Ping Pong, tome 5

Ce cinquième volume de "Ping Pong" vient clôturer cette excellente série de Taiyou Matsumoto ("Printemps bleu", "Amer béton", "Frères du Japon", "Number 5", "Gogo Monster").

A l'instar de "Hikaru no go", "Ping Pong" aura réussi à développer une histoire prenante autour d'un sport sans que le lecteur soit obligé d'avoir une affinité pour ce sport. D'ailleurs, le ping-pong est ici principalement utilisé comme métaphore de la vie. Les protagonistes vont évoluer au fil des épreuves, des rencontres et des obstacles au sein d'une société japonaise exigeante envers ses élèves.

Tout comme dans "Amer Béton", Matsumoto se concentre principalement sur deux héros que tout semble opposer : Makoto Tsukimoto, alias Smile, et Yutaka Hoshino, alias Péko. Pourtant, tels le yin et le yang (le ping et le pong), leur complémentarité et une longue amitié va les rendre inséparables (voire indissociables). Deux personnages qui ont fortement évolué dans leur sport et dans la vie au fil des tomes et qui sortent grandis de cette série.

Ce dernier tome reste plongé dans l'action des éliminatoires du championnat de ping-pong des lycées. Les héros passionnent dans la victoire, mais peut-être encore plus dans la défaite. La pression qui pèse sur les épaules de Kazama augmente à chaque victoire. Sa peur de perdre devient plus grande au fil des victoires et son invincibilité finit par ne plus seulement faire peur à ses adversaires, mais également à lui-même car personne n'imagine qu'il puisse perdre. Sa chute pourrait bien être proportionnelle à la hauteur à laquelle il monte. Une défaite pourrait donc s'avérer salvatrice et aider Kazama à retrouver le plaisir du jeu au lieu de ne penser qu'à l'enjeu. En interrompant sa montée vers le sommet de la hiérarchie pongiste, une défaite pourrait également lui enlever cette peur de perdre, cette peur de ne pas être à la hauteur des espérances.

Mais, au final, tous ces matchs n'ont que peu d'importance et c'est en-dehors du ping-pong que l'on retrouve les héros en fin d'album. Des héros qui ont avancé dans la vie et grandi à travers leur sport, en y tirant quelques leçons de vie.

Graphiquement ce dernier tome est encore plus impressionnant au niveau du dynamisme, les protagonistes donnant même l'impression d'avoir du mal à rester sur les planches tellement leurs mouvements sont explosifs. Rythmé par le ballet des rencontres de ping-pong, le graphisme est vivant, surprenant et extrêmement efficace. Dynamique lors des actions, humain lors des discussions et symbolique jusque dans les plus petits détails. Et au milieu du fracas des balles de ping-pong, quelques moments de silence qui en disent souvent plus long que n'importe quel dialogue.

Comme pour les autres oeuvres de Taiyou Matsumoto, chaque case a son importance et aucune parole n'est superflue dans ce tout indispensable. Un manga de Matsumoto est rempli d'émotions, de sensibilité, de psychologie et de poésie. Chaque détail a son importance et les niveaux de lecture sont multiples.

Série indispensable !