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EAN : 978B010IQJU92
(30/11/-1)
4.1/5   20 notes
Résumé :
C'est une rivière fraîche et sautillante, bordée de saules et de grands arbustes chauffés par le soleil... Sur la mousse qui couvre ses berges, le corps d'une enfant repose. Nue. Le visage couvert d'un mouchoir, les cuisses maculées de sang. Le facteur l'a trouvée là. II l'a reconnue aussitôt, la petite Roque, innocente victime d'un adulte barbare. Qui a pu commettre un tel crime ? Un rôdeur, un vagabond ? Un voisin, un ami ? Peut-être celui qu'on n'oserait jamais s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Sept petits contes sombres, sept petites nouvelles,, sept chroniques pour raconter les tourments de l'âme humaine, à Paris, ou en Province, quand la noirceur vous envahit et vous pousse parfois au crime.

Dans La petite Roque, une gamine de douze ans est retrouvée au bord de la Brindille, violée et étranglée, le coupable ne sera jamais trouvé et pourtant il est là tout proche mais tellement insoupçonnable. Mais les remords l'habitent, il songe au suicide mais veut apaiser sa conscience, un geste qui le poussera, malgré un sursaut de survie, à franchir le pas....

Dans Misti, une femme, sur les conseils d'une diseuse de bonne aventure, préfèrera se débarrasser de son chat plutôt que de risquer de perdre son amant.

Dans Fou, l'amant devient jaloux du cheval de sa maîtresse et devra payer de sa vie ce crime.

Dans Berthe, une jeune fille simple, muette, qu'on poussera à se marier découvrira l'amour avec un mari volage et finira folle.

Dans Suicides, la relecture de lettres anciennes plonge son lecteur dans ses souvenirs, les plus beaux comme les plus sombres. Ne relisez jamais vos anciennes correspondances !

Dans La nuit, avec ses déambulations dans le Paris, dans le noir, qui tournera à la folie et au désespoir.

Et dans Rosalie Prudent, le drame d'une bonne engrossée par un familier de la famille chez qui elle travaille et qui sera poussée à l'infanticide alors que tout était prêt pour accueillir l'enfant... Pourquoi ?

Guy de Maupassant, à travers ces sept courts textes évoquent ce qui peut pousser les humains la folie, au désespoir voire au meurtre ou au suicide. C'est un panorama très imprégné des décors, de la province ou de la capitale, où les femmes sont omniprésentes, source de tourments ou d'abus....

Avec un style très visuel, l'auteur dépeint d'une façon qui peut nous paraître un peu caricatural parce que déjà tellement évoqué, la détresse qui s'installe dans les esprits de ses personnages, avec des narrateurs parfois partie prenante des faits, comme dans Berthe, et avec en fin toujours une sorte de morale à tirer du récit..... Amour, jalousie, pauvreté, solitude, peur, des sentiments qui peuvent mener à tous les excès....

J'ai aimé l'écriture, la façon de nous conter ces sombres histoires  : la mort, le suicide, la folie est omniprésente. L'âme humaine et ses tourments avec en arrière-plan relations légères, fragilité de certains, pauvreté et abus.... L'auteur nous parle de nous, humains, mêlant parfois l'absurde, l'ironie pour en tirer aussi une morale ou un conseil qu'il nous livre à sa manière.

Je connais peu Guy de Maupassant et j'avais choisi ce petit recueil pour découvrir son écriture, son style et son univers; Je vais continuer car j'ai aimé son regard sur les vies, son écriture très vivante avec, sous des allures de chroniques, une analyse et un rendu profond des personnages, en mêlant authenticité des milieux, parlers et travers de la société de l'époque (mais qui pourrait être encore la notre) pour finalement dénoncer.
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Maupassant est un auteur de renom du XIXeme siècle, l'un des brillants de cette époque, maître de la nouvelle et fin connaisseur et dénonciateur des maux de son temps. Dans son style limpide, il ne recule à rien pour décrire les travers des hommes et ce recueil-là le prouve bien puisqu'il compile les plus sombres récits du célèbre normand. Sept petits histoires inspirés pour la plupart de faits divers ou il dissèque avec brio la noirceur la folie qui hante l'être humain et qui se révèle parfois dans des actes d'égarements qui lui sont fatals, et qui peuvent nous faire frissonner quand on sait que l'auteur lui-même finira par sombrer dans la névrose : on n'écrit mieux ce que l'on sait apparemment comme le démontrera par la suite le Horla un des chefs d'oeuvres du fantastique .
On commence très fort par La Petite Roque ou près d'une rivière, un facteur découvre avec effroi le cadavre d'une petite fille qui semble avoir été violée avant le meurtre. Très vite l'enquête s'enclenche et on liste les suspect mais le coupable n'est pas trouvé et l'affaire est vite classée. Mais qui a tuée la Petite Roque ? Je ne vous le dirai point pour ne pas gâcher la révélation qui vaut son pesant d'or... Cette nouvelle qui ouvre le bal macabre est cependant la meilleure de l'anthologie : dans l'ambiance étouffante de la campagne estivale, on suit l'émoi que suscite l'affaire, l'incompréhension générale et la vie après une telle atrocité. Maupassant critique sévèrement surtout l'incurie de la police et du milieu judiciaire et sa condescendance envers le milieu modeste, La Petite Roque étant l'unique fille d'une veuve pauvre. Maupassant nous surprend aussi en plongeant dans la psyché torturée du coupable et les remords qui lui pourrissent la vie jusqu'au paroxysme : un portrait qui n'excuse pas ses gestes mais le rend compréhensible et nous apitoie même. La mort, un des thèmes chers De Maupassant, plane, et ne quitte jamais ce conte jusqu'à la dernière ligne et même le décor champêtre d'apparence tranquille n'atténue guère son influence : les saules bordant la rivière ne sont pas un hasard, car dans la symbolique européenne ces arbres symbolisent le trépas... Cette nouvelle se relit toujours d'actualité quand on voit les faits divers invoquant la maltraitance de victimes dus à leur statut inférieur et la pédophilie ou le coupable échappe à la justice au détriment de ses proies.
Misti est plus légère et aussi moins percutante, de mon point de vue la moins intéressante de l'ensemble. Un garçon et sa maîtresse consultent une voyante qui possède un chat empaillé... Dans cette nouvelle on explore le coté possessif de nos matous qui peuvent aller au pire ainsi que les inquiétudes amoureuses sur la santé de l'être aimé. Bien que morbide, elle est moins ténébreuse et semble triviale en comparaison des autres proses.
Fou ? raconte la jalousie d'un homme sur le cheval de sa compagne... une jalousie qui va très loin. Même thème que dans Misti mais cette fois-ci, c'est l'homme qui va déraisonner, pour de simples caprices sentimentaux. Bien que très courte, c'est la description clinique et implacable d'un esprit dérangé ou comment la moindre envie peut enflammer quelqu'un et le pousser à commettre le pire, surtout un homme.
Berthe est la seconde nouvelle du recueil qui excelle dans sa narration et son évocation. Un médecin retrace à son ami comment il tente de normaliser une fille handicapée mentalement et que ses parents la marient à un drôle histoire de lui éveiller sa pensée infirme... effroyable est ce récit ou on tente de corriger le mental défaillant d'une jouvencelle au lieu d'accepter et de s'adapter à sa différence. Je crois que c'est l'une des premières fois dans la littérature ou la violence et manipulation de la femme handicapée est clairement vilipendée : pauvre Berthe qui subit en plus de sa condition de femme dans un siècle qui malgré ses progrès est toujours rétrograde sur ses droits, de celle d'une personne handicapée ou la plupart du temps ces êtres venus au monde avec un mental différent des autres n'ont que d'autres perspective que finir en asile. le regard bestial de la femme couplé à la déshumanisation des faibles d'esprits, ces horreurs se retrouvent dans ce récit ou tout le monde, y compris le narrateur, sont coupables du drame. Lire cette nouvelle au XXieme siécle ou les personnes doté d'un handicap mental sont encore stigmatisés est incroyable en même temps qu'elle fait froid dans le dos pour n'importe qui, plus encore pour les concernés.
Suicides est la descente aux enfers d'un individu lambda qui décide de relire ses vieilles correspondante... avec un ton fantastique, cette nouvelle avertit qu'il n'est rien de bon de préférer de se plonger dans le passé délétère et qu'il vaut mieux améliorer son présent et son futur...
La nuit est une splendide mais angoissante odyssée nocturne ou un noctambule parisien voit d'étranges choses se passer dans les rues noirs de Paris... hymne à l'obscurité nocturne, ce curieux récit qui n'en a pas vraiment est en tout cas aussi prouve qu'un esprit normal peut d'un coup sans prévenir et même sans raison valable perdre la raison d'une facilité déconcertante...
Rosalie Prudent clôt magistralement le recueil : une jeune bonne, la dénommée Rosalie Prudent, se retrouve à la barre d'assise pour avoir occis son nourrisson dont elle est tombée enceinte sans en avoir averti ses employeurs une riche famille qui est stricte sur la moralité et les convenances. Elle doit s'expliquer sur les motifs lui ayant fait pousser au crime... s'il y a procès autour d'un infanticide, c'est pour Maupassant aussi l'occasion de faire un procès sur la condition des pauvres domestiques abusées et abandonnées par les hommes riches qui sont souvent leurs maîtres, et contrainte d'en venir aux pires extrémités pour éviter d'être renvoyée. Rosalie est certes criminelle mais est surtout la victime d'une société injuste envers les défavorisés. On peut imaginer les remous que la nouvelle a provoqué au sein de la bonne société bourgeoise sur le sujet sulfureux des femmes de chambres outragées et sur l'infanticide. Rosalie Prudent sera-t-elle acquittée ou non ?
Dans chacune de ces nouvelles laconiques, dans la plume d'encre noir qui décrit sans jamais s'étendre à des kilomètres sur les hommes et leurs natures, Maupassant nous offre un large panorama de la folie, folie du coupable, folie de la victime, folie inné ou folie acquise, ou se mêlent des thèmes toujours d'actualité comme l'oppression des femmes par les hommes ou des classes populaires par les riches. A deux nouvelles prés ou le fantastique effleure sans jamais y entrer pleinement, c'est le réalisme qui est de mise, un réalisme gris et triste. Peut-être que ce recueil ne plaira pas à tout le monde par sa noirceur totale ou la sécheresse de certaines nouvelles (je conçois que Misti ou même Suicides est par exemple vraiment dispensable) mais il confirme une fois de plus le génie De Maupassant et montre qu'il est certes l'un des meilleurs auteurs de son siècle mais surtout analyseur des travers humains qui eux sont intemporels.
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Un recueil bien plus sombre que les précédents puisqu'ici Maupassant explore essentiellement la violence sous diverses formes. le meurtre dans "La petite Roque" et la culpabilité qui grignote petit à petit la tranquillité d'esprit de l'auteur du crime (tout en égratignant au passage le système judiciaire en zone rurale), le filicide par "Rosalie Prudent" qui agit par désespoir de cause, le suicide dans la nouvelle au titre évocateur "Suicides" ou encore la tentative de "normaliser" une jeune fille handicapée en la mariant.

La question de la folie devient thème pour "Misti", "Fou ?" et "La nuit". Chacune invite à questionner le dérives de l'esprit, à divers degrés et de manières variées.

L'ensemble se conjugue parfaitement pour former un ensemble de "Contes noirs" sous l'excellente plume De Maupassant. Mes préférées sont les plus criminologisées, c'est-à-dire "La petite Roque" et "Rosalie Prudent". Des nouvelles à découvrir sans hésiter et si possible sans trop en savoir.
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Comme son nom l'indique cet ouvrage nous parle de faits divers tres sombres mais garde un charme infini l'auteur se chargeant grace à son talent de nous faire passer un bon moment au milieu de tous ces evenements sombres !
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le piéton Médéric Rompel, que les gens du pays appelaient familièrement Médéri, partit à l’heure ordinaire de la maison de poste de Roüy-le-Tors. Ayant traversé la petite ville de son grand pas d’ancien troupier, il coupa d’abord les prairies de Villaumes pour gagner le bord de la Brindille qui le conduisait, en suivant l’eau, au village de Carvelin, où commençait sa distribution.
Il allait vite, le long de l’étroite rivière qui moussait, grognait, bouillonnait et filait dans son lit d’herbes, sous une voûte de saules. Les grosses pierres, arrêtant le cours, avaient autour d’elles un bourrelet d’eau, une sorte de cravate terminée en nœud d’écume. Par places, c’étaient des cascades d’un pied, souvent invisibles, qui faisaient sous les feuilles, sous les lianes, sous un toit de verdure, un gros bruit colère et doux ; puis plus loin, les berges s’élargissant, on rencontrait un petit lac paisible où nageaient des truites parmi toute cette chevelure verte qui ondoie au fond des ruisseaux calmes.
Médéric allait toujours, sans rien voir, et ne songeant qu’à ceci : « Ma première lettre est pour la maison Poivron, puis j’en ai une pour M. Renardet ; faut donc que je traverse la futaie. »
Sa blouse bleue serrée à la taille par une ceinture de cuir noir passait d’un train rapide et régulier sur la haie verte des saules ; et sa canne, un fort bâton de houx, marchait à son côté du même mouvement que ses jambes.
Donc, il franchit la Brindille sur un pont fait d’un seul arbre, jeté d’un bord à l’autre, ayant pour unique rampe une corde portée par deux piquets enfoncés dans les berges.
La futaie, appartenant à M. Renardet, maire de Carvelin et le plus gros propriétaire du lieu, était une sorte de bois d’arbres antiques, énormes, droits comme des colonnes, et s’étendant sur une demi-lieue de longueur, sur la rive gauche du ruisseau qui servait de limite à cette immense voûte de feuillage. Le long de l’eau, de grands arbustes avaient poussé, chauffés par le soleil ; mais sous la futaie, on ne trouvait rien que de la mousse, de la mousse épaisse, douce et molle, qui répandait dans l’air stagnant une odeur légère de moisi et de branches mortes.
Médéric ralentit le pas, ôta son képi noir orné d’un galon rouge et s’essuya le front, car il faisait déjà chaud dans les prairies, bien qu’il ne fût pas encore huit heures du matin.
Il venait de se recouvrir et de reprendre son pas accéléré quand il aperçut, au pied d’un arbre, un couteau, un petit couteau d’enfant. Comme il le ramassait, il découvrit encore un dé à coudre, puis un étui à aiguilles deux pas plus loin.
Ayant pris ces objets, il pensa : « Je vas les confier à M. le maire » ; et il se remit en route ; mais il ouvrait l’œil à présent, s’attendant toujours à trouver autre chose. Soudain, il s’arrêta net, comme s’il se fût heurté contre une barre de bois ; car, à dix pas devant lui, gisait, étendu sur le dos, un corps d’enfant, tout nu, sur la mousse. C’était une petite fille d’une douzaine d’années. Elle avait les bras ouverts, les jambes écartées, la face couverte d’un mouchoir. Un peu de sang maculait ses cuisses.
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Mais tout à coup, j’eus une inspiration, et je tendis à Mlle Perle la poupée symbolique. Tout le monde fut d’abord surpris, puis on apprécia sans doute ma délicatesse et ma discrétion, car on applaudit avec furie. On criait : « Vive la reine ! vive la reine ! »

Quant à elle, la pauvre vieille fille, elle avait perdu toute contenance ; elle tremblait, effarée, et balbutiait : « Mais non… mais non… mais non… pas moi… Je vous en prie… pas moi… Je vous en prie… »

Alors, pour la première fois de ma vie, je regardai Mlle Perle, et je me demandai ce qu’elle était.

J’étais habitué à la voir dans cette maison, comme on voit les vieux fauteuils de tapisserie sur lesquels on s’assied depuis son enfance sans y avoir jamais pris garde. Un jour, on ne sait pourquoi, parce qu’un rayon de soleil tombe sur le siège, on se dit tout à coup : « Tiens mais il est fort curieux, ce meuble » ; et on découvre que le bois a été travaillé par un artiste, et que l’étoffe est remarquable. Jamais je n’avais pris garde à Mlle Perle.

Elle faisait partie de la famille Chantal, voilà tout ; mais comment ? À quel titre ? C’était une grande personne maigre qui s’efforçait de rester inaperçue, mais qui n’était pas insignifiante. On la traitait amicalement, mieux qu’une femme de charge, moins bien qu’une parente. Je saisissais tout à coup, maintenant, une quantité de nuances dont je ne m’étais point soucié jusqu’ici ! Mme Chantal disait : « Perle. » Les jeunes filles : « Mlle Perle », et Chantal ne l’appelait que Mademoiselle, d’un air plus révérend peut-être.
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J’aime la nuit avec passion. Je l’aime comme on aime son pays ou sa maîtresse, d’un amour instinctif, profond, invincible. Je l’aime avec tous mes sens, avec mes yeux qui la voient, avec mon odorat qui la respire, avec mes oreilles qui en écoutent le silence, avec toute ma chair que les ténèbres caressent. Les alouettes chantent dans le soleil, dans l’air bleu, dans l’air chaud, dans l’air léger des matinées claires. Le hibou fuit dans la nuit, tache noire qui passe à travers l’espace noir, et, réjoui, grisé par la noire immensité, il pousse son cri vibrant et sinistre.
Le jour me fatigue et m’ennuie. Il est brutal et bruyant. Je me lève avec peine, je m’habille avec lassitude, je sors avec regret, et chaque pas, chaque mouvement, chaque geste, chaque parole, chaque pensée me fatigue comme si je soulevais un écrasant fardeau.
Mais quand le soleil baisse, une joie confuse, une joie de tout mon corps m’envahit. Je m’éveille, je m’anime. À mesure que l’ombre grandit, je me sens tout autre, plus jeune, plus fort, plus alerte, plus heureux. Je la regarde s’épaissir, la grande ombre douce tombée du ciel : elle noie la ville, comme une onde insaisissable et impénétrable, elle cache, efface, détruit les couleurs, les formes, étreint les maisons, les êtres, les monuments de son imperceptible toucher.
Alors j’ai envie de crier de plaisir comme les chouettes, de courir sur les toits comme les chats ; et un impétueux, un invincible désir d’aimer s’allume dans mes veines.

(La Nuit)
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Tuer quelqu'un en duel ou à la guerre ou dans une querelle, ou par accident, ou par vengeance, ou même par forfanterie, lui eût semblé une chose amusante et crâne et n'eût pas laissé plus de traces en son esprit que le coup de fusil tiré sur un lièvre ; mais il avait ressenti une émotion profonde du meurtre de cette enfant. Il l'avait commis d'abord dans l'affolement d'une îvresse irrésistible, dans une espèce de tempête sensuelle emportant sa raison. Et il avait gardé au coeur, gardé dans sa chair, gardé sur ses lèvres, gardé jusque dans ses doigts d'assassin une sorte d'amour bestial, en même temps qu'une horreur épouvantée pour cette fillette surprise par lui et tuée lâchement.
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Or, un matin, son père entra chez moi avec une figure singulière et, s’étant assis, sans même répondre à mon bonjour :
— J’ai à vous parler d’une chose fort grave, dit-il... Est-ce qu’on... est-ce qu’on pourrait marier Berthe ?
J’eus un sursaut d’étonnement, et je m’écriai : « Marier Berthe ?... mais c’est impossible ! »
Il reprit : « Oui... je sais... mais réfléchissez... docteur... c’est que... peut-être... nous avons espéré... si elle avait des enfants... ce serait pour elle une grande secousse, un grand bonheur et... qui sait si son esprit ne s’éveillerait pas dans la maternité ?... »
Je demeurai fort perplexe. C’était juste. Il se pourrait que cette chose si nouvelle, que cet admirable instinct des mères qui palpite au cœur des bêtes comme au cœur des femmes, qui fait se jeter la poule en face de la gueule du chien pour défendre ses petits, amenât une révolution, un bouleversement dans cette tête inerte, et mît en marche le mécanisme immobile de sa pensée.
Je me rappelai d’ailleurs tout de suite un exemple personnel. J’avais possédé, quelques années auparavant, une petite chienne de chasse si sotte que je n’en pouvais rien obtenir. Elle eut des petits et devint, du jour au lendemain, non pas intelligente, mais presque pareille à beaucoup de chiens peu développés.
À peine eus-je entrevu cette possibilité, que le désir grandit en moi de marier Berthe, non pas tant par amitié pour elle et pour ses pauvres parents que par curiosité scientifique. Qu’arriverait-il ? C’était là un singulier problème !

(Berthe)
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Vidéo de Guy de Maupassant
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