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4,04

sur 343 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La Petite Roque devait être, je crois, le seizième ou dix-septième recueil de nouvelles de Guy de Maupassant que j'abordais, et pourtant je puis vous dire qu'il me fit forte et bonne impression. Neuf nouvelles seulement, mais pas moins de trois joyaux (selon mes critères de désignation du " joyau ").

La nouvelle titre est une nouvelle en deux temps (donc en théorie, plus une nouvelle stricto sensu, mais on s'en fiche de la théorie), qui débute comme un polar et qui bascule dans le thriller psychologique. Particulièrement bien écrite, on sent que son auteur a cherché à la peaufiner plus que d'autres. La première partie pourrait, à l'extrême, se résumer par " Qui donc a bien pu assassiner la petite Roque ? " La seconde ne doit absolument pas être dévoilée sous peine de nuire gravement à sa lecture. En tout cas, un chef-d'oeuvre.

L'Épave raconte un instant, un bref instant, même pas une nuit complète — un bout d'après-midi et une portion de nuit — où deux êtres se sont croisés, se sont émus et se sont dit adieu. Comme écrivait Baudelaire, une manière de " Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais ". Maupassant excelle dans ce périlleux exercice de la capture d'un instant et des émotions qui l'accompagnent.

L'Ermite nous pose indirectement une question : " Quel drame, quel événement inavouable, quelle peine de corps ou de coeur peut bien expliquer qu'un humain choisisse spontanément la réclusion hors du monde ? " Cette nouvelle me rappelle un peu le Port dans le recueil La Main Gauche.

Mademoiselle Perle est, quant à elle, l'un de ces inappréciables petits trésors nés sous la plume de l'auteur, qu'il nous a légué en guise d'héritage et que nous devons chérir. Un drame sublime, sans violence, en douceur, tout en doigté et en subtilité. Un velours, une façon quant à elle de " Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui NE le savais PAS ". Probablement l'une des toutes meilleures nouvelles de Guy de Maupassant, tous recueils confondus, vraisemblablement du calibre de Madame Baptiste.

Rosalie Prudent, ce n'est presque rien (c'est ironique, bien sûr), juste le conte d'un infanticide ordinaire perpétré par une pauvre fille sans le sou. L'une des fables horribles du quotidien dont il savait si bien se faire l'écho.

Sur Les Chats est un vague éloge de la condition féline.

Madame Parisse est une x ième nouvelle sur l'adultère et la passion contrariée.

En revanche, Julie Romain est plus intéressante. Elle aussi évoque un thème de prédilection de son auteur, à savoir, l'outrage du temps qui passe, les abîmes qu'il crée, et autres effets de la nostalgie. Ici, Julie Romain est une ancienne actrice, ancienne convoitée, ancienne égérie tant d'un peintre en vue que d'un poète de renom, tous deux aujourd'hui disparus. Ne reste qu'elle, elle que son public a oublié, elle, flétrie, amoindrie, méconnaissable, elle dont seuls les souvenirs ont le lustre d'antan. Quelle sensibilité Monsieur de Maupassant. Chapeau bas l'artiste.

Enfin, cerise sur le gâteau, la somptueuse Père Amable, qui nous dépeint l'archétype du vieux paysan normand, vieillard taiseux, avare mais fier, à l'instar du Père Milon. Encore l'une de ces scènes de rien de la vie paysanne normande, qu'on pourrait vulgairement classer dans la catégorie " faits divers ", mais racontée avec tellement de force et de conviction qu'elles en deviennent célestes, éblouissantes... maupassantesques si j'ose dire !

À noter, et c'est là la substantielle supériorité des nouvelles normandes par rapport aux autres de l'auteur, la vérité du parler. Pour être native de ces contrées normandes, je puis vous affirmer (au travers de ces deux exemples pris au hasard dans le Père Amable) que l'emploi (dans le fil de la narration et non entre guillemets) du mot " colère " en qualité d'adjectif ou celui de " cour " pour désigner un pré ont un parfum de terroir authentique. Pour moi, Maupassant est avant tout l'interprète des réalités régionales, le Pagnol ou le Steinbeck normand, en quelque sorte.

Mais tout ce bavardage, toute cette inutilité n'est que mon avis, fragile, friable, érodable, c'est-à-dire pas grand-chose. le mieux que vous ayez à faire est d'oublier ce commentaire et d'ouvrir La Petite Roque, car ça c'est vraiment du roc.
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Les nouvelles ne font habituellement pas partie de mes lectures, et c'est un tort, car chaque nouvelle abordée vous plonge dans une nouvel univers et vous précipite dans l'action beaucoup plus rapidement que certains romans, chaque nouvelle dévoilant un concentré d'imagination et une grande richesse pour le lecteur.

Je me suis donc plongée dans un recueil De Maupassant, éternel, intemporel et délicieux Maupassant qui s'interdisait les explications psychologiques, ce qui se conçoit, mais qui se montrait à travers ses écrits réalistes, le plus grand des psychologues : admirons combien les descriptions morales de ses personnages et leur évolution dans ces cours textes sont logiques, et combien il fait vibrer ses textes en transmettant si fidèlement les émotions des protagonistes.

Il se fait le confident des lecteurs et livre bien souvent de lourds secrets, présentant dans un premier temps un personnage et son entourage, pour sonder ensuite son esprit et raconter les événements le concernant, ce qui exacerbera la curiosité de l'individu qui est entré dans le récit, sorte de suspens sans en être vraiment.

Dans la petite Roque, la première nouvelle est fort différente : on a l'impression de commencer la lecture d'un thriller policier puis l'écrivain se mettra dans la tête du personnage principal, dont je ne dévoilerai rien, pour expliquer ses actions et le cheminement qui mène aux décisions qu'il prend.

Dans les autres nouvelles, Maupassant introduit un narrateur à la première personne du singulier, toujours témoin d'un fait qu'il vient livrer, toujours un fait qui paraît extraordinaire pour mettre l'auditoire en alerte.

Dans ce recueil, il fait parler délicieusement les personnages, les menant à s'exprimer dans leur parler populaire voire en patois pour la dernière nouvelle.

Cela m'a donné envie de me replonger dans l'univers de cet auteur que je n'avais pas lu depuis de nombreuses années.
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Un nuage sombre passe sur l'esprit à la lecture de ce recueil de nouvelles pleines de violence et de mort de Maupassant, que je suis troublée de découvrir dans ce registre.

Viol, assassinat, folie, mort du jour, infanticide, suicide : c'est toute la glauque palette de la face obscure des hommes qui est peinte ici, de manière d'autant plus troublante qu'il la moire comme il a coutume de le faire de cette plume délicatement mélancolique qui le caractérise.

La petite Roque est la première et la plus longue des nouvelles : d'une construction étonnamment moderne et d'un déroulement implacable, elle s'ouvre sur une scène de crime saisissante pour ensuite observer les affres de l'assassin hanté par son crime, jusqu'à la mort. Le génie dans cette nouvelle tient me semble-t-il au rôle joué par la nature qui par tous ses pores, rivière et frondaison bruissantes, lumière crue et nuit noire, accuse le criminel là où ses semblables n'envisagent rien de sa culpabilité.

La folie traverse plusieurs des autres nouvelles, sous les yeux cruels d'un chat noir (Misti), celle de l'amant fou de jalousie (Fou ?) ou celle en miroir de la folle devenue folle d'amour (Berthe).
Suicides (lettre d'un candidat à la mort) et La nuit (un homme s'étiole dans un Paris qui ne connaît plus le jour) finissent de rendre le lecteur totalement neurasthénique, avant de réveiller sa compassion horrifiée devant les raisons qui ont poussé Rosalie Prudent à l'infanticide.

Le titre complet du recueil : « La petite Roque et autres contes noirs » dit bien ce qu'il est : un parcours éprouvant, servi par le format redoutablement efficace de la courte nouvelle. Une noire pépite !
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Quel plaisir de retrouver Maupassant avec cette nouvelle. Si les premières pages m'ont déconcerté : une affaire de meurtre au final, très vite on retrouve le style et la plume de l'auteur.

Médéric, le facteur découvre le cadavre d'une adolescente nue. Il n'y a pas de doute, cette dernière a été violée et étranglée. Dans le village c'est la consternation, qui a bien pu faire une telle horreur. Mais l'assassin, a rapidement des remords et l'on découvre très vite son identité. de mon coté, des les premières pages, j'avais deviné le meurtrier, chose extrêmement rare car je suis normalement mauvaise enquêtrice. On assiste donc aux états d'âme et aux pensées de celui qui a commis le crime :
"Bien qu'il respectât l'Église, par politique, il ne croyait ni à Dieu, ni au diable, n'attendant par conséquent, dans une autre vie, ni châtiment, ni récompense de ses actes en celle-ci. Il gardait pour toute croyance une vague philosophie faite de toutes les idées des encyclopédies du siècle dernier; et il considérait la religion comme une sanction morale de la loi, l'une et l'autre ayant été inventées par les hommes pour régler les rapports sociaux."

C'est une nouvelle qui se dévore et jusqu'à la fin, le suspense est prenant. La chute est vraiment reussite et inattendue comme je les aime. Bref, je suis une nouvelle fois conquise mais comment ne pas l'être ?
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Une histoire dramatique, tragique, puisqu'il s'agit du viol suivi du meurtre d'une petite fille. le génie De Maupassant a été de traiter le sujet sans voyeurisme, non sans passion, mais avec intelligence et subtilité. Une écriture toujours aussi belle et élégante alliée à une grande finesse. Une superbe nouvelle. du grand Maupassant!
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Ces 10 nouvelles, écrites entre décembre 1885 et mai 1886, ont dépassé le simple objectif de distraire le lecteur de presse de "Gil Blas", du "Figaro" ou du "Gaulois" avec des passions rapides ou de l'émotion en brèves secousses. Elles maintiennent aussi le lecteur d'aujourd'hui en haleine.
On se demande toujours si l'assassin de la "petite Roque" sera démasqué, pourquoi "l'ermite" vit-il ainsi, si les amants de "l'épave" se déclareront avant la marée, si M. Chantal brisera son armure dans "Mme Perle", si le Père Amable lâchera enfin un peu d'humanité...

J'ai ressenti donc, pour chaque conte, un suspense jusqu'à une fin qui claque souvent comme un coup de fouet.

Bien que celles que j'ai citées soient pour moi, les meilleures, les autres nouvelles ne sont pas mal non plus. Elles sont aussi variées dans le lieu (La Normandie, Cannes, la côte atlantique...) et dans le point de vue ( narrateur homme ou femme ou pas de narrateur du tout) et le ton ( un vaudeville pour "Sauvée").

Sur le fond, le pessimisme De Maupassant, quant à l'amour (L'épave, Mme Perle..) et à la fatale destinée humaine (le Père Amable, Mme Parisse..) est là. Mais le propos est subtilement construit (pas du tout comme ma critique) et vif. Et la virtuosité De Maupassant emporte le tout.
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" La Petite Roque " est une nouvelle de Guy de Maupassant
Cette nouvelle est brutale et cruelle. Cette nouvelle raconte
comment un maire de province, M. Renardet, un veuf de
quarante ans qui est une force de la nature, viole une gami-
-ne et la tue . C' est le facteur, Médéric, qui trouve le lende-
-main le cadavre de la jeune fille . Aussitôt, il alerte le maire,
le magistrat et les gendarmes .L' enquête diligentée n' ayant
trouvé aucun indice pour inculper un suspect, classe
l'affaire.
le maire, auteur chanceux d' un crime parfait, sombre
peu à peu dans une mélancolie telle telle qu' il finit par
s" accuser et finalement se suicider .
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Dans ce recueil, Maupassant ne prend pas de gants pour parler de viol, d'assassinat, de folie et suicide ! Des nouvelles bien noires où tous les défauts des hommes apparaissent au grand jour, mâtinés de culpabilité et de regrets parfois !

Ils décrits ses personnages comme les paysages où ils évoluent avec leurs creux et leurs ombres. Ce n'est pas le recueil le plus conseillé pour se remonter le moral, mais la belle plume De Maupassant est toujours au rendez-vous !

Challenge RIQUIQUI 2021
Challenge XIXème SIECLE 2021
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Lorsque je suis tombée sur ce livre dans ma bibliothèque l'autre jour j'ai été scotchée par le résumé. Quoi? Une histoire non seulement de meurtre mais aussi de viol ? Par un de nos maitres de la psychologie ? Je ne pouvais absolument pas laisser passer ça, je l'ai emprunté immédiatement !

Quelle délice. Un mini thriller psychologique de 40 pages.
Qui peut faire ça ? Je vous le demande ! (Réponse : seulement Guy)

Tout y était : le cadre bucolique; une petite bourgade entourée de forêt et de rivière. le cadre scientifique; la découverte du corps, les analyses, les constations. le cadre juridique; l'enquête, les questionnements. le cadre social; le choc et l'indignation des villageois, leur solidarité, leur unité. Et puis le cadre psychologique; la description du crime au travers des yeux du criminel (et la découverte de son identité ! mon dieu !), ses raisons, ses états d'âmes, puis ses tourments.

Du grand art !

(NB: point important mon édition ne comptait que La Petit Roque, pas d'autres nouvelles malheureusement)
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N°1827 – Février 2024.

La petite Roque - Guy de Maupassant – le livre de poche

Ce sont neuf contes où notre auteur évoque la nature humaine, ses passions, ses failles, ses remords. Avec « La petite Roque » qui donne son titre au recueil, il met l'accent sur la culpabilité qui pourrit la vie d'un homme au point qu'il se donne la mort pour ne pas connaître l'opprobre des tribunaux. Dans les textes qui suivent, Maupassant analyse les passions amoureuses, surtout chez les femmes, entre volonté de séduction, de possession et envie de succomber à des yeux trop bleus ou à un bel uniforme, de profiter de l'occasion, du moment furtif, du vertige de l'illusion, celles qui bouleversent une vie ou la pourrissent par les regrets qu'elles portent en elles, celles qui donnent des amours malheureuses à la suite de l'égarement d'un instant, celles qui suscitent les humiliations infligées pour un plaisir furtif, celles qui bafouent la fidélité conjugale pourtant jurée, celles qui finalement enfantent la solitude, les souffrances, les rides et la résignations, que le temps qui passe, avec l'oubli et la tristesse, ne guérit pas. Au bout du compte, la désillusion est tellement grande que souvent, soit par dépit, soit par obligation, ceux qui auparavant mordaient la vie à pleines dents éprouvent le besoin de se retirer de ce monde si décevant, gouverné bien souvent par des conventions qui vont à l'encontre des sentiments.
Témoin de son temps aussi, il évoque ces pauvres filles, des servantes, séduites et abandonnées, souvent enceintes, victimes des hommes à une époque où les moyens contraceptifs étaient inexistants et qui doivent se battre seules. de cette évocation de la condition humaine, je retire, un peu comme à chaque fois, une impression de solitude chez les différents personnages.

Je note que nombre de ces contes ont pour cadre soit le terroir normand qui était familier à Maupassant, plus volontiers lié sous sa plume au travail, à la misère, aux relations sociales très marquées, aux enfants, souvent illégitimes, aux curés de campagne, au patois, à l'argent durement gagné, à la roublardise, au climat humide, soit le Midi de la France où il fit quelques séjours et qui apparemment lui laissèrent des bonnes impressions et souvenirs et qu'il associe à la richesse, au beau langage, à l'insouciance, aux rencontres mondaines, au célibat, aux rentes confortables, aux mariages arrangés, à la lumière chaude et sans l'ombre d'une soutane…

C'est toujours un plaisir pour moi de lire Maupassant, tant son style est à la fois simple et poétique.
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