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C'est « la voix de mon grand-père » que Martine Veillet restitue à partir du lot de seize cassettes de quatre vingt dix minutes héritées de Louis Maufrais .

Une voix qui m'a bouleversé car d'une part mon propre grand-père était l'un des six mille médecins mobilisés en 1914 et d'autre part elle est d'une vérité et donc d'une brutalité extraordinaire.

Partant des enregistrements et des albums photographiques légués, Martine Veillet a réalisé un travail impressionnant en allant consulter les archives militaires au fort de Vincennes pour y lire l'histoire des unités dont Louis Maufrais a partagé la destinée puis en retrouvant la famille d'un brancardier Marcel Bitsch… qui lui a ouvert les manuscrits de celui ci. L'historienne complète le témoignage de ces poilus en ajoutant des cartes et des notes qui font de ce livre, préfacé par Marc Ferro, un document historique. Il ne suffit pas d'avoir de bonnes briques pour bâtir un chef d'oeuvre, il faut un architecte génial, et Martine Veillet le prouve !

Confronté aux horreurs du conflit, notre médecin militaire précise que l'épidémie de « grippe espagnole » fit plus de victimes (civiles et militaires) que la grande guerre, et il détaille les immenses progrès réalisés par la médecine et la chirurgie durant la grande guerre : radiologie, transfusion, hôpitaux mobiles sont des innovations testées et mises au point durant les cinq années 1914-1918 … la guerre de 1870 a engendré la Croix Rouge … la guerre 1939-1945 a diffusé la pénicilline.

Ce reportage très factuel, illustré de photographies de cadavres (que la censure militaire interdisait strictement) est exempt de propagande ou de haine et se révèle prophétique quand, au lendemain de l'armistice du 11 novembre, un blessé allemand observe que la disparition du Royaume d'Autriche Hongrie va laisser le terrain libre à une Allemagne grande et revancharde.

Enfin ces pages rappellent le dévouement et le rôle essentiel des milliers de femmes enrôlées comme infirmières ou cantinières dans les équipes médicales et montre que leurs stratégies de conquête furent souvent couronnées de victoires … quand Louis Maufrais montre ses camarades se marier dès la démobilisation.

Preuve que l'amour et l'amitié l'emportent finalement sur l'absurde et la souffrance !
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Tiré de ses carnets du front, illustré de ses photos, le médecin généraliste Maufrais raconte sa Grande Guerre peu avant sa mort, à près de 80 ans. Enregistré sur cassettes, sa petite-fille a retranscrit tous son récit et vérifié les noms, batailles et effectifs dans les archives militaires de Vincennes.
Après 3 années passées dans l'infanterie, peu de survivants des premières troupes en novembre 1918. Vu l'ampleur de ce qui est rapporté (combats, bombardements), il est étonnant qu'il soit revenu, et sans blessures encore...
Contrairement à Laby, il n'y a pas là de patriotisme exalté : il ne prendra jamais les armes, n'aura que très peu de mots durs pour eux, les soignera comme il soigne les Français, sans discrimination (il y a tout de même du "Boche" et il n'hésite pas à se rendre dans l'infanterie. Plus parce qu'on y a besoin de médecin qu'autre chose semble t-il).
Là où il rejoint l'aspirant Laby, c'est l'impossibilité de soigner les Poilus, la mortalité, le dénuement, la boue, la pluie (l'impression de années de pluie incessante). Il donne plus de détails médicaux, et semble moins libre de ses mouvements (ou prend moins de liberté ?) On connait mieux son état d'esprit, les conséquences sur les corps, même intègres, des bombardements incessants (ils s'évanouissent parfois, commotions, crise de "folie"...)
Les photos sont de très bonne qualité : bien faites (exposition, lumière...) et surtout, très bien développées (dans une chambre noire de fortune) Leurs légendes, souvent de la main de Maufrais avec nom, lieux, permettent de se rendre compte de l'ampleur des pertes en vies humaines de ces boucheries successives. Souvent, après une attaque, il ne reste plus grand monde de vivant...
Mais il semblait pourtant que certains généraux étaient jugés avares du sang de leurs hommes...
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Un récit authentique et pour cause, il s'agit des Carnets de Louis Maufrais, ceux qu'il tint de 1914 à 1918 alors qu'il était médecin dans les tranchées, sur tous les fronts de France : Argonne, Marne , Champagne, Verdun, Somme, et sans discontinuité , pendant les quatre années de la Grande Guerre.
Le narrateur n'eut pas le temps de retranscrire ses notes au propre avant d'être atteint par la cécité. Avec l'aide de son épouse Madeleine, il les enregistra sur cassettes.
Bien des années plus tard, c'est une de ses petites-filles, Martine Veillet, journaliste free-lance qui allait consacrer de nombreuses années à « décrypter la voix, identifier les témoins et vérifier les faits et anecdotes racontés. » Cela a permis la publication d'un livre fort émouvant, qui dit, une fois de plus, l'horreur de cette guerre. Mais Louis Maufrais prit le parti de raconter aussi bien les monstruosités de la guerre que les anecdotes, les petits faits burlesques, cocasses, émouvantes, les liens intangibles de camaraderie. Parce que tout cela faisait partie de leur quotidien, de leur environnement, parce que tout cela était leur terrible réalité.
A chaque fois que je lis un ouvrage consacré aux atrocités commises durant ce conflit, je suis accablée par ce que vécurent ces hommes. On dénombre presque 10 millions de soldats tués. Après la lecture de ce récit, je reste interloquée. Ce bilan exorbitant aurait pu être démultiplié : dans la plupart des cas, les blessés qui survécurent ne purent être soignés, dans un premier temps, que dans des conditions très précaires, dans un cadre hostile, avec très peu de moyens - (teinture d'iode comme antiseptique à défaut de stérilisant).
Il fallut donc beaucoup de témérité, de dévouement, d'obstination, de rage, de la part du corps médical (médecins, infirmiers, brancardiers, ambulanciers) pour tenter de sauver ces hommes , certains, beaucoup, horriblement mutilés , il fallut, aussi, de la part des victimes, énormément de courage, de volonté, d'inconscience pour survivre.
Un témoignage exceptionnel assorti de photographies prises par Louis Maufrais malgré les règlements militaires qui interdisaient cela, de nombreux combattants prirent des clichés pour garder une mémoire visuelle de ces tragiques événements.
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Médecin pendant la Première Guerre mondiale, c'est un témoignage poignant que nous livre Louis Maufrais.

J'ai été totalement subjuguée par son récit. Témoignage concis, précis mais surtout plein d'humanité. Il nous donne une vision différente de ce qu'a été cette guerre si meurtrière et si traumatisante pour la population française.

Historiquement parlant, son récit est passionnant de par la description captivante qu'il fait de la vie au front et surtout, du rôle de médecin dans ces circonstances. Louis Maufrais possède une approche très réaliste de ces événements. Il nous fait part de ses peurs, de ses doutes et de ses désillusions.

Mais c'est aussi un très bel hommage à ses camarades tombés au front. Cette camaraderie et les liens d'amitiés qui se nouent transparaissent clairement au fil du récit. Il retranscrit à mi-mots le déchirement de les avoir perdu notamment lors du dernier chapitre sur le défilé du 14 juillet où leur absence se fait vivement ressentir.

Je tiens aussi à souligner le travail remarquable qu'a effectué Martine Veillet, l'initiatrice de ce livre qui se trouve être la petite-fille de Louis Maufrais. Ses recherches enrichissent le témoignage de son grand-père et permettent de rendre le récit plus authentique.

Ce livre est un ouvrage précieux, d'une valeur historique incontestable.

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Rares sont les documents écrits par les médecins sur cette grande guerre. La médiathèque qui m'approvisionne mit en évidence cet ouvrage et d'autres, dans le cadre du centenaire de la fin de cette guerre. Une chance !
On apprend dès les premières pages que plus de 6000 médecins furent engagés, seulement une vingtaine d'entre eux prirent la peine d'écrire afin de partager...Il avait tout noté sur ses carnets, et à la veille de sa mort, soixante ans plus tard, alors qu'il était presque aveugle, il pris la peine d'enregistrer sur magnétophone son témoignage extrait de ses carnets. Sa petite fille en fit ce livre.
Jeune externe en médecine, pas encore médecin diplômé donc, il est affecté dans le personnel soignant dès les premiers jours de la guerre, en août 1914. Il fit toutes les campagnes de France, fut affecté sur tous les fronts, l'Argonne, la Somme, Verdun...d'abord comme médecin auxiliaire, puis termina la guerre en qualité d'officier, responsable. Et fut démobilisé en 1919.
Son témoignage écrit est illustré de photos qu'il prit ou que d'autres prirent avec son appareil, photos qu'il développa dans une chambre noire qu'il conçut, photos de groupe, où on l'aperçoit parfois, et photos de tranchées, des photos toutes de très grande qualité historiques et photographiques. Certaines sont difficilement soutenables et illustrent les propos du médecin, qui voyait disparaître, corps et âme des sections entières de jeunes hommes de son âge dans le souffle d'un obus, des hommes dont on ne trouvait qu'une main, des mains portant une alliance ou une chevalière permettant d'identifier le soldat. Des obus qui déshabillaient des hommes par leur souffle ou les coupaient deux. Terribles photos ! Ces obus ou ces mines accompagnaient ces attaques pour quelques mètres de terrain, qu'on perdrait le lendemain. Des attaques déjà lues et relues dans tous les témoignages des poilus qui prirent la peine de les écrire. Impossible de faire dans l'originalité.
Des milliers d'hommes, français ou allemands passèrent entre ses mains. Sa fonction de médecin, lui imposait, en effet, une stricte neutralité. Il les soignait dans la boue, les pieds dans l'eau, faisait le tri entre ceux qui devaient être rapatriés vers l'arrière car ils avaient une petite chance de s'en sortir, et ceux qui, sans espoir, n'en avaient que pour quelques heures. Et il nous en apprend beaucoup sur ces soldats, courageux, dont on ne parle jamais, ces brancardiers qui sous les balles et les obus allaient chercher ces blessés. Et y laissaient aussi la vie.
Son témoignage donne offre un point de vue intéressant quant à cette guerre. Il n'était pas combattant, il peut donc porter sur ces soldats qu'il voyait courir vers les lignes ennemies sous les balles et les obus, un regard différent de ceux précédemment lus, sans être ni juge ni partie.
Bien que rare, son témoignage est d'une page à l'autre, répétitif.... obus, boue, sang, blessures soignables ou mortelles....On change de campagne, on change d'année, les pages se ressemblent, il prend des galons, la technique de soin s'améliore... c'est l'un des "bienfaits" des guerres...améliorer les compétences du corps médical, arriver à sauver des hommes qui quelques années auparavant étaient condamnés. Rares sont ceux qui mobilisés en 14 connurent l'armistice, y compris dans le personnel non combattant...Il ne faut pas oublier que ces médecins n'étaient pas des planqués de l'arrière. Ils étaient sur les champs de batailles, certes sans fusils, et nombre d'entre eux furent tués, sous les yeux de Louis Maufrais parfois.
Il nous en apprend beaucoup sur les états d'âme et l'abnégation et le courage des poilus, et nous fait aussi sourire lorsqu'il nous raconte, ce que je n'avais lu auparavant, que les soldats urinaient parfois dans des boites de conserve, qu'il jetaient dans les tranchées allemandes distantes de quelques mètres parfois.
Un témoignage qui m'a personnellement touché ...il fait référence notamment aux combats du Mort-Homme, proche de Verdun, combat que fit mon grand-père, où il fut blessé et dont il me parlait en quelques mots...des paroles rares pour me parler de l'horreur, de ses blessures...les larmes aux yeux. Ils se sont peut-être rencontrés, Louis a peut-être sauvé Antonin.
Merci à Louis pour son livre, qui couvre toute la période de guerre, du 3 août 1914 jusqu'au 14 juillet 1919, un livre d'un grand intérêt, tant pour la qualité des observations précises et du texte, que pour la qualité de ses photos. Il dût être hanté toute sa vie par cette expériences. Aussi il termine son livre par cette phrase : « J'ai la chance de survivre, mais aujourd'hui, je me sens seul »
Il fut l'un des rares pour lesquels la guerre dura depuis le tocsin jusqu'aux trompettes de la victoire !
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Louis Maufrais termine son externat de médecine lorsque débute la Grande Guerre. En Argonne, en Champagne, à Verdun, dans la Somme..., pendant quatre ans, il vit aux côtés des poilus.

Pendant ces quatre années, il prend des notes et des photos. Plus tard, il aura toujours dans l'idée d'en faire quelque chose. A 84 ans, il se met au travail mais il est atteint de cataracte. Avec l'aide de sa femme, il enregistre des cassettes qu'il lègue à ses enfants...

Et c'est sa petite fille, Martine Veillet, qui reprend le flambeau et réalise le livre qu'il rêvait de faire...
Formidable témoignage. Saisissant !
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J'ai lu de nombreux de nombreux ouvrages sur la Première Guerre mondiale mais jusqu'ici c'étaient toujours sur les combats, sur le sort des Poilus au front. Mais jamais de témoignages sur les médecins. Cet ouvrage est exceptionnel dans la mesure où celui qui s'exprime était un jeune étudiant en médecine au moment où la guerre a éclaté. Il a passé quatre ans sur le front, se rend en Argonne et en Champagne en 1915, se retrouve à Verdun en 1916, etc, tentant à chaque fois de sauver comme il le peut, avec les moyens du bord, des soldats. Comme il est au plus près des combats, il a risqué de nombreuses fois sa vie car les obus n'épargnaient personne et certainement pas des médecins installés dans des abris précaires. Quand il s'est retrouvé à Verdun, il y a même eu un moment où il est piégé dans une redoute en compagnie de soldats et la violence du feu est telle que chacun redoute d'être écrasé sous les bombes. Il évoque aussi le dilemme posé par les nombreux blessés qui leur arrivaient: parfois les blessures étaient tellement graves que se posaient la question de leur opération. Ne devait-on pas les laisser de côté et de s'occuper d'abord de ceux qui avaient plus de chances d'être sauvés? L'ouvrage est accompagné de photos prises par Louis Maufrais lui-même, des photos inédites parce que personnelles montrant le quotidien des soldats, le champ de bataille ou encore une photo incongrue sur laquelle on voit un jeune soldat au sourire doux montrant à la caméra, sur un couvercle de boîte, une main portant une chevalière, main ayant manifestement appartenu à un officier allemand! C'est un témoignage remarquable, je vous le conseille vivement.
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Voici un ouvrage qui a été ecrit,agremente de photos prises a l'epoque terrible de la grande guerre.Ce livre est un temoignage boulversant d'un medecin,qui nous met face aux horreurs de la guerre,aux conditions plus que pittoyables de survie.Ce que j'ai apprecie,c'est qu'a aucun moment,il n'y a de critiques;il y a des hommes qui font la guerre;d'autres qui essaient de soigner;d'autres qui essaient d'apporter des vivres,chacun a sa place;c'est un ouvrage de reconnaissance et de respect pour ces hommes.
J'aurais aime avoir le compte-rendu de ces braves soldats,de ces hommes du commun,de ces monsieur tout le monde qui ont laisse leur vie dans cette guerre inutile et plus que sanglante.
A lire,pour que l'on se rende compte et que l'on n'oublie pas,jamais ce qu'a été cette guerre
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Un témoignage capital que celui de Louis Maufrais, qui a soigneusement noté pendant quatre ans sa vision de la guerre, côté poste de secours, mais au plus près des combattants.
Des notes dictées par l'auteur, devenu mal-voyant, sur son magnétophone, que sa petite-fille va retrouver, retravailler et publier, augmentées de quelques repères historiques en début de chapitres. Et surtout, de nombreuses photos prises par Louis Maufrais lui-même, soigneusement légendées, ce qui fait de cet ouvrage une chronique exceptionnelle, sur la guerre des tranchées, sur le tri des blessés et les premiers soins prodigués, les blessures atroces, les morts par centaines, le froid, la peur, les rats ... sur l'esprit qui régnait dans ces abris de fortune, où l'on pouvait néanmoins s'offrir des moments de répit...
Autre intérêt de ce livre, Louis Maufrais ayant servi de 1914 à 1918 sur tous les fronts sensibles, de l'Argonne au Chemin des Dames en passant par Verdun et la Somme, l'on peut mesurer à quel point les stratégies, les armes, et la médecine ont pu évoluer en l'espace de ces quatre années.
Une vision forte et authentique de la Grande Guerre par un de ses témoins, qui se dit chanceux, après avoir vu tomber tant de poilus au combat , mais qui garde de cette expérience de médecin une profonde amertume :
"La guerre est finie. Mais pour moi, ce ne sera jamais plus comme avant". Ce sont les dernières phrases de son livre.
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Comme il avait perdu la vue, c'est sur bandes magnétique qu'au crépuscule de sa vie Louis Maufrais à retranscrit sa mémoire. Cette mémoire après avoir dormi quelques décennies dans de vieilles boites en ferraille a finalement été exhumée par sa petite fille qui nous livre aujourd'hui le poignant témoignage de son grand père, médecin dans les tranchées durant la grande guerre.
Une histoire de chair, de terre, et de fer, mais surtout une leçon d'abnégation et de courage ou des amitiés vrais se nouent dans l'enfer extrême des campagnes et se dénouent aux rythmes des obus.
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