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Citations sur Pas sur la neige (11)

Là où quelqu’un essentiellement nous manque, là où notre vie s’évide d’un puits sans fond, là où est notre trou, notre défaut, nous fabriquons éperdument de l’amour : en bouquets, en gerbes, en projets, en averse de neige… Ainsi faisons-nous don à autrui de ce qui nous manque… Ainsi lui offrons-nous notre creux à combler. Et c’est en brusques afflux de sang que se résout par secousses et saccades cette grande histoire de cœur.

La femme de neige, p. 86
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J’aime aller dans le ciel où se perdent les heures, où se défont les rythmes. Grimper très haut avec un livre : les mots n’y sont plus tout à fait les mêmes, comme si dans un oxygène plus rare ils respiraient mieux que sur terre, faisaient valoir la précision de leur découpe ou la beauté devenue plastique de leur sens.
J’aime à transporter les affaires des hommes en des espaces qui les exposent à leur insignifiance.
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Laisser d’abord tomber la neige, lentement, sur la page. Faire en sorte que ces mots n’oublient pas la blancheur sur laquelle ils se posent. Qu’ils s’efforcent plutôt de la faire apparaître, ou qu’ils consentent enfin à ce qu’elle les recouvre. Puisque tel serait mon désir : écrire à l’encre blanche, sans bruit, presque sans voix, d’un geste calme et régulier, pour conserver une chance, si minuscule soit-elle, d’atteindre un pays d’herbe verte aux vergers pleins de fruits, de coups d’ailes et de chants d’oiseaux, comme il ne peut en exister qu’au bout des longs chemins de neige…

Prélude, pp. 13-20
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La neige dit adieu
[...]
Personne ne saurait comme elle
se jeter dans le vide.
Personne ne peut mourir avec autant de joie.
Autant de gaieté.
Incomparable est sa qualité d'espérance.
Son dédain de l'éternité.

Il fallait qu'elle aimât passionnément la terre
pour y descendre ainsi,
avec mille précautions,
au lieu de demeurer au ciel.
Brûlant de se donner aux branches nues et aux cailloux,
d'encapuchonner les toits et les cheminées.

La neige meurt du bonheur
d'être allée dans le bleu
comme aucun oiseau et aucun insecte.
Aucun dieu sans doute, aucun ange.

Elle tombe, puis elle se couche.
Il lui plaît de mourir très vite après avoir dansé.
De s'être tenue si près de l'Azur,
elle ne se remet pas.
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Neigeait-il sur le bois de Boulogne, lorsque Claude Debussy composa le prélude Des pas sur la neige, le 27 décembre 1909 ? …
     
Sur les lignes de ses portées, vers quoi d’autres marche-t-il que l’inaccessible et l’oubli ? Soucieux de rendre audible la pesante solitude d’un paysage couleur de cendre, il s’achemine dans la musique vers le silence. Une mélodie tenue presque secrète, quelques accords assourdis, parcimonieusement distribués, ces pas sont pareils à des taches sonores : ils n’ont pas de corps, ce sont des notes de musique blanche « où le cœur s’entend battre et presque s’arrêter ». …
     
Virtuosité de la neige. Est-il un autre instrument qui puisse modifier à lui seul l’acoustique d’un paysage ? Le réduire à quelques lignes pures ? Le délivrer de ses gammes de couleur et de ses habituelles perspectives pour le conduire jusqu’à son point d’exacte nudité. …
     
Il voudrait tant boire la musique. Que ce qui enchante son oreille lui entre par la bouche dans le corps. Boire la musique au lieu de la chanter, espérant s’alléger ainsi d’un seul coup de son poids de parole et de chair tourmentée. Mâcher les sons, les parfums, les couleurs. Laisser fondre un regard sur la langue. Et l’ombre d’un corps nu.
     
(L’ombre bleue, pp. 43-45)
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Il reste tout là-haut de vieilles neiges perchées que l'on dit "éternelles". Elles font briller les sommets de la montagne comme des pâtisseries couvertes de sucre glace. Tard, elles restent allumées le soir, quand la vallée est déjà plongée depuis longtemps dans la pénombre. Il se pourrait qu'y veille un dieu chagrin et insomniaque dont cette lueur blanche éclaire le grimoire en qui il va chercher l'oubli des laideurs d'en bas.
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Quiconque marche à la nuit tombante sur un chemin de campagne entre de grands arbres noirs et nus poudrés de neige sait ce qu'il reste de croyance possible au coeur de l'humain. Il n'a besoin ni de prêtre ni de chapelle ; il marche, et chacun de ses pas répète qu'il n'y a rien à ajouter.
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J'ai rêvé d'une maison verte. D'une maison qui verdit comme un arbre au printemps et qui perd ses feuilles en automne. Sa façade est couverte de vigne vierge, mélangée de rosiers et de glycine. Elle abrite deux cœurs rouges, mes travaux d'encre noire et mes pensées de neige.
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Il neige
Et la blancheur s'accroît
À cela rien d'étrange

C'est vitesse
C'est lenteur
Et c'est répit pour la parole

Le retour de minutes perdues
En blancheur le temps
Nous revient

(extrait de "Giboulées (interlude)"), p.55
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Celui qui marche sur la neige marche sur du ciel tombé.
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