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EAN : 9782330178994
544 pages
Actes Sud (03/05/2023)
3.81/5   2714 notes
Résumé :
Hélène a bientôt quarante ans. Elle est née dans une petite ville de l'Est de la France. Elle a fait de belles études, une carrière, deux filles et vit dans une maison d'architecte sur les hauteurs de Nancy. Elle a réalisé le programme des magazines et le rêve de son adolescence : se tirer, changer de milieu, réussir.
Et pourtant le sentiment de gâchis est là, les années ont passé, tout a déçu.
Christophe, lui, vient de dépasser la quarantaine. Il n'a ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (393) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 2714 notes
Ce magnifique roman confirme l'exceptionnelle qualité du regard de Nicolas Mathieu. Dans la lignée de Leurs enfants après eux, l'auteur laboure ses invariants avec une acuité éclatante de justesse : le temps qui passe, l'incandescence de l'adolescence, les complexes de classe et notre rapport à la réussite sociale, toujours avec un ancrage géographique fort dans le Grand Est.

Connemara est un roman politique. Il ne dessine pas d'horizon à atteindre mais il saisit les fractures sociales béantes de notre époque en interrogeant sur la construction d'une identité d'aujourd'hui à travers ces deux personnages principaux, deux quadragénaires. Dans le camp des gagnants de la mondialisation, Hélène a coché toutes les cases du mètre étalon de la réussite professionnelle et sociale : mariée, deux enfants, cadre supérieure dans une société de conseil, maison d'architecte and co. Mais elle a fait un burn-out. Elle, le transfuge de classe qui s'était acharnée à conquérir sa réussite et à fuir aussi bien sa famille et sa région, est revenue. Christophe n'est jamais parti. Lui s'est laissé porté. Ex-star de l'équipe locale de hockey, ex-obsession des lycéennes, il est de ceux qui n'ont pas profité, désormais représentant en nourriture canine, divorcé, vivant seul dans un triste pavillon à carrelage avec son père et son fils.

Ces deux personnages sont totalement incarnés et existent au-delà des emblèmes sociétaux qu'ils représentent. Ils se déploient, se rencontrent dans un monde vivant. Jamais on ne perd leur grain de peau, on est toujours à fleur de peau de leur existence, de leur rencontre, puis de leur histoire d'amour. le récit prend son temps, refusant l'allusif ou l'elliptique. On plonge dans les détails de ces moments de vie avant de basculer dans de superbes plans séquences et des flash-backs époustouflants sur l'adolescence comme si on aurait voulu rendre éternel ce qu'on fut, un seul instant.

« L'adolescence est un assassinat prémédité de longue date et le cadavre de leur famille telle qu'elle fut gît déjà sur le bord du chemin. Il faut désormais réinventer des rôles, admettre des distances nouvelles, composer avec les monstruosités et les ruades. le corps est encore chaud. Il tressaille. Mais ce qui existait, l'enfance et ses tendresses évidentes, le règne indiscuté des adultes et la gamine pile au centre, le cocon et la ouate, les vacances à La Grande-Motte et les dimanches entre soi, tout cela vient de crever. On n'y reviendra plus. 
Alors Mireille regarde sa fille ( Hélène ). Elle l'envie, lui en veut, elle voudrait la toucher. L'amour au-dedans lui fait mal. Elle pense petite idiote, mon coeur, grande saucisse, ma chérie, pour qui tu te prends, ne t'en va pas. Elle est si fière. Elle a tellement de peine à lâcher. »

Nicolas Mathieu est l'auteur français qui parle le mieux de cette période
Hélène et Christophe veulent une deuxième chance, ils veulent suspendre le temps en rejouant quelque chose de leur adolescence, cette période indépassable de leur vie. Et c'est déchirant de les voir retrouver une énergie à la fois candide et désillusionnée jusqu'à un épilogue terriblement mélancolique ( très LaLaLand ), attendu mais qu'on soupirait de le voir dévier.

Et puis, il y a ses plans larges, des passages quasi analytiques qui règlent leur compte au néo-libéralisme contemporain. Ce n'est évidemment pas un hasard si le roman se déroule en 2017, à un moment de bascule, à la veille de l'ère macroniste. Avec une sens réjouissant du sarcasme et de la satire, très proche d'une comédie anglaise à la Jonathan Coe, Nicolas Mathieu réjouit en dézinguant le volapuk de l'entreprise, cette novlangue ( plus très nov' d'ailleurs ) managériale révoltante qui s'infiltre partout sans qu'on s'en rende compte. L'humour est féroce pour décrire les menées de ce cabinet de conseil pour collectivités territoriales déroutées par la réforme refondant les régions.

Remarquable roman qui nous interroge profondément sur ce qui vaut le coup dans la vie, sur ce qui malgré nous nous imprègne, nous habite, nous soumet ou nous révolte, au-delà des lézardes de la vie sans pour autant briser notre quête de sens et d'amour.



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Nicolas Mathieu n'est pas l'écrivain de la désillusion. Si la frustration est au coeur de ses romans, un vent d'espérance n'y souffle pas moins pour autant.

Avec Connemara, c'est à l'aube du mitan de la vie qu'il s'attele. Hélène approche des quarante ans, deux filles, un beau mariage et un poste à responsabilité. L'heure des bilans pour celle à qui tout semble avoir réussi. C'est sans compter ses humeurs noires qui la harcèlent et prennent source dans sa propre terre de désirs inassouvis.

Jusqu'au jour où le hasard mettra sur sa route une ancienne gloire de son lycée que toutes les filles convoitaient.

Christophe est en instance de divorce, et ne voit pas assez son fils. Il est représentant en nourriture canine, et organise son temps en fonction d'objectifs inatteignables. L'heure des comptes, pour celui qui semble avoir tout raté. Il a pourtant la ferme intention de reprendre son activité de hockeyeur, comme du temps où il en était star locale.

"Il fallait vivre pourtant et espérer, malgré le compte à rebours et les premiers cheveux blancs. Des jours meilleurs viendraient. On le lui avait promis." Page 52.

Quelles raisons le poussent à vouloir revivre ses instants de folle exaltation et d'espoirs sans fin ? Peut-être les mêmes que celles qui ont conduit Nicolas Mathieu à nous offrir ce nouveau roman à la frontière entre le générationnel et l'universel. Une écriture à fleur de peau, alliée à un souci constant du détail, comme un "chassé-croisé des espérances et de la peur" inspiré de sociologie, de psychologie et d'une putain de lucidité qui fait du bien !
Start-up nation balbutiante, exploitation des classes populaires, vacuité des valeurs, repli sur soi, nous sommes en 2017. C'est dans cette ambiance crépusculaire - sur laquelle le soleil ne s'est toujours pas levé - que les Français vont élire un président dont ils ne veulent pas.
Reste la rage de vivre, avec fougue, de celle que l'on retouve dans ces hymnes populaires qui traversent les générations et des classes entières, car "on dit que la vie est une folie, et que la folie ça se danse".
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Quatre ans après avoir remporté le prix Goncourt pour « Leurs enfants après eux », Nicolas Mathieu invite à suivre deux quadragénaires qui font le bilan de leurs vies…

Née dans un petit bled de l'est de la France, Hélène semble pourtant avoir réussie sa vie. Parvenue à "s'extraire" de son milieu grâce à de brillantes études, elle a un poste à responsabilités très bien rémunéré, un mari que beaucoup lui envient et deux filles charmantes. Alors certes, il y a eu ce petit burn-out qui l'a incitée à quitter Paris pour retourner dans une région natale plus reposante, mais sur l'échelle de la réussite sociale, il n'y a tout de même pas vraiment à se plaindre. Jusqu'au jour où elle croise Christophe, ex-star de l'équipe de hockey d'Epinal, dont toutes les filles du lycée étaient folles, mais qui est en instance de divorce et a perdu beaucoup de sa splendeur d'antan…

« Connemara » invite à vivre la crise de la quarantaine de deux êtres qui se demandent s'ils ont réussi leurs vies. Lui, vend de la bouffe pour chiens dans un bled qu'il n'a jamais pu/su quitter, tout en rêvant de rechausser ses patins à glace afin de pouvoir revivre ses plus grands moments de gloire. Sur papier, elle semble avoir réussi, sauf qu'elle se retrouve dans un système économique hypocrite qui brasse autant d'air que d'argent, tout en ayant l'impression d'avoir sacrifié/raté son adolescence. Leur rencontre va donc permettre à l'un de s'attirer à nouveau le regard rempli de convoitise d'une femme, de surcroît issue d'un milieu social plus élevé, de quoi revigorer son égo. Quant à l'autre, elle va pouvoir rejouer son adolescence en mettant à ses pieds une ancienne star du lycée qui n'avait d'yeux que pour les autres filles, de quoi rattraper le temps perdu et se sentir à nouveau belle et jeune, tout en assouvissant un léger sentiment de vengeance…

« Connemara » c'est la confrontation de deux mondes que tout oppose, de deux classes sociales qui vont se réunir dans une belle partie de jambes en l'air que l'on qualifiera volontiers d'amour. À l'image de la chanson populaire de Michel Sardou, Nicolas Mathieu va rassembler la France d'en haut et celle d'en bas, sans fausses notes, mais en faisant tourner des serviettes au-dessus des têtes qui ne sont plus vraiment blanches, mais parsemées de vilaines tâches…

Car même s'il nous sert une histoire d'amour, Nicolas Mathieu aime gratter là où cela fait mal, là où la crasse s'est accumulée au fil des ans. Dans un style totalement opposée à celui des réseaux sociaux, qui s'attellent à embellir notre quotidien à coups de photos triées sur le volet, voire même retouchées pour l'occasion, Nicolas Mathieu, lui, préfère décaper pour enlever les couches de verni. Outre un récit intime qui invite à découvrir les regrets et les frustrations de deux quadragénaires, il livre également une fresque sociale et politique qui se déroule durant l'élection présidentielle de 2017 et ne manque pas de déglinguer au passage ces consultants qui nous vendent de l'air à prix d'or. Un véritable régal !

Alors oui, « Connemara » est un récit lent, sombre et pessimiste, qui invite à se demander ce qu'est "une vie réussie", mais qui laisse également un peu de place à l'amour, tout en livrant quelques notes positives sur fond de Michel Sardou

Là-bas au Connemara… on dit que la vie, c'est une folie… et que la folie, ça se danse…
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Il y a les romans doudous et les romans bourre-pif ; celui-ci relève clairement de la seconde catégorie.

Nicolas Mathieu raconte la rencontre, 25 ans après le lycée où ils se sont croisés, de Christophe et Hélène. A l'époque, il était la belle gueule champion de hockey-sur-glace, et elle, la bûcheuse bêcheuse. Rien entre eux ne s'est passé alors, même si elle en rêvait. Et tout à coup, elle va tenter de le conquérir à nouveau -mais pareille aventure a-t'elle encore un sens, alors que tout les sépare désormais ?

Je sors de ce roman KO. J'ai l'âme meurtrie, et je ne sais pas si je l'ai aimé ou détesté, tant il m'a fait mal. Nicolas Mathieu cogne à chaque page avec une force de malade, et sans jamais faiblir. On ne se méfie jamais assez des types à lunettes qui portent des pulls à col rond sur leurs chemises bien boutonnées.

Et pourtant, c'est brillant, c'est puissant. L'auteur nous offre une radioscopie de la France des années '90 à 2017 d'une précision douloureuse. Tout y passe : l'enfance, l'adolescence, la vie adulte, la vieillesse, le couple, les grandes écoles, l'esprit de revanche, le monde du travail, la capitale, la province, les premiers de cordée et les autres, tous les autres. Nicolas Mathieu se saisit de chacun de ces sujets avec une justesse impitoyable, mais sans jamais juger, ni se complaire dans son rôle de conteur : on sent, on sait, qu'il écrit pour lui autant que pour nous.
Et tout sonne effroyablement vrai dans ce roman, des aspirations pleines d'audace et d'assurance de la jeunesse, aux barouds d'honneur rageurs de la quarantaine, où l'on tente tout pour repousser les renoncements prêts à nous engloutir. Autant de lucidité m'a laminée. (La prochaine fois, je lirai Foenkinos, ce sera plus simple).

Mais tout n'est pas que souffrance. En romancier tranquille et talentueux qu'il est, Nicolas Mathieu nous fait nous attacher à ses personnages, piteusement et magnifiquement humains (bien que je n'aie pas apprécié Hélène), et l'on a envie de connaître leur devenir. Il alterne les époques et les chapitres consacrés à l'un ou l'autre de ses protagonistes, mais sa maîtrise de la narration est telle que l'on n'est jamais perdu. En outre, son écriture est un pur plaisir de littéraire.
Ce qui ne m'a pas empêchée d'avoir envie de jeter ce roman monstrueux contre un mur, sitôt terminé, tant il m'a fascinée et mortifiée. Mais un livre qui remue autant ne peut qu'être remarquable et exceptionnel (même si on se retrouve avec du Sardou en tête pendant toute la lecture).

Alors, blindez-vous avant de le lire à votre tour. Prévoyez des pauses, des petits remontants, des sucreries, et respirez par le ventre. Mais pour Sardou, il n'y a rien à faire.
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Connemara, Les lacs du Connemara, cette chanson a inspiré Nicolas Mathieu, consacré par le Prix Goncourt 2018 avec Leurs enfants après eux. Si vous avez un peu oublié – est-ce possible ? - ce titre signé Jacques Revaux, Pierre Delanoë et Michel Sardou, écoutez-le à nouveau et l'air vous trottera dans la tête jusqu'à devenir obsédant comme il obsède Christophe et ses amis.
Dès le début de son roman, l'auteur s'attache à l'histoire d'Hélène qui, avec Christophe, justement, fait partie des deux personnages principaux de Connemara. Hélène est mariée à Philippe. Ils ont deux filles : Mouche et Clara. Leur réussite professionnelle semble exemplaire. Ils vivent à Nancy après une période parisienne.
Tous les deux, ils sont très occupés par leur travail mais, quelque chose m'intrigue. Hélène revient d'un rencart à Épinal, à environ une heure de voiture de Nancy. Au boulot, chez Elexia, « une boîte qui vendait du conseil, de l'audit, des préconisations dans le domaine des RH, toujours la même chose. », elle a embauché Lison comme stagiaire et attend impatiemment qu'Erwann, le patron, lui donne le poste d'assistante qu'elle mérite, à la direction.
De son côté, Christophe Marchal vit à Cornécourt, petite ville pénarde où le FN est arrivé en tête aux dernières élections… Ce quadragénaire, ex-gloire des Loups, l'équipe de hockey sur glace d'Épinal, rêve de recommencer à jouer mais il deux grands amis, Marco et Greg, qui le poussent à boire plus que de raison. Malgré sa volonté de ne pas céder, il craque à chaque fois et cela aura de graves conséquences pour lui.
De plus, Christophe est en pleine rupture avec sa femme, Charlotte, qui se fait appeler Charlie. Ils ont un fils, Gabriel, dont son grand-père, Gérard Marchal, adore s'occuper. La naissance de ce gosse est un moment fort du livre.
Ainsi, Nicolas Mathieu me permet de faire connaissance avec chacune de ses personnes, remontant à leur enfance, leur adolescence avec tous les problèmes mais aussi les joies de ces périodes décisives pour leur vie d'adulte.
Hélène, n'étant pas du tout satisfaite de sa vie de couple, Philippe étant souvent absent pour son travail, se lance sur le web pour tenter de trouver une relation qui lui plaise car ce n'est pas dans son travail qu'elle obtient les meilleures satisfactions malgré toutes ses qualités et son investissement maximum dans les tâches qui lui sont confiées.
Avec Elexia, Nicolas Mathieu permet de comprendre l'engrenage infernal dans lequel nous sommes plongés avec ces boîtes privées censées conseiller nos élus, les collectivités, les Conseils départementaux ou régionaux. D'ailleurs, la création des grandes régions comme celle du Grand Est est une aubaine permettant à ces entreprises de gagner un maximum de fric sur le dos des contribuables en proposant des réorganisations, des transformations, des réformes ayant le plus souvent pour conséquence la suppression de postes.
S'il ne faut pas divulgâcher les étapes importantes et décisives de ce roman, je dois mentionner des pages très sulfureuses et détaillées de relations sexuelles fort bien décrites…
J'ai appris aussi beaucoup de détails sur le hockey sur glace, un sport que je connaissais bien mal. Comme il l'avait fait pour son roman primé, Nicolas Mathieu sait parfaitement nous faire découvrir la Lorraine avec ses qualités mais aussi les problèmes rencontrés par ses habitants.
Une nouvelle fois, Nicolas Mathieu m'a régalé par son style direct, sans fioriture, allant au plus près de la psychologie de ses personnages tout en ayant un regard acéré sur l'époque que nous vivons. Son sens critique est approfondi, avec des exemples concrets accompagnant un déroulement bien maîtrisé agrémenté de surprises qui décuplent de plaisir de la lecture. Allez, je vous laisse pour écouter encore Les lacs du Connemara après m'être régalé avec la lecture de Connemara.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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critiques presse (16)
Telerama
22 mai 2023
Dans Connemara, il fait toujours preuve de la même empathie pour ses héros anonymes, et y ajoute un bel humour féroce envers l’univers et les règles de l’open space et du consulting, parvenus jusqu’aux lacs vosgiens
Lire la critique sur le site : Telerama
LaCroix
14 septembre 2022
Nicolas Mathieu signe un beau roman sur le mitan de la vie, quand beaucoup a été construit mais que tout est encore possible. Ou presque.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LesInrocks
04 mai 2022
L’auteur de “Leurs enfants après eux” met en scène, dans “Connemara”, un homme et une femme pris·es entre nostalgie de la jeunesse et amertume du présent. Le portrait aigu d’une France qui déchante.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LeMonde
03 mai 2022
La quarantaine venue, tout sépare Hélène de Christophe, qui se sont croisés dans leur jeunesse. Pourquoi ne pas revenir en arrière ? Le nouveau roman du Prix Goncourt 2018 est une mélancolique célébration de la vie.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Culturebox
02 mai 2022
Dans ce quatrième roman décliné sur un air de Sardou, Nicolas Mathieu poursuit d'une plume vive son exploration du réel dans les zones sacrifiées de l'est de la France.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LesEchos
26 avril 2022
Pas évident d'embarquer les foules quand on s'intéresse plus aux gagne-petit qu'à Jeff Bezos. Son écriture est si puissante que Nicolas Mathieu nous en convainc pourtant : « Les vies ratées valent le coup d'être vécues », comme il le dit dans la revue Alibi. Et d'être si bien racontées, encore plus.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Lexpress
23 mars 2022
Avec l'air de ne pas y toucher, Connemara dresse, en subliminal, un panorama du pays très bien senti et parfaitement décrit
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
23 mars 2022
Trois ans après son Goncourt, l'écrivain publie un nouveau roman. Deux personnages en quête de bonheur, dans un pays qui se défie et se défait.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeDevoir
01 mars 2022
Nicolas Mathieu, très habile à reconstituer ce monde et ces vies, une sorte d’anthropologue de la France des 25 dernières années. Enjeux politiques régionaux, références culturelles locales, idiomes populaires et jargon d’entreprise (avec ses nombreux anglicismes) alimentent l’hyperréalisme très « franco-français » de ce romancier doué. Au risque de s’aliéner quelques lecteurs étrangers.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LesInrocks
16 février 2022
Telle une étude, Nicolas Mathieu parvient, avec brio, à déceler chez ses personnages la moindre attitude en proie à des réflexes de classes sociales, le tout sans clichés ni élucubrations.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LaPresse
16 février 2022
L'écrivain français Nicolas Mathieu explore dans Connemara les blessures de l’adolescence à travers la crise de la quarantaine d’une femme et d’un homme qui se retrouvent dans l’espoir de rejouer leur jeunesse.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeJournaldeQuebec
15 février 2022
Avec Connemara, l’écrivain français Nicolas Mathieu signe une histoire d’amour qui pourrait vous plaire un peu, beaucoup ou à la folie.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Elle
08 février 2022
Connemara »est un livre splendide. Une fresque sociale et politique, un roman physique et épique à mi-chemin des « Choses de la vie » de Claude Sautet et de « Two Lovers » de James Gray.
Lire la critique sur le site : Elle
SudOuestPresse
07 février 2022
Au pays des pavillons, des ronds-points, des supermarchés, l’écrivain goncourisé signe, en fin observateur, une fresque sociale.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LaLibreBelgique
04 février 2022
Nicolas Mathieu dessine avec un réalisme lumineux un couple confronté à des trajectoires de vie opposées.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeParisienPresse
31 janvier 2022
Lauréat en 2018 du prestigieux prix littéraire avec «Leurs enfants après eux», l’écrivain revient avec «Connemara», un récit encore plus fort et plus intime sur la vie. La sienne. La nôtre.
Lire la critique sur le site : LeParisienPresse
Citations et extraits (428) Voir plus Ajouter une citation
Les premières mesures tombèrent, évidente pour tout le monde. La lente montée, le bruit du vent. Les notes de piano puis les cordes qui flirtaient avec Gershwin.
Enfin la voix de Sardou, et ses paroles qui faisait semblant de parler d'ailleurs, mais ici, chacun savait à quoi s'en tenir. Parce que la terre, les lacs, les rivières, ce n'était que des images, du folklore. Cette chanson n'avait rien à voir avec l’Irlande. Elle parlait d'autres choses, d'une épopée moyenne, la leur, et qui ne s'était pas produite dans la lande ou ce genre de conneries, mais là, dans les campagnes et les pavillons, à petits pas, dans la peine des jours invariables, à l’usine puis au bureau, désormais dans les entrepôts et les chaînes logistique, les hôpitaux et à torcher le cul des vieux, cette vie avec ses équilibres désespérants, des lundis à n'en plus finir et quelquefois la plage, baisser la tête et une augmentation quand ça voulait, quarante ans de boulot et plus, pour finir à biner son minuscule bout de jardin, regarder un cerisier en fleur au printemps, se savoir chez soi, et puis la grande qui passer le dimanche en Mégane, le siège bébé à l'arrière, un enfant qui rassure tout le monde : finalement ça valait le coup. Tout ça, on le savait d'instinct, aux premières notes, parce qu'on l'avait entendu mille fois cette chanson, au transistor, dans sa voiture, à la télé, grandiloquente et manifeste, qui vous prenait aux tripes et rendait fier.
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Ces catéchismes managériaux variaient d'une année à l'autre suivant le gout du moment et la couleur du ciel, mais les effets sur le terrain demeuraient invariables. Ainsi, selon les saisons, on se convertissaient au lean management ou on s'attachait à dissocier les fonctions support, avant de les réintégrer , pour privilégier les organisations organiques ou en silos, décloisonner ou refondre, horizontaliser les verticales ou faire du rond avec des carrés, inverser les pyramides ou rehiérarchiser sur les cœurs de métiers, déconcentrer, réarticuler, incrémenter, privilégier l'opérationnel ou la création de valeur, calquer le fonctionnement des entités sur la démarche qualité, intensifier le reporting ou instaurer un leadership collégial.
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On s’était bien amusés, on avait ri, on avait bien mangé et trop bu. Les téléphones portables étaient pleins de photos qu’on reverrait plus tard. Les beaux-parents en feraient sûrement un album et de temps en temps quelqu’un le sortirait d’une armoire et vérifieraient le bonheur fixé là, les visages d’une grand-mère ou d’un oncle mort entre-temps, le corps impossible des enfants, si petits alors, la lente hémorragie du temps retenue dans la digue d’un rectangle de papier brillant.
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C’est leur terrible métier de parents, donner à cette gamine les moyens de son évasion.
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Ce soir-là, il tomba sur Les Lacs du Connemara et revit sa mère dans son tablier à fleurs, occupée à écosser les petits pois un dimanche matin, Sardou à la radio pendant qu'il dessinait un château fort, et le printemps par la fenêtre. Puis le mariage de sa cousine, quand il avait vomi derrière la salle des fêtes, une méchante cravate nouée autour de la tête, colorent la terre, les lacs, les rivières. Son père l'avait ramené à l'aube et, au feu rouge, lui avait dit tu fais le grand 8 on dirait. À vingt ans, le même Tam tatam tatatatatam dans une boîte de nuit située aux abords de Charmes, la fumée des Marlboro et Charlie dans l'éclat brumeux des lumières rose et bleu, avant de retrouver le froid piquant des parkings et le retour mortel des voies rapides. Dix ans plus tard au bistrot, sept heures du matin et la voix en sourdine du chanteur tandis qu'il prenait un café au comptoir, la fatigue lourde sous les yeux, à se demander où il trouverait le courage pour venir à bout de cette autre journée. Puis à quarante ans pour finir, un soir de réveillon après avoir déposé le petit chez sa mère, la voix qui scande autour des lacs, c'est pour les vivants, et lui tout seul au volant, ne sachant même pas où dîner ni avec qui, en être là au bout du compte, le cheveu plus rare et sa chemise serrée à la taille, surpris de cette sagesse de vieillard qui, à l'improviste, sur cette chanson roulant son héroïsme de prospectus, le cueillait dans une bagnole qui n'était même pas à lui. Christophe pensa à cette fille qu'il avait voulue à tout prix, et qu'il avait quittée. À ce gosse qui était tout et pour lequel il ne trouvait jamais le temps. Le sentiment de gâchis, la lassitude et l'impossible marche arrière. Il fallait vivre pourtant, et espérer malgré le compte à rebours et les premiers cheveux blancs. Des jours meilleurs viendraient. On le lui avait promis.

Page 52, Actes Sud.
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