AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
(01/01/1900)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Meet Joe Matt, a talented cartoonist with strong ideas about how life should be lived. He makes no apologies and never compromises. Well, almost never. Actually, Joe Matt is a painfully honest man who doesn't mind admitting - in print, in cartoon form - that he has one or two flaws. Just minor ones.

The Poor Bastard is his neurotic, compelling and utterly shameless account of some of the most personal details of his life. With the timing of a stand-up... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après The Poor BastardVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il s'agit du deuxième tome autobiographique écrit et illustré (en noir & blanc) par Joe Matt. Il reprend le cours de sa vie là où il l'avait laissé à la fin de Peepshow (the cartoon diary of Joe Matt). Il contient les chapitres prépubliés dans les numéros 1 à 6 de "Peepshow", entre 1992 et 1994.

Ce tome commence avec une séance de masturbation de Joe. Trish rentre de ses cours et lui demande ce qu'il a fait de sa journée ce qui l'énerve instantanément dans la mesure où il n'a pas la conscience tranquille. Ils habitent ensemble dans la banlieue de Toronto. Joe Matt passe ses journées à glander sans avancer dans ses bandes dessinées, pendant que Trish poursuit ses études de graphiste. de temps à autre, il se rend à Toronto pour papoter avec Chester Brown et Seth, 2 autres auteurs de BD canadiens. Il mate les filles dans la rue et remarque une superbe métisse qui par hasard va être amenée à travailler avec Trish. Au fil des semaines ses relations avec Trish se détériorent et il finit par prendre la décision de louer une chambre chez un couple de retraité à Toronto même. Il fait tout pour éviter l'autre locataire un peu envahissant. Il ne voit plus Trish qu'un week-end sur deux. Il rencontre un fan (joueur de basse dans un groupe de rock) dans un magasin de comics et il continue de fréquenter Chester Brown et Seth. Il peut enfin visionner ses disques de personnages, et se masturber à volonté, sans ressentir de culpabilité.

Avec ces épisodes, Joe Matt abandonne les tâtonnements graphiques pour adopter une mise en page rigoureuse de 6 cases par page (3 rangées de 2 cases), avec une fusion de temps à autre de 2 cases d'une même ligne, ou de 4 cases. Sa façon de dessiner les personnages oscille entre un style très simple à l'image de sa personne sur la couverture, ou des expressions plus travaillées pour le visage. Il a abandonné les rendus plus simplistes qu'il utilisait dans ses premières planches. Il continue d'exagérer les expressions des visages pour accentuer un sentiment, le plus souvent à des fins comiques, le plus souvent à ses dépends. Parfois il détaille plus un visage pour le rendre un peu plus réaliste ce qui a pour effet de faire changer l'individu de registre : d'un personnage imaginaire, il s'incarne pour se rapprocher de son modèle réel. Sans créer de véritable hiatus, ce glissement dans le mode de représentation rend les comportements et les réactions affectives plus proches des nôtres, et fait baisser le capital sympathie des protagonistes. Cela accentue l'amertume et l'alacrité des relations. Matt a pris le parti de systématiser les décors dans plus de 80% des cases. Ils sont dessinés avec le même niveau de simplification que les individus, tout en conservant un bon niveau de détails. du coup le lecteur peut se projeter dans l'environnement de Joe Matt, observer les intérieurs dans lesquels il évolue, marcher à ses cotés dans la rue, se faire une idée des cafés qu'il fréquente avec Chester Brown et Seth, ou avec une amie.

Coté autobiographique, Joe Matt a également franchi un palier. La première page le dépeint comme à la recherche à tout prix du plaisir physique en solitaire. Ce n'est pas seulement l'aspect régulier et organisé de cette pratique qui marque le lecteur, c'est aussi la volonté de Matt de se dépeindre sous son jour le moins favorable. Les 4 premiers épisodes constituent une longue enfilade de mise en avant de ses travers, sans rien qui vienne contrebalancer cette approche. Il s'installe donc un malaise assez désagréable à assister à la dégradation systématique de Joe Matt, par l'illustration de tous ses travers. Ce malaise est renforcé par la force de conviction de la narration. Oui Joe Matt est égoïste, pingre, égocentrique, asocial, dépourvu d'empathie vis-à-vis de Trish, mesquin, dépourvu d'assurance et de confiance en lui, geignard, indécis, profiteur, etc. À force le lecteur finit par ressentir une forme de dégoût engendrée par le fait qu'il est facile de reconnaître en soi chacun de ces défauts. Cette accumulation finit par mettre mal à l'aise du fait que l'apparence de Joe Matt incite à l'empathie, alors qu'il se dénigre page après page, sans que n'apparaisse ne serait-ce qu'une seule qualité. le lecteur prend de plein fouet le manque de pudeur de Joe Matt quant à ses imperfections, et le fait de se reconnaître en lui.

Heureusement, en cours de route Joe Matt prend soin de faire dire à son personnage que son double de papier n'est pas vraiment lui. Il faut se souvenir que cette autobiographie, comme tout récit basé sur le réel, est avant tout une construction narrative. À ce petit jeu, Matt est très fort pour construire un double de fiction qui concentre toutes ses névroses, sans aucune qualité rédemptrice. Il effectue un travail de réflexion sur lui-même pour montrer tous les mécanismes affectifs qui lui pourrissent la vie, qui font de lui un être humain à la fois méprisable, et pitoyable, humain comme tout à chacun. Dans les 2 derniers chapitres, Joe regagne de l'entrain avec l'espoir de lier une nouvelle relation amoureuse. le ton de l'histoire s'en ressent et l'humour reprend le dessus sur l'amertume. Il apparaît également que Matt a du mal à dépasser le besoin d'absolu propre à l'adolescence. Sa quête de la femme parfaite évoque l'individu incapable d'accepter la réalité, de composer avec le quotidien.

Loin d'être un simple journal intime dessiné au fil de l'eau, "The poor bastard" est bel et bien un roman graphique bénéficiant d'une construction littéraire élaborée. Joe Matt expose ses défauts divers et variés dans une chronologie basique, tout en décortiquant ses sentiments pour les montrer et exposer l'intensité de son mal être. À la fin du tome, le lecteur a ressenti ce mal être avec acuité et il se rend compte que Matt a été capable de transmettre ses tourments, sans jamais recourir à un langage psychanalytique. Il a réussi le tour de force peu commun de parler de sa vie intérieure avec honnêteté et franchise, de ses sentiments, sans jamais s'appuyer sur une théorie psychologique ou une autre. Derrière une apparence visuelle simple, des récriminations et des jérémiades incessantes, Joe Matt expose sa vie intérieure et parle de la condition humaine, avec une sensibilité un peu masochiste et une pertinence qui touchera tous les lecteurs (masculins qui se reconnaîtront dans ces atermoiements et ces questionnements). Les lectrices auront une vision peu flatteuse de la condition masculine. Joe Matt continue son exhibitionnisme dans Spent.
Commenter  J’apprécie          20


Videos de Joe Matt (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joe Matt
Dans le 136e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente Par l’ouest vers les Indes, premier tome de la série Ana & l’entremonde que l’on doit au scénario de Marc Dubuisson et au dessin de Cy., édité chez Glénat. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : – La sortie du 7e tome de la série Aya de Yopougon que l’on doit au scénario de Marguerite Abouet, au dessin de Clément Oubrerie et c’est édité chez Gallimard – La sortie de l’album Les sauveurs que l’on doit au scénario conjoint de Fabien Morin, Julien Derain et Laurent Hopman, au dessin de Chhuy-Ing Ia et c’est édité chez Deman éditions – La sortie du deuxième et dernier tome de Ténébreuse que l’on doit au scénario de Hubert, au dessin de Vincent Mallié et c’est édité chez Dupuis dans la collection Aire libre – La sortie de l’album Vergès, une nuit avec le diable que l’on doit au scénario de Jean-Charles Chapuzet, au dessin de Guillaume Martinez et c’est édité chez Glénat dans la collection 1000 feuilles – La sortie de l’album L’ombre des pins que l’on doit au scénario conjoint de Valérian Guillaume et Cécile Dupuis, qui signe aussi le dessin, et c’est édité chez Virages graphic – La sortie en intégrale de Peepshow que l’on doit à Joe Matt et aux éditions Vagator dans la collection Revival
+ Lire la suite
autres livres classés : journal intimeVoir plus
Les plus populaires : Manga Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1704 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}