Ces derniers temps, je me suis souvent réveillée de trop bonne heure. Alors qu'à 5h tout dormait encore, j'attrapais «
Les uns contre les autres» et, moi qui n'ai rien de l'oiseau de nuit, je lisais la vie de ceux qui la brûlaient p
ar les deux bouts dans les années 80.
Dans ce livre, c'est l'éclosion du bling - un doré qui connait encore ses classiques, et si tout ce qui brille n'est pas d'or, le champagne se déguste dès 10h du matin, on s'enlace encore pour quelques fois sans peur du sida… «Pour combien de temps ?» se demande Albertine, pygmalion du créateur Christophe Mistral, grande amie de Moby, ci-devant narrateur (et double assumé de Maubert).
Après «
Visible la nuit»,
Franck Maubert reprend le chemin du souvenir et d'une nostalgie désenchantée pour peindre un monde qui est désormais raconté sous forme d'archives. Il y a peu, on pouvait en effet lire dans le Monde l'histoire de Mary-Line, la physionomiste des Bains Douches. C'est dire si l'époque est révolue… Mais Moby ne le sait pas encore, ou le pressent : son journal est mort, le papier lui semble fini. Il se tourne alors plein d'ambition vers la télévision. Son partenaire Ferdyck, insupportable animateur, se révèle tyrannique. Heureusement, il y a les nuits aux Lumières, chez Rodolphe. Là, se font et se défont des relations superficielles - d'autres le sont moins, même si elles semblent parfois tout aussi vaines. Là, se se font et se défont aussi les réputations. La nuit fait le jour, du moins celui de la société du spectacle, de la pub, de la mode, de la télé, cette postmodernité qui vient juste d'être théorisée par
Lyotard.
Le lecteur reconnaîtra, dans ce texte qui est aussi un roman à clefs, les personnages auxquels il est sensible. Il m'a été facile, ainsi, voir
Christian Lacroix en Christophe Mistral. L'équivalent Lumières-Bains-Douches est transparent. Je ne continue pas, je vous laisse décider livre en main si Boukobza n'est pas trop bien traité... Même si on y était pas !
Bref, «
Les uns contre les autres» a tout d'une carte postale volontairement un peu kitsch, un peu criarde, comme a été, pour
Franck Maubert et ses amis, à Paris, ce «golden age» au son des Gipsy Kings.
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