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EAN : 9782282302492
256 pages
Denoël (04/03/1985)
4.21/5   17 notes
Résumé :


Les acteurs du drame :
- Louis XVI, La Fayette, Danton, Marat, Saint-Just, Robespierre ; le récit fascinant des événements historiques au jour le jour ;
- l'analyse précise des questions économiques, sociales, religieuses, politiques ;
- cette vision de la Révolution française par un historien qui s'est totalement voué à son étude est un grand classique nullement érodé par le temps.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La Révolution française de 1789 est pour moi, l'une des périodes, si ce n'est la période, la plus marquante de l'Histoire de France, notamment en raison du bouleversement total de l'ordre établi, du basculement entre ce qu'on appellera désormais l'Ancien et le Nouveau Régime, de l'avènement de la démocratie mais aussi de la dictature sauvage de la Terreur.
Elle l'est aussi, je crois, dans l'imaginaire collectif des français. Il suffit de voir comment certains leaders politiques actuels se l'approprient, convoquent son souvenir dans leurs discours, leurs affiches, etc..pour l'appliquer aux événements qui jalonnent nos jours.

Et pourtant, ce n'est pas facile de s'en faire une idée objective, qui corresponde à la réalité, même en s'appuyant sur les faits.
Et je sais que, parmi tous les historiens éminents qui ont consacré leurs études à cette époque unique, la vision, malgré leur honnêteté, n'est pas toujours la même, de Soboul à Furet, de Tocqueville à Mathiez.

Mais il est essentiel de les lire, je trouve, car, même si notre début de 21eme siècle ne peut être comparé à la période révolutionnaire, par exemple le pouvoir de la religion catholique est devenu anecdotique, on ne coupe plus la tête de ses ennemis politiques, beaucoup des « moteurs » qui étaient à l'oeuvre à cette époque, les inégalités sociales, la pauvreté, les différences marqués entre monde rural et monde urbain, sont toujours d'actualité. Et la question de la centralisation des pouvoirs ou du fédéralisme est encore à l'ordre du jour.

Je débute ce cycle de lectures,ou de relectures, par l'ouvrage de référence d'Albert Mathiez, l'historien qui a, en quelque sorte, réhabilité Robespierre, en montrant que ses successeurs l'ont volontairement chargé de tous les maux de la Terreur. Engagé à gauche, Mathiez, tout en étant exhaustif, ne manque pas de tenir compte dans les événements de leur dimension de classe sociale.

C'est un ouvrage absolument passionnant, très complet et très dense, qui se décompose en trois parties:
- La chute de la Royauté
- La Gironde et la Montagne
- La Terreur.

Mathiez choisit d'arrêter la période révolutionnaire à l'exécution de Robespierre et donc se limite à l'exposé et l'analyse des faits qui se sont produits de 1789 à 1794. Ce qui n'est pas le cas d'autres qui la terminent au moment du coup d'Etat d'un certain Napoléon Bonaparte le dix huit Brumaire 1799.
Ce choix est un peu arbitraire, je trouve. Certes la période 1795 -1799, Convention thermidorienne et Directoire, est marquée par une réaction à l'esprit révolutionnaire. Mais, le refus du retour au pouvoir des royalistes, l'organisation de l'Etat, l'émergence d'une bureaucratie, les efforts en faveur de l'éducation, du développement de la science, restent dans la continuité du travail accompli entre 1789 et 1794.

Les thèmes qui m'ont marqué:

- D'abord le fait que cette période n'est pas homogène. Au début, avec La Fayette, Mirabeau, c'est l'idée d'une monarchie constitutionnelle qui est prédominante, avec une domination de l'Assemblée par les Feuillants ( aristocrates et grands bourgeois se réunissant au Couvent des Feuillants) plutôt favorables au roi. Mais l'attitude de Louis XVI, ses liens avérés avec les puissances étrangères dans le but de reprendre le pouvoir absolu, et surtout sa fuite en 1791 et son arrestation à Varennes, vont le discréditer. Ce sont ensuite les Girondins (nom donné plus tard par Lamartine car bon nombre étaient des députés issus du Sud-Ouest dont la Gironde) qui gouvernent, un groupe assez hétérogène dont les principaux buts sont de préserver les acquis de la bourgeoisie, de lutter contre les puissances étrangères, mais aussi sont plus favorables à une clémence à l'égard du Roi. C'est ce qui motivera le coup d'Etat que les Montagnards feront en 1793. Les Montagnards sont le groupe partisan des mesures les plus radicales, comme l'exécution de Louis XVI, mais aussi les réformes sociales. Ils intègrent les couches populaires. Ils sont eux aussi un groupe hétérogène et les luttes entre les groupes et leurs leaders vont se succéder.Ce sont eux qui mettent en place la Terreur.
-:La rapidité de l'effondrement de la Noblesse et du Clergé et le rôle joué par la crise économique que connaît alors la France dans cette chute. L'exemption d'impôts, l'arbitraire, la richesse de ces deux ordres sont alors considérés comme insupportables. de plus, la vente des biens de la Noblesse et du Clergé sera considérée comme un moyen pour renflouer les caisses de l'Etat. Mais ce sera insuffisant, et toute la période révolutionnaire est marquée par des problèmes économiques, et cela est parfaitement décrit de façon passionnante par l'auteur.
- le rôle majeur de la guerre, intérieure contre les Chouans, extérieure contre les Royautés, Autriche, Prusse, Angleterre à la fois comme moteur de cohésion nationale et surtout de motivation de suspicions incessantes, d'épurations qui conduisent à l'épisode de la Terreur.
- L'évolution progressive d'un régime parlementaire en une dictature dans laquelle le Comité de Salut Public va jouer un rôle prépondérant. Cette évolution est en grande partie liée à la question de la guerre et au besoin d'éliminer toutes celles et tous ceux qui sont considérés comme non fiables en tant que patriotes.
- L'extrême climat de suspicion, de violence entre des factions rivales qui s'opposent sur de nombreux points, comme celui de la conduite à tenir face aux puissances étrangères coalisées, aussi bien que sur le maintien ou non du culte religieux, les mesures sociales, etc…Ce climat de suspicion permanent conduit à la Terreur.
- La corruption, l'intrigue sont aussi des éléments absolument frappants dans l'analyse que fait Albert Mathiez. Ce n'est pas pour rien que l'on a appelé Robespierre l'incorruptible, car autour de lui, ce n'est pas beau. Ceux qui conspirent en sous-main avec le Roi, ou avec les puissances étrangères sont incroyablement nombreux. Ceux qui s'enrichissent aux dépens de l'Etat aussi. Et cette corruption, cette malhonnêteté, se retrouvent dans toute la société. Par exemple, fermiers qui gardent leur blé dans le but d'en faire renchérir le prix, profiteurs de la vente des biens du clergé,…
- le fait que la bourgeoisie des villes est celle qui tire le plus de bénéfices de la Révolution, et celle qui sera constamment à la manoeuvre, est aussi mis en avant par Mathiez. Selon lui, seul Robespierre essaiera de faire des réformes plus égalitaires, mais n'aura pas le temps de les mettre en place.

Ces quelques thèmes ne rendent pas compte totalement de cet ouvrage très riche et complexe. le nombre de propos ou d'écrits cités est impressionnant. le lecteur regrettera, mais c'était une autre époque, que ces citations ne soient pas référencées, et l'absence d'une bibliographie. A noter aussi que le nombre de protagonistes étant important, il est parfois difficile de s'y retrouver. Mais cela n'enlève rien à la qualité de ce livre formidable.




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En lisant Albert Mathiez, sur la situation de la France et la politique des Girondins, je ne peux pas m'empêcher de faire certains rapprochements : « Aux souffrances des classes populaires, les Girondins ne proposaient aucun remède. Ils professaient que la libre concurrence était une panacée souveraine. Si les denrées haussaient, c'était aux ouvriers à augmenter leurs salaires [sorte de travailler plus pour gagner plus de l'époque]. Mais les ouvriers n'étaient pas groupés. Ils ne pouvaient exercer sur leurs employeurs une pression suffisante. Ils étaient réduits à implorer des augmentations de salaire comme une aumône. Ils s'adressaient en suppliant aux pouvoirs publics. Ils ne pouvaient s'imaginer que les autorités nouvelles qu'ils avaient élues seraient plus insensibles à leur misère que les autorités anciennes [Ne dit-on pas, à chaque élection que le prochain ne pourra pas être pire... et pourtant on en est revenu à un Macron, annagramme de Monarc]. Les Girondins, sous prétexte d'économie, commencèrent par ordonner la substitution du travail à la tâche au travail à la journée [ressemble étrangement au démantèlement en cours du code du travail en collaboration avec le MEDEF] Les ouvriers protestèrent en invoquant la cherté des vivres [rien de nouveau sous le - règne du roi - soleil] La Gironde qui gouvernait restait insensible aux plaintes des travailleurs. Elle justifiait son inaction ou son hostilité par un argument mille fois répété à la tribune et dans la presse : les auteurs des plaintes n'étaient que des « anarchistes » [entendre aussi communistes, terroristes, Enragés en tête bien sûr, mais ensuite, Robespierre et Saint Juste, bref les vertueux qui placèrent les principes de la République, la vraie, celle qui devait remettre la chose politique aux citoyens, la liberté, l'égalité et la fraternité, au dessus des intérêts particuliers et des logiques des classe des propriétaires, ceux pour qui l'humanité vaut plus que tout] ou des égarés trompés par eux [no comment] Or les travailleurs pouvaient opposer leur misère au luxe insolent des nouveaux riches qui s'étalait. » Qui a dit que l'histoire ne se répétait pas ?
Mathiez, toujours, rapporte que c'est dans ce contexte de fin 1792, début 1793 que les futurs Enragés se font de plus en plus entendre. Il reproduit notamment ce discours de Jacques Roux, du 1er décembre 1792, qui montre les fondement du radicalisme : « le despotisme qui se propage sous le gouvernement de plusieurs, le despotisme sénatorial est aussi terrible que le sceptre des rois, puisqu'il tend à enchainer le peuple sans qu'il s'en doute, puisqu'il se trouve avili et subjugué par les lois qu'il est censé dicter lui-même ». Et jacques Roux avait sommé la Convention de réprimer l'accaparement et de faire baisser le prix de la vie. Mathiez conclut son chapitre ainsi : « la vie chère sera pour beaucoup dans la chute de la Gironde ».
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Cette réédition rassemble en un seul volume les trois parties de l'ouvrage publiées entre 1922 et 1927 : La Chute de la royauté ; La Gironde et la Montagne ; La Terreur. Pour la première fois, La Révolution française est accompagnée d'un index, d'une chronologie et d'un appareil critique rappelant l'oeuvre et la vie d'Albert Mathiez.

Albert Mathiez dresse une histoire de la révolution détaillée et enrichissante. Il met en pièce le "bloc" de Clemenceau et fragmente la révolution en plusieurs périodes révolutionnaires. C'est une oeuvre sans nul doute exceptionnelle. L'approche est essentiellement politique.

Bien entendu on y retrouve la défense bien connue de Robespierre, figure que la gauche française a longtemps revendiqué comme sienne.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
"De ce lieu et de ce jour, date une ère nouvelle dans l'histoire du monde".

Au grand poète philosophe , Goethe, la vérité était apparue subitement.
L'ordre ancien , qui reposait sur le dogme et sur l'autorité, faisait place à un ordre nouveau, dont la liberté était la base....
D'un coté le droit divin des rois, de l'autre les droits des hommes et des peuples.
Valmy signifiait que, dans la lutte si étourdiment engagée, les droits de l'homme n'auraient pas nécessairement le dessous.
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Comme chacun y entend par sa liberté l'indépendance de ses passions et de son avarice, l'esprit de conquête et l'égoisme s'établissent entre les citoyens et l'idée particulière que chacun se fait de sa liberté selon son intérêt produit l'esclavage de tous.

Saint Just
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Seul Marat, qui était une tête politique, avait compris, dès le premier jour, qu'il faudrait organiser le pouvoir révolutionnaire sous la forme d'une dictature, afin d'opposer au despotisme des rois le despotisme de la liberté.
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Les ministres sont tenus de rendre compte à l'Assemblée, à toute réquisition, tant de leur conduite que de l'état des dépenses et affaires.
On exigera bientôt de ceux qui sortent de charge un compte de leur gestion, un compte moral et un compte financier.
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La vertu fut toujours en minorité sur la terre.

Robespierre.
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