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Critique de StCyr


Dans un univers proche des romans de F. Scott Fitzgerald, Sommerset Maugham s'introduit comme narrateur direct de cette histoire, dont il affirme n'avoir changé que les noms. Il se décrit comme nouvellement en vogue à l'époque du récit et nous fait pénétrer dans l'univers très fermé de la gentry de Chicago, chez les “heureux du monde”.

On est tout d'abord mis en présence d'une figure de ses amis, sorte de champion de ce milieux select, le dénommé Elliott Templeton, prince des mondains, snob incorrigible, figure des salons les plus en vus, illustre la vacuité et la frivolité absolue d'une société obnubilé par l'apparence et la réussite matérielle; il est un peu la valeur étalon d'une époque qui verra de profond bouleversement. Mais la figure principale de ce roman est celle du déroutant Larry Darrell, revenu de la grande guerre où il a servit en tant qu'aviateur et qui semble se complaire dans l'oisiveté, alors que de belles situations lui sont proposées. Pris d'un prurit de connaissance, il pars pour Paris où il se met à bûcher les langues classiques et d'autres matières, afin de se faire son idée sur l'existence de dieu et de donner sens à son existence. Cette vie marginale aux antipodes des espoirs qu'on fondait en lui, lui fait rendre sa promesse à Isabelle, qui n'est pas prête au sacrifice d'une vie brillante de mondanités pour une situation tellement opposée aux valeurs qui lui ont été inculquées. Elle épousera un brillant partis. Larry, dans sa quête de sens et d'absolu, semble vouloir vivre plusieurs vies successives, pour retrouver un sentiment de l'existence plus intense. le temps passe, les valeurs changes; dans les journaux les bulletins de la bourse prennent le pas sur la chronique mondaine. La crise du 23 octobre 1929 va bouleverser tout cela. Larry, singulier de désintéressement, magnifique par ses actes gratuits, est une figure marquante. Deux conceptions de la vie sont mise en regard : opposition entre la quête assoiffé de connaissance chez Larry et le désir anxieux de possession d'Isabelle, entre être et avoir, entre idéalisme et utilitarisme, entre sublime sacrifice et sordide égoïsme. High life, milieux interlopes; salon de la haute société, gargote sordide, William Somerset Maugham s'amuse à faire le grand écart.

On a le sentiment de lire un livre commençant dans la veine des auteurs de la Génération perdue et s'achevant sur une perspective annonçant les thèmes de la beat génération. C'est typiquement le livre qui pose progressivement ses jalons, et libère sa sève au compte goutte des pages; il est de ces livres qui demande à être lu avec la curiosité et la bonne volonté d'un regard neuf et naïf, et se refusera à ceux qui abandonne la lecture d'un livre parce que les cent premières pages n'ont pas su trouver gré à leur humeur butineuse et vagabonde. A bon lecteur! Vous êtes prévenu...
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