Le Jeune Homme, la mort et le temps

Un jeune homme, Richard Collier, n'a plus que quelques mois à vivre. Il décide de voyager et d'écrire sur cette expérience. Assis dans le bar d'un hôtel luxueux, il tombe amoureux d'un visage. Problème : il s'agit d'une actrice décédée vingt ans plus tôt. Qu'à cela ne tienne, il développe une méthode pour remonter dans le temps et… il réussit.
À la fois histoire d'amour et histoire de voyages dans le temps, une oeuvre plus romanesque que les autres oeuvres de Richard Matheson.
Un livre pour rêver.

Quel crève-coeur, quel arrache-coeur, j'ai arrêté ma lecture plus d'une fois, traumatisé, et j'ai pleuré en le refermant... Vous connaissez la méthode Matheson? Mais si, déjà éprouvée dans Je suis une légende : développer un personnage auquel on s'attache, solitaire, exclu et ostracisé, qui survit malgré le danger... et lorsqu'on est plongé dans la béatitude des rares instants de bonheur qui lui sont offerts, Matheson n'attend qu'une chose, nous les arracher en plein vol quand on s'y attend le moins, les tripes et le coeur avec, par un rebondissement inattendu qui nous rend fou et nous attriste au plus profond comme s'il nous arrivait personnellement.

Point de vampires et très peu de folklore science-fictionnel : Richard Collier, condamné par une tumeur au cerveau, erre dans un hôtel tout droit sorti du XIXème et tombe amoureux fou de l'actrice Elise McKenna, qui a vécu en ce temps. Il cherche alors à remonter dans le temps, y arrive par la seule force de sa volonté, et le couple vit alors la plus belle et la plus déchirante des idylles, qui restera pour chacun d'eux, leur seul, unique et plus grand amour. le voyage dans le temps, toujours casse-gueule, est très bien géré : tout ce qu'avait lu Richard sur la vie d'Elise est causé par sa venue, il ne peut rien changer, et l'on connaît déjà la fin abrupte du 21 novembre 1896 annoncée par la biographie d'Elise. Même si Richard veut la changer, il ne peut pas, il l'a lu, c'est déjà arrivé, et on ne peut s'y résoudre. C'est vraiment un roman d'amour bien plus qu'un roman de science-fiction. L'évolution de l'histoire entre Richard et Elise passe du romantisme le plus onirique au réalisme des échanges sur l'oreiller et des projets d'avenir, avant d'être violemment sabordée... Et Dieu, pourquoi, POURQUOI Richard est-il aussi naïf, lent à la détente, et surtout scrupuleux de se débarrasser de son rival Robinson, fieffé salopard qui nous cause de terribles frayeurs traumatisantes dans les dernières parties du roman, et qui finit par participer à la fin tragique du couple??? Parce que Richard a lu qu'il mourrait dans le naufrage du Lusitania?? Parce qu'il est aussi amoureux d'Elise et qu'il souffre?? Mais Richard, pas de pitié pour les... Y a pas de mots. Cela faisait longtemps que je n'avais pas détesté à ce point, viscéralement, un antagoniste, Matheson a réussi un coup de maître.

J'ai fait la grimace sur le post-scriptum du frère de Richard Robert, mettant en doute, grâce à l'ambiguité de la narration, l'authenticité des évènements, mais trop d'éléments plaident en faveur de l'histoire de Richard et la dernière phrase dit tout. Magnifique.

Deux petits reproches bien mineurs par rapport au déferlement émotionnel qui m'a envahi, mais qui m'ont quand même presque fait retirer une étoile en cours de route : la traduction. Gallimard ferait mieux de le ressortir avec une nouvelle traduction aussi soignée que celle de Je suis une légende. Ici, l'écriture en était plus inégale, avec des figures de style un peu ratées, des erreurs dans les dates, les phrases, à l'occasion, mais qui pouvaient parfois davantage relever de la faute de frappe... Également, toute la partie où Richard essaie par sa volonté de reculer dans le temps était laborieuse et maladroite. Il eut été plus poétique qu'il y arrive d'un seul coup, même s'il fallait créer la menace constante de son possible retour en 1971. Les passages sur ses suppositions quant aux voyages temporels n'étaient pas non plus des plus passionnants.

Mais bon, par rapport à tout le reste, l'histoire, les scènes d'anthologie, l'affection énorme du lecteur pour Elise et Richard, nouveaux Héloïse et Abélard, c'est bien peu de choses. Matheson m'a complètement déprimé, pour de vrai, à chaque fois que Richard et son amour étaient mis en péril!! Voilà ce que c'est, les écrivains diaboliques, qui travaillent les effets psychologiques sur leurs lecteurs... Et je le redis, mais qu'est-ce que je HAIS Robinson... Et la pièce d'1 cent...

En ces temps gris, matérialistes, cherchez votre Elise McKenna, et mesdemoiselles, votre Richard Collier. L'amour, divinisé par ce roman, est le plus grand mystère de la vie, cliché, poncif, mais tellement vrai. Je termine par ceci, comme Elise, "Et l'amour, plein de douceur".

Un roman magnifique qui nous transporte dans une histoire d'amour à travers le temps. C'est un chef-d'oeuvre fantastique d'une très grande émotion. A lire et à relire!

« Profondément émouvant, "Le Jeune Homme, la mort et le temps" échappe à la mièvrerie du fait de l'omniprésence de la mort. Il n'y a pas d'amour heureux ! » (Stéphane Nicot)

"Il n'y a pas d'amour heureux" ? ... Pas eu tout à fait cette perception-là : car la lecture de ce "Maître Livre" (*), fort inattendu de la part de cet artisan discret et talentueux que fut Richard MATHESON ("Je suis une légende", "Les seins de glace", "L'homme qui rétrécit", "Duel", "La maison des damnés") ne cessera de nous émerveiller : le bonheur est certes fugitif, fragile, précaire (exactement comme dans une aquarelle de Carl LARSSON : la vie quotidienne, est un conte de fées que l'on ignore, généralement... ) mais il transcendera toute notre existence là où il se tient — en toute immanence : dans cet Instant où il règnera souverain...

Il nous ramène là aussi dans la forêt des Ardennes : à cette petite chaumière matinale où sommeillent encore - tels des Gisants — le Lieutenant Grange et la jeune Mona, du somptueux "Un balcon en Forêt" de Julien GRACQ (1958).

Le bonheur, au fond, c'est "maintenant ou jamais" !

"Bid time return"...

Je crois que Richard MATHESON a tout bien retenu TOUTE la recette magique de ce bon ARISTOTE (dans sa "Poétique") :

(1°) créer — pour Richard Collier comme pour son lecteur — une "mimesis" extrêmement convaincante et soignée dans ses moindres détails (recréation ex-nihilo d'un monde "enfui"). Petite parcelle d'espace-temps, tellement attractive qu'on ne voudrait plus la quitter : tel Richard voulant rester prisonnier de ce qui le relie à Elise Mc Kenna... ou tel Merlin dans la "prison aérienne" de la fée Viviane...

(2°) faire naître à partir de là, une magnifique "catharsis" ("purgation des passions") chez son lecteur : ce qui se passe...

Effectivement " l'histoire, les scènes d'anthologie, l'affection énorme du lecteur pour Elise et Richard, nouveaux Héloïse et Abélard, c'est bien peu de choses. "

Cet homme (Richard MATHESON) était un génie puisque cette oeuvre-là est en passe de devenir immortelle - un peu comme Richard & Elise, qu'on imagine heureux à jamais, "quelque part dans le temps"...

Vivent donc à tout jamais Richard Collier & Elise Mc Kenna, nos merveilleux — immortels — héros romantiques !

(*) "Maître-Livre" est une citation d'un courrier d'Eric Naulleau (évoquant une lecture commune : "Le manuscrit trouvé à Saragosse" de Jean Potocki), du temps heureux de son "Esprit des Péninsules", qui précéda pour lui celui des "modernes" Jeux du Cirque télévisuels...

Est-il possible de remonter dans le temps,sans machine ?
Il semblerait que oui, si on aime assez quelqu'un pour vouloir le retrouver dans une autre époque.
Ce magnifique roman fantastique de Richard Matheson (Je suis une légende - L'homme qui rétrécit) vous touchera par son romantisme, qui ne sombre à aucun moment dans le romanesque fleur-bleue.
Grâce à ce livre, vous vous évaderez, loin, très loin, dans un autre siècle, aux côté de Richard Collier, jeune homme qui n'a plus que quelques mois à vivre après qu'on lui aie diagnostiqué une tumeur cérébrale, et qui au hasard d'un voyage sans retour, s'arrête dans un vieil hôtel en bord de mer. Là, il va tomber amoureux d'une actrice de théâtre, morte au siècle dernier... Et va tout faire pour la retrouver par delà le temps.

Merci à Monsieur Richard Matheson pour son talent ! Merci de m'avoir fait croire que tout était possible si on avait la volonté nécessaire, même de voyager dans le temps, et merci aussi de m'avoir fait découvrir très jeune - car lu ce livre pour la 1ère fois à l'âge de 14 ans - la merveilleuse musique de Monsieur Gustav Malher, dont la fameuse 9ème symphonie, qui ajoute une bande-son fabuleuse à la lecture de ce livre...

Livre adapté (très moyennement) au cinéma en 1980 sous le titre "Quelque part dans le temps", par Jeannot Szwarc, avec dans le rôle de Richard Collier : Christopher Reeve, et dans celui d'Elise : Jane Seymour

C'est sans doute le livre le plus romantique que j'ai lu qui joue avec le paradoxe temporel.
C'est contre une véritable course contre-la-montre que cours Richard, en effet il et est condamné par une tumeur inopérable, et il ne lui reste que six mois maximum à vivre. Il décide de quitter là où il vit pour partir en voyage tout en tenant un journal de bord. Dans un hôtel, il voit une photo d'une mystérieuse actrice qui a vécut il y a soixante quinze ans, avec une vie étrange. Richard tombe désespérément amoureux d'elle, et fait tout pour la rejoindre dans le passé.

Un retour au passé réussit ! Ce livre est un véritable OVNI que nous livre Richard Matheson. Il est très difficile de le classer. L'histoire est romantique et poétique à souhait, l'ambiance est feutrée, et le rythme coule sur les pages avec une facilité déconcertante. Cette oeuvre est particulièrement déstabilisante mais absolument fantastique !

De la poésie dans les mots, une histoire touchante et intrigante, qui est à lire et à relire. Peu de technologies dans ce bijou, et l'envie de voyager dans le temps se fait pressante.
De la poésie, rien que de la poésie, un livre vraiment intime....Absolument magnifique.

Que dire de plus de ce bijou littéraire?
Tout est juste, prenant, l'histoire est magnifique, on tourne les pages, on dévore les mots et la fiction devient réelle, et le roman devient un film vivant. Quel talent! puis on tourne la dernière page, le coeur battant, pour malheureusement revenir à la réalité... Rarement eu une plongée pareille avec un roman. Quel auteur! Fait partie de mon top 5! (et je lis plus de 140 romans par ans,...depuis pas mal d'années....). Merci Monsieur Matheson!

J'ai hésité à mettre ce livre dans mes "à emmener sur une île déserte", tant je l'aime et il m'a bouleversée. Je le relis régulièrement d'ailleurs, juste pour le plaisir de cette magnifique histoire d'amour à travers le temps.

Un livre magnifique et émouvant, nous racontant comment une histoire d'amour peut voir le jour malgré les dizaines d'années qui séparent les deux protagonistes. Littéralement envoutant

Je ne vous présente plus Richard Mathesonauteur de SF culte s'il en est "Je suis une légende", "L'homme qui rétrécit" et ce livre que je viens de terminer "Le jeune homme, la mort et le temps". Matheson a le don de nous plonger dans des histoires hallucinantes, avec un style bien a lui. Les univers qu'il façonne sont toujours très "cinématographique", la qualité de ses descriptions nous permet de nous faire notre "propre film" dans nos têtes. Des histoires toujours étranges, nous sommes ici dans l'univers du fantastique avec le récit dans "Le Jeune homme, la mort et le temps" d'un amour improbable, d'un voyage à travers le temps d'un dénommé Richard Collier, qui se sachant condamné par une tumeur au cerveau décide de voyager à travers les Etats-Unis. Il décide de s'arrêter dans un hotêl étrange et sublime datant du XIXème siècle. Il tombe alors par hasard sur la photo d'une actrice Elise Mc Kenna dont il tombe fou amoureux, seul problème cettedernière est morte et la photo date du 11 novembre 1886. Mais pour RIchard, une seule certitude, il doit retrouver Elise même s'il doit pour cela traverser le temps et allez au delà de la vie et de la mort... Un roman qui une fois débuté ne peut plus être lâché tant l'intrigue est soutenu, l'histoire est très belle, de l'amour, du fantastique, du suspense, bref du très bon Matheson. Une belle réussite dont je vous conseille la lecture ou la re-lecture tant il est vrai que l'on passe un très bon moment.