Sssssshhhhhhhh.... Sssssshhhhhhh....
Vous n'avez rien entendu ? Non ?
Ssssshhhhh. Sssssshhhhhhh....
Et là ? Toujours rien ? Comme un frottement contre les murs....
Ssssssssssshhhhhhhh..... Ssssssshhhhh....
On dirait que ça se rapproche. On dirait que c'est dans le mur.....
Autant je ne suis pas un inconditionnel de littérature d'horreur-épouvante, autant j'ai vraiment passé un bon moment avec cette histoire qui ne fait pas toujours dans la dentelle. Les premiers détails gores m'ont tout de même un peu déstabilisé, surtout que le hasard voulait que je sois en train de casser la croûte en lisant le dit passage. Je n'ai d'ailleurs pas réussi à terminer mon assiette du coup. Mais ensuite on s'y habitue et on finit par se délecter de chacune de ces morts plus atroces les unes que les autres.
Alors pour ce qui est de l'intrigue, tout est très visuel, surtout la première partie qui est essentiellement basée sur le thème de la maison hantée. On s'y croirait, on voit les pièces, les couloirs, les escaliers, la piscine avec son eau noirâtre dégueulasse. le héros est d'autant plus énervant et tête à claque qu'il en devient attachant au final.
Contrairement à beaucoup d'autres romans où le personnage principal s'en sort bien à la fin tout en sauvant tous les êtres innocents qui l'entourent, là on sait qu'il n'en sortira pas indemne, s'il en sort tout court. Et la fin confirme cette impression.
Un élément qui m'a plu, et qui marque une différence par rapport à de nombreux autres ouvrages, c'est qu'en permanence on se demande si au final les personnages "gentils", dont le principal protagoniste lui-même, s'en sortiront vivants. On sent que l'auteur peut à tout moment sacrifier n'importe qui et de manière bien cruelle et violente.
L'intégration de la thématique des rituels obscurs sur fond de magie noire est prenante et intéressante. A aucun moment je n'ai trouvé que cela tombait dans le ridicule, comme je m'y attendais. le tout reste finalement plausible, si on attache un minimum de crédibilité aux phénomènes paranormaux.
Par contre, le gros point négatif pour moi réside dans l'attitude et le comportement du héros par rapport à sa collègue Karen et vis à vis de son fils Randy. En effet, je trouve que, d'une part ses sentiments pour cette femme "distinguée" sont simplistes et trop subits pour paraitre véridiques. Il ne ressent rien pour elle au début et sait au plus profond de lui qu'il ne ressentira jamais rien, mais quelques pages plus loin il est déjà en train de l'appeler "ma chérie" et concevoir davantage dans leur relation. Ensuite, et c'est ce qui m'a le plus dérangé, c'est, par moments, l'absence d'émotions par rapport à son fils et à ce qui lui arrive.
Il parvient même à "déconner", à agir parfois avec une certaine légèreté, alors qu'il sait que, pendant ce temps son fils est emprisonné avec les pires des pires des tarés psychopathes meurtriers tortureurs qui existent sur cette planète. Alors ok, l'auteur n'a pas voulu tomber dans le mélodrame pompeux et insupportable, mais j'aurai bien aimé davantage d'allusion sur les angoisses du héros.
Je conseille fortement cet ouvrage. Je l'ai bouffé en trois jours, alors que je lis normalement assez lentement. Il est très prenant bien que je m'attendais à davantage d'angoisse pour le lecteur que je suis. Et pourtant, j'ai lu, pour l'essentiel, dans l'obscurité sur ma liseuse. Mais le divertissement est au rendez-vous, et
Masterton a un style facile à lire tout en imposant un excellent rythme.
Je pense même que je vais me lancer dans un autre ouvrage de ce bon vieux Graham. Je suis donc ouvert à toute suggestion afin de poursuivre cette percée dans le monde de l'épouvante.
P.S. : Je demeure toutefois avec une interrogation pour ceux qui l'ont lu. Pourquoi diable, le vieux "gardien" a balancé le cadavre de son chien à deux têtes dans la piscine abandonnée, pour finalement dire froidement au héros que cette dépouille méritait d'être enterrée dignement, pour finalement jeter à nouveau l'animal mort dans cette même piscine ? Pourquoi ne l'a-t'il pas enterré dès le début lui-même ? Si ce n'est pour constituer un raccourci facile vers la scène du dénouement final. J'ai trouvé qu'il s'agissait là d'une faiblesse scénaristique, à moins que quelqu'un puisse me faire voir les choses autrement.... Je lui en saurai gré d'ailleurs.