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EAN : 9782847424867
312 pages
PASSAGE (25/08/2022)
3.21/5   50 notes
Résumé :
Un soir, sur un coup de tête, Jeanne Beaulieu décide de tout plaquer et de partir. Ce sera l'Amazonie, l'aventure... Mais pas forcément celle qu'elle imaginait. Est-ce bien raisonnable, tout ça ? Boire un jus de tomate à bord d'un avion après le crash du vol Rio-Paris, passe encore. Partir en Amazonie à la recherche d'un Indien que l'on a vu un soir à la télévision, sûrement pas. Mais Jeanne Beaulieu voyagera d'une drôle de manière, Tristes tropiques de Claude Lévi-... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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sur 50 notes
Quel plaisir de retrouver la si belle plume de Jean-Baptiste Maudet avec son troisième ouvrage Tropicale tristesse !
Même si elle a la vague impression qu'elle est en train de faire n'importe quoi, Jeanne Beaulieu, qui va sur ses quarante ans, a pris un vol pour le Brésil, avec le désir de se rendre en Amazonie. Elle entreprend ce voyage à la suite d'un reportage sur la déforestation aux confins de cette vaste région, au cours duquel elle a aperçu un indien. Elle a alors décidé de tout plaquer et de partir pour le retrouver.
Lors de sa halte à Sáo Paulo, elle passe chez un bouquiniste et ressort avec Tristes Tropiques de Claude Lévi-Strauss sous le bras, même si elle vu, en le feuilletant de nombreuses phrases soulignées et accompagnées d'une quantité incroyable d'annotations et qu'elle déteste ça.
Bien vite, elle va découvrir dans ce qu'elle appelle les gribouillis des autres, comment ces deux étudiants Paul Martin et Claudia Ambrosio se sont rencontrés à Séville, en 1992, l'année de l'exposition universelle et sont tombés follement amoureux l'un de l'autre.
En laissant dans cet exemplaire le témoignage de leur histoire, Paul et Claudia offrent à Jeanne « ce qui chez moi s'est évanoui trop vite ou n'a jamais existé, un amour évident, ridicule, éblouissant. »
Cette histoire fait renaître en elle l'espoir d'une tendresse et d'une responsabilité.
Au Brésil ou en remontant l'Amazone, Jeanne est bien sûr partie à l'aventure, mais elle est surtout partie s'aventurer à la recherche d'elle-même et c'est bien un véritable voyage intérieur qu'elle va effectuer.
J'ai profité avec Jeanne de la beauté du fleuve, prenant un immense plaisir à découvrir cette nature luxuriante. Cependant, comme elle, et comme Claude Lévi-Strauss, impossible de ne pas être désespérée par l'humanité…
J'ai beaucoup aimé assister au questionnement que se fait cette jeune femme, à sa transformation au fil du voyage accompagnée dans cette quête existentielle par le récit de l'ethnologue et cette histoire d'amour inachevée entre Paul et Claudia.
Jean-Baptiste Maudet dresse une galerie de portraits de personnages marquants dont celui magnifique de cette femme tellement naturelle dans ses pensées affichant sereinement son autodérision.
Beaucoup d'émotion, de subtilité, de poésie et de sensibilité également dans ce roman !
Impossible de ne pas tomber sous le charme avec Jeanne quand elle voit les yeux d'une tortue entourés d'ailes de papillons et qu'elle apprend que ces derniers ayant besoin de sel, de sodium et que, n'en trouvant pas assez dans la forêt, alors ils boivent les larmes des tortues !
Même si le thème principal de Tropicale tristesse n'est pas l'écologie, je n'ai pu m'empêcher à sa lecture de penser à la déforestation galopante, en cours dans cette Amazonie, considérée pourtant comme « le poumon de la terre » en raison de sa capacité à séquestrer du dioxyde de carbone (CO2). Qu'adviendra-t-il si Jair Bolsonaro est réélu ?
Ce voyage est pour Jeanne un cheminement lent, plein d'interrogations, sur ses parents, ses rencontres et qui ranime en elle parfois des blessures comme cette souffrance chronique relative au suicide de son père. C'est aussi l'esquisse de ses désirs, celui surtout d'être une femme libre !
Tropicale tristesse ne peut guère se lire sans amener le lecteur, à exhumer Tristes tropiques de Claude Lévi-Strauss, avec cette fameuse photo de couverture prise par celui-ci, d'un adolescent de la tribu Yanomami et l'inviter à se replonger dedans, ce que j'ai fait.
Après Matador Yankee, entre Texas et Mexique, Prix Orange du livre 2019, puis, Des humains sur fond blanc, dans le grand nord sibérien, Prix Brise-Lame 2021, Jean-Baptiste Maudet, en nous emmenant en Amazonie avec Jeanne en quête d'elle-même et sur les pas de Claude Lévi-Strauss, signe à mon sens un roman encore plus abouti et que je ne suis pas prête d'oublier !
Je remercie bien sincèrement Babelio et les Éditions le Passage pour m'avoir permis ces excellents moments de lecture.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Jeanne Beaulieu aussi hait les voyages, du moins les voyages en avion. Sans doute parce que son père lui a faussé compagnie en passant par la fenêtre (fenêtre fort éloignée du sol), elle hait aussi les explorateurs. À moins que ce ne soit parce qu'ils ont tous le même guide touristique et qu'on risque fort de rencontrer son voisin de bureau dans un café de Sao Paulo.
La première partie de ce roman prend héroïquement le contre-pied du voyage bien balisé, fût-il littéraire. Jeanne est au Brésil, hantée par l'image d'un Indien improbable entraperçu dans un documentaire télévisuel tandis que Paul et Claudia se quittent après s'être aimés dans les marges de "Tristes Tropiques". le lecteur perd ses repères, ça tombe bien (contrairement au père), il se laisse aller au charme de la pérégrination, ravi de ne pas tout comprendre. À la sempiternelle question "Voyage-t-on mieux en tournant les pages ou les talons?", Jean-Baptiste Maudet donne la seule réponse qui vaille: on ne voyage bien qu'en remettant ses pieds sur les traces d'un livre admiré et décevant. "Pourquoi lirais-je encore un livre que j'ai déjà lu si je n'étais pas persuadée qu'une fin différente soit possible?"
Tandis que Paul cherche à retrouver sa Claudia, Jeanne relit Claude Lévi-Strauss et son voyage est sa manière d'annoter "Tristes tropiques" (même quand elle pense à sa belle-soeur: "Quant à Françoise, je suis un peu négative à son sujet, mais la rancoeur entre belles-soeurs est anthropologiquement structurante, je suppose.")
Hélas, même si Jeanne se sent plus extrapoleuse qu'exploratrice, le livre perd petit à petit ses méandres. Et voici que la quête existentielle tourne à l'enquête policière. Jeanne, Paul et Claudia finissent par se rencontrer, les méchants sont décidément bien méchants, l'amour a le dernier mot et Jeanne se réconcilie avec Françoise à l'enterrement de Lévi-Strauss.
Bref, ce voyage commencé sans boussole possède en réalité un début, une fin, des étapes identifiées et un sens, ce qui m'a bien déçue. Mais pouvais-je espérer qu'une tropicale tristesse allait accoucher d'une glorieuse épiphanie sans que je ne sois obligée de m'envoler à mon tour pour l'Amazone, pour réécrire ce roman en marchant sur ses traces?
Et puis, Jeanne, jusqu'à la fin, continue de baguenauder aux lisières hasardeuses du tragique et du sourire: "Une étoile filante traverse le ciel. Je plaisante, c'est un avion qui prend feu."
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Jeanne, Claudia, Paul et les autres

Avec ce roman, clin d'oeil à Claude Lévi-Strauss, car il mêle aussi souvenirs de voyage et pensées philosophiques, Jean-Baptiste Maudet confirme son talent à nous faire voyager avec des histoires épatantes. N'hésitez pas à la suivre au Brésil !

Nous faisons d'abord la connaissance de Jeanne Baulieu au moment où elle s'apprête à atterrir à Sao Paulo. C'est après avoir suivi un documentaire sur la forêt amazonienne que la quadragénaire a décidé de partir pour le Brésil, faisant fi de sa peur de l'avion. Avec de maigres indices, elle s'est mise sur la piste d'un homme, un Indien qui l'a fascinée.
Puis nous découvrons Paul, errant dans les rues de Séville. Il cherche l'université où il est censé suivre des cours, même s'il préfère l'ambiance des cafés. Inscrit en anthropologie, il ne semble guère motivé.
Jeanne de son côté continue sur la voie qu'elle s'est tracée. Après un rendez-vous chez le producteur du documentaire, qui ne lui a cependant laissé que peu d'espoir sur ses chances de retrouver son homme, elle choisit de rejoindre les berges de l'Amazone en bus.
Entretemps nous aurons fait la connaissance de Claudia, belle jeune femme qui se prélasse au bord de la piscine d'une luxueuse villa dans la banlieue sévillane.
Jeanne est maintenant prête à tuer les heures de bus pour rejoindre Santarem. Chez un bouquiniste, elle a trouvé une vieille édition de «Tristes tropiques» de Claude Lévi-Strauss et se réjouit de relire ce classique, même si les nombreuses annotations qui figurent dans son exemplaire d'occasion la rebutent un peu.
En Andalousie, Paul a trouvé une colocation et prend un verre sur le toit-terrasse de son nouveau domicile lorsqu'il est attiré par la beauté d'une nouvelle venue. Mais Claudia n'est pas seule et l'homme qui l'accompagne la serre d'un peu trop près pour une tentative d'approche. Mais comme les dieux de l'anthropologie sont avec lui, il la retrouvera un peu plus tard sur les bancs de l'université où elle suit un cursus identique au sien. Leur histoire d'amour peut commencer.
Une histoire d'amour que Jeanne suit à distance, aidée en cela par son livre d'occasion annoté par les deux étudiants. L'occasion pour elle de se poser quelques questions et d'égrener quelques souvenirs: «Que sont devenus Paul Martin et Claudia Ambrosio pour que ce livre échoue chez un bouquiniste de São Paulo? L'ont-ils perdu par accident? L'ont-ils jeté par désamour? Si en 1992 ils étaient étudiants à Séville, j'ai à peu près le même âge qu'eux. Cette année-là, moi aussi comme des millions de touristes j'étais venue visiter l'Exposition universelle. Avec mon petit ami de l'époque, on avait traversé l'Espagne en voiture dans la fournaise.» du coup, le livre a désormais un double intérêt. Il n'est sans doute pas étranger non plus à son attitude plus ouverte durant le voyage, au plaisir qu'elle prend à échanger avec Big James l'homme qui a pris place à ses côtés sur le bateau qui les mène à Manaus.
«L'histoire de Paul et de Claudia fait renaître en moi l'espoir d'une tendresse et d'une responsabilité. La tendresse, je crois l'avoir toujours fuie et je me suis tenue à bonne distance de la responsabilité, endossant souvent celle de mes fantômes pour faire diversion.»
En même temps qu'il rend hommage à Lévi-Strauss, Jean-Baptiste Maudet construit un roman savoureux autour de ce double scénario. Il relit et commente les travaux de l'anthropologue, les confronte aux réalités d'aujourd'hui. Et alors qu'il se laisse aller à la nostalgie, pimente le tout de quêtes improbables. Sauf que le romancier a plus d'un tour dans son sac. En cherchant son «indien» Jeanne va découvrir la famille d'Ambrosio et remonter jusqu'aux origines de la vie de la belle Claudia.
Sa rencontre avec Big James lui permettra aussi, en s'enfonçant dans la jungle amazonienne, de constater l'évolution du poumon vert de la planète depuis la visite de Lévi-Strauss, les dégâts de la corruption et de l'exploitation irraisonnée des ressources.
Le tout servi avec cette pointe d'humour qui avait séduit le jury du Prix Orange du livre en 2018 qui avait couronné son premier roman, Matador Yankee. C'est ce même style qui lui avait permis de brillamment confirmer son talent avec Des humains sur fond blanc dans ans plus tard qui nous entraînait cette fois en Sibérie. Avec ce troisième opus, il s'inscrit durablement dans la veine de ces écrivains qui nous font voyager, réfléchir, rêver sans se prendre tout à fait au sérieux. On en redemande!


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Une lecture déroutante, surprenante, à laquelle je n'ai pas adhéré et que j'ai terminée à contre-coeur. Car j'ai respecté mon engagement en tant que jurée du prix Summer : lire les livres jusqu'au bout.
L'auteur nous raconte trois histoires enchevêtrées :
* Celle de Jeanne Beaulieu, phobique des avions, célibataire, partie à la recherche improbable d'un Indien en Amazonie. Je ne me suis pas du tout attachée à elle. Elle m'agaçait plutôt.
* Celle de Claude Levi-Strauss, auteur bien connu de "Tristes tropiques", d'où le titre "Tropicale tristesse". Jeanne use et abuse, car son récit est à la première personne, de citations de cet auteur. C'est lassant, même si je le respecte infiniment.
* Celle de Paul et Claudia que Jeanne s'efforce de deviner à travers les lignes. Leur histoire ne m'a pas fait frémir.
Alors, pourquoi quand même 3* ?
Et bien, heureusement, quelques descriptions exotiques m'ont touchées, entre autres le chapitre 13 - Les larmes des tortues dont j'ai mis une partie en citation.
Maintenant, ce n'est que mon ressenti. A vous de vous faire une opinion, si vous en avez envie.
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Un bel hommage à l'anthropologue Claude Levi-Strauss, à son oeuvre et en particulier à Tristes Tropiques qui sert de fil conducteur à ce récit.

Dans Tropicale Tristesse, Jean Baptiste Maudet nous propose de suivre les pas de Jeanne Beaulieu, une jeune femme célibataire de tout juste 40 ans en pleine interrogation sur son parcours et sa vie.

Sur un coup de tête, elle décide de quitter son travail et de partir pour le Brésil et l'Amazonie, elle qui a si peur de prendre de l'avion. Pourquoi le Brésil ? Parce que quelques jours plus tôt, alors qu'elle se levait en plein milieu de la nuit pour assouvir sa soif, elle a allumé la télé et est tombée sur un reportage sur l'Amazonie. Et là, une image est restée ancrée dans son cerveau : celle d'un indien d'Amazonie apparu subitement à l'écran et dont elle s'est sentie transpercée par le regard.
Elle décide de partir à sa recherche....

Arrivée sur place, Jeanne cherche à faire l'acquisition d'un guide sur l'Amazonie. Après quelques péripéties, elle achètera finalement un peu au hasard, un livre d'occasion : Tristes tropiques de Claude Levi Strauss. Annoté, couvert de dessins, ce livre a été aimé, lu et relu. Les précédents propriétaires Paul et Claudia ont marqué ce livre de leur rencontre, et de leur amour.

Au fur et à mesure de sa lecture, Jeanne s'attache à ce livre et à ce couple dont elle suit l'histoire à travers les annotations dans le livre.

C'est un peu une histoire dans l'histoire.

L'écriture de Jean Baptiste Maudet est poétique et enveloppante. Immersion garantie en Amazonie.
L'auteur évoque le sort des indiens, de la forêt, nous parle de trafic, de corrution mais aussi d'introspection, de quête de sens, de résilience.

Néanmoins je me suis assez peu attachée à Jeanne Beaulieu que j'ai trouvée un peu lisse.
Les personnages de Big James, Paul et Claudia m'ont davantage touchée et j'aurai aimé qu'ils soient plus présents.
Je garderai en mémoire une atmosphère, et une très belle mise en lumière de l'oeuvre de Claude Levi Strauss.

Première lecture pour moi de cet auteur dont j'ai beaucoup apprécié la plume.
Je remercie sincèrement Babelio et les éditions du passage pour cette découverte dans le cadre de masse critique.


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critiques presse (2)
Actualitte
15 mai 2023
Jean-Baptiste Maudet prend son temps pour nous conter les pérégrinations d’une héroïne à l’étroit dans la vie ordinaire. Le lecteur l’accompagne dans ces aventures lentes, savourant le ton décalé et poétique de l’auteur, qui saisit aussi bien les défaites que les moments de grâce.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeFigaro
21 novembre 2022
Le romancier-géographe raconte les aventures amazoniennes d'une drôle de fille, Jeanne Beaulieu, partie à la recherche d'un Indien entraperçu à la télévision.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
L’Amazonie a fixé des gens venus de toutes parts, des indigènes occupant la forêt depuis des milliers d’années, des Européens, des caboclos issus des métissages coloniaux, des esclaves noirs déportés d’Afrique dont certains descendants vivent aujourd’hui en communauté, des ouvriers seringueiros qui travaillaient pour les barons du caoutchouc, des ribeirinhos dont le nom signifie qu’ils se sont installés près des rivières, des chercheurs d’or qui liquéfient ces mêmes rives et dont le mercure souille les eaux, des aventuriers malheureux enterrés là où ils sont morts, des trafiquants de peaux de panthères ou de drogues, des militaires souvent trop jeunes, des paysans besogneux, des éleveurs de bétail, des contingents de piroguiers, des citadins récalcitrants, des fonctionnaires désabusés, des inspecteurs véreux, d’excellents criminels, de moyennes équipes de foot, des gens… tous devenus, quelle que soit leur raison d’être, des Amazoniens.
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Même mon frère sous ses airs d’homme équilibré cache une folie extrême d’autant plus inquiétante qu’elle n’affleure jamais. Les tarés déclarés sont tarés et les tarés non déclarés le sont peut-être encore plus si l’on se donne la peine d’attendre un peu. Il n’y a qu’à écouter les faits divers. Leur seul point commun est que le voisinage n’en revient pas d’apprendre que monsieur Tout-le-monde ait pu faire une chose pareille. Il était pourtant si gentil avec les gens du quartier. Il aidait même à porter les courses des vieilles dames dans l’escalier.
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Big James m’explique à voix basse que le sol de la forêt, contrairement à ce que l’on pourrait croire, est très pauvre. Presque malgré lui, il supporte des millions d’êtres vivants depuis des millénaires. Les pluies lessivent sans cesse la terre qui n’a pas le temps d’engranger des provisions alors la flore, la faune et l’atmosphère font du troc. Tout va très vite, la vie, la mort, la putréfaction, le dépeçage, le recyclage de la matière pour rassasier un énorme appétit. Le sol n’est qu’un mince tapis sur lequel est posé le cœur troué de la forêt. Elle réserve aux couches ensoleillées de la canopée, loin des humains, les expressions les plus chatoyantes du vivant.
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Le capitaine annonce qu’on s’arrêtera à Parintins où un autre bateau nous attendra afin de rejoindre Manaus. Personne ne semble s’émouvoir du retard considérable sur l’horaire prévu. Il est vrai que le mot horaire est mal adapté pour de tels voyages. Et qui sait si les passagers ont même quelque chose à faire à destination ? Ils se laissent dériver comme ces poissons immobiles qui oxygènent leurs branchies grâce aux flots. Ils donnent dans la figuration, revêtus de leurs T-shirts à l’effigie de Frida Kahlo ou de Bob Marley qu’il faudra bien un jour libérer de cette humiliation posthume de se voir ainsi reproduits sur tout et n’importe quoi.
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Avec mon corps vierge de tout dessin et de toute cicatrice, je serai peut-être considérée dans quelques années comme un spécimen admirable. Sous prétexte d’esthétique et de singularité, l’extension du capitalisme aura marqué de son encre tout son bétail sauf ma peau. Je serai la dernière femme nue de la tribu. Il n’y aura rien d’autre à voir, rien d’autre à dire. Je n’aurai rien à cacher, rien à montrer, en tout cas pas ces tatouages maoris ou chinois improvisés sur une plage du Languedoc.
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Videos de Jean-Baptiste Maudet (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Baptiste Maudet
À l'occasion du festival de Nancy "Le livre sur la place" 2022, Jean-Baptiste Maudet vous présente son ouvrage "Tropicale tristesse" aux éditions le Passage. Rentrée littéraire automne 2022.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2641403/jean-baptiste-maudet-tropicale-tristesse
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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