L'homme nous tourne le dos, happé, obnubilé par le flot de lumière qui jaillit d'un tableau posé sur un chevalet. La lumière est éblouissante, presque hypnotique...et ce tableau, bien centré sur le chevalet, a quelque chose de sacré, presque déifié.
C'est
le dessin choisi pour la couverture de cette BD. Beau choix judicieux qui introduit et résume toute l'histoire que nous raconte Monsieur Mathieu.
L'histoire ? Celle d'une amitié/amour fusionnelle : l'un est décédé et l'autre survit, incapable de faire son deuil. Comment le pourrai-t-il ? Son ami lui fait parvenir un souvenir : un tableau. Un tableau aussi énigmatique que celui du portrait de Dorian Gray, et de mon point de vue aussi vénéneux, même s'il n'en a pas l'air. D'outre-tombe, sont ami lui lance un filet dont il ne pourra plus se défaire;
Que de fois, je suis revenue en arrière pour mieux admirer, pour mieux m'immerger dans le récit, plonger dans l'image, rechercher un détail !
Trois chapitre bien nommés pour égarer autant qu'éclairer :
le Dessin, le Destin et le Dessein. Et ces deux mots clé "réflection" et "réflexion".
Marc-Antoine Mathieu joue des mots et de deux simples couleurs pour raconter une aventure humaine ou un polar , mais ses récits sont teintés de méditation. Et en conséquence, le lecteur y retrouve ses questionnements et relit selon plusieurs niveaux ces quelques pages...
Peut-être que chaque niveau de lecture en éclaire d'autres...et par ce biais créé un réseau immatériel entre ses liseurs ?
Peut-être que contempler un tableau, un dessin c'est aussi entrer dans la lumière ? échapper à l'obscurité des murs opaques qui protègent mais aussi scindent, séparent, isolent ...