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Citations sur Cinq nouvelles réalistes (12)

Simon entra sans être vu et alla tout doucement tirer son ami par la manche. Celui-ci se retourna. Soudain le travail s’interrompit, et tous les hommes regardèrent, très attentifs. Alors, au milieu de ce silence inaccoutumé, monta la petite voix frêle de Simon.
— Dis donc, Philippe, le gars à la Michaude qui m’a conté tout à l’heure que tu n’étais pas mon papa tout à fait.
— Pourquoi ça ? demanda l’ouvrier.
L’enfant répondit avec toute sa naïveté :
— Parce que tu n’es pas le mari de maman.
Personne ne rit. Philippe resta debout, appuyant son front sur le dos de ses grosses mains que supportait le manche de son marteau dressé sur l’enclume. Il rêvait. Ses quatre compagnons le regardaient et, tout petit entre ces géants, Simon, anxieux, attendait. Tout à coup, un des forgerons, répondant à la pensée de tous, dit à Philippe :
— C’est tout de même une bonne et brave fille que la Blanchotte, et vaillante et rangée malgré son malheur, et qui serait une digne femme pour un honnête homme.
— Ça, c’est vrai, dirent les trois autres.
L’ouvrier continua :
— Est-ce sa faute, à cette fille, si elle a failli ? On lui avait promis mariage, et j’en connais plus d’une qu’on respecte bien aujourd’hui et qui en a fait tout autant.
— Ça, c’est vrai, répondirent en chœur les trois hommes.
Il reprit : — « Ce qu’elle a peiné, la pauvre, pour élever son gars toute seule, et ce qu’elle a pleuré depuis qu’elle ne sort plus que pour aller à l’église, il n’y a que le bon Dieu qui le sait. »
— C’est encore vrai, dirent les autres.
Alors on n’entendit plus que le soufflet qui activait le feu du foyer. Philippe, brusquement, se pencha vers Simon :
— « Va dire à ta maman que j’irai lui parler ce soir. »
Puis il poussa l’enfant dehors par les épaules.
Il revint à son travail et, d’un seul coup, les cinq marteaux retombèrent ensemble sur les enclumes. Ils battirent ainsi le fer jusqu’à la nuit, forts, puissants, joyeux comme des marteaux satisfaits.
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Elle avait été élevée dans une de ces familles qui vivent enfermées en elles-mêmes, et qui semblent toujours loin de tout. [...] Les enfants ne se doutent de rien, et ils arrivent à l'âge de vivre à leur tour, avec un bandeau sur les yeux et sur l'esprit, sans soupçonner les dessous de l'existence, sans savoir qu'on ne pense pas comme on parle, et qu'on ne parle point comme on agit ; sans savoir qu'il faut vivre en guerre avec tout le monde, ou du moins en paix armée, sans deviner qu'on est sans cesse trompé quand on est naïf, joué quand on est sincère, maltraité quand on est bon. Les uns vont jusqu'à la mort dans cet aveuglement de probité, de loyauté, d'honneur ; tellement intègres que rien ne leur ouvre les yeux. Les autres, désabusés sans bien comprendre, trébuchent éperdus, désespérés, et meurent en se croyant les jouets d'une fatalité exceptionnelle, les victimes misérables d'événements funestes et d'hommes particulièrement criminels.

LE PARDON.
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Son père était rempailleur et sa mère rempailleuse. Elle n’a jamais eu de logis planté en terre. Toute petite, elle errait, haillonneuse, vermineuse, sordide. On s’arrêtait à l’entrée des villages, le long des fossés ; on dételait la voiture ; le cheval broutait ; le chien dormait, le museau sur ses pattes ; et la petite se roulait dans l’herbe pendant que le père et la mère rafistolaient, à l’ombre des ormes du chemin, tous les vieux sièges de la commune. On ne parlait guère dans cette demeure ambulante. Après les quelques mots nécessaires pour décider qui ferait le tour des maisons en poussant le cri bien connu : « Remmmpailleur de chaises ! »

LA REMPAILLEUSE.
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Le chien dormait couché sur le paillasson de la porte d’entrée, sous une brûlante tombée de soleil ; deux chats, qu’on eût crus morts, étaient allongés sur le rebord des deux fenêtres, les yeux fermés, les pattes et la queue tout au long étendues.
Une grosse poule gloussante promenait un bataillon de poussins, vêtus de duvet jaune, léger comme de la ouate, à travers le petit jardin ; et une grande cage accrochée au mur, couverte de mouron, contenait un peuple d’oiseaux qui s’égosillaient dans la lumière de cette chaude matinée de printemps.
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En une nuit, toute la plaine fut ensevelie… On n’entendait rien que le glissement vague et continu de cette poussière tombant toujours. Cela dura huit jours pleins, puis l’avalanche s’arrêta. La terre avait sur le dos un manteau épais de cinq pieds.
Et, pendant trois semaines ensuite, un ciel clair comme un cristal bleu le jour et, la nuit, tout semé d’étoiles, s’étendit sur la nappe unie, dure et luisante des neiges. La plaine, les haies, les ormes des clôtures, tout semblait mort, tué par le froid. Ni hommes ni bêtes ne sortaient plus : seules les cheminées des chaumières en chemise blanche révélaient la vie cachée, par les minces filets de fumée qui montaient droit dans l’air glacial.

Claire de Lune.
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Ma mère souffrait beaucoup de la gêne où nous vivions, et elle trouvait souvent des paroles aigres pour son mari, des reproches voilés et perfides. Le pauvre homme avait alors un geste qui me navrait. Il se passait la main ouverte sur le front, comme pour essuyer une sueur qui n'existait pas, et il ne répondait rien.
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Oh! ma pauvre Mathilde! Mais la mienne était fausse. Elle valait au plus cinq cents francs!...
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"Voila pourquoi tu me verras quelquefois donner cent sous aux vagabonds" (Mon oncles Jules)
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"Il n'y a que les femmes pour savoir aimer"
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"Voici un parapluie a recouvrir en soie, en très bonne soie. Mettez-y ce que vous avez de meilleur. Je ne regarde pas au prix" (Le parapluie)
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