AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Devenir français ? : Approche anthropologique de la nat.. (7)

Idéalement, le droit ne permet de naturaliser que des "déjà français", des étrangers qui offrent toutes les apparences du Français même s' ils n'en ont pas encore le statut. Au cours de la procédure d'acquisition, tout l'être du candidat à la naturalisation est interrogé et surveillé : depuis son activité professionnelle jusqu'aux dimensions les plus intimes de sa vie - est-il "de bonnes moeurs" ? -, en passant par sa maîtrise du français. Tout ce qui pourrait continuer de le désigner comme étranger fait l'objet d'une attention particulière. Dans ce jeu d'apparences, le nom occupe une place particulière. Peut-on être Français avec un nom trop ostensiblement étranger ?
(p.233)
Commenter  J’apprécie          60

Houssen fait corps avec son nom : il en est inséparable. Et si l'on suit Norbert Elias, c'est bien une particularité du nom propre dans une "société étatique" que d'être un support du sentiment de soi. s'il est un vecteur essentiel d'identification pour l'Etat, s'il signale l'appartenance à un groupe - la famille -, il est pour l'individu qui le porte le signe indiscutable de son unicité. [...] L'attachement que manifeste Houssen à l'égard de son nom, en dépit de sa "consonance étrangère", fait de lui, de ce point de vue, un Français parfaitement ordinaire...
(chapitre VII, sur la francisation du nom, procédure complémentaire proposée au futur naturalisé).
Commenter  J’apprécie          40
Avec la naturalisation, la "réalité" de la présence en France est susceptible d'être radicalement transformée. L'installation, confinée à la discrétion, presque au secret, qu'exigeait le statut juridique jusque là, peut enfin apparaître. C'est aussi l'acquisition de tous les droits attachés à la condition de citoyen - de "national" -, et des plus symboliques d'entre eux, les droits politiques, qui manifestent avec le plus d'évidence la sortie du statut d'étranger et la fin de la neutralité. La naturalisation est une opération de changement de "substance" - un acte de "transsubstantiation" dit Sayad (1987 : 128).
(p.197)
Commenter  J’apprécie          30
La construction européenne, fondée au lendemain de la Seconde guerre par des États nationaux, est dès sa genèse marquée par l'aspiration à dépasser les frontières nationales, donc de la nationalité : le principe d'une liberté de circulation des personnes, en premier lieu des travailleurs, à l'échelle de l'Europe est posé dès le Traité de Rome de 1957. Ce principe suppose "l'abolition de toute discrimination, fondée sur la nationalité, entre les travailleurs des États membres".Il y a pourtant une tension contradictoire : le principe heurte les fondements sur lesquels sont constitués les États qui souhaitent cette construction, États dont toute l'action est orientée par la nationalité : par la distinction entre le national et l'étranger - la France en est exemplaire. Pour preuve de la résistance qu'opposent les États nationaux aux principes européens qu'ils ont contribué à forger, la discussion sur la liberté de circulation est neutralisée jusqu'au milieu des années quatre-vingt par des discussions pour savoir si elle doit s'appliquer exclusivement aux ressortissants européens ou si elle doit aussi s' appliquer aux ressortissants de "pays tiers" présents sur le sol européen.
(p.123)
Commenter  J’apprécie          30
Cette universalisation de la scolarité est d'une importance considérable. D'une part, l'école devient un puissant vecteur d'unification linguistique : l'école élémentaire obligatoire fera des jeunes Français des francophones. La langue nationale devient la langue "maternelle". D'autre part, en soustrayant l'enseignement aux congrégations religieuses et en fixant les programmes, l'Etat s'approprie la maîtrise des contenus de l'enseignement, qui se renforcent les uns les autres. Apprendre la langue, c'est apprendre l'histoire, et réciproquement. Les manuels scolaires sont d'une importance décisive dans l'exaltation du sentiment national et patriotique. Au-delà de la stricte dimension linguistique, l'école obligatoire et laïque est donc aussi un outil extrêmement efficace d'inculcation d'une "culture nationale".
(p.80)
Commenter  J’apprécie          30
En déclarant "la Nation est une et indivisible", la Révolution fait disparaître les barrières et les frontières intérieures - les frontières entre les ordres - et les déplace vers les confins de la Nation - les frontières nationales. Autrement dit, elle invente l'Etat-nation - c'est la "révolution nationale" - et du même coup, le nationalisme. Le déplacement des lignes significatives de démarcation accentue les antagonismes entre nations. Sans doute s'agit-il là d'un effet non voulu de la Révolution.
(p.64)
Commenter  J’apprécie          20
à l'image du prolétariat, classe sociale opprimée, les "nationalités" sont des peuples opprimés.
Commenter  J’apprécie          00



    Lecteurs (7) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Philosophes au cinéma

    Ce film réalisé par Derek Jarman en 1993 retrace la vie d'un philosophe autrichien né à Vienne en 1889 et mort à Cambridge en 1951. Quel est son nom?

    Ludwig Wittgenstein
    Stephen Zweig
    Martin Heidegger

    8 questions
    145 lecteurs ont répondu
    Thèmes : philosophie , philosophes , sociologie , culture générale , cinema , adapté au cinéma , adaptation , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}