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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Jamais lu un truc pareil, plus qu'une BD, plus qu'un livre, un objet troué – j'ai bien écrit troué-, de dimension 2, une création quasi métaphysique, un chamboulement logique, et à la fin un : « quoi, ce serait donc ça la vie ! » Allez savoir ?
Une expérience à lire que je vous invite vraiment à… vivre.

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On se croirait chez Kafka. L'ambiance visuelle semble presque plagier l'auteur et pourtant, Kafka n'a jamais accompagné ses livres d'illustrations. Peut-être alors pense-t-on plutôt à l'adaptation cinématographique du « Procès » réalisé par Orson Welles…


Malgré ces ressemblances, le personnage de l'Origine ne se prénomme pas K. mais Julius Corentin Acquefacques. Il n'est pas non plus comptable –bien qu'il travaille dans l'administration et que son rôle ne soit pas des moindres. Au Ministère de l'Humour, il est chargé de mettre à jour le glossaire des blagues et des incongruités tandis que dans d'autres recoins du Ministère de l'Humour, une assemblée d'employés se réunit quotidiennement pour voter l'ajout et le retrait de certaines blagues de ce glossaire.


Un matin, Julius Corentin Acquefacques reçoit un pli contenant une planche de bande dessinée. Rien que de très banal ? A s'y pencher de plus près, cette planche représente en fait la scène que vient de vivre Julius, pensées comprises ! Et surtout, elle porte un titre mystérieux… l'Origine. Dans le monde bidimensionnel de la bande dessinée, ce terme n'existe pas et Julius Corentin Acquefacques va potasser plusieurs dictionnaires et rencontrer plusieurs spécialistes avant de comprendre la signification de ce mot. Entre temps, les planches qu'il reçoit continuent à se succéder au cours de la journée dans des situations plus incongrues les unes que les autres –surpassant parfois Kafka dans l'absurde d'un univers dépersonnalisé, fourmillant, labyrinthique : en un mot angoissant. Ces planches ne se contentent plus désormais de représenter des situations passées mais se font le plaisir de représenter l'avenir, emportant dans leur sillage ces fameuses impressions de déjà-vu que tout le monde connaît.

Comme K., Julius Corentin Acquefacques est un solitaire que sa solitude ne dérange pas. Ce choix de vie s'avèrera finalement être moins anodin qu'il n'y paraît et en apprenant qu'il est le motif de la construction du monde dans lequel il vit –et que nous tenons entre nos mains-, Julius comprend que sa condition n'aurait pas pu s'accorder avec celle d'un autre personnage qui aurait fini par devenir aussi primordial que lui. Avec l'aide d'un scientifique éclairé, Julius Corentin Acquefacques s'initie aux subtilités du concept d''Origine, un mot qui n'a de sens que dans le monde tridimensionnel et qui est aussi obscur pour lui que les lois de la physique quantique le sont pour la plupart d'entre nous. Il découvre également l'anti-case, dont il peine à comprendre le fonctionnement, et pour en éclairer la pertinence lorsque nous nous élevons à un degré supérieur de la dimension, Marc-Antoine Mathieu la concrétise subtilement dans son album. On aurait envie de rire et de secouer Julius Corentin Acquefacques pour lui faire comprendre l'évidence de ce concept si nous n'étions pas nous-mêmes dépassés par d'autres phénomènes complexes de la science physique –antimatière en tête.

Marc-Antoine Mathieu nous démontre en quelques planches que l'incompréhension du monde que nous habitons consiste justement en ce que nous l'habitons. A l'image de Julius Corentin Acquefacques qui pense en deux dimensions, ce que nous ne comprenons pas est déterminé par notre vision du monde tridimensionnel. La mise en abyme est convaincante, loin d'être simpliste, et couronnée par l'humour glacial du personnage. Ne reste plus qu'à espérer que notre créateur soit aussi talentueux que Marc-Antoine Mathieu
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Ce bouquin donne une autre signification au mot "promiscuité".

A lire pour voir quel type de prouesses l'édition contemporaine est en mesure de produire pour permettre à nous autres, pauvres lecteurs mortels, d'expérimenter dans un jeu entre l'espace en 2D et celui en 3D, sans parler de la quatrième dimension, celle du temps, la réalité physique de l'anti-case. Un album digne de l'OUBAPO.

Je ne suis pas fol-dingo du style (il y a un peu de tout : le noir et le blanc façon Hugo Pratt, le dessin de nez à la Goossens en passant par les espaces délirants et absurdes qui avaient déjà été explorés par les petits bonhommes à lunettes rondes de Masse dans les années 70) mais il faut reconnaître que le scénario est d'une solidité à toutes épreuves. Je me tâte pour savoir si je vais me précipiter - ou pas - sur le tome suivant....
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Avec l' Origine, marc-Antoine Mathieu attaque pour la première fois la structure même du récit en bande dessinée.
Il se sert malicieusement du découpage de l' album (pages et cases) pour une interrogation spatiale et temporelle (quatre dimensions!) sur ce premier épisode mettant en scène Julius-Corentin Acquefacques.
Ce coup de départ, du "prisonnier de ses rêves" fut une sorte de coup de maître.
Cet album fondateur, se relit avec plaisir.
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Avis portant sur l'ensemble de la série

L'imaginaire débridé de Marc Antoine Mathieu ne semble pas avoir de limites. Son talent non plus d'ailleurs. Car s'il a des idées (et des idées originales, c'est le moins que l'on puisse dire), c'est avec maestria qu'il leur donne corps. Découvrez et savourez ses géniales élucubrations et son brin de folie dans cette oeuvre conceptuelle où les planches introspectives démantèlent les ressorts et rouages de la bande dessinée tout en faisant la part belle au rêve et à l'humour. Dévoilant une lecture à multiples dimensions, c'est une composition ambitieuse qui offre un plaisir éclectique intense et puise sa source dans une étrange scénographie.

Un monde paradoxal qui oscille entre un fantastique (voir fantasmatique) et une réalité dont la filiation à l'univers kafkaïen va bien plus loin que le nom du héros (relisez-le attentivement). Une société triste, dépersonnalisée, prisonnière du carcan d'un système bureaucratique jusqu'au-boutiste et de son décorum loufoque. En occultant l'individu (jusqu'à tenter de réfréner ses rêves), ce microcosme expose des accents totalitaires très terre-à-terre et, parallèlement, un surréalisme troublant quand il affiche la conscience de sa virtualité et de son éphémère. Un théâtre, dont on pourrait s'inquiéter qu'il soit obscur ou oppressant, mais qui s'avère en vérité intellectuellement et émotionnellement vivifiant, burlesque et avant tout ludique.

En effet, les méandres des escapades oniriques de Julius Corentin Acquefacques sont autant de prétextes pour jouer avec le média. En transgressant les codes et en aplatissant les conventions, l'auteur propose une exploration de l'art séquentiel qui suggère une vision au-delà des horizons (au propre comme au figuré). Par une mise en abîme permanente, riche d'étonnantes trouvailles narratives ou graphiques, il expérimente et manipule la forme, miroir sans tain qui tout en renvoyant l'image d'une histoire en train de se fabriquer laisse transparaître les coulisses de sa genèse. Une déconstruction de l'album, expérience intrigante et jubilatoire, qui s'autorise même quelques modulations mystiques. Par ce démontage du processus créatif, on pénètre un peu plus dans l'atelier et la pensée du « Créateur », excitante intrusion dans le domaine immatériel des « dieux ».

Tout cela paraît un peu compliqué. Mais rassurez-vous. Si, au-delà des protagonistes et des pérégrinations du personnage principal, c'est bien une réflexion d'envergure que l'on perçoit (chacun pouvant l'appréhender à sa manière), l'ensemble demeure ouvert et accessible. Pas de messages formatés ou de prises de tête. Les questionnements métaphysiques maquillés d'un absurde récurrent et les autres clins d'oeil scientifiques ne sont là que pour le ravissement de l'esprit et la détente des zygomatiques. Enfin s'il est difficile d'éprouver une réelle empathie pour ce bon Julius, on pourra néanmoins le gratifier de quelque sympathie ; il nous fait simplement, et si merveilleusement, rêver.

Un beau voyage spirituel en noir et blanc dont la ligne, géométrique, incisive et limpide ne s'encombre pas de fioritures. Froide et inexpressive, elle va droit au but, sa puissance évocatrice ne servant exclusivement que le récit. Cette colorisation manichéiste est également bénéfique dans le sens où elle ne parasite pas les perceptions. le lecteur peut ainsi remplir les éventuels « blancs » du propos par sa seule imagination et se métamorphoser en acteur à part entière.

Vous hésitez ? Devant de telles perspectives, point de fuite ! La seule ligne de conduite à suivre c'est de franchir le pas.
Lien : http://www.bdtheque.com/main..
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J'ai découvert Marc-Antoine Mathieu avec son dernier album "3 secondes". J'étais tellement enthousiasmé par l'intelligence de cet auteur que j'ai voulu découvrir ses albums précédents... et je ne fut pas déçu !
Ce premier volume des aventures de Julius Corentin Acquefacques nous entraîne dans un monde imaginaire (ou bien un monde dans lequel notre réalité est poussée à ses extrêmes, jusqu'à l'absurde) où la crise du logement sévit, où l'administration kafkaïenne légifère sur l'humour. le héros de l'histoire, Julius Corentin Acquefacques (dit prisonnier des rêves), travaille au ministère de l'Humour. Un jour il reçoit une lettre qui contient la planche n°4 d'une bande-dessinée nommée l'origine : cette planche est celle que nous avons lu au début du récit. Julius commence alors à se questionner sur le sens de son monde, sur le destin, sur l'existence d'un être supérieur...Marc-Antoine Mathieu joue sur le réel et l'imaginaire, sur les mises en abîme, les histoires dans l'histoire. le récit (la bande dessinée) existe par lui même, est un monde en soi qui a son point de création, ses limites, mais reste une imagination de l'esprit de l'auteur. Marc-Antoine Mathieu s'amuse de nous et nous entraîne dans une hallucinante descente dans son imaginaire ou tout interagit et se mélange. Génial.
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Découvrir Julius Corentin Acquefacques prisonnier des rêves, c'est découvrir une bande dessinée qui vous emmènera là où aucune autre BD n'est jamais allé.

L'histoire : Julius Corentin Acquefacques est fonctionnaire au ministère de l'humour, fonction dont il s'acquitte avec le plus grand sérieux. Il est certes obligé de sous-louer son placard à son voisin du fait des restrictions de place. Tout pourrait aller pour le mieux dans le pire des mondes si, un jour, il ne recevait par la poste une page arrachée d'une bande dessinée, page qui le représente en train de regarder une bande dessinée où il est dessiné en train de regarder une bande dessinée... Son enquête, afin de comprendre qui a bien pu lui envoyer un message aussi énigmatique, va le mener jusqu'au bout du monde, de son monde, jusqu'à l'anti-case..

Ouvrir Julius Corentin Acquefacques c'est s'aventurer dans une BD hors-norme.

Une BD qui explore les limites même de la BD. Mises en abime, interrogations métaphysiques, sentiment de l'absurde, Julius Corentin Acquefacques interroge toutes les conventions de la BD jusqu'à faire exploser le cadre de celle-ci. Julius Corentin Acquefacques pourrait n'être qu'une oeuvre conceptuelle brillante mais ennuyeuse. Or rien de tout cela : dans un dialogue constant entre le fond et la forme Julius Corentin Acquefacques est une BD passionnante tant par l'histoire racontée que par l'ingéniosité avec laquelle elle est racontée.

Sans trahir l'effet de surprise, chaque album est bâti sur l'exploration, puis l'explosion d'une des conventions de la bande dessinée, convention qui sera malaxée, triturée par le médium lui-même jusqu'à sa limite, jusqu'à sa fragmentation. Une idée de génie (n'ayons pas peur des mots) est ainsi nichée au sein de chaque ouvrage. Cette idée est au coeur même de l'histoire. Mais en dire en plus serait gâcher le plaisir de la découverte.

Julius Corentin Acquefacques est une BD ultra référencée : Acquefacques c'est aussi du verlan, les références et hommages à Hergé sont disposés comme des petits cailloux dans tous les ouvrages de Marc-Antoine Mathieu, les ombres de Beckett et de Pirandello planent sur toute l'oeuvre. Nul besoin de relever toutes les références pour jouir de l'oeuvre. Elles n'en ajoutent pas moins tout un réseau de significations avec d'autres oeuvres, une intertextualité qui donne tout sa saveur à cette BD.

Enfin, j'ai eu la grande chance d'interviewer Marc-Antoine Mathieu qui est quelqu'un d'absolument charmant et d'une très grande gentillesse, ce qui n'est pas la moindre de ses qualités.
Lien : http://leslecturesdecyril.bl..
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*Cette critique concerne l'ensemble des tomes de la série*

Comment décrire cette série de BDs? En un mot: Originalité. En deux mots: Originalité et intelligence. En trois mots? Originalité, intelligence et encore originalité.

Cette série est rafraîchissante. Elle nous arrache quelques rires et sourires ici et là, mais l'intérêt se situe dans l'univers et dans l'utilisation de procédés artistiques dans les Bds. Par exemple, la mise en abîme, ou, encore, la rencontre de deux histoires au milieu de la BD (il y a un départ au début de la BD comme à la fin).

De la bonne ''fantasy'' qui s'éloigne des clichés, bien dosés d'absurdité avec des intrigues amusantes. Une série difficile à vendre et pratiquement impossible à résumer, mais qui vaut réellement la peine de faire connaître.
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Mais comment ai-je pu passer à côté d'un tel chef-d'oeuvre ! Heureusement que cette réédition, proposée à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de Delcourt, m'a permis de combler cette lacune.

Julius Corentin Acquefacques est un fonctionnaire du Ministère de l'Humour chargé de statuer sur le potentiel comique de nouvelles histoires supposées être drôles. Sa vie n'a rien d'extraordinaire, jusqu'au jour où il commence à recevoir des pages de BD qui mettent en scène sa propre vie. D'où viennent ces pages, à quel point sont elle liées à son destin ? L'enquête menée par le principal intéressé se révèle très vite prenante et permet d'étaler l'ingéniosité et le talent de Marc-Antoine Mathieu.

En utilisant des procédés narratifs extrêmement inventifs, l'auteur propose un scénario qui s'avère en effet d'une originalité débordante. Au fil des pages, le lecteur se retrouve totalement conquis par le récit et sous le charme de l'approche astucieuse imaginée par l'auteur. le graphisme, tout en contraste de noir et de blanc, est parfaitement maîtrisé et invite le lecteur à aller de surprise en surprise, sans oublier de passer par ce fabuleux concept de l'anti-case que je vous laisse découvrir.

Magistral !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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