(commentaire rédigé le 26/01/2021)
Un polar brésilien d'un auteur français, extrêmement différent de tout ce que j'ai déjà pu lire dans le genre ! Il y a bien plusieurs meurtres liés, un fantôme, deux enquêteurs (le vieux flic désabusé et pas tout à fait net, et notre héros Zé, le jeune major de promo, plein d'idéal mais fragile) et une femme qui assiste notre Zé, dont elle s'est amourachée. Mais le tout se déroule à la façon d'un orage tropical : l'ambiance est lourde et pesante, on attend que ça arrive dans une touffeur moite, on passe à une aube sèche sans que rien se soit passé, et puis d'un seul coup tout s'emballe, tout se met en place, et le pire qu'on n'attendait plus arrive quand même… en une fin qui n'a rien d'un happy end !
En terminant ce livre, je ne sais toujours pas si j'ai vraiment aimé ou non… L'histoire est vraiment intéressante, l'auteur décrit des personnages terriblement humains avec leurs désirs, leurs espoirs et leurs failles… mais bizarrement on ne s'y attache pas vraiment. Sauf peut-être à Carmelita ? elle est probablement la plus cohérente, et aussi la plus « saine » d'une certaine façon, parmi tous ces personnages.
Mais alors, l'écriture est plus que déconcertante ! On dirait que l'auteur n'est jamais passé par cette classe de l'école primaire où on apprend qu'une phrase traditionnelle classique, c'est sujet + verbe + complément (éventuel). Non, je ne crois pas qu'une seule de ses phrases soit construite ainsi ! On passe directement à du cérébral-populaire : les phrases, c'est sujet avec abondance de compléments + verbe (parfois bien plus d'un seul, qui s'additionnent alors en litanie) + compléments et subordonnées en veux-tu en voilà ! le tout avec des fautes de français clairement voulues (les nombreuses négations qui n'ont pas le « ne » initial !) car ces phrases-là veulent se rapprocher d'un langage oral mais pas trop ; on note aussi de nombreux passages où on ne sait plus très bien s'il s'agit d'un dialogue, d'un monologue ou de la narration qui passe tout à coup à la 2e personne du singulier ; et le tout est truffé d'expressions ou simplement de mots en portugais du Brésil (que je comprends vaguement, mais je ne sais si c'est parce que j'ai suivi quelques cours en cette langue autrefois, ou s'ils font vraiment exotique pour perdre le lecteur), jamais ni traduits ni même expliqués ! Oui, c'est un style volontairement (du moins, je veux le croire) exubérant, comme l'image que l'on peut se faire, ou que l'auteur veut donner, d'un certain Brésil décadent, à deux vitesses, où les riches sont au-dessus de toutes les lois, entourés de profiteurs qui s'accommodent de ce qu'ils peuvent avec plus ou moins de ruse, et les pauvres en bas de tout… C'est bien un peu désespérant.
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Zé est le premier livre d'une trilogie - dite: "le sang du capricorne" - , publiée par Bernard Mathieu dans le tournant des années 2000. Le personnage, Zé Costa, jeune flic tout juste sorti de l'école, et encadré par un chef d'équipe (dit: le "delegado") verreux, va payer cher, dès sa première enquête, ses scrupules et ses exigences. Même si l'on est pas véritablement amateur de romans policiers, il faudra se rendre à l'évidence: voici un livre bien construit, dont l'intrigue est solide, la description d'un milieu brésilien glauque et criminel bien vue, et qui de plus, est écrit en bon français, même si, compte tenu du genre, l'ensemble est assez leste: les filles sont belles et provocantes, les hommes ont le souci de prouver leur virilité. C'est assez détonnant, et cela donne plutôt envie de lire la suite: "Otelo", et "Carmelita".
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