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Mon chemin vers l'âge d'homme

Changement de registre pour Hector Mathis qui, avec Langue morte, nous offre un roman d'apprentissage de très belle facture. le parcours de Thierry est tour à tour joyeux et grave, attendrissant et désespérant.

«La mémoire est un singulier petit arrangement» écrit Hector Mathis dans les premières lignes de son troisième roman. Lui qui nous avait tour à tour proposé de suivre deux fracassés de la vie, Sitam et la môme Capu, dans K.O. puis de les retrouver un peu plus tard avec Carnaval revient cette fois explorer les terres de l'enfance. Des terres sélectives puisque n'émergent de là que les souvenirs vivaces, ceux qui ont marqué Thierry, le narrateur, et l'ont construit. Tout commence devant le 4 d'une rue dont on ne saura rien, sinon qu'elle est située dans une zone pavillonnaire où chacun tient à sa maison comme à la prunelle de ses yeux. C'est là qu'il grandit, là qu'il ressent ses premières émotions. Quand le grand-père meurt. Quand il s'ennuie à l'école, sauf à la récré où les élèves de Marie-Curie fourbissent leurs armes contre ceux d'Edmond-Rostand. Et vice-versa. Quand les seins en obus de la directrice viennent frôler les trois élèves qui ont eu l'outrecuidance de résister à la nouvelle maîtresse. Quand, après un examen bizarre, il se retrouve propulsé une classe plus haut et que ses nouveaux camarades de classe sont bien plus costauds que jusqu'alors. Quand il découvre avec émerveillement le théâtre en assistant à une représentation du Double de Dostoïevski. Quand il passe des vacances chez sa grand-mère dans le Gard où qu'il affronte les vagues en Catalogne. Quand il essaie de comprendre ce que signifient ces deux avions venant s'écraser dans les tours jumelles de New York et dont tout le monde parle. Quand l'oncle Horace arrive décharné, l'esprit un peu dérangé et va tout casser chez l'ami qui l'héberge.
De la primaire au collège, puis à la fac, Hector Mathis raconte avec malice et un brin de nostalgie ces années qui ont fait de lui l'homme qu'il est devenu. Avec la révélation d'une vocation. «Mon petit bazar intérieur prenait enfin tout son sens. Alors qu'il demeurait jusqu'alors balbutiant, se glissant dans des croquis, des esquisses maladroites, de petits poèmes chétifs et inaboutis. Voilà que maintenant j'avais ma raison d'être. Mon vice. Ma confirmation. La véritable. Pas celle des professeurs, des amis ou de qui que ce soit d'extérieur. Ma confirmation à moi. J'étais bien soulagé, désormais. Je savais quoi faire.»
Mais pour y parvenir, il passera encore par bien des épreuves, manque de basculer dans la délinquance, côtoie la drogue et la violence. Et la mort. Mais découvre aussi le sexe et l'amour.
Servi par des phrases courtes – quelquefois de quelques mots à peine – qui donnent au roman cette musique particulière, syncopée, les étapes de cette formation sont ponctuées d'émotions fortes et contradictoires. Sur les pas de Thomas, on est tour à tour amusé et triste, en colère ou ému. de la langue morte à une langue très vivante!


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Langue Morte C'est ça la Vie.

Après avoir lu les deux premiers romans d'Hector mathis, et livré aux lecteurs de babélio mon enthousiaste pour ce personnage peu banal, j'attendais fébrilement le N° 3. J'avais même poussé le vice à publier un éloge du Ko dans l'est Républicain.
Il était dans mon viseur, depuis décembre. Aussi passant par masse critique, clic gauche, je me suis fait plaisir. Comme un frangin je me suis jeté sur cette Langue Morte avec gourmandise.
Étonnant cette idée de publier à 28 ans une biographie. Un défi de plus.
Hector ne pouvait échapper à la malédiction de porter un nom au passé lointain mais ô combien prestigieux. le problème c'est le décor, une banlieue. Comment transformer la banalité indigeste de l'architecture du 93, aussi morne qu'un immeuble de 300m de long, en une carrière du crétacé peuplée de dynausaures.

Avec Hector Mathis tout est possible.

La mémoire a cette capacité de tout réinventer. H Mathis raconte une banlieue moins trois étoiles au guide du routard. Il aime les chutes, les erreurs, les défauts, les mauvais jours, les galères.

Ses amis Yassine, Malik, ne suggèrent pas les cités mondaines. Ses potes sont natures, ils vivent aux rythmes de leurs bêtises, ou deviennent bouffons, provocateurs, aux limites du mauvais goût, quand page 165, baissant son froc, « J'vous r'fais les jantes les poulagas ! », il n'a pas eu le temps de finir !


La langue de Mathis plonge dans l'univers de Céline, L'usage permanent de l'argot, donne une tonalité propre à ce jeune auteur ; alcoolique ou shiteux. Il faut réviser ses références littéraires, car l'argot classique ne suffit pas, Wathsapp côtoie le SMIC, le Flore n'a pas sa place, mais le zgègues coure comme un dératé.

Après le départ du frangin, ce sont ses copains de la rue qui provoque une foison d'anecdotes savoureuses ? le goût immodéré de Mathis pour les portraits, trouve dans ce décor si déjanté un formidable réservoir, Mie Joss, ou Camille, sont des figures qui illustrent cette humanité libre et entière.

A se tremper dans la recherche des mots justes, Hector Mathis écrit des images, fortes, des fulgurances, « je me suis dit qu'elle était en train de m'avaler la grisâtre ! Page 189.

Dans ce roman, qui cible son enfance, Hector Mathis, a fait le choix de Phrase courtes ? Très courtes, les injonctions, les interjections, les impressions s'enchaînent comme des runs de Rock. le phrasé est celui de la banlieue. Les phrases sont bancales saupoudrées de jargons, d'emprunts à la Grèce antique (des cyclopes à mes trousses), ou aux mauvaises pubs de la télé.
Sans détours Hector Mathis parle des garçons. du gamin qui se frotte à son père, du collégien qui découvre la vie en groupe, on suit l'émergence d'une personnalité. Ses rencontres avec les filles, et la place de la sexualité forment des témoignages justes à travers lesquels bien des adolescents peuvent se reconnaître.

Comme ses deux autres livres , les thèmes abordés le sont avec beaucoup de finesse. Langue Morte n'est pas seulement un regard intime, sur l'enfance, il s'ouvre sur d'autres réalités, et présente la diversité des banlieues, ses potes, ses rencontres comme des richesses.

Langue Morte C'est ça la Vie.


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Belle découverte que cette "Langue morte" de Hector Mathis.
Un titre d'ailleurs inadapté, dans la mesure où la langue de l'auteur est au contraire tour à tour vivante, percutante, poétique, imagée, parfois violente.

Dans la cité de la Grisâtre, face au numéro 4, un homme dont nous ne saurons au final que peu de choses. Au moins sur ce qu'il est aujourd'hui.
Mais un homme qui se souvient. Ce pèlerinage sur les lieux de son enfance est le prétexte à un récit où le narrateur se remémore ce qui l'a construit, depuis son enfance. Les espoirs, les peines, les avancées dans sa vie d'adolescent puis d'homme en devenir, les chutes ...

Un type de roman qui me parle, lorsqu'il laisse la part belle à l'imagination du lecteur. Ce qui ne fonctionne que lorsque la plume de l'auteur nous emmène avec lui, ce qui est le cas ici. Même si j'ai parfois été déstabilisé par certains passages, dans la forme ou dans le fond.

Mais une impression d'ensemble plutôt positive, qui me donne envie de découvrir davantage l'univers de Hector Mathis. Si les Babelionautes ont des conseils lecture, je suis preneur !
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La traversée du miroir.
Que fait ce jeune homme devant le n°4 de la Grisâtre et une nuit précisément ?
Il vient creuser le passé et pour cela il choisit les lieux car « ils ne mentent pas », alors que chacun peut faire de petits arrangements avec ses souvenirs, mais face aux lieux cela devient plus difficile.
Le lecteur suit ce petit garçon de 6 ans dans sa vie de banlieue où l'école à une grande importance. Parlons-en de l'école, lui qui « saute » une classe car détecté HPI.
« La banlieue pour ça c'est une leçon ! Ça vous forge une prudence comme il faut à l'égard des hommes. Parce que j'évoque les gamins, mais faut voir les parents. Jamais ils ne sont sortis de la grisâtre. Tout voyage est une infidélité. Sont devenus tout ce qu'ils voulaient pas. Passés à côté du moindre instant. A côté de leurs gosses. A côté d'eux-mêmes. »
Le narrateur nous croque des portraits savoureux, Mie Joss, oncle Horace, le frangin Jérémie, les copains Malik et Louis, et l'amoureuse Camille, à grands traits mais sans caricature, juste avec une immense humanité.
Portrait de Mie Joss, la grand-mère du côté paternel :
« Ensuite elle m'a souri. Une dent par-dessus l'autre, les deux lèvres en zigzag. Elle en devinait beaucoup. A mon propos elle en savait bien plus que moi. Mais elle avait la délicatesse de ne pas tout me dire… »
Un regard qui engrange, des mots qui jaillissent pour dire l'errance, le délitement de ces zones et faire comprendre que les murs sont lisses, à l'école et ailleurs, pour ces gamins, même ceux qui s'accrochent, glissent.
Du regard de l'enfant qui s'émerveille de tout mais reste vigilant, il passe au regard désenchanté sur un monde qui change en laissant les mêmes en lisière, encore et encore, un monde qui repousse, qui oppose, qui méprise.
Alors les parents doivent faire avec et les enfants, hommes en devenir que sont-ils censés faire avec ça ?
Un monde de la surconsommation qui ne fait qu'alimenter les petits arrangements jusqu'aux grands dérapages.
On ne vit pas, on existe par ce que l'on peut montrer.
La solution ne vient jamais de l'extérieur mais de soi.
J'ai aimé cette voix particulière et ce regard d'Hector Mathis découvert avec K.O puis Carnaval, celui-ci n'est pas une suite, il va à rebours et est encore plus maîtrisé, dans ce chant de la Grisâtre.
Une lecture à fleur de peau, car les mots sont comme des larmes au bord des cils, pour un regard déciller sur le monde.
Une langue qui, contrairement au titre du livre, n'est pas morte, car elle pulse, avec puissance souvent comme les coups d'un boxeur, mais aussi avec beaucoup de poésie, elle claque et vous caresse, elle alterne tous les possibles pour nous dire la solitude, l'abîme d'un monde où il n'y a pas de la place pour tous.
Un combat où parfois il faut prendre la clef des champs pour ne pas sombrer.
« Depuis tout petit je suis un fuyard. Je suis de la race des déserteurs… »
Une certitude, Hector Mathis a trouvé sa voie pour donner de la voix avec talent.
Ma lecture a été percutée par l'écho des paroles de Course contre la honte de Richard Bohringer et Grand Corps Malade :
« Sur l'avenir de nos enfants il pleut de plus en plus fort
Quand je pense à eux pourtant, j'aimerais chanter un autre thème
Mais je suis plus trop serein, je fais pas confiance au système
Ce système fait des enfants mais il les laisse sur le chemin
Et il oublie que s'il existe, c'est pour gérer des êtres humains
On avance tous tête baissée sans se soucier du plan final
Ce système entasse des gosses et il les regarde crever la dalle »
©Chantal Lafon

Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Le narrateur est posté face au quatre, à La Grisâtre. Devant l'adresse de son enfance, dans ce quartier de banlieue où les pavillons succèdent aux pavillons, Thomas se souvient. de la famille, de Jérémie, ce frère qui a fait tant de bêtises, de Mie Joss la grand-mère, si peu aimante et pourtant aimée. d'Alain le père, Thierry, Horace les oncles. Et puis Camille, l'amie, celle qui le suit, celle qu'il quitte, celle qu'il cherche au fil de ses errances.

Il y a Nono, Yassine, Malik et tous les autres, les copains, inséparables, bagarreurs, chapardeurs, voleurs, délinquants en herbe ou accomplis, mais toujours présents. Thomas est un élève surdoué, qui va sauter une classe, ce qui peut s'avérer très compliqué pour un gamins. Plus jeune, il est en décalage avec ses camarades de classe, il doit faire front et s'aguerrir. Il découvre le théâtre, et cette soif d'écrire qui se révèle à lui sur les bancs du collège, écrire comme une course, une fulgurance, une raison d'exister. Viennent aussi les premiers émois amoureux, les premiers flirts, les premières filles, puis Camille, celle qui le comprend.

Le lecteur le suit des classes primaires, malade et fatigué, souvent alité, aux quatre-cent coups du collège puis dilettante à la fac. Il se raconte avec une tendresse, une urgence, une nostalgie aussi qui touchent le lecteur pris dans le flot des phrases courtes, rythmées, imagées, hachées, violentes parfois.

On retrouve la colère, la fuite en avant dans l'écriture, la soif de tout dire avant qu'il ne soit trop tard des deux précédents romans. Avec dans K.O la fuite après la découverte de la maladie, puis dans Carnaval le retour au village à la suite du décès de l'ami d'enfance. Dans Langue morte, c'est la jeunesse qui revient comme une vague, pendant cette nuit où, statique devant le quatre, il voit défiler les années de l'enfance, l'adolescence, la maturité, mais aussi la famille, la fratrie, l'amitié, la vie et la mort.

C'est dense et assurément cette lecture n'est pas de tout repos. Mais l'auteur trouve son rythme, confirme son style, sa singularité. J'aime découvrir son chemin, compliqué, fort en émotions, en sentiments contradictoires, mais passionnant. Et cette vision des banlieues vécues de l'intérieur, de l'amitié, de l'adolescence, nous ouvre les yeux pour mieux appréhender ces gamins que nous côtoyions souvent sans vraiment les voir.

chronique en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/04/14/langue-morte-hector-mathis/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Depuis la lecture de son premier roman K.O, je suis tombée d'amour pour cette plume aussi poétique que percutante. Et même si je m'étais un peu perdue dans le second roman Carnaval, j'ai retrouvé tout ce que j'avais aimé de ses débuts d'écrivain avec ce nouveau roman.

Langue morte nous transporte à travers les souvenirs d'un homme tout en réveillant les nôtres. Avec son style singulier, poétique , il nous bouleverse tout en délicatesse.

Loin d'être morte, sa langue nous fait vibrer, elle nous bouscule, nous émerveille, parfois de façon brutale mais avec une certaine sensibilité.

La plume d'un écorché qui rêve avant le désenchantement.

“ Toute activité humaine est un caprice. On n'agit jamais que pour tromper la souffrance ou l'ennui… Moi j'ai eu l'âme fugueuse. ”

Langue morte est un roman terriblement beau, tant par sa plume que par toute cette errance qui nous fait voyager d'un lieu à un autre, au coeur de ses souvenirs tout en restant à ses côtés à la grisâtre.

“ Elle roulait des tombes, sa voix, charriait de la ferraille et du sang. Sa langue finissait toujours en naufrage. Chavirait dans la salive pour y noyer ses mots. Dans son timbre y avait la nuit, la mort et tout un tas de fantômes. Assez de désespoir pour nous faire entendre l'existence. Comme elle sonnait réellement. Telle quelle. Pas trafiquée de sentiments. ”

Un pur délice pour l'amoureuse des mots que je suis.

Chronique complète sur mon blog ⬇️⬇️⬇️
Lien : https://madosedencre.over-bl..
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Thomas,  le narrateur, est seul, désoeuvré dans les rues de la banlieue de son enfance, "la grisâtre". Il remonte  ses souvenirs,  ses vacances chez sa grand-mère dans le Sud, sa découverte du théâtre, sa soif d'apprendre, qui doit être dissimulée en classe pour ne pas passer pour un intello, les soirées de désoeuvrements dans la banlieue, où on finit par traîner avec n'importe qui pour ne pas être seul, l'explosion de sa famille quand le frère aîné,  pour de l'argent facile, commence à dealer.
Thomas est pris entre deux mondes, celui dans lequel il a grandi, et celui qu'il veut rejoindre, sentant au fond de lui que les idées qu'il griffonne sur n'importe quel bout de papier sont aussi une part de son identité.
Le 11 septembre 2001, les grandes manifestations à Paris, autant d'événements qui nous sont livrés en toile de fond de son évolution personnelle.
Les idées s'entrechoquent,  dans des phrases courtes, parfois péremptoires, mais jamais dénuées de sensibilité.
J'ai retrouvé avec plaisir la poésie brute, sauvage, même, de la plume d'Hector Mathis, dont j'avais adoré "Carnaval", et je suis toujours aussi séduite pour le rythme qu'il sait donner aux mots, les images qu'il fait naître brillamment avec deux trois mots insolents. Un auteur à suivre, pour moi, il me reste son premier,  "K.O", dans ma PAL !


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C'est beau et sombre. Des souvenirs reviennent alors que le narrateur passe devant son ancienne adresse dans la banlieue parisienne. Souvenirs d'école avec des potes de différents horizons mais souvent des gamins pas faciles, souvenirs de familles avec la grand-mère débordant d'affection, son frère qui dérape et ses oncles plus ou moins paumés, son père avec qui il a de très bons souvenirs puis plus de difficultés, sa mère un peu effacée ou désemparée devant cette violence, qui voudrait sans doute plus de quiétude. L'amour avec Camille et l'écriture.
Un monde enfui, des bonheurs disparus. Et à l'âge adulte, quand on repense à l'enfance, les images sont là, même si elles sont parfois fantasmées. Les phrases sont choc. L'écriture est vive, rythmée, saccadée pour raconter cette histoire simple avec beaucoup d'émotion. Une belle réussite.
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Face à son ancien immeuble se situant en banlieue, Thomas, le narrateur se remémore son enfance sans aucune nostalgie. En arpentant les rues, il évoque ses souvenirs et les moments marquants de sa vie : la tristesse et la grisaille de la banlieue dans laquelle il a grandi qu'il nomme « la grisâtre », son admiration pour son frère aîné, ses problèmes de santé, la mort de son grand-père, l'amour qu'il porte à sa grand-mère Mie Joss, les vacances en Espagne, son oncle Horace qui souffre d'alcoolisme ou encore le collège et les amitiés puis le lycée, l'amour, les mauvaises fréquentations et le trafic de drogues. Thomas parle de son envie de fuir la banlieue qu'il ne supporte plus. Après l'obtention de son bac, il part faire des études à Paris et rencontre Rémi qui lui fait découvrir le théâtre. le narrateur qui a toujours aimé écrire va trouver dans l'écriture et le théâtre, un moyen de se libérer et de s'évader.

Je ne connaissais pas Hector Mathis et j'ai beaucoup apprécié son écriture singulière qui est très rythmée. Les phrases et les chapitres sont courts. La plume de l'auteur est ciselée et vive. J'ai aimé la sonorité et la poésie des mots ainsi que la musicalité de la langue. Beaucoup de sensibilité se dégage de « Langue morte ». L'auteur aborde avec beaucoup de justesse, l'enfance, l'amitié, l'amour, la mort, la désillusion, la dureté de l'existence, le temps qui passe et la fuite en avant.

« Langue morte » est un beau et tendre roman d'apprentissage, vivant et percutant qui emporte le lecteur dans son phrasé chantant du début à la fin.
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Les souvenirs de Thomas s'invitent à la porte de l'immeuble de son enfance pour un voyage lent et introspectif. Il nous montre un chemin contemplatif et quelquefois tourmenté...

Tout commence en banlieue parisienne avec cette atmosphère limitée, grisâtre. le narrateur écorche son milieu avec autant de rudesse que de tendresse. Parce qu'on y croise la douleur, l'alcool, la violence, la précarité, la promiscuité.

C'est une vie de quartier vibrante avec ses bruits, ses affolantes addictions. L'écriture est poétique avec des émotions volatiles mais prégnantes. Tout nous y est décrit avec un réalisme virtuose, décapant. On est touché par l'intime exprimé avec une si grande justesse. On traverse le miroir avec un retour dans le passé aussi jaillissant que provocateur. On y retranscrit les premières expériences, dont on sait qu'elles marquent durablement, à travers l'amour, la famille, l'amitié, la sexualité, la mort.

On déambule, on s'imbibe d'une époque révolue et qui, à travers des extraits d'actualité ravive des impressions connues. On y devine une certaine nostalgie, une impatience des mots qui coulent à flots. C'est sensible, dur, intelligent, brut et chahuté.

Cela se lit comme une épopée où on y érige sa peur, ses convictions, sa pure essence. Avec ce roman, Hector Mathis distille une précision et la projette sous une forme subjuguante et décuplée.
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