu à dire, que cela nécessite peu de place et beaucoup de talent - et il en a Edgar Lee…
tous, ils se racontent les juges, les assassins, les cocus assassinés, le chinois confucéen - une âme que l'on veut ramener au dieu des chrétiens - des illuminés…de toutes sortes, panthéistes, bouddhistes, chrétiens…et même un athée;
il y a aussi un banquier qui a mis sur la paille les épargnants de la ville quand son fils s‘est fourvoyé dans des opérations financières incontrôlées,
un juge qui regrette d'avoir condamné un assassin à l'âme plus innocente que la sienne,
Hod Putt, the murderer,
Hanged by my sentence,
Was innocent in soul compared with me.
et l'on se prend à imaginer la Duse qui déclamerait ces épitaphes,
qui dirait mieux qu'elle les vers sur la tombe d'Hamlet Mircure ?
Et pourquoi écrire plus quand on peut tout dire en un seul vers, en un seul mot ?
dans cette ville où un homme vêtu de noir - qui ressemble à Euripide comme un frère - est venu pendant une nuit - qui était peut être de décembre - parler du désespoir et de la vanité de demander des comptes à Dieu comme un Job qui n'aurait pas tout compris, lui aussi;
nostalgie, humanité, méchanceté, espoir,
nos vies en totalité, nos vies dans les vers d'Edgar Lee Masters,
ses vers libres - eux - au contraire de ces vies, de nos vies, convenues prévues, enchaînées…

usqu'à Robert Seethaler (Le champ) – nombreux sont les écrivains qui ont tenté de retrouver cette veine, mais sans jamais atteindre ce niveau de perfection, d'humour et d'humanité.


On peut lire Spoon River Anthology comme une histoire qui raconte des histoires entrecoupées, on en a recensé dix neuf et les habitants se répondent, on peut aussi les lire séparément ces textes,
c'est presque aussi intéressant que les vies des people…
avec tous ces morts nous boirons une eau de vie dans un cimetière ou à côté..


On trouvera pêle-mêle ici La Sagesse de Salomon, Cassius Hueffer, Flossie Cabanis, the circuit Judge, John Horace Burleson, Hamlet Mircure, John Ballard,
Mon édition de ce livre: Macmillan en 1962, préface de May Swenson

Lien : http://holophernes.over-blog..
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Un régal...

Un souffle qui murmure à vos oreilles...

Entendez-vous, dans nos campagnes...souffrir ces pauvres âmes qui pleurent jusqu'en dans nos bras leurs femmes et leurs enfants..

A Spoon River un étendard sanglant s'est levé...
Un chant impur abreuve les sillons du cimetière..

A Spoon River, on rentre dans cette carrière quand nos aînés n'y sont plus... On y trouve leur poussière et la trace de leur vertus.
Bien moins jaloux que de leur survivre que de partager leur cercueil, nous aurons le sublime orgueil de les venger ou de les suivre...


Amour sacré de la nuit, soutiens ces bras vengeurs. Liberté, liberté cherie, combats avec tes défenseurs.

Spoon River est un hymne national.

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Quel beau recueil de poèmes ! À lire à petites doses et à relire pour mieux remarquer les détails et le sens profond.
Et pourtant je dirais que ces poèmes grincent et trahissent vague à l'âme, oeil sans concession sur les défauts des uns et des autres et où la mort est omniprésente.
Bref j'ai aimé l'ensemble et bien sûr le tout premier : "la colline", celui "Georges Gray" p. 47, "Madame Sibley p. 82
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Spoon river — Edgar Lee Masters
Où sont Elmer, Herman, Bert, Tom et Charley
le veule, le fortiche, le clown, le poivrot, le bagarreur ?
Tous, tous dorment sur la colline.

Ce sont cinq des 362 personnages de ce recueil, chacun héros d’un de ses 362 poèmes.

Doc Hill

À toute heure du jour et de la nuit
j’arpentais les rues, allant ici et là,
soignant les pauvres frappés par la maladie.
Savez-vous pourquoi ?
Ma femme me détestait, et mon fils allait à la dérive.
Je me suis donc tourné vers les gens, pour déverser mon amour.
Comme il m’était doux de voir les foules sur les pelouses le jour de mes funérailles,
et de les entendre murmurer leur amour et leur chagrin.
Mais, ô mon dieu, mon âme a tressailli, à peine capable de se tenir au bastingage de la nouvelle vie,
quand j’ai vu Em Stanton derrière le chêne
qui abrite ma tombe
se cachant, elle et sa peine !

Ils sont tous couchés dans le cimetière de la petite ville de Spoon River, au bord de la rivière du même nom. Tous ces récits s’entremêlent, ils se connaissaient tous peu ou prou, formant un réseau narratif d’une ampleur enthousiasmante.

Andy le veilleur de nuit

Avec mon manteau espagnol
mon vieux chapeau mou,
mes souliers enveloppés de feutre,
Tyke, mon chien fidèle
et mon bâton noueux de noyer blanc,
j’allais de porte en porte sur la place
muni de ma lampe-tempête.
Les étoiles de minuit tournoyaient dans le ciel,
la cloche de l’église tintait doucement au souffle du vent,
les pas fatigués du vieux Doc Hill
sonnaient comme ceux d’un noctambule,
et au loin un coq chantait.
À l’heure qu’il est, un autre veille sur Spoon River,
comme d’autres veillèrent avant moi.
Et nous voici, le vieux Doc Hill et moi,
là où personne ne cambriole
et où le veilleur est inutile.

Peu à peu, en lisant ces textes possédant chacun sa petite part de transcendance par dessus un bon vieux morceau d’humain, se reconstitue à la fois cette ville américaine début vingtième siècle avec son ambiance typique et les sentiments et passions liant chaque communauté d’êtres humains.

Sonia la Russe

Née à Weimar
d’une mère française
et d’un père allemand, savant, professeur,
orpheline à quatorze ans,
je suis devenue danseuse sous le nom de Sonia la Russe.
À Paris j’ai fait les Boulevards,
maîtresse d’une flopée de ducs et de comtes,
et plus tard de rapins et de poètes.
À quarante ans, finie, je me suis dirigée vers New-York.
Sur le bateau j’ai fait la connaissance du vieux Patrick Hummer,
plein de verdeur malgré sa soixantaine
qui s’en retournait chez lui après avoir vendu
un plein bateau de bétail dans la ville de Hambourg.
Il m’a amenée à Spoon River et nous avons vécu ici vingt ans — on nous croyait mariés !
Ce chêne près de moi est le rendez-vous favori
des geais qui babillent tout le long du jour.
Pourquoi pas ? Car ma poussière même rit
en pensant à cette affaire drôle qu’est la vie.
Minerva Jones

J’étais Minerva Jones, la poétesse du village,
la risée des rustauds de la rue
à cause de mon corps lourdaud, de mon oeil qui louchait et de ma démarche dandinante. Mais ce fut bien pis encore quand «Butch» Weldy
m’eut prise à l’issue d’une chasse brutale.
Il m’a laissée à mon sort chez le docteur Meyers,
et j’ai sombré dans la mort, sentant le froid me gagner depuis les pieds,
comme quelqu’un qui avance pas à pas dans un ruisseau glacé.
Quelqu’un ira-t-il au journal du village
rassemble dans un livre les vers que j’écrivais ?
J’avais si soif d’amour !
J’avais si faim de vie !
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George Gray

Plus d’une fois j’ai étudié
Ce marbre gravé pour moi
Une barque, voile ferlée, à l’ancre dans un port
Cette image, en réalité, n’indique pas le terme,
Plutôt ma vie.
Car l’amour m’a tendu les bras, et j’ai craint d’être déçu
Le chagrin a frappé à ma porte, et j’ai eu peur.
Pourtant je n’ai cessé de chercher un sens à ma vie
Et maintenant je sais qu’il faut hisser la voile,
Prendre le vent du destin,
Où qu’ils portent la barque.
Trouver un sens à sa vie peut conduire à la folie
Mais une vie dépourvue de sens, c’est la torture
De l’inquiétude, du vague à l’âme
Une barque qui aspire à la haute mer et qui a peur.
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Franklin Jones
Avec une seule année de plus
j'aurais pu terminer ma machine volante
et devenir riche et célèbre.
Je trouve donc très bien que l'ouvrier
qui devait me sculpter une colombe
ait sorti quelque chose qui ressemble plutôt à un poulet.
Car la vie, qu'est-ce d'autre
que naître et courir la basse-cour
jusqu'au jour où tombe la hache ?
Sauf que l'homme a un cerveau d'ange
et voit la hache venir dès le premier jour !
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« Où sont Elmer, Herman, Bert, Tom et Charley, le veule, le fortiche, le clown, le poivrot, le bagarreur ?
Tous, tous dorment sur la colline.

L’un est mort de la fièvre,
l’autre brûlé au fond d’une mine,
l’autre tué dans une rixe,
le suivant a rendu l’âme en prison
et le dernier est tombé d’un pont
en trimant pour femme et enfants.
Tous, tous dorment sur la colline.

Où sont Ella, Kate, Mag, Lizzie et Edith,
le coeur tendre, l’âme simple, la criarde, la fière, la vernie ?
Toutes, toutes dorment sur la colline. »
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Mickey M’Grew
Ce qui s’est passé ce jour-là résume l’histoire de ma vie :
Une force extérieure m’a tiré vers le bas
Alors que la mienne n’a jamais failli.
À une époque, j’avais suffisamment d’économies
Pour partir étudier.
Mais mon père, soudain pris à la gorge,
J’ai dû lui donner jusqu’à mon dernier sou.
La vie a suivi son cours et je suis devenu
L’homme à tout faire de Spoon River.
Ce jour-là, le nettoyage du château d’eau terminé,
On m’a remonté en haut des vingt mètres,
J’ai alors détaché la corde de ma taille en riant
Et passé mes bras de géant
Par-dessus le rebord en acier lisse de la tour…
Mais ils ont glissé sur la vase,
Et j’ai plongé, plongé sans fin,
Dans un hurlement de ténèbres !
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