A force d'entendre parler de
Richard Ford , il fallait bien s'y mettre un jour... . Je ressentis l'appel lors d'un mardi sec et pluvieux , vers 15h30 - 19h , et décidai enfin d'attaquer par la face Nord ce nature writer qui , depuis un certain temps , me faisait du pied . En tout bien , tout...
Né en 1944 dans le Mississipi , il reçut le Pulitzer de la fiction en 1996 pour
Indépendance . le parcours fut laborieux puisque ses deux premiers romans (
Une Mort Secrete en 76 et
le Bout du Rouleau en 81 ) rencontrerent un écho plutot confidentiel . C'est
Un Week-end dans le Michigan ( 1986) qui lui permettra véritablement d'asseoir sa notoriété.
Lorsqu'Harry Quinn , vétéran du Vietnam , débarque à Oaxaca ( Mexique : 30.28'74 ° Nord - 75.48'12 ° Ouest , de mémoire , à 3000 bornes pres ) , deux motivations l'habitent . Sortir de taule Sonny , tombé pour trafic de drogue et par là meme , reconquérir sa jolie frangine , Rae , également de la partie . Sonny , triste gland décérébré ayant élevé la connerie au rang de discipline olympique , s'est cru assez malin pour doubler un parrain local à la rancune tenace . La partie s'annonçe délicate...
Si l'histoire est plutot classique , elle parvient cependant à vous happer des les premieres lignes . L'écriture est plaisante et enlevée mais ne saurait masquer d'incroyables longueurs scénaristiques .
Ce n'est certainement pas Oaxaca qui va plaider en faveur de l'office du tourisme Mexicain . Proche de la tristement celebre Ciudad Juarez , elle en présente les memes symptomes gangrénants : drogue , trafic d'arme , prostitution , guérilla , corruption à tous les étages sous la coupe bienveillante d'une mafia locale peu encline à partager . La légendaire avarice Mexicaine serait-elle bien fondée ? Ajouter à cela un soleil de plomb propre à rendre un scorpion dépréssif : bienvenue en enfer !
Si la trame est prenante , les questionnements existenciels Harry / Rae alourdissent un récit deja peu enclin à vous filer le tournis . Bouquin d'ambiance assumé . Ford instaure une parano contagieuse en donnant le sentiment que chaque protagoniste joue un double jeu pervers . Bernhardt , l'avocat de Sonny , en étant le parfait exemple...
Les personnages sont torturés , complexes , engagés dans une histoire qui semble les dépasser et qui pourrait leur laisser comme un désagréable goût de sang léthal dans la bouche au final . Un climat aussi oppressant que la mafia avec qui Harry doit composer , au risque de se bruler les ailes et déclencher un véritable massacre...Une envie mortelle de jouer au chat et à la souris sous un cagnard de feu ? Alors foncez...
Le Bout du Rouleau , belle promesse tenue d'un grand écrivain en devenir !