Au cours d'une interview accordée à Radio-Canada le 5 octobre dernier, Éric Mathieu nous révèle que, pour écrire, il fait beaucoup travailler son subconscient. Il se lève très tôt et, encore endormi, il va chercher ses rêves et ses cauchemars pour stimuler son écriture. Il considère que l'égo, le conscient, ne sert qu'à le contrôler et, ainsi, empêcher l'élan littéraire.
Dans la solitude du terminal 3, c'est exactement ça : un mélange de rêves, de cauchemars et de délires qui racontent la longue dérive d'un jeune qui se cherche et vit un très mauvais trip après avoir rencontré la mauvaise personne à un mauvais moment. L'auteur avoue :
Nathan Adler c'est Éric Mathieu à 19 ans. Et on espère très fort qu'il n'est pas Nathan dans son vécu, mais seulement dans sa recherche de soi.
Tout au long de ma lecture je me suis demandée où l'auteur voulait en venir. Des phrases courtes, une écriture factuelle, aucune figure de style, l'auteur ne développe pas, n'interprète pas et ne nous donne aucune clé pour anticiper la fin. Et c'est sans doute là, la force du livre : on le lit comme si on le voyait se dérouler sur un écran, un peu ennuyé de ne pas comprendre, un peu écoeuré par la débauche, mais incapable de l'abandonner. Et ce n'est qu'à la fin qu'on comprend enfin ce qu'on vient de lire.
Même si je me serais bien passée des descriptions explicites de scènes de débauche car je préfère, de loin, à ce sujet, l'élégance de la subtilité suggestive à la lourdeur de descriptions minutieuses; même si j'aurais dû sauter les 11 pages d'index écrites par Nathan pour la biographie de Dulys plutôt que de tenter en vain d'y trouver un sens, et que j'aurais pris beaucoup plus de la poésie éthérée qui se dégage des scènes qui se passent dans le terminal 3, fan finie de Éric Mathieu depuis son premier roman, je ne regrette pas d'avoir, encore une fois, pénétré dans cet univers si particulier et labyrinthique qu'est celui d'Éric Mathieu et j'attends avec impatience le prochain.
Je remercie Les Éditions La Mèche et Babelio de m'avoir permis de participer au challenge de lecture un livre contre une critique.