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Critique de Ys


Ys
01 novembre 2017
Madrid, en plein coeur du Siècle d'Or. La rue grouille de voleurs et de putains, les Grands intriguent à qui mieux mieux pour quelques miettes de pouvoir, la corruption est devenue un art de gouverner et la littérature espagnole voit s'écrire ses plus grandes pages.
Isidoro Montemayor, correcteur le jour, gérant de tripot la nuit, gazetier à ses heures perdues, se voit confier par son employeur une mission un peu particulière. Il faut dire que l'employeur en question l'est aussi, particulier, puisqu'il s'agit de Francisco Robles, éditeur d'un certain Cervantes dont le Don Quichotte, quelques années plus tôt, a été un grand succès en librairie. Seulement Cervantes, vieillissant et malade, ne parvient pas à écrire la seconde partie de son roman, annoncée pourtant plusieurs fois - et un illustre inconnu vient de publier au nez et à la barbe de Robles une seconde partie à sa sauce. Plutôt épicée, la sauce, baignant dans les insinuations perfides et la diffamation envers plusieurs personnalités du temps... à commencer par le pauvre Cervantes lui-même. Telle est donc la mission d'IIsodoro : mettre la main sur l'auteur en question et le ramener à son maître... qui, ma foi, en fera ce qu'il voudra, à quoi bon se préoccuper de ce détail ?
Mais le mystérieux Avellaneda se révèle vite plus insaisissable qu'un fantôme. le passé de Cervantes n'est pas des plus limpides et nombreux sont ceux, rivalités personnelles ou littéraires, qui pourraient vouloir se venger de lui. A moins qu'il ne s'agisse d'obscures manoeuvres politiques et de luttes d'influence ?

Sous couvert d'une longue et tortueuse enquête où sont conviés les plus grands écrivains de l'époque - Cervantes, Lope de Vega, Tirso de Molina, Gongora, Quevedo, à travers leurs oeuvres mais aussi leur vie personnelle et leurs rapports avec les puissants - Voleurs d'encre constitue une formidable reconstitution historique mêlant vie quotidienne, littérature et politique. Sagasta est de ces auteurs qui savent à merveille donner corps et vie au milieu qu'ils évoquent, avec un excellent sens du détail signifiant, une truculence savoureuse, un talent certain pour fondre leurs connaissances dans le fil de l'intrigue sans jamais sembler docte ou artificiel. Ceux qui cherchent de l'action en seront pour leurs frais : si le récit nous entraîne de tripots en palais, si le héros se prend quelques gnons au passage, l'aventure est avant tout intellectuelle, l'enquête ne cesse de se cogner le nez sur les fausses pistes sans grands rebondissements spectaculaires, et toute l'affaire tient surtout sur la qualité de l'ambiance, l'intérêt historique, la verdeur du langage... et le potentiel de sympathie d'Isidoro, parfait héros picaresque.
Si comme moi vous ne connaissez à peu près que dalle au sujet, attendez-vous à devoir faire quelques détours sur Wikipédia pour renouer certains fils de l'intrigue, mais on apprend là beaucoup de choses avec beaucoup de plaisir !
Lien : https://ys-melmoth.livejourn..
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