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sur 5912 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
On se glisse sans mal dans cette histoire d'adolescents, en proie à leur désir de vivre et de s'émanciper, prisonniers sans le savoir du déterminisme social qui décide de la place de chacun, que l'avenir, brillant et tout tracé des uns, a déjà pour les autres un goût de médiocrité programmée.

Le titre est superbe, le ton est juste, les personnages crédibles et attachants, la situation d'une vallée en plein marasme économique est réaliste. Bref, le tableau se regarde avec intérêt et plaisir. Toutefois je serais tentée de dire que si Leurs enfants après eux est un roman bien écrit, au naturalisme très réussi, il lui manque peut-être, pour vraiment nous atteindre et avoir une portée plus universelle, une dimension émotionnelle.
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Pour ce billet, trois intro au choix :

1/ Je termine le Goncourt 2018 le jour où le vainqueur 2019 est connu. Et ouf, ce n'est pas l'insupportable dame au chapeau qui l'a emporté cette année. On me prend en flagrant délit de sale gu3ule de people, mais pas que.

2/ Ce même 4 novembre, une traditionaliste vaguement célèbre (que je ne connaissais pas) a déclaré sur LCI, à propos d'une mère célibataire en difficulté : « Je ne connais pas son parcours de vie, à cette dame, qu'est-ce qu'elle a fait pour se retrouver au SMIC ? Est ce qu'elle a bien travaillé à l'école ? Est ce qu'elle a suivi des études ? Puis, si on est au SMIC, faut peut-être pas divorcer non plus dans ces cas-là, à un moment donné, quand on se rajoute des difficultés sur des difficultés et des boulets sur des boulets, on se retrouve dans des problèmes. »
Comme s'il suffisait de 'bien travailler à l'école'.
Comme si tous les jeunes pouvaient 'suivre des études'.
Comme si les études étaient un sésame pour gagner plus que le Smic... 😕

3/ Que faisiez-vous pendant les mois de juillet 1992, 1994, 1996, 1998 ?
Vous dansiez comme Anthony, Hacine, Steph', Clem' en écoutant ♪♫ Nirvana, Cindy Lauper, La Bamba, I will survive, No woman no cry, etc. ♪♫
J'en suis fort aise !
Eh bien lisez les aventures de ces quatre ados, maintenant, et replongez dans vos jeunes années avec eux. Mesurez le chemin parcouru (ou pas), voyez à quel point Bourdieu avait raison avec sa 'Reproduction' (sociale, Hugo, pas sexuelle).
_ _ _ _ _ _

Une histoire de jeunes qui font la fête, rêvent, fantasment, fument et picolent (beaucoup). Et surtout, qui entendent bien se sortir de ce monde étriqué sans avenir.
Un grand roman social, du Zola du XXIe siècle (en plus light), du Despentes en moins trash & moins rock, du Pascal Manoukian en moins misérabiliste, du Marion Brunet ('L'été circulaire') en plus étoffé, du Sylvia Avallone dans le nord-est de la France (mais il fait chaud, aussi).

Là, l'auteur s'appelle Nicolas Mathieu. Il a un regard acéré, le sens de la formule, une plume bien trempée.
Le récit m'a paru long, parfois, mais j'ai suivi avec intérêt, amusement et crainte les parcours de ces adolescents et de leurs parents dans une région touchée par la crise économique - chômage, précarité, repli entre gens de 'bonne' (ou de moins mauvaise) compagnie...
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En suivant trois binômes de personnages sur quatre périodes de temps, de 1992 à 1998, Nicolas Mathieu nous emmène sur les traces de ces ados, qui n'échappent que très rarement à leur destin et dont la position sociale des parents influence l'avenir de leurs enfants après eux.

D'abord Anthony et son cousin, enfants d'ouvriers à Heillange, ancienne citée de hauts-fourneaux dans l'Est de la France et dont l'activité économique se tarit ;

Puis Stéphanie et Clémentine, deux jeunes filles de bonne famille, à l'âge de la contestation du système, avec des envies d'aventures, mais qui entreront rapidement sur la route de leur destinée, études et bonne situation ;

Enfin, Hacine et son père, ouvrier immigré dont le fils, déraciné, préférera l'argent facile de la drogue avant de reprendre une vie rangée mais dans laquelle il se sent étranger à nouveau.

Les destins distincts de ces personnages, même s'ils se mêlent parfois, reprendrons naturellement leurs chemins parallèles.

A mon avis :
On ne sort pas de ce livre sans une certaine amertume. Celle qui est liée à ces destins immuables, dans lesquels ces jeunes sont enfermés malgré eux.
Celle aussi de ces romans sombres qu'on ne peut quitter, mais dont la lecture nous dérange en notre for intérieur.

Et pourtant, c'est la vie. Celle de la plupart des enfants de cette époque. Et si vous aviez l'âge de ces adolescents en 1992, vous vous trouverez face à un miroir.

Cette sensation est d'autant plus forte que Nicolas Mathieu a parfaitement su retranscrire les états d'âmes et les pensées de ces adultes en devenir.

Et c'est ce qui fait la force de ce roman.

Dans ces trois univers, issus de cette classe ouvrière en perte de vitesse, la justesse des réactions et des situations est frappante et d'une vérité criante.

L'écriture est belle et fluide, emprunte du langage parlé des adolescents de l'époque, ce qui renforce le sentiment que j'évoquais plus haut.

Pas de grande histoire dans ce livre, mais plutôt trois tranches de vie, simples et profondes, faites de labeur, d'ennui, d'espoir, de colère, de doutes, de jeunesse. Et une grande histoire d'amour contrariée.

Ce roman a obtenu le prix Goncourt 2018.


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Un titre magnifique et des idées brillantes, particulièrement perceptibles quand on a vécu les mêmes étés, 92, 94, 96, 98, dans le corps fabuleux de notre jeunesse. le corps immortel des dieux olympiens qui ne s'imaginent pas vieillir. Ce fut notre tour, les mêmes étés.
L'ennui et l'étirement du temps, le soleil de plomb (même dans le Finistère pour moi, en 96 et 98), les copains, les fêtes, les nuits, l'alcool, la fumée, les piscines, les shorts, les maillots de bain, la guitare...Et les études, l'avenir qui se dessine, ou pas...Ceux qui restent au bord de la route, ceux qu'on attendait pas, les amitiés qui se défilent et les amours qui se défont sans même avoir eu lieu, et le poids de plus en plus lourd de la réalité qui se profile...Toute ce soleil et cette mélancolie reviennent à la lecture du roman.
Mais il y a plus dans le roman de Nicolas Mathieu, le poids de la réalité est aussi le poids des carcans sociaux. Sortir du milieu de ses parents, pour Anthony le fils d'ouvrier ou Hacine le fils d'ouvrier immigré, partir loin de la vallée minière, est leur rêve impossible. La jeunesse est forte, mais pas assez. le monde est trop puissant et on ne change pas ses règles immuables. C'est cette lourdeur même inconsciente qui pèse aussi sur eux avec le soleil de plomb. On peut effleurer le rêve, qui s'incarne chez Anthony dans son amour désespéré pour Stéphanie, fille de la bourgeoisie. Toucher un peu, mais pas posséder. Au delà de vingt ans, c'est fini. Ils vieillissent vite, dans les vallées de Lorraine. La vie devant soi, mais déjà toute écrite.
Beaucoup de beauté dans ce roman donc, mais, un seul élément m'a un peu gêné pour que ce soit un chef d'oeuvre, c'est l'écriture, notamment des dialogues. Je ne sais pas si j'ai raison, ils m'ont paru sonner faux. Plus langage actuel des jeunes que le nôtre.
"J'avoue", disent souvent les filles. Ca, c'est actuel, on ne disait pas ça. On disait : "c'est clair". "C'est un connard. -Trop ! -Mais tellement" , ça me paraît très actuel aussi, "trop", et "tellement". Mais je me souviens de "trop pas !" Voilà, des broutilles comme ça. Et le verlan, il est où ? Ne me dites pas qu'il n'est pas arrivé en Lorraine. J'attends "foncedé" (ils le sont tout le temps), "meufs" (ils ne parlent que de ça), "complètement ouf", "pété de rire" (l'ancêtre de mort de rire) etc etc...Que dalle, gros nase, tebé, bouffon, bâtard, tarpé...Je chipote, je chipote, mais ma mémoire est vive. Une chose aussi pour monsieur Mathieu : en temps que minette retraitée de 1992, je peux vous dire qu'il est impossible que Clem et Steph portent des deux-pièces à cette date. Mon cher, il n'y avait qu'un seul modèle portable : le une pièce noir, éventuellement une autre couleur, mais une pièce, désolée. Ma mère me tannait pour un deux-pièces "c'est plus joli", mais non, impossible. de même, les queues de cheval, elles ne claquaient pas en 92, parce qu'elles étaient basses, obligé, attachées en catogan par un chouchou ou une barrette. Voir Vanessa Paradis. Je chipote, je chipote. Mais c'est parce que je m'y revois. La force d'évocation de ce texte est donc puissante.
Donc un Goncourt bien mérité, ma foi, pour un très beau livre. A lire (quelque soit la génération !!)
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Je comprends le succès de ce roman. Parce qu'il nous rappelle nos souvenirs d'enfance, nos doutes, nos incompréhensions, nos écoeurements, nos questionnements et surtout nos rebellions à ne pas vouloir devenir comme nos parents. Roman dont l'action se passe de 1992 à 1998 et racontée tous les deux ans. Deux héros, deux jeunes garçons, nommés Anthony et Hacine, ennemis alors qu'ils se ressemblent. Veulent la liberté, l'argent, les gonzesses. Naissons-nous vraiment libres et égaux ? La plupart du temps les dés sont jetés à la naissance, surtout si l'on vit dans une famille d'ouvriers. Je me fais croire que je lui ai porté chance. Pourquoi ? Parce qu'au moment où je finis de le lire, il remporte le Goncourt 2018 et deuxièmement il est né le 2 juin, jour de ma fête. Bravo à lui et merci pour cette belle lecture contemporaine.
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Quel bonheur de plonger ainsi dans la douce nostalgie de mes vingt ans !
*
Un kaléidoscope de références nineties qui m'a fait chaud au coeur.
*
Ceci est le second roman de Nicolas Mathieu. L'histoire se passe dans une vallée vosgienne. Tiens, pas très loin de mon Alsace chérie où j'ai passé toute mon enfance et adolescence. de là à amalgamer les deux endroits, il n'y a qu'un pas !

L'épopée de notre jeune héros Anthony va se dérouler sur quatre étés caniculaires, de ses 14 à 20 ans. Alors le mot « épopée » est un grand mot pour nommer les tribulations de sa vie d'ado meurtri.

C'est aussi le roman d'une époque tourmentée, de jeunesse qui peine à trouver sa voie dans un monde éteint. Cette jeunesse qui croit qu'ailleurs, l'herbe est plus verte. Qui se fabrique des rêves entiers de réussite, de « vie admirable ». Anthony va ainsi découvrir le goût amer de l'amour, la fadeur d'un premier émoi, la lassitude d'un désir refoulé. Et se retrouver au final englué dans le morne quotidien de citoyen quelconque.

Autour de lui gravitent sa famille dysfonctionnelle, le cousin, les filles et les jeunes errants du quartier. Il y a cette rage en lui, cette violence larvée qui ne demande qu'à sortir. Pourquoi d'ailleurs ? Même lui ne le sait pas, il se rend juste compte qu'il ne supporte plus le fonctionnement conflictuel de son petit monde, sa vallée. Mais partir ailleurs ? Il a essayé, il en est revenu.

A travers Anthony et sa bande, j'ai voyagé dans le temps pas si lointain de mes 20 ans. Un peu comme dans un film en super 8, des images vintage me sont apparues. Les fêtes un peu arrosées, les garçons, la plage, le 14 juillet, Intervilles, la coupe du Monde de football, la fête foraine.... J'y étais à nouveau. Pour moi, c'était le « bon temps », j'ai donc pu savourer ces moments chéris.

La plume est belle, pudique, et aussi mélancolique (note : l'auteur avait le même âge qu'Anthony, un peu d'autobiographie là-dedans ?). J'ai eu l'impression de me retrouver dans la peau de certaines des jeunes filles dans leurs dialogues, leurs comportements. Il n' y a pas un mot de trop, les sensations des protagonistes sont si authentiques, si réelles. On y parle de racisme, de politique, de sociologie et d'économie. Et puis aussi de sensualité, de violence et de moiteur. le récit baigne continuellement dans la chaleur, cette ambiance de fournaise qui amollit les habitants. Et puis quelle noirceur, quelle tristesse dans cette zone pavillonnaire. le bourdon garanti !

Vous l'aurez compris, une atmosphère poétique, glauque et lasse. Un rythme lent, des drames, des vies ordinaires, tout ce qu'il me faut pour goûter à la nostalgie d'une époque révolue.
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****

La vie est compliquée à Heillange, une petite ville industrielle de l'Est de la France. Une fois les Hauts Fourneaux fermés, il ne reste plus grand chose aux habitants... Anthony, Hacine, Steph et les autres s'accrochent à ce qu'ils peuvent : les pétards, les bières et les histoires de coeur. Mais les étés ne suffisent pas à adoucir le reste de l'année et la vie s'étire, grise et terne...

Je ne cours pas après les prix littéraires. Et ce n'est pas l'obtention du Goncourt 2018 qui m'a fait ouvrir le roman de Nicolas Mathieu mais bien les critiques qu'on peut lire ici et là. Et il aurait été bien dommage de passer à côté !

Leurs enfants après eux est un roman social, l'histoire somme toute banale d'une ville de France qui voit ses usines fermées les unes après les autres, qui ne peut que constater le désoeuvrement de ses adolescents et qui ne peut empêcher cette morosité ambiante.

Suivre Anthony, Hacine, leurs parents, leurs amis et leurs conquêtes sur 4 étés est une manière judicieuse de relier une petite histoire dans la grande. Chacun à sa manière subit cette France des inégalités et cherche à en sortir.
Mais vouloir changer les choses ne suffit pas. Un père qui boit, un travail qui n'épanouit pas, une fille qui ne vous regarde pas, une image dans le miroir qui ne plait pas et le monde devient alors bien trop triste pour vouloir se battre...

Ce roman est une part de notre histoire, un fil tendu entre nous et un passé pas si lointain. C'est la vie qui s'effiloche et qui laisse les moins chanceux sur le bord de la route... Mais c'est aussi la nostalgie des années 1990 et la France de Zidane qui redonne l'espoir que tout est possible...

Un roman avec une histoire forte, des personnages touchants et vrais et une écriture parfaite qui nous entraîne dans les mots justes de l'auteur... Une réussite !!
Lien : https://lire-et-vous.fr/2018..
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Années 80-90, Heillange, une ville de province fictive qu'on peut facilement imaginer en Moselle ou quelque part dans le Nord-Est. Une terre de sidérurgie moribonde et de hauts fourneaux éteints, à l'une histoire indissociable du contexte social des travailleurs.

Nicolas Mathieu est originaire des Vosges donc on peut légitimement supposer que question prolétariat, il a pu faire une étude de sujets sur le terrain ; en tout cas, pour moi qui vis en province depuis vingt ans et qui travaille dans l'insertion professionnelle des jeunes, son verbe sonne juste, hélas. Toutefois, je considère que son talent réside surtout dans le fait de jouer les équilibristes entre réalisme d'un côté et stéréotypes de l'autre.

Nicolas Mathieu a dû terminer l'écriture de son livre complètement crevé, vidé, éreinté voire suicidaire ; en tout cas, c'est un peu comme ça que moi j'en ai terminé la lecture. Accrochez-vous à vos bretelles parce que si vous avez l'âme sensible et si l'humanité crue vous fait peur, passez votre chemin. "Leurs enfants après eux" sent la bière et la sueur chaudes, la lotion pour l'acné, le cannabis, le tabac froid, le rot de poivrot et le fond du culotte, vous voilà prévenus.

Résolument pessimiste, le récit se déroule sur moins d'une dizaine d'années et explore le temps ingrat de l'adolescence d'une poignée de jeunes, garçons et filles, plus ou moins bien dans leur peau, plus ou moins bien à leur place. Leur place, justement, quelle est-elle ? Comme la trouver, l'identifier ? Pas évident quand vous semblez scellé au sol de votre enfance, lourd d'un patrimoine difficile à assumer.

Nicolas Mathieu a fait de "Leurs enfants après eux" une chronique naturaliste des atavismes sociaux et ça fait froid dans le dos ; ça fait aussi réfléchir et, avec beaucoup de foi, espérer en un avenir meilleur même si on comprend très vite qu'on est loin de naviguer en eaux calmes.

Poignant, triste, mais aussi vulgaire (cette sorte de vulgarité qu'il semble de bon ton pour un auteur aujourd'hui de devoir glisser dans sa prose pour être sûr de plaire) ; quelques fulgurances à la couleur du bonheur, aussi fugaces et inutiles que des gerbes de feu d'artifice.

Une belle plume cependant, un vrai talent d'observation et un don pour amener à la réflexion.


Challenge PAVES 2021
Challenge MULTI-DEFIS 2021
Challenge des 50 objets 2021-2022
Challenge ATOUT PRIX 2021
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Ils ne sont pas si fréquents les romans qui peignent une fresque sociale, qui disent l'injustice par le biais de l'intime ou peut-être que d'habitude on passe à côté de ces romans, pour des raisons diverses....

Impossible de passer à coté de "Les enfants après eux", même avant sa récompense suprême on avait très envie de le lire. Ce roman est avant tout le portrait d'une région (l'est de la France, les hauts fourneaux) sinistrée par la désindustrialisation, une France des villes moyennes et des zones pavillonnaires plutôt invisible dans les médias.

C'est aussi un retour dans les années 90 à travers 4 étés (avec plein de références qui font tilt) et le portrait d'adolescents qui rêvent tous de fuir ce lieu qui semble comme une entrave à leur liberté.

💪Les super pouvoirs de ce roman 💪

Démonter quelques idées toutes faites : On a coutume de dire que, lorsqu'on est jeune, tout est possible, pourtant, l'auteur nous suggère (car il n'est jamais dans la démonstration) le poids du milieu social. Non l'école n'est pas ce fameux ascenseur social, les formations sans débouchés sont légion, les emplois abrutissants aussi. J'ai souvent entendu mes parents dire qu'ils vivaient mieux que leurs parents mais aujourd'hui ?

Instiller une ambiance singulière et palpable : Tout au long du roman, s'installe comme une sensation de moiteur, d'anesthésie liée à la chaleur, à l'alcool et la drogue qu'on consomme pour oublier mais aussi comme pour traduire ces destins englués par leur situation sociale.

Réussir à aborder la précarité et la misère sociale avec justesse et sans pathos : le propos n'est jamais didactique car tout est dit à travers les trajectoires d'adolescents, leur éveil à la sensualité, leurs relations avec les parents. Même si j'ai trouvé qu'il y avait quelques longueurs dans ce roman, "Leurs enfants après eux" réussit à nous dépeindre des vies d'ennui et sans beaucoup d'espoir mais construit de telle sorte qu on a envie de connaître la suite.

Assez désespérant, on ne le cache pas mais assurément salutaire et éclairant sur notre société actuelle ! ♦️♦️
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un livre sur l'ennui et le désoeuvrement dans le nord-est de la France, dans une ville dévastée par les retombées économiques de la désindustrialisation. Ce roman de 430 pages dépeint une certaine jeunesse des années 90 en Lorraine, celle d'ados qui s'ennuient, qui boivent, qui fument, et qui, pour la plupart, n'ont aucune volonté pour s'en sortir.

Le roman se lit facilement car il est écrit avec un certain talent et le regard d'un sociologue, toutefois les personnages ne sont pas réellement attachants en dépit de l'empathie de l'auteur à leur égard ; il les suit, les observe, les dépeint. Toutefois, les dialogues entre adolescents sont assez pauvres, ce qui est logique, les personnages, qui pour la plupart vivotent, n'ont pas d'autre ambition que de fumer de l'herbe, boire de la bière, voler des mobylettes ou regarder le « foot ». Ainsi, une certaine forme de violence est toujours présente, prête à exploser, comme si tout le monde était sous tension.

Nicolas Mathieu ne juge pas, mais traite ses personnages avec une certaine tendresse et donne à chacun le droit d'exister pleinement. Il a en partie puisé dans son vécu et ses souvenirs, les ados qu'il décrit ne sont pas loin de lui, explique-t-il dans ses interviews. Cependant, après un bon début, j'ai longtemps attendu que le récit prenne enfin son envol, peine perdue, il n'y a malheureusement pas vraiment d'histoire, pas d'émotion, la vie continue tout simplement, sans grand intérêt. Nicolas Mathieu a certes réussi à faire ressentir la monotonie et la lassitude des protagonistes, il les a hélas transmises à ses lecteurs. C'est dommage, surtout pour un Goncourt !
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