(Je précise que j’ai lu la réédition des Moins de seize ans publiée chez Léo Scheer en 2005 et qui contient également Les Passions schismatiques.)
Hallucinant ! Dans le court texte des Moins de seize ans (1974, 90 pages), Matzneff se livre à une apologie sans bornes de la pédophilie, à tel point qu’il peut apparaître comme une sorte de manuel à l’usage des pédophiles (voir les conseils qu’il donne et dont je cite plus loin des exemples), avec force références au monde antique gréco-romain, comme si ce qui était en usage à l’époque pouvait encore l’être aujourd’hui et en ne voulant pas voir que les mœurs gréco-latines n’avaient en réalité rien à voir avec son implacable cynisme et son comportement de salaud. Les Anciens auraient-ils par exemple approuvé une telle phrase : « Dans la mesure du possible, je choisis mes petits amis dans les familles désunies, chaotiques, et je m’en trouve toujours bien » (p. 87) ?
Et ce passage, qui montre qu’il n’aime les enfants que dans son lit : « Au début, une si charmante tyrannie [de l’enfant] comble l’aîné, elle le flatte, l’amuse, et il s’y soumet de bonne grâce. Mais à la longue, elle le fatigue et l’irrite. Accoutumé à la solitude, à l’entière liberté de ses mouvements, il en a ras le bol d’avoir sans cesse cet/cette enfant sur le dos : le/la voir deux heures par jour (de préférence au plumard) lui suffirait amplement. D’où la nécessité de prendre ses distances, ce qui ne va pas sans pleurs, griefs, malentendus, et peut parfois aboutir à une rupture. » (p. 55)
Dans Les Passions Schismatiques (1977), après des chapitres intitulés « Le Christ », « La femme », la Russie », « L’écriture » remplis d’élucubrations pseudo-philosophiques ou religieuses plus ou moins fumeuses, il revient, dans la dernière partie, « L’enfant », sur son ouvrage précédent et récidive dans l’immonde : il ne renie rien de ce qu’il a écrit, bien au contraire, il en rajoute.
Quel monstre d’égoïsme et de cynisme ! Il s’ingénie à trouver toutes les justifications à ses turpitudes et ne pense pas un seul instant aux conséquences de ses actes sur ses victimes. Il ne pense qu’à la satisfaction de ses désirs, les autres, les « mômes », « mômichons » et « mômichonnes », comme il les appelle, il n’en à rien à foutre !
Il est tellement plein de lui-même, tellement infatué et plein de morgue : « Je tiens que rencontrer Gabriel Matzneff, et faire un bout de chemin à ses côtés, est pour un/une adolescent(e) une chance, et un privilège. » (Les Passions schismatiques, p. 96). Et il poursuit : « L’univers où se meuvent les enfants (je veux dire : que leur imposent les adultes) est pour l’ordinaire d’une telle bassesse, d’une telle vulgarité, d’une telle déliquescence intellectuelle et morale, que c’est faire œuvre sainte que de leur apprendre à le mépriser et de les aider à s’en échapper : auprès de moi, c’est à une autre hauteur qu’ils respirent, ce sont d’autres horizons qu’ils découvrent. » (p. 96) Œuvre sainte !!
Comme elle peut contrecarrer ses projets, Matzneff déteste la famille : « L’amour parental est mon ennemi particulier, l’amour filial m’exaspère, et les seuls adolescents que je puis aimer d’amour sont des adolescents révoltés contre leur famille, et en rupture. Un gosse de treize ou quatorze ans qui aime ses parents, qui se plaît en famille, qui préfère la compagnie de ses frères à celle de ses copains, est – je l’ai vérifié cent fois – de la graine de médiocre. Je n’ai pas de temps à perdre avec lui. » (p. 197) De même, en particulier, l’amour maternel lui répugne : « Je n’ai ni estime ni respect pour l’amour maternel, cette goule. ‘Je t’aime, donc tu m’appartiens !’, tel est le vrai visage de l’amour maternel. Ne me dites pas que c’est beau. C’est monstrueux » (Les Moins de seize ans, p. 86).
Et si l’on essaie de sauver Matzneff en le dépeignant comme un grand styliste, ce n’est pas mon avis. Il ne dépasse pas le niveau d’une bonne plume classique comme il y en a tant d’autres, avec quelques familiarités qui détonnent. De plus, il ne sait parler que de lui (cf. les multiples tomes de son Journal). Il ne faut pas se laisser abuser non plus par ses citations latines et par la culture qu’il étale à l’envi. Je ne comprends pas qu’il ait si longtemps été protégé par l’intelligentsia – ou plutôt crains de ne trop bien comprendre. Ce type est abject.
Signalons que ce livre a été publié avec le soutien du CNL (Centre National du Livre), donc de nos impôts !
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Les deux êtres les plus sensuels, les plus doués au lit que j’aie connus de ma vie sont un garçon de douze ans et une fille de quinze. Cette fille de quinze ans, jamais personne ne m’a donné autant de plaisir, jamais je n’ai eu d’élève aussi douée. Au début, elle ne savait rien, mais son innocence n’avait d’égale que sa curiosité, et cet amalgame d’ingénuité et de complaisance était d’un voluptueux infini. Très vite, elle fut une amante fantastique, se livrant à des caresses, se prêtant à des postures que jusqu’alors nulle ne m’avait prodiguées, auxquelles nulle ne s’était abandonnée. Une femme de vingt-cinq ans a ses pudeurs, ses répugnances, ses habitudes. Une adolescente, tout lui semble naturel, car tout lui est nouveau.
Ce qu’il y a d’implacable dans les amours adolescentes, c’est qu’elles vous dégoûtent à jamais des autres. Lorsque vous avez tenu dans vos bras, baisé, caressé, possédé un garçon de treize ans, une fille de quinze ans, tout le reste vous paraît fade, lourd, insipide. Cette merveilleuse peau des moins de seize ans, tiède, veloutée, lisse, parfumée, savoureuse, auprès de laquelle tout autre grain de peau semble ou gras ou rugueux ou desséché. Il m’est arrivé d’avoir dans ma vie une très jeune personne, et ensuite une femme moins jeune, une plus de vingt ans. Eh bien ! au lit avec la nouvelle, le souvenir de la petite ne me quittait pas. Quelle accablante comparaison !
50 ans après avoir été victime de Gabriel Matzneff, le plus célèbre écrivain pédo-criminel de la Vème République, Francesca Gee raconte, évoque les politiques, éditeurs et journalistes qui le protégeaient.