La poésie touche à sa fin. Elle s’achève à présent.
Peut-être n’y aura-t-il bientôt plus rien à écrire. Peu soucieux « d’extravaguer du corps[1] », les contemporains renoncent à se mesurer à l’impossible avec des mots. Aussi bien que dans la marchandise, ils trouvent dans la stupéfaction leur content. Bousculés dans le tohu-bohu des villes, roulés dans la farine des images, ayant jeté l’éponge, ils ne cherchent plus guère à reprendre pied sur la terre dont ils se sont eux-mêmes exclus.
[1] Stéphane Mallarmé , « L’action restreinte », Divagations, édition de Bertrand Marchal , Poésie/Gallimard, 2003, p. 261.
Il faut lire et relire "Devant la parole" [ de Valère Novarina]. Dialoguer lentement, crayon en main, avec ce livre aigu. Tendre au profond de soi l'oreille : c'est notre parole même qu'il ébranle. Se pencher vers le fonds du puits : là se tiennent les mots. Y descendre...
Ceci n'est qu'un trop bref journal de lecture. Les premières bribes d'une conversation silencieuse. Inachevée, donc à reprendre.
Il faudra relire et répéter longtemps "Devant la parole". (p. 345)
Jean-Michel MAULPOIX – En son for intérieur (France Culture, 1996)
L’émission « Poètes en pied », série d’été de « For intérieur », par Olivier Germain-Thomas, diffusée le 3 août 1996. Invité : le poète en personne.
Mise en ligne par Arthur Yasmine, poète vivant, dans l'unique objet de perpétuer la Poésie française.