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Critique de Nastasia-B


Quelle meilleure façon de commencer avec Guy de Maupassant que ces quatre nouvelles normandes ?
Cette édition, qui semble plus spécialement destinée aux collégiens et lycéens, a de nombreux mérites : un format intéressant et une couverture attrayante. Il en est de même à l'intérieur où l'on sent un effort véritable de l'éditeur pour rendre le XIXème siècle attrayant à nos jeunes en devenir.
Ensuite, une présentation et des explications parfaites qui lèvent toute ambiguïté ou incertitude qui pourrait se faire jour à de jeunes lecteurs du XXIème siècle, pas forcément très au fait de la vie rurale et des contingences historiques de cette époque.
Et bien évidemment, le choix de nouvelles est au-dessus de tout soupçon. À la fois ciblé et diversifié, accrochant quatre des toutes meilleures nouvelles De Maupassant, bref, une réussite complète.
Tout d'abord, Histoire D'Une Fille de Ferme (issue du recueil La Maison Tellier), représente un format de nouvelle un peu plus long que la moyenne chez Maupassant. La narration retrace le destin, malheureusement assez commun pour l'époque, des filles mises enceintes par des gaillards incapables d'assumer leurs ébats, quitte à faire payer à vie durant le prix de la passade à l'infortunée qui a eu la faiblesse de s'abandonner quelques instants.
Ici, l'auteur nous offre un dénouement plutôt inattendu et, une fois n'est pas coutume (c'est surtout la marque du Maupassant jeune, pas encore complètement pessimiste), une fin heureuse, ce qui est à noter d'une pierre blanche.
Ensuite, nous basculons dans la terrible nouvelle intitulée le Père Milon, qui nous relate les " exploits " d'un vieux paysan normand, dur en affaire, lors de la brève occupation de la Normandie par les soldats prussiens à l'occasion de la guerre de 1870-71.
C'est un taiseux, un discret, ce père Milon, une tête dure comme du coeur de chêne ce père Milon, mais un estomac à faire pâlir certains. Il est émouvant au possible et vous laisse un pincement au coeur, voire une petite larme si vous êtes sensible. Il me rappelle beaucoup le Père Amable dans le recueil La Petite Roque.
La nouvelle suivante, intitulée La Ficelle et issue du recueil Miss Harriet est elle-aussi absolument terrible. Elle explore d'autres pans de la nature humaine, à savoir la roublardise (proche de la malhonnêteté) paysanne, la cruauté et l'acharnement d'une assemblée villageoise ainsi que la puissance négative de la vox populi. Une nouvelle vraiment impressionnante à tous égards.
Enfin, le Rosier de Madame Husson est une nouvelle plus légère, quoique, qui sillonne deux directions distinctes.
Tout d'abord le sujet principal, à savoir, selon l'auteur, le ridicule des « prix de vertu » (je n'ose même pas imaginer ce que Maupassant aurait pu écrire des concours de Miss...) et du côté labile que peut prendre la vertu, surtout lorsqu'elle est exposée sous les projecteurs (voir à ce propos la fameuse chanson de Brassens, « Trompettes de la Renommée, vous êtes bien mal embouchées »).
Et puisque je suis dans la comparaison avec l'ami Brassens, l'autre axe majeur de cette nouvelle est la dénonciation du chauvinisme exacerbé du narrateur qui s'admire dans Gisors, modeste ville de l'Eure, comme dans la plus grande mégapole de tous les temps et qui ne peut que me faire songer à cette autre chanson « Les Imbéciles Heureux Qui Sont Nés Quelque Part ».
Bref, une très belle introduction à l'oeuvre De Maupassant et, si le coeur vous en dit, et si vous avez été conquis par ces nouvelles normandes, je vous recommande chaleureusement également le recueil intitulé Contes Normands paru dans la collection Pochotèque du Livre de Poche, sous la direction de Marie-Claire Bancquart et qui totalise l'essentiel des superbes nouvelles normandes que nous a légué Maupassant.
Vous aurez senti comme un parti pris chez Nastasia aujourd'hui, c'est que je suis normande, de sang, de naissance, d'âme et de coeur, et donc, plus que jamais, ceci n'est que mon avis, celui d'une imbécile heureuse née quelque part, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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