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Critique de Gruizzli


Ce livre me fut offert à Noel, et je crois bien que c'est l'un des livres que j'ai lu le plus rapidement depuis quelques années. Très court, faisant moins de deux cent pages et écrit dans un style très lisible, il est par ailleurs très entrainant. J'avais lu les trente premières pages hier soir, et je me suis senti obligé d'arrêter bien vite pour ne pas y passer la nuit, reprenant aujourd'hui pour le finir intégralement.

Ce roman est comparé, dans plusieurs résumés et dans des commentaires, à 1984 de Orwell. Et, bien que le comparatif me semble souvent poncif et usé, il est ici tout à fait pertinent.
Andrija Matic (dont le nom apparaitra au cours du procès dans le livre, clin d'oeil absolument pas sans sens à mon avis) nous présente une dystopie dans laquelle la Serbie est fermée sur elle-même, coupée du monde et dans une politique fascisante, mêlée de religieux, de communisme et de totalitarisme. C'est un mélange bien présenté dans le livre, auquel il ne sera que fait mention sans jamais dévoiler comment le pays en est arrivé à cette extrémité. Quelques mentions sont faites, mais le propos n'est pas de dévoiler comment. D'autre part, la posteface de l'édition que j'ai eu indique que les références sont souvent faite à la Serbie de Milošević.
Tout le propos du livre est un condensé d'une descente aux enfers dans un pays totalitaire. Et si je mentionnais plus haut que le livre mérite sa comparaison avec 1984, c'est qu'en dehors de nombreux traits communs dans l'histoire et le déroulé, l'auteur nous propose une vision bien plus réaliste de ces états totalitaires à l'appareil tout puissant. En effet, et le livre le mentionnera, 1984 présente un état trop parfait pour que cela semble réalisable, alors qu'ici se trouve une donnée complémentaire qui fait sens : l'incompétence. Ces états sont débordés eux-même par leur fonctionnaires trop zélés et chercheurs de promotions, plus prompts à chasser leur collègues des postes convoités que de réellement faire leur travail. En mentionnant la corruption, une inflation (signe d'une économie qui échappe à tout contrôle), une crise de travail et de chômage, mais aussi des procès truqués et des magouilles en tout sens, l'état décrit dans L'égout me semble curieusement très réaliste. L'auteur finira par mentionner que cet état ne tient que par une seule chose : la foi que chacun met dans son fonctionnement, alors même qu'il ne marche pas. On peut y voir une critique à la fois du totalitarisme, mais aussi de l'image que l'on s'en fait. L'auteur parle d'hypnose de groupe, et j'aime cette image. C'est parce que le peuple se laisse illusionner en pensant que cela marche, qu'en définitive ce qui ne marche pas semble marcher.

Ce roman est court, mais va a l'essentiel. Les considérations sont très bien trouvés, et à défaut de faire froid dans le dos comme l'on pourrait sortir d'un 1984, ce roman met en lumière que l'imperfection de ces systèmes n'empêchera pas leurs installations et leur pérennité, et que les propres agents de son maintient seraient également les premiers à tomber dans ses travers. Une dénonciation juste et bien trouvée, qui résonne encore aujourd'hui, ne serait-ce qu'au niveau du traitement des homosexuels ou des sidaïques dans certaines parties du monde .... Un ouvrage que j'encourage à lire, très certainement.
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