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EAN : 9782267046182
208 pages
Christian Bourgois Editeur (12/05/2022)
3.75/5   8 notes
Résumé :
Ils sont quatre amis à se retrouver rituellement depuis des années, chaque premier samedi du mois, dans un petit restaurant vietnamien de Paris. Tous ont en commun les souvenirs d’une ancienne vie passée sur le continent asiatique.
Ce soir-là, c’est Marco qui prend la parole – et il ne la lâchera plus. Sous le regard tour à tour intrigué, amusé ou inquiet de ses trois comparses, il plonge au cœur de ses ténèbres les plus intimes.
Son récit va les ram... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce roman ambivalent et envoûtant mêle fantasmes, rêves, cauchemars et réalité dans une sorte d'expérience sensorielle grandiose. Brice Matthieussent se plie au cliché colonialiste liant exotisme, pulsions, désirs de la chair et mettant ainsi entre parenthèses les pensées, le langage - mais il en fait aussi la critique. En filigrane du récit de son héros qui revient sur sa jeunesse et ces années passées au Vietnam à la fin de la guerre, se dessine en effet un portrait acerbe de la pensée héritée du protectorat français... (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/05/22/le-couloir-rouge-brice-matthieussent/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Celles et ceux qui ont vécu (longtemps) à l'étranger le savent : éprouver l'altérité vous transforme de façon intime. Ce roman l'illustre à merveille.
Marco, le narrateur, a séjourné au Vietnam dans sa jeunesse, juste avant la débâcle américaine et la chute de Saïgon.
On l'installe à Dalat, une bourgade artificielle que les gouverneurs coloniaux ont établie sur les plateaux afin d'échapper à la moiteur de la capitale. Rues arborées à la française, grenouilles sautées dans l'assiette, reproductions de maisons alsaciennes et de chalets savoyards, Marco hallucine : « À quoi bon aller si loin pour retrouver ce qu'on a quitté ? » Il comprendra vite de quelle pâte est faite cette communauté d'expatriés nostalgiques.
Lui choisit l'autre voix, celle de l'inconfort et de la curiosité, de la confrontation et de l'émerveillement. Il en tirera deux parenthèses inoubliables, en suivant deux couloirs, en osant pousser la porte. L'une le mènera à l'horreur, l'autre à l'extrême ravissement. Il en perdra presque la parole, à jamais bouleversé (« J'ai largué les amarres du langage (…) et je me suis retrouvé face à la pureté acérée de l'expérience »). Ce récit est sa tentative ultime d'enfin poser des mots sur ce qu'il a ressenti.
Bien écrit, ce roman explore avec virtuosité les difficultés de compréhension d'une culture (la proxémique, notamment) dont les codes vous échappent. Il examine aussi l'impossibilité, pour celui qui rentre d'un voyage initiatique, de reprendre le train-train de l'existence : « Je voyais tous ces gens s'affairer (…) Leur prétendue connaissance de la vie me semblait dérisoire au regard de ce que je venais de vivre loin d'ici ».
Bilan : 🌹🌹🌹
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"Le Couloir Rouge" de Brice Matthieussent se déroule lors d'un dîner où le narrateur, Marco, partage deux expériences bouleversantes vécues pendant son service de coopération au Vietnam pendant la guerre entre le nord et le sud.

Le premier récit m'a profondément captivé. Marco relate son arrivée au Vietnam, décrivant la vie recluse des expatriés et les magouilles qui les entourent. Lorsque la situation se tend et que les troupes du nord approchent de la capitale, il est confronté à l'horreur de la guerre à travers le couloir d'un hôpital. Les émotions sont intenses et le récit est vibrant.

Cependant, le second événement, une découverte plus sensuelle avec une femme, m'a semblé moins intéressant, un peu plus "plat" en comparaison. Cela n'a pas réussi à susciter autant d'émotions que le premier récit.

Ces moments ont été si traumatisants pour le jeune Marco qu'il les évoque plusieurs années plus tard comme "des expériences de perte de langage". On ressent toute la profondeur de ces souvenirs et l'impact qu'ils ont eu sur lui.

La plume de l'auteur est un véritable atout dans ce livre. Son style frôle parfois la poésie, offrant une dimension artistique à l'histoire. Les descriptions sont riches et évocatrices. Par exemple, lorsque Marco débarque de l'avion en pleine mousson, il décrit les pluies torrentielles d'une manière poétique et visuelle, utilisant des métaphores saisissantes pour dépeindre la scène : "...des rideaux liquides scintillants inondaient le tarmac, avançaient comme à tâtons dans l'obscurité, semblaient planer au-dessus de l'asphalte, parcourus de paillettes éblouissantes et de brèves étincelles argentées. J'ai cru voir ces lueurs jouer sur les armures noires et les heaumes de chevaliers gigantesques luttant sans merci dans les ténèbres, au milieu des éclairs de chaleur qui embrassaient les nuages et y diffusaient leurs déflagrations bleu acier"

"Le Couloir Rouge" est donc un livre qui offre un bon moment de lecture grâce à son style d'écriture captivant. Il mêle habilement l'intensité des récits de guerre avec une certaine beauté littéraire, créant ainsi une expérience de lecture marquante.
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Aujourd'hui je vais évoquer le couloir rouge roman de Brice Matthieusent. Ce récit situé au Vietnam à la fin de la guerre éponyme mêle rêve et cauchemar dans une atmosphère poisseuse et délétère.
Le couloir rouge débute un samedi soir ; comme chaque mois à Paris, un groupe de quatre hommes adultes, des amis, se retrouvent dans un restaurant vietnamien pour évoquer leurs souvenirs de jeunesse et d'Asie. C'est leur rituel : « sauf empêchement de l'un ou de l'autre, dû à une obligation familiale, à un voyage ou à une rare maladie, nous étions quatre lors de ces dîners mensuels » comme l'indique le narrateur, sorte de scribe scrupuleux des propos échangés. La conversation va vite tourner au monologue de Marco qui monopolise la parole en évoquant sa jeunesse et son séjour au Vietnam au moment de l'acmé de la guerre. le jeune homme cherche alors à partir, découvrir le monde et mettre en oeuvre les préceptes hippies ; il se retrouve à Dalat où il effectue une mission. Marco décrit l'environnement, le climat, la population. Et surtout en cette soirée alcoolisée il se remémore un traumatisme fondateur nimbé d'une exquise expérience sexuelle. La guerre déchire le pays, les blessés et les défunts jonchent le sol où il marche. Il se souvient : « depuis l'entrée de l'hôpital jusqu'au fond du long couloir, les murs étaient uniformément couverts de sang frais. On avait nettoyé le sol, le linoléum était sans tâche, désinfecté : mais, par manque de temps ou de personnel, les murs étaient restés tels quels, de cette couleur rouge sombre, violacée, presque noire, que prend le sang sur le point de coaguler. J'ai eu le sentiment d'être le dernier homme sur terre. » Cette scène est apocalyptique, la mémoire a capté chaque détail qui s'est ancré dans son inconscient. Sous l'effet des verres d'alcool la parole se fluidifie, après le drame la fuite de Dalat vers le sud s'organise dans le chaos. Marco croise une jeune femme avec laquelle malgré la débâcle il vit une expérience d'une extrême sensualité. C'est une sorte de découverte de l'amour sous la chaleur tropicale étouffante. Pourtant le protagoniste qui s'exprime plusieurs décennies après face à ses amis et à Vuong le restaurateur rencontré dans son pays d'origine ne peut que constater : « tous ces mois que je venais de passer en Asie se réduisaient à un couloir rouge donnant sur une chambre mortuaire. » Avant de rejoindre Paris pour éviter la déroute et le danger Marco se souvient que : « Saïgon était sens dessus dessous, aussi grouillante et affolée qu'une fourmilière dans laquelle on aurait donné un violent coup de pied. Les riches Vietnamiens et Chinois fuyaient le pays par avion ou par bateau. Partout, dans les cafés, les restaurants, les hôtels, mais aussi parmi la communauté des Français, le bruit courait que les troupes nord-vietnamiennes étaient aux portes de la ville. » La soirée rituelle s'achève...
Le couloir rouge est un roman évocateur d'un pays magique, ancienne colonie française avec dans les années 1970 des relents de cette époque. Les souvenirs de jeunesse des protagonistes sont ressuscités à l'occasion d'un dîner amical.
Voilà, je vous ai donc parlé du Couloir rouge de Brice Matthieusent paru aux éditions Christian Bourgois.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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