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Critique de JIEMDE


JIEMDE
16 septembre 2018
Il y a le monde, la France, et puis il y a Heillange, cette petite ville de Lorraine qui depuis la fermeture des hauts fourneaux, se cherche un avenir pendant qu'autour d'elle, la vie ne l'attend pas.

C'est la même chose pour Anthony, Steph et Hacine, enfants d'Heillange qui le temps de 4 étés des années 90, vont tenter d'échapper à la fatalité sociale et au déterminisme qui les entraîne inéluctablement vers une vie "copier-coller".

Ils ne sont pourtant pas tristes ces 4 été, entre balades en meules, sorties au lac, roulages de 3 feuilles en veux-tu en voilà, bouteilles de vodka tièdes sifflées en loucedé, sans parler de l'amour. Oh pas le grand ! Mais le p'tit coup de sexe vite fait sous la tente ou dans la voiture qui permettra de changer d'âge et d'alimenter les conversations. Sauf que les vacances ont ça de pénible qu'elles amènent nécessairement vers la rentrée, ce demain qui obsède Anthony, Steph, Hacine et tous les autres.

Partir ? Une évidence, pour échapper à cette demie-vie dans une ville où elle existe désormais si peu, entre résignation, alcoolisme et chocs de cités, sous les yeux de semi-bourgeois devenus borgnes au royaume des aveugles. Mais où ? Au bled pour mieux revenir à la case départ en pseudo-caïd ? Avoir le déclic des études pour tenter de s'extirper de ce monde de résignation ? Dans l'armée qui vous accueille aussi généreusement qu'elle vous rejette rapidement ?

Rester ? Un p'tit travail ; une p'tite femme ; un p'tit appart et ensuite, un p'tit pavillon ? Se caser, se ranger. Ici, on a finalement ses repères. Et puis souvent encore le père ou la mère ; le cousin ; les potes...

Mais a t-on vraiment le choix ? Car dans leurs quêtes diverses, Steph, Anthony et Hacine qui se fuient ne cessent finalement de se retrouver, tels des particules métalliques folles attirées par l'aimant Heillange qui les ramène à lui.

Dans leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu nous envoie une carte postale grave et mélancolique, mais où pointe ci-et-là des lueurs d'espoirs effleurées dans l'enthousiasme et la fraîcheur de ces adolescents finalement pas si mal dans leurs têtes. Virtuose de l'alternance de style, il bascule constamment entre gravité et fraîcheur, entre digressions réalistes ou sociales et dialogues bruts. Il confirme surtout son habileté à capter une époque dans son entièreté, ralliant ainsi dès les premières pages le lecteur à sa cause.

Brillant !
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