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Citations sur Matador yankee (33)

Il se rendait à la salle de Roberta, une Colombienne obèse et poilue aux yeux de panthère qui donnait dans le jeu clandestin et la prostitution.
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La fanfare chauffait ses cuivres et le tambour maladroit roulait une marche militaire. Miguel patientait sur le pas de la porte. Il avait remisé son veston. Il portait désormais une chemise hawaïenne rouge vif, aux motifs coralliens, et un chapeau de paille surdimensionné. Harper descendit l'escalier avec sa veste de lumière au serpent brodé d'or, une chemise blanche rentrée dans un pantalon de cowboy, aux pieds, une paire de bottes, au bras, sa cape rose délavée, sur son épaule, son sac d'où dépassait la poignée de son épée.
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– Vous verrez, rien d’embêtant. Simplement, il n’y aura que vous à l’affiche demain, car les autres ont eu un empêchement. Ils n’ont pas pu franchir le col, sûrement à cause des éboulements sur la route, ou pire. Les gens tombent souvent dans les ravins par ici. Rassurez-vous, ce ne sont pas toujours les mêmes.
L’homme était content de son astuce. Il la répéta à voix basse pour s’assurer qu’elle faisait rire et reprit sur le même ton.
– Une année, nous sommes restés sans personne. Ils étaient tombés, tous les passagers du bus, écrabouillés dans cette boîte en fer, un roulé-boulé jusqu’à la rivière, trente-cinq morts.
Il marqua un temps d’arrêt.
– Non, je plaisante, simplement du retard, une crevaison, deux jours de retard et pas moyen de prévenir qui que ce soit. Alors on a décalé la fête. Exceptionnellement, on s’arrange.
La piste redevenait chaotique, les ravinements plus profonds, et rien ne semblait désormais freiner le flot des mots.
– Du coup, vous n’aurez qu’un seul taureau, on vous a gardé le plus gros et quelques vaches. Mais ne vous inquiétez pas, il y a probablement des gens au village qui seront prêts à vous aider d’une manière ou d’une autre. Et le maire va tout faire pour vous mettre à l’aise. Le maire, c’est mon frère, Don Armando. Et s’il y a un problème, je suis là, je suis médecin et chirurgien.
L’Américain préférait pour l’instant ne rien relever et ne comprenait pas comment son chauffeur, quelles que soient ses qualifications, parvenait à conduire le corps de profil, ne quittant pas des yeux son passager.
– On ne connaît pas votre nom. Comment vous appelez-vous ? Gringo Torero, c’est mon idée. On l’a écrit sur les affiches. Il faut prendre les choses avec le sourire ici, sinon vous allez mourir d’ennui. C’est important que vous ayez un nom, comme ça les gens pourront vous soutenir ou vous insulter, vous comprenez ?
– Je m’appelle Juan. Mais mon nom de torero, c’est Harper. Pour les précipices, j’ai voyagé de nuit, je n’ai pas vu grand chose.
– Juan, soyez le bienvenu. Moi c’est Miguel. J’ai un fils qui s’appelle Juan, comme vous. Et un autre qui s’appelle Miguel, comme moi. C’est amusant non ? Juan, c’est le petit. Ils vivent à Hermosillo maintenant, avec leur mère. Ne croyez pas tout ce que les gens du village vous disent. Ils sont particuliers, c’est la montagne.
– Je connais un peu la région.
– On a modifié les affiches pour signaler qu’il ne restait plus que vous. Les villageois sont déçus, c’est toujours plus amusant quand vous êtes plusieurs à vous tirer la bourre. Ne vous attendez pas à des merveilles, les gens sont pauvres ici, mais ils ont besoin de vous. Personne ne vient jamais nous rendre visite, il y a toujours une excuse, toujours un truc qui va de travers.
Tout en bloquant le volant entre ses cuisses, Miguel lui tendit une carte de visite plastifiée et tapota sur sa photo en souriant.
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Les aficionados de Los Angeles et San Diego s'étaient amourachés de lui, si jeune avec ses cheveux d'or et ses belles dents blanches.
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C'était le problème de la solitude, à la longue elle était obsédante et tristement narcissique. C'était le problème aussi d'être torero et de ne jamais trouver de sommeil assez lourd pour être à l'abri des cauchemars pouvant faire revivre tel coup de corne dans le ventre ou telle agonie de la bête fermant les yeux sur le monde des humains. Peut-être fallait-il tenir à distance cette violence inévitable, quels que soient les détours qu'elle empruntait, plutôt que d'y faire face et perdre tout espoir d'innocence.
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Harper ne trouvait pas désagréable d'avoir un parent durant quelques heures, un papi sénile que l'on aurait laissé à l'avant pour qu'il puisse se goinfrer de chocolat en regardant le paysage. C'était comme ça qu'il imaginait les grands-pères, des êtres inoffensifs et somnolents qui gardaient leur force pour les grands événements.
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Il sentait, à Cerocachi, la même ambiance de poudre et d'hostilité de la foule prête à se déchaîner au moindre faux pas, en dépit des mots complaisants de Miguel. Mais Harper avait désormais assez d'expérience pour être d'autant plus efficace que la foule le détestait. Il avait été à bonne école.
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Adela balbutia quelques prières de l'enfance. Il manquait certains mots, mais elle se souvenait bien de la mélodie et de la fin, "amen".
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Elle ne voulait plus que cette frontière existe dans aucun de ses souvenirs et les nombreux reportages à la télévision qui montraient des migrants traqués par les patrouilles lui donnaient immanquablement l'envie de boire un grand verre d'eau pour se laver. Elle avait tellement souffert qu'elle ne se sentait plus solidaire de rien ni de quiconque.
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Elle était belle, elle le savait et faisait tout pour ne pas ressembler aux femmes avec qui elle avait grandi et qui finissaient comme des rafles de maïs édentées. Même sa mère avec ses robes de bourgeoise sentait toujours un peu la pisse et le fumier.
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