Après le génial
Moxie, je ne pouvais que me précipiter sur le nouveau roman de
Jennifer Mathieu.
Les menteurs de Mariposa confirme la fluidité de sa plume et son goût pour les sujets difficiles. Ici, l'opération Peter Pan, c'est-à-dire l'exil des enfants cubains après la prise de pouvoir de
Fidel Castro en 1959. C'est un sujet personnel pour l'autrice, comme elle l'explique dans ses notes de fin, car sa mère et ses tantes ont vécu ce déracinement. Elle a choisi de montrer toute la détresse psychologique causée par cet évènement, en la personne de Mamita, la mère d'Elena et Joaquin, les deux protagonistes du livre.
L'action se situe donc en 1986, avec tous les codes que cela induit, même si les adolescents d'aujourd'hui risquent de se trouver perdus. Un téléphone fixe ? Des cassettes pour écouter de la musique ? Personnellement, j'ai aimé ce retour dans les années 1980, qui me rappelle mon enfance.
Les protagonistes sont donc Elena et Joaquin, 15 et 18 ans respectivement. Elena se réjouit de l'arrivée de l'été car grâce aux nombreux babysittings qu'elle fait pour une riche famille de vacanciers, elle peut sortir de la maison et échapper à l'emprise de sa mère. C'est ainsi qu'elle rencontre J.C., un garçon plus âgé qu'elle fréquente en secret. Pour Joaquin, cet été est celui de la dernière chance. le jeune homme se pose beaucoup de questions sur leur père qui a quitté le domicile familial lorsqu'ils étaient enfants. Joaquin ne sait pas quoi faire de son avenir, le lycée maintenant terminé, et pense mettre à profit ce temps pour chercher leur père en Californie, où il serait parti. Or, quitter l'île, c'est aussi quitter leur mère, et c'est là que ça devient difficile… Mamita est une exilée cubaine, qui ne s'est jamais remis d'avoir quitté son pays adolescente, et a sombré dans la dépression et l'alcoolisme. Renfermée et agressive, Mamita se raccroche désespérément à ses enfants, jusqu'à les brimer…
Le roman est basé sur les mensonges de ces trois personnages. Parfois innocents ou lourds de conséquences, ces mensonges sont devenus le ciment qui les lient, et qui risque bien de se fissurer à force d'être éprouvé.
L'idée de base est bonne. L'ambiance est pesante, comme un été poisseux. On se sent aussi mal à l'aise que les personnages. On les voit s'enfoncer dans leurs mensonges, dans la crainte des réactions de Mamita (et le lecteur aussi).
Le problème, c'est la réalisation. le rythme est très lent. Il ne se passe presque rien, ce qui donne un récit long à lire. Mais surtout, ce qui représente le plus gros défaut du roman selon moi, les personnages n'évoluent pas. Tout un roman, pour en revenir au point de départ, ça fait long, même si j'exagère un peu.
Au final, je suis ressortie de ce roman déçue. Je n'ai pas retrouvé le peps de
Moxie. Je me suis même ennuyée. Je tenterai quand même ma chance avec les prochains romans de cette autrice, car je suis convaincue de son talent.
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