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Critique de MahaDee


Un livre dense ; un récit exceptionnel ; une radiographie précise d'événements et de sentiments ; une enquête fouillée et méticuleuse ; une méditation personnelle qui plonge dans une réflexion universelle et profonde ; un portrait inédit de la Libye prise dans la violence et les troubles ; une lecture poignante qui marque le lecteur... le livre est tout cela, tour à tour, et on pourrait se suffire de chaque point, mais ensemble ces points créent une unité et une cohérence qui transcende le discours et le rend profondément humain.

Un grand merci à Babelio et aux Editions Gallimard qui m'ont permis de découvrir l'oeuvre et de rencontrer l'homme, un intellectuel au sens noble du terme.

J'ai été très embarrassé pour écrire cette chronique et j'ai d'ailleurs laissé passer trois semaines depuis la rencontre, avant d'écrire ces quelques mots. le récit d'Hisham Matar est extrêmement personnel. L'auteur nous délivre son histoire et celle de sa famille de manière très intime, très profonde. Dans ces conditions, il était clair pour moi que cette chronique ne pouvait en aucune manière discuter les éléments du récit.

Je peux simplement vous faire part du plaisir et de l'intérêt que j'ai eu à lire ce livre. J'ai appris beaucoup sur la Libye, son histoire, son passé colonial, les exactions de la trop longue période despotique du dictateur Kadhafi. Mais je dois bien admettre que je partais de très loin et j'ai surtout pris conscience de l'étendue de mon ignorance sur ces sujets. C'est une des vertus de la lecture et ce livre ouvre des pistes d'exploration que j'ai ensuite suivies, notamment grâce à Internet.

Pendant la lecture j'ai aussi eu plaisir à avoir recours à Internet en particulier pour avoir sous les yeux des représentations des tableaux que l'auteur décrit dans son récit, comme par exemple « le martyre de saint Laurent » du Titien. Hisham Matar est architecte de formation. Or, cette formation l'a exercé à focaliser son attention pour regarder vraiment les choses, les lieux, les gens. Il décrit d'ailleurs dans le livre sa manière très particulière de visiter les musées. Il ne passe pas, comme nous le faisons tous, d'une oeuvre à l'autre, d'une salle à l'autre. Il ne visite pas un musée, il visite un tableau. Plusieurs heures d'affilée, plusieurs jours, voire plusieurs semaines, de suite il s'arrête devant le même tableau de manière quasi obsessionnelle. Sa manière de décrire les lieux, les paysages, les villes s'en ressent et il nous propose des pages d'une grande précision.

Je voudrais noter pour finir –ce qui n'est ni un reproche ni un regret– que le fantastique témoignage d'Hisham Matar est immanquablement très marqué d'un point de vue social et culturel. Sa famille était une famille bourgeoise, très à l'aise. Son père, dignitaire du régime précédent, avait fait fortune dans le négoce. Leur fuite en Egypte, au Caire, a été grandement facilitée par leurs moyens financiers. Hisham est envoyé faire des études en Suisse, puis au Royaume-Uni. La famille possède aussi un logement au Kenya, à Nairobi.
Cela ne retire rien à la qualité et à l'humanité du texte. Je pensais seulement que parmi les 1271 victimes du massacre de la prison d'Abou-Salim, où encore parmi les victimes du Printemps arabe libyen, il est fort vraisemblable que peu aient eu ce profil. Il serait bon qu'un jour prochain un témoignage plus populaire puisse aussi voir le jour.
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