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Citations sur Avec Bacon (11)

[Giacometti et Bacon]

Les deux artistes ont continué à vivre, le succès venu, dans un dénuement monacal, tous deux désintéressés, privilégiant le travail. Leur vie est aussi ailleurs, dans leurs virées nocturnes , bars gays londoniens, pour l'un, bars à entraîneuses pour l'autre. Même vie d'artiste, mi-bohème, mi-mondaine. Et Giacometti aurait pu prendre à son compte cette confession de Bacon: "Je poursuis la peinture, car je sais qu'il n'est pas possible de l'arrêter." Tous deux hantés par les visages qui viennent à eux, "visum". Ce que l'on voit quand on voit autrui, l'autre soi-même, son envers. Ces têtes, ces têtes qu'ils n'ont cessé d'interroger
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Sur la table, des livres illustrés aussi : l’Égypte, l'art antique, Michel-Ange, Vélasquez. Je saisis le volume sur Vélasquez, je le feuillette, m'arrête sur le portrait du pape Innocent X. Je hasarde : Pourquoi vous êtes-vous acharné sur ce pape ? Bacon pose son verre, soupire, il balaie de sa main son menton. "Ah les papes, les papes ! Tous mes papes, je les trouve ridicules aujourd'hui ! Voyez-vous, je regrette de les avoir peints." je lève les yeux au ciel et ne peux retenir : Non vraiment ! Vraiment !
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Quelles sont ses sources d'inspiration ? Bacon pivote sur sa chaise, puis s'arrête, vous fixe : "Tout et surtout mes lectures. Je lis énormément." Il appuie un coude sur le bureau et repose son menton dans le creux de sa main. "Les poètes de l'Antiquité m'inspirent : les six journées et nuits de guerre de l'Iliade, la colère d'Achille, un glaive qui entre par la nuque et ressort par la bouche, tous ces corps prostrés à terre, fracassés... Vous comprenez, ce sont des images fortes qui laissent libre l'esprit au vagabondage. Vous savez, la violence ne change pas. Elle est dans la nature de l'homme. Et je pense que rien ne changera." Il marque un temps d'arrêt. Et lâche : "Jamais." Et il se met à rire de son rire bruyant. J'écarquille les yeux. "Oui, la vie est choquante, alors je ris."
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La première fois que j'ai vu une de ses œuvres, j'ai tout de suite su que j'aimerais Bacon. Ce jour-là ma vision de la peinture a changé, a été bouleversée. En fait, la première fois ne fut qu'une reproduction, une image arrêtée sur un écran de cinéma : au générique du film de Bernardo Bertolucci, "Le Dernier tango à Paris". Et durant ces quelques secondes, ce fut une sorte d’apparition, un électrochoc même. Un corps nu et isolé, un corps qui se tord, enroulé sur lui-même, criant sa douleur. Et alors que j'allais juste regarder un film, j'ai ressenti cette souffrance comme une déflagration. L'image de cette chair de cadavre fardé s'imposait jusqu'à se mêler à celles du film.
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Excédé, Bacon se lève d'un coup, emportant avec lui le micro. Clap de fin. Le tournage a duré un petit quart d'heure. En le raccompagnant à son hôtel, dans la voiture, l'air faussement inquiet, Bacon me dit: " il est toujours comme ça, le présentateur*? Vous êtes sûr qu'il va bien?"

[* Il s'agit de Thierry Ardisson. ]
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Tous ces pinceaux durcis, ces chiffons sales, ces vieilles chaussures, ces photos tachéoes, ces ouvrages fossilisés sous les couches de peinture sont autant d'indices sur l'inspiration et les méthodes de l'artiste. Une simple ampoule pend du plafond, accrochée à un fil, celle que l'on retrouve dans certains de ses tableaux, tout comme le miroir rond au tain usé . Bacon cultive son atelier, comme sa parole, avec soin, ce fouillis participe de sa légende, il le sait bien, il l'entretient, comme d'autres peintres. Tous savent que ce chaos le stimule et donne naissance à des images. Il éclate de rire. J'ai envie de rire avec lui. Il reprend: " Ce sont mes aide-mémoire. On ne peut pas savoir comment les choses arrivent. Je regarde un peu de tout, toutes sortes d'images, elles s'accumulent, comme dans un puits et, d'un seul coup, elles montent...
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Avec Bacon, on ne sait jamais s'il se débarrasse de tout discours par facilité. Il ne veut surtout pas d'explications ni d'interprétations. Ça ne le concerne plus. Lui seul sait ses sources qui garantissent la force des images, ses Euménides, ses Christ, ses Vélazquez, ses Macbeth, ses Eisenstein, ses Ucello, ses Muybridge...Lui seul sait retourner et inverser les signes et transfigurer une scène religieuse en une contre-façon païenne. Lui seul sait renverser une croix, tête en bas.
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Les corps de Bacon qui se délitent, se diluent, se délient.
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Il était très discret. Il estimait que la peinture était un lieu de mystère et que chacun pouvait y apporter sa part de soi, que ce n’était donc pas à lui de livrer quoi que ce soit.
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Je pense que sa vie était encore pire que ce qu’il peignait.
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