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EAN : 9782361397968
312 pages
Le Mot et le reste (21/05/2021)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Au cœur des Pyrénées, dans la vallée de la Himone, coule la Lisette, cours d'eau dont la beauté n'est altérée que par la présence de l'usine Laely et de ses rejets toxiques. C'est sur la rive, non loin de ce monstre de ferraille, que le corps d'une jeune femme brûlée au troisième degré est retrouvé. L'hypothèse de l'accident chimique est sur toutes les lèvres. Convaincus qu'il ne peut en être autrement, Mélanie, une saisonnière idéaliste en manque de combats à mener... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Belle découverte que cette écriture percutante , qui nous fait pénétrer dans l'intimité sans filtre de ces personnages , de leurs sentiments profonds souvent cachés aux yeux de leurs semblables , de leurs fantasmes dont certains , inassouvis , de leurs regrets et de leurs secrets . Un style étonnant au plus près de la nature et de ces hommes et femmes , embringués dans une mécanique implacable qui ne fera pas de quartier quand le destin a décidé de s'acharner sur leur sort .
Au coeur des Pyrénées , un paysage calme qui appelle à la sérénité et à la tranquillité , des paysages à couper le souffle où la nature semble s'exprimer sans aucune contrainte , si ce n'est cette usine agroalimentaire , Laely, qui vient rejeter ses déchets toxiques dans la Lisette , le cours d'eau qui serpente dans la vallée de la Himone . Un corps de femme vient justement d'être retrouvée dans un des bras de la rivière . Compte tenu de la réputation de l'usine qui privilégie les bénéfices de ses actionnaires au respect de l'environnement et de l'état du corps de la victime qui semble brûlé par des produits chimiques, Jean-Paul Lanteau , son directeur , est le premier soupçonné . Mais l'enquête se dirige également vers d'autres pistes , notamment sur les ouvriers de l'usine comme Abdel , un ancien taulard qui a trouvé dans le village un lieu idéal pour oublier ses errances passées et ses mauvaises fréquentations . Il mène une vie paisible dans le village avec sa compagne à la fibre écologique , avant que l'arrivée de ce corps dans cet étang ainsi qu'une succession de fatalités malencontreuses viennent s'abattre tragiquement sur leur avenir proche.

Le style est singulier : abrasif et se déroulant quasiment en huis clos .A l'ombre des montagnes,le destin de quelques couples est en marche , certains s'en sortiront, d'autres trébucheront sans possibilité de marche arrière . La justice divine est parfois plus implacable que celle des hommes . Un ensemble de rouages semblent se mettre en mouvement, presque invisible , puis quelques menus détails, quelques actions insignifiantes et la spirale infernale est lancée, inexorable . On est remué par cette intensité narrative, touché par ces personnages qui se dirigent vers leurs pertes , comme des souris de laboratoire dans un labyrinthe . Comme une étude psychologique grandeur nature avec quelques cobayes qui tentent de survivre dans un univers quasi-fermé alors que le mal rôde en quête de nouvelles proies .
Le ton se fait parfois acide , critique et revendicatif . Des thèmes comme le racisme , la lutte des classes ou le capitalisme nauséabond sont passés en revue sans aucun à priori .Mi roman policier mi roman social , Sylvain Matoré nous offre un très beau livre dont l'écriture m'a particulièrement marqué .
Je recommande .




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C'est mitigée que j'ai terminé ce lecture.
J'ai beaucoup apprécié l'approche écologiste de ce thriller. Mêler à la fois contamination de l'eau et un meurtre affreux, c'était une excellente idée. La nature très bien dépeinte, de nombreuses descriptions nous décrivent cet endroit des Pyrénées, les montagnes et l'ambiance village. Une belle personnification qui met en valeur à la fois la beauté de l'environnement mais aussi les violences infligées par les humains.
La violence également est au centre de ce récit. On découvre peu à peu l'enquête sur ce meurtre, l'intrigue est bien ficelée, les enquêteurs sont également dépeints. Leurs vies, leurs pensées, leurs profils, leurs forces et leurs faiblesses. C'était très intéressant de découvrir ces différentes facettes et voir comment ils vont évoluer tout au long de l'histoire.
Pourtant, malgré une plume addictive, une histoire qui se tient, sauf une ou deux longueurs, j'ai ressenti rapidement un malaise vis-à-vis de la description de certains protagonistes que j'ai trouvé caricaturaux. le directeur de l'usine présenté comme « un salaud » qui exploite ses employés, vit dans une belle maison avec ses enfants et va au restaurent avec sa femme, sans oublier la belle voiture. Abdel, origine étrangère, lascar qui sort de prison. Les employés vivent dans des taudis et un personnage va même faire du tourisme sexuel en Thaïlande… Je ne nie pas que ces profils peuvent exister mais j'ai trouvé que l'auteur tombait dans la facilité en usant des aprioris déjà bien implantés dans la pensée des gens.
La relation entre les causes et conséquences des actes est très bien mise en lumière ici, à leur dépend Mélanie et son conjoint Abdel vont en être victimes et la machine infernale va s'emballer. Les différents traumatismes refont surface. Les personnages sont marqués par un passé lourd qui les guide au jour le jour, jusqu'au moment où tout bascule.
Le thème de la violence, le viol et les traumatismes qui en découlent sont évoqués. L'auteur alterne le premier plan puis la mise en arrière. Pourtant, j'ai malheureusement trouvé que le manque d'approfondissement, d'aboutissement et de profondeur. On lève un problème mais on n'approfondit pas, je ferai le même reproche avec l'aspect écologiste.
Cet avis est personnel, je suis restée sur ma faim. Je n'ai aucun doute que le livre trouvera son public. L'auteur a pourtant su éveiller ma curiosité, je lirai un autre livre afin de me faire un avis général.
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Comme un parfum de désespérance….
Dans cette vallée des Pyrénées, au coeur d'un petit village de montagne, il n'y pas grand-chose à faire. Mais la vie est calme, proche de la nature et la plupart s'en contentent. Surtout que l'usine Laely donne du boulot aux gens du coin. Bien sûr Jean-Paul Lanteau, le patron, n'est pas toujours très honnête dans sa charte de bonne conduite. Les déchets toxiques, censés être recyclés, sont parfois « échappés » dans la Lisette, la belle rivière sauvage qui coule à proximité. Mais on fait comme si on ne savait pas, et puis d'abord, il ne dépasse pas un certain taux et rien de grave n'en découle, n'est-ce pas ?
Sauf que ce jour-là, un corps féminin est retrouvé gravement brûlé, en partie dénudée, sur les berges. Un bain dans l'eau fraîche très polluée a-t-il pu provoquer de tels dégâts ? Ou est-ce autre chose ? L'enquête va commencer. Très vite, la police se questionne sur Laely et son personnel. D'abord faire le point sur les bidons de déchets dangereux, vérifier leur évacuation et tous ceux qui, dans l'entreprise, ont un lien avec cette tâche. D'ailleurs, parmi les employés, il y a Abdel, presque le profil idéal. Il a habité en banlieue, a participé à des trafics et a fait de la prison. N'aurait-il pas quelque chose à cacher ? Sa copine, c'est Mélanie, une fille toute maigre qui a traîné sur les routes et dans des squats avant de se poser là avec lui. Ce qui les unit ? En apparence un peu d'amour, un besoin de compter pour quelqu'un, des idées communes sur l'écologie, la tolérance et quelques autres combats bien actuels. Mais, si on creuse, je pense que ce qui les a rapprochés, ce sont leurs fêlures, leurs blessures invisibles. En prenant soin l'un de l'autre, ils se sentent, non pas investis d'une mission, mais utiles parce qu'ils « existent », ils ne sont plus « transparents ».
Justement, le décès de cette jeune femme va leur donner l'occasion d'agir. Il faut dénoncer les erreurs de la fabrique, ne pas oublier que la terre n'appartient pas à l'homme (c'est même le contraire), obliger le PDG à faire d'autres choix. C'est avec un autre couple, un peu désoeuvré, Marco et Angèle, que la réflexion va être menée. Un combat qu'il va falloir réfléchir en amont pour éviter toute erreur, des actions qui devront être discrètes mais virulentes et suffisamment parlantes pour que les débordements cessent.
Portés par leurs résolutions, Abdel et Mélanie ne renoncent à rien, ne baissent pas les bras. Ils refusent de se résigner, de laisser faire. La montagne et la nature autour d'eux sont tellement belles, il faut cesser leur destruction, surtout si cela entraîne des morts. Oui, ils ont peu de moyens mais, c'est le cas de le dire, ils soulèveront des montagnes et se remueront pour faire bouger les choses. Pendant ce temps, le PDG est blanchi, il n'a rien à se reprocher…. Paraît-il…. Mais qu'y- a-t-il sous les apparences bien lisses de cet homme et de sa société ? La lutte des jeunes gens n'est-elle pas vouée à l'échec ?
Cette lecture m'a captivée. J'ai apprécié l'omniprésence des Pyrénées, de l'environnement, des lieux présentés, tous sont évoqués avec beaucoup de doigté et d'intelligence. Ce n'est pas seulement l'aspect écologique, mais tout un ensemble qui démontre combien il est important de respecter le rythme naturel de chaque coin du monde pour vivre en harmonie. Ce roman policier, outre l'intrigue, est un véritable plaidoyer pour que le lecteur prenne conscience de certains faits. C'est très bien pensé cette « double entrée ». Les personnages ne sont pas trop caricaturaux, ils sont parfois dans le mal-être ou la toute puissance mais sans exagération. On comprend vite que certains vont être entraînés plus loin que ce qu'ils souhaitaient et qu'ils risquent de souffrir. L'écriture est belle, parfois poétique, enrichie par des approches très visuelles des lieux, j'avais presque l'impression de contempler des photos. L'atmosphère, teintée de désespérance, est lourde de sens. À nous de ne pas oublier, une fois le livre refermé.

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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La missive de Fanny H
Après plusieurs délits et un séjour en prison, Abdel retourne sur un lieu de vacances qu'il a connu enfant : Larmenvielle. La chance a l'air de lui sourire enfin. Il fait la rencontre d'une dame agée qui le loge et lui trouve très rapidement  un emploi à l'usine du coin : Laely. Il rencontre également l'amour en la personne de Mélanie, un petit bout de femme aux idées bien arrêtées.
Ils forment un couple d'écorchés vifs. Pourtant, elle vient d'une famille stable mais elle a quand même touché à la drogue, a trainé dans des squats et a visité le monde.
Chasser le naturel, il revient... lentement et sûrement. Abdel fréquente un autre couple Marco et Angèle qui trafiquent régulièrement à droite, à gauche.
Et puis un corps est découvert dans un ruisseau jouxtant Laely, celui d'une jeune femme, Marion Bourdin. Rien ne sera plus jamais pareil dans la petite vie de ce quatuor paumé. 
Les rejets de l'usine sont-ils mis en cause ? Quels méfaits se cachent en son sein ? Qui protège qui ? Mélanie reproche souvent à son compagnon son emploi dans cette entreprise polluante et destructrice de la nature...
L'enquête sera menée par le commandant Desourd, monsieur muscle, et l'officier Brunelle qui apprendront tout deux à travailler ensemble.
Sylvain Matoré détaille avec une grande attention les lieux et les paysages notamment les villages, les vallées, les cours d'eaux et leur proximité. On visualise vraiment l'endroit où se déroule l'action, il arrive à nous les faire ressentir. 
 Il installe ses personnages en nous les décrivant précisément physiquement et mentalement afin de mieux entrer dans l'histoire. Cela nous permet de bien connaître chacun d'eux pour mieux comprendre leur fonctionnement. Puis, petit à petit, nous entrons dans l'enquête qui ne sera pas facile.
L'auteur met l'accent sur l'écologie et la pollution de l'eau. Malgré les normes en vigueur, certaines entreprises ne les respectent toujours pas et arrivent à contourner le règlement. Sylvain Matoré nous explique très bien comment cela se passe en nous donnant un exemple de tricherie. Il décrit également le fait que dès qu'il se passe quelque chose de grave, on soupçonne aussitôt la personne qui a déjà connu des démêlés avec la justice ou qui a la peau colorée.
Cet auteur est une découverte pour moi et j'ai bien aimé le sujet principal dont il traite et la façon dont il l'écrit. A mon avis, la fin s'ouvre sur une suite alors donc peut-être, à suivre...
 
(Merci à Margot, le mot et le reste)
Lien : https://collectifpolar.wordp..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Les édifices les plus répandus ,au point d’avoir contaminé toute la station,sont les appartements-chalets,tout en bois , tous les mêmes,censés donner l’ambiance «montagne» et rappeler que,malgré la modernité,l’esprit de la région n’est pas perdu, alors qu’ils ne font que répondre qu’à un imaginaire complètement discordant et lointain - des Alpes,parfois,mais bien plus souvent du Canada ou de Scandinave.Voilà la mondialisation à l’œuvre,dissolvant les spécificités dans un gloubi-boulga d’appropriations culturelles d’essence toute hollywoodienne.
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Quand tout le reste fait sens, quand on parvient à construire un édifice rationnel qui parait tenir la route,la nature humaine pousse rarement à vouloir le démolir, ou ne serait-ce qu’à en vérifier la solidité en tapant dessus. C’est confortable d’avoir l’impression de tout comprendre.De se focaliser sur les lumières plutôt que sur les ombres qui perdurent.
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Et elle entend un rire qui éclate dans toute la forêt. Qui domine les cris d'animaux qu'on massacre, qui domine les bruits assourdissants des cascades d'eau en contrebas du pic de Rymare, qui domine le son des chutes de pierre qui se réverbèrent dans les gorges étranglées de l'Irouley, qui domine le grondement de l'usine, les vapeurs de ses productions toxiques. Elle entend le rire d'un homme qui va triompher, sans pitié, qui s'apprête à accélérer pour lui rouler dessus, laminer, fouler son corps, meurtrir sa chair. Mélanie se réveille en sursaut. L'horloge indique 3 h 14. Abdel est à ses côtés. Il dort profondément.
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Il était impossible de deviner qu'il ne s'agissait que d'une suspension dans le temps, d'une éclaircie passagère. L'a posteriori l'indiquera. Et montrera la rupture. Le moment où les choses ont basculé de nouveau. Il permettra d'en identifier l'élément déclencheur : le rapport oral de l'autopsie fait par le médecin légiste au procureur, rapport qui va se diffuser - et se déformer, comme la plupart des contenus oraux - à la façon des flocons de neige qui tapissent soudainement une route de béton froide et nue.
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Sa copine n’était pas pour rien dans sa prise de conscience. Depuis leur rencontre récente, l’un et l’autre s’incitaient à prendre des positions plus radicales, à lutter contre leurs satanées tendances à la résignation. Pour une fois dans sa vie, on ne combattait pas sa réserve par une attitude virile, une injonction à faire le caïd – tout ce qu’Abdel avait toujours connu, depuis la crèche, le bac à sable, puis l’école, le collège et surtout les cages d’escalier, dans ses vingt premières années passées à la cité du Mirail à Toulouse. Que des mecs, partout, qui classent les comportements selon ce qui est homme et ce qui ne l’est pas, cette dernière catégorie étant affublée de qualificatifs allant de meuf, gonzesse, fiotte, tarlouze à tafiole.
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Video de Sylvain Matoré (1) Voir plusAjouter une vidéo
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