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Nadine Satiat (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080720047
161 pages
Flammarion (25/07/1995)
3.59/5   116 notes
Résumé :
L'enfance, sous la plume de Maupassant, prend une "senteur violente et douce" : douceur des jeux et de l'insouciance qui ne résiste cependant pas longtemps à la violence d'une réalité souvent mesquine, brutale et tragique. Dans ce recueil de nouvelles, jalousie mortelle, joies féroces, cruauté froide, angoisses terribles et désespoir profond ne sont pas réservés aux adultes. Ces sentiments semblent même d'autant plus puissants qu'ils s'emparent de petits êtres dont ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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le papa de Simon est un recueil de nouvelles de Guy de Maupassant.
J'ai retrouvé le livre et je n'ai lu que celle-ci.
C'est volontaire car je suis en train de lire les livres que j'ai dans ma bibliothèque et dont certains passages vont être lus lors de la finale des lectures à voix haute organisée par La grande librairie.
Nous avions beaucoup apprécié l'émission de l'an passé.
Revenons à cette nouvelle qui parle de Simon qui fait son entrée à l'école du village . Il est âgé de 7 ou 8 ans, reste souvent à l'intérieur de la maison près de sa mère, surnommée la Blanchotte, qui le protège et pour cause.
Elle est mère célibataire et au 19ème siècle, ce n'est absolument pas admis.
A sa sortie de l'école, Simon va être entouré par les plus grands. On y retrouve une petite ambiance de guerre des boutons mais elle ne s'organise pas, heureusement pour le petit.
Les grands l'interrogent immédiatement sur son papa qu'il n'a pas et un autre que lui n'a plus son papa mais il se mêle aux autres car le sien est enterré au cimetière et ça, c'est bien plus ...défendable.
Les enfants s'expriment à travers les avis de leurs parents . La cruauté des enfants est donc la réplique du monde des adultes.
L'écriture est agréable car Maupassant utilise des termes d'époque sans que ce soit lourd. Nous sommes vraiment dans une ambiance réelle.
C'est un texte qui se prête facilement à la lecture à voix haute avec des passages en narration et d'autres en dialogue mais avec cette belle écriture de l'auteur qui rend la nouvelle agréable à lire.
La narration emploie des temps du passé, en majorité le passé simple sauf pour les dialogues.
Ce qui est remarquable; c'est que l'auteur donne son avis et juge la situation, les moqueries, la rusticité des personnages et fort à propos allant jusqu'à faire des parallèles entre les comportements des gens et des bêtes.
Une lecture fort appréciée que je garderai à portée de main le jour de l'émission.
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ISBN : Inconnu

Guy de Maupassant - nul n'aura l'audace de le nier - est réputé pour ses nouvelles sombres, qui égratignent avec férocité, quand elles ne les sabrent pas carrément, la société et nombre de ses membres, et ceci à quelque niveau qu'ils se situent. Ses textes fantastiques sont tout aussi connus. Quant à ses nouvelles teintées de paillardise, outre le délicieux "Rosier de Mme Husson", on pourrait encore citer "Le Remplaçant" et cette nouvelle, dont le titre m'échappe (mais il ne le fera pas longtemps, le gaillard ! ) où l'on voit un malheureux facteur (ou garde-champêtre) confondre avec les gémissements d'une victime mourant sous les coups de son assassin des cris émis sur un tout autre (et bien plus agréable) registre.

A mes yeux, qui se trompent peut-être, notez bien , Maupassant le Macho demeure également, avec Balzac, l'un des meilleurs connaisseurs de l'âme féminine du XIXème siècle, un "féministe" authentique (qui s'ignorait sans doute) et dont on imagine l'ahurissement devant nos déliquescentes Femen actuelles (sans compter les commentaires carrément orduriers qu'il ferait sur elles). Il reste en outre - et ce n'est pas là, croyez-moi, son moindre titre de gloire littéraire - un défenseur résolu, inexorable même, du faible quel qu'il soit, être humain ou animal. Je sais que je répète cela dans presque toutes les fiches que je consacre à son oeuvre mais c'est que, voyez-vous, quand on regarde les photos du personnage, ses portraits, quand on songe à l'attitude d'homme à femmes qu'il affichait sans complexes et parfois par pure provocation, on est heureux de constater que, sous tout cela, se dissimulent une tendresse et une sensibilité qui révèlent, en cet écrivain qui séduit par son style très personnel, qui n'appartient ni au Réalisme, ni au Naturalisme, une part si importante et si émouvante d'humanité.

De temps en temps, comme tout le monde, Maupassant écrivait à la commande. A moins que, tout simplement, lassé de la sottise et de la noirceur d'un monde où tout se termine souvent plus mal que bien, il n'ait rêvé de rédiger, par-ci, par-là, une petite nouvelle un peu "conte de fées." "Le Papa de Simon" est de celles-ci bien que, là non plus, l'auteur n'ait pas réussi à en éradiquer toute méchanceté, celle-ci étant représentée par l'attitude des enfants de l'école face au petit Simon.

Le petit Simon est un enfant tranquille et solitaire, plutôt doux et malingre, mais bien gentil et intelligent, qui n'a qu'un tort, irréparable à cette époque, et ce dans n'importe quel milieu, hélas ! sauf peut-être le milieu "artiste" : il n'a pas de père. Enfin, il en a bien un, bien sûr - l'auteur ne nous donne pas beaucoup d'indices sur le personnage - mais l'individu a laissé sa mère en plan lorsqu'elle lui a avoué qu'elle attendait un bébé. Sa mère, c'est la Blanchotte - surnom choisi comme par défi par Maupassant - une jeune paysanne tombée bêtement amoureuse et qui a cru aux promesses de mariage de celui qui ne souhaitait, en fait, qu'une aventure sans lendemain.

Mais la Blanchotte a fait face. Elle a conservé l'enfant, l'a élevé avec tendresse et l'a envoyé à l'école dans l'espoir, sans doute, que cela lui apporterait quelque chose à la longue - peut-être même plus qu'une destinée de paysan. Non qu'elle ait honte de son milieu - où certains lui ont tourné le dos bien sûr mais où d'autres continuent à lui parler et l'estiment d'autant plus que, depuis sa triste aventure, elle se montre très froide avec les hommes et n'a plus donné à parler d'elle. Simplement, pour leur enfant, toutes les mères du monde, en tout cas quand elles sont normalement constituées, espèrent toujours le mieux. Et à l'époque, pour une petit paysan, passer le certificat d'études, aller, qui sait, au collège et devenir un petit employé, c'est mieux, bien mieux que de rester dans son champ - à moins, bien sûr, d'avoir des dispositions certaines pour l'agriculture.

Simon aime sa mère et il est fier d'elle. Il sait, bien sûr, qu'il n'a pas de papa mais bon ! cela a-t-il vraiment de l'importance ? Pour sa mère, peut-être un peu. Lui, parfois, il aimerait avoir un papa. Pour jouer à des jeux de garçon, par exemple. Mais mis à part ça ...

Evidemment, une fois entré à l'école, le petit se rend compte que, pour certains, la chose en a, de l'importance. On se moque de lui parce qu'"il n'a pas de papa" mais surtout, on en profite pour le frapper. Simon a beau être un petit gabarit, il se défend avec un courage qui force l'admiration - mais il reste toujours sur le carreau, hélas ! Cependant, les blessures morales sont les pires et contre celles-là, les enfants, déjà méchants et bêtes comme le sont leurs parents dont ils répètent les dires, savent bien qu'il n'y a pas de remède. D'ailleurs, un jour, poussé à bout par la haine qui l'entoure à l'école, le petit Simon s'enfuit dans le bois dans l'intention de se noyer. Il n'en peut plus, le pauvre, il étouffe. Après tout, s'il se noyait, ça ne vaudrait-il pas mieux pour tout le monde, même pour sa mère ?

Et puis, Simon se rappelle brusquement qu'un mendiant, qui n'avait plus rien dans le village, avait choisi d'en finir comme ça, avec la vie. Et que, du coup, même certains qui se moquaient de lui avaient dit : "Il est heureux, maintenant" - et avec un certain respect en plus. Quand on est mort, on est donc heureux et tout le monde se met à vous aimer ? Alors, il n'y a pas à hésiter. Et Simon passerait bien à l'acte mais le temps est assez beau, les reinettes coassent ... et l'instinct de conservation est là, derrière son épaule, à le surveiller de très près. Qu'il regarde les beautés de la forêt, qu'il voie que tout n'est pas laid , méchant et sot : que diable ! il a sa vie à faire et il est si petit ...

L'instinct de conservation, qui est un malin - il faut dire que sa tâche est rarement facile - sait aussi que le petit Simon va tomber sur un monsieur très gentil, un forgeron du village, appelé Philippe. Que l'homme, voyant les traces de larmes sur le visage de l'enfant, va engager la conversation, lui changer un peu les idées ... et même le raccompagner chez lui. Bon, bien sûr, et l'instinct de conservation le sait aussi bien que vous et moi : arrivé à ce point, on n'aura encore qu'à moitié fait le boulot - et en restant optimiste en plus ! Mais qui n'essaie rien n'a rien ! ... Et puis, surtout, il faut persévérer ...

Avec un Maupassant derrière, et dans une nouvelle qu'il a décidé d'écrire pour une fois "en rose", malgré les pâtés bien noirs (et si horriblement laids) que font dans quelques pages les petits élèves méchants et stupides, on peut dire que la cause est gagnée d'avance. Bref, l'histoire est mignonne à souhait, on est heureux de la lire même si ce n'est pas du grand Maupassant. Et puis, tout de même, le lecteur reste impressionné par la finesse avec laquelle l'auteur dépeint non seulement les sentiments de Simon mais aussi ceux de ses condisciples. Si beaucoup de ceux-ci se conduisent en brutes, nous rappelle-t-il sans en avoir l'air, c'est que leurs parents n'ont pas toujours de bonnes paroles pour la Blanchotte et son fils. Pour certains, il le sous-entend sans s'attendrir sur ces cas désespérés, c'est aussi, tout simplement, parce qu'ils seront toujours comme ça : mauvais, sournois et toujours prêts à embêter les autres, toujours prêts à leur envier même la Peste aux autres - c'est dire !

Mais l'important, n'est-ce pas que, si elles font bien moins de bruit que les histoires qui se terminent très mal, il en existe aussi comme celle du "Papa de Simon", plus calmes, plus posées, non point timides mais qui n'ont, finalement, rien à prouver à ceux qui pensent que seuls la haine et le mépris d'autrui leur permettront de se sentir vivre ? Après tout, les gens heureux n'ont peut-être pas d'histoire ... mais ils sont heureux et c'est bien l'essentiel, non ? ;o)
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Quelqu'un m'a dit, il y a peu, que j'exprimais un goût très prononcé pour les auteurs controversés. Et même (mais j'interprète peut-être un peu) que, peut-être, je n'aimais, en littérature, qu'une façon de provocation. C'est bien vrai que j'aime ce que je nomme plutôt l'audace de ne pas être consensuel, de ne point vouloir complaire au commun, de ne pas répéter ce que d'autres ont déjà écrit, de ne pas vomir des idées déjà épuisées. Vrai aussi que j'ai trouvé le journal d'Anaïs Nin aussi déplacé qu'exaltant, que Céline me réjouit et que Bukowski m'amuse. Il y a leur style évidemment, quoique un peu faible pour Nin, mais il y a surtout cette recherche de vérité froide, cette analyse de l'humain sans user de proverbes gentillets sur sa prétendue bonté innée. Cependant, je n'élis pas un livre pour ce qu'il a d'intrépide et d'impertinent. Miller, dont j'aime beaucoup le style ainsi que la philosophie, ne dit à peu près rien, de sorte qu'il me lasse vite. Bukowski aussi, en ce que l'indigestion de sexe et d'alcool me navre assez. N'importe, je ne veux rien prouver par cette chronique (et d'ailleurs on pourrait encore dire que Maupassant est controversé ou que certaines de ses nouvelles sont immorales, ce qui est sans doute vrai). Je puis quand même expliquer pourquoi mon goût s'est ainsi affiné et tourné vers des auteurs moins consensuels : c'est que j'ai tant lu Zola, Balzac, Flaubert, Maupassant, Zweig et des dizaines d'autres que je les connais bien, que j'en ai presque épuisé mes enthousiasmes. C'est pourquoi je suis en quête, à présent et depuis des années, de belles « nouveautés », que j'ai besoin de chercher et de trouver ailleurs d'autres sujets d'admiration, de fulgurantes pensées notamment. Et effectivement, je les trouve plutôt dans un courant peu consensuel, loin des mièvreries habituelles et éculées, loin des proverbes commodes et piètres, loin des mensonges.
Je crois avoir aimé Maupassant dès le début, c'est à dire au collège. Il ne m'a environ jamais déçue. Et il est difficile à présent pour moi de trouver un recueil de lui qui me serait inconnu. Quant aux romans, j'ai tout lu et plusieurs fois. Même dans ce recueil-ci, que je n'avais jamais acheté, j'y ai trouvé des nouvelles que j'avais déjà lues à maintes reprises. Pas toutes cependant : j'y ai trouvé une ou deux que j'ignorais encore.
Voici là un recueil sur l'enfance, pas dans sa pureté naïve et fantasmée mais dans sa véracité , c'est à dire avec sa barbarie et dans toute sa cruauté. L'enfant vrai, méchant et ingrat, cruel et vil parfois. L'enfant comme miniature de l'adulte, avec ses mêmes vices, déjà corrompu à son contact. Évidemment, si le petit Simon, paradoxalement enfant du péché et âme plus pure que ses camarades, trouve un papa, toutes les nouvelles n'ont pas un dénouement si heureux. Et même lorsque Maupassant écrit une fin heureuse, il ne peut supprimer la naturelle méchanceté des enfants.
J'ai toujours aimé « Aux Champs » en ce que la bassesse présumée de la vente d'un enfant devient une vertu du point de vue de l'enfant que l'on a refusé de vendre. Voilà qui est réjouissant et renverse toute notion de morale avec la même hargne que celle que l'enfant non vendu met à se rebeller contre ses parents. Il n'y a ni bien ni mal ancré ni universel. le fils trouve injuste, égoïste et cruel de n'avoir point été vendu. Les vendeurs d'enfant auront eu raison, c'est tout. La morale n'y fera rien.
« le Baptême », nouvelle simple et au premier abord gentille et complaisante, pittoresque surtout, montre avant tout un prêtre quasi au désespoir de ne pas être destiné à devenir père. Voilà qui est profond malgré cette impression de charme, de couleur locale et de bons sentiments. le prêtre est ému au désespoir de son sort, sanglote de la condition qu'il a plus ou moins choisie. Et presque : se désespère d'être prêtre.
Chaque nouvelle a sa part de sombre, chacune chatouille voire gratte jusqu'au sang et parfois égorge tout à fait une tare de la société ou l'un de ses membres, en ce qu'il les représente environ tous. J'aime ce garçon d'écurie qui tue le vieux cheval. Pas en une fois, ça non, mais à petit feu, lentement, comme pour savourer son pouvoir sur l'animal, comme pour asseoir la puissance qu'il ne peut avoir sur les hommes. Est-ce immoral qu'un gamin tue pour rien un pauvre cheval malade ? C'est que l'enfant, bien que cruel, raisonne : pourquoi donc nourrir une bête devenue inutile et inapte ? D'ailleurs, garde-t-on et soigne-t-on un vieux domestique qui ne peut plus remplir sa tâche ? L'enfant rend justice seul, voilà. Et s'il en éprouve du plaisir, s'il jouit de torturer un peu la bête et de l'affamer, c'est encore bien humain.
Faudrait-il que je revienne sur le style De Maupassant ou encore sur sa façon de maîtrise de la nouvelle ? Voilà en quoi il est sans doute plus difficile de commenter un auteur connu et reconnu : tout aura déjà été dit, et mille fois. Maupassant est un fabuleux conteur, qui rend à la fois une impression de réalité qu'une atmosphère. On pourra prétendre que c'est un pessimiste, moi je pense que c'est un lucide. Il décrit de tristes existences, des paysans malmenés par le sort, des rustres laborieux. S'il dépeint un monde désespérant et des individus médiocres, c'est qu'ils le sont. L'égoïsme, la cruauté, l'insensibilité et tous les travers humains règnent en maîtres dans ces nouvelles, et c'est encore plus frappant en ce qu'il s'agit là d'enfants. Quant au style, ce recueil est assez typique en ce que l'auteur fait usage de sa vision du réalisme (préface de Pierre et Jean) ainsi que de mots empruntés au patois normand. Et c'est toute la terre normande qu'il exploite ainsi : les paysans, la campagne, les manières grossières, la brutalité féroce et la vie rude, souvent subie.
Et n'est-il pas drôle ? Certains personnages ne sont-ils pas magnifiquement ridicules ? La mère Boitelle qui demande naïvement si la peau noire salit les habits et qui est superstitieuse au point d'y voir le diable. C'est à peine si ce récit suscite une quelconque indignation tant on mesure plutôt le racisme ordinaire de l'époque, celui des paysans simples, pas méchants, et du rejet naturel de l'inconnu.
Oserais-je enfin parler de ce qui pourrait passer pour de la misogynie de la part de l'auteur, qui n'est selon moi qu'une parfaite observation et connaissance de la femme, de sa psychologie et de ses feintes ? La mère, la maîtresse, la bafouée, la sainte, l'épouse, la bourgeoise : il les connaît toutes et en fait de fort réalistes portraits. Pas toujours à leur avantage, certes, mais infiniment élevés : il les peint avec le réalisme qu'on lui sait.
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Court recueil de nouvelles qui nous emmène au contact de l'enfance. L'enfance et ses différents sentiments. le style n'est plus à présenter, c'est très bien écrit, percutant, et en même temps très moderne. Et toujours: très triste voire glaçant. Une belle découverte pour moi qui n'avais pas du tout apprécié les oeuvres étudiées au lycée.
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On ne présente plus Guy de Maupassant, cet auteur français du XIXème siècle connu non seulement pour ses romans tels que Pierre et Jean, Boule de Suif ou Bel-ami, mais aussi pour ses innombrables nouvelles. La plupart des collégiens et lycéens ont eu l'occasion, au moins une fois au cours de leur scolarité, d'étudier un extrait ou une de ses oeuvres. Et cela n'est pas sans raison: en effet Guy de Maupassant fait partie de ses auteurs réputés facile à lire. Toutefois qui dit facile à lire, ne veut pas forcément dire qui n'est pas digne d'intérêt.

Le petit recueil de nouvelles que je vous propose de découvrir ici, le papa de Simon et autres nouvelles, peut être un bon choix pour découvrir tranquillement cet auteur. On y retrouve les thèmes qui sont cher à l'auteur tels que le monde rural, la campagne, la cruauté humaine, le pessimisme, la condition des femmes, la famille, les rapports de classes sociales.

Ce recueil se compose de neuf nouvelles:

Le papa de Simon: Simon, petit garçon sans papa et élevé par sa mère seule, fait l'objet de brimades de la part de ses camarades. Nouvelle très touchante où est dénoncée la lâcheté de l'homme face à leur devoir de paternité.

En voyage: Nouvelle tragique qui raconte la mort des deux jeunes frères dans un réservoir. L'un chute dans l'eau, l'autre n'écoutant que son courage plonge pour sauver l'autre mais se retrouve pris au piège également. Glaçant, réaliste, c'est une ode à l'amour fraternel et à la pureté et l'insouciance de l'enfance.

Aux champs: Nouvelle rurale, dans le milieu paysan. Dénonciation de la pauvreté, de l'ingratitude de l'enfant face aux parents, de la jalousie, de l'inégalité de classe sociale.

La confession: Sur la jalousie entre soeurs.

Le père: Nouvelle se rapprochant du papa de Simon. Sur la lâcheté de l'homme, du père et de l'abandon de l'enfant.

Le baptême: Cette nouvelle dénonce les moeurs, les traditions, la rigueur et la rigidité de L'Église catholique qui refuse que les hommes de Dieu puissent avoir des enfants.

Coco: C'est ma nouvelle préférée, la plus touchante, émouvante. Sur la cruauté de l'enfant face à plus faible que lui. Opposition entre douceur, tendresse et méchanceté.

Mlle Perle: Dénonciation des inégalités de classes, les classes sociales ne se mélangent pas entre elles.

Boitelle: Dénonciation de la discrimination envers les noirs. Nouvelle sur la piété familiale, le respect du choix des parents bien que celui -ci aille à l'encontre de ses propres sentiments.

Sans être inoubliable, ce recueil de nouvelles sympathiques permet de se familiariser avec les thèmes chers à l'auteur. Entre nouvelles touchantes et cruelles, j'ai été emporté par la plume de l'auteur bien que je préfère ses romans plus aboutis.
Lien : https://www.uneplumesurunpar..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Soudain, une lourde main s'appuya sur son épaule et une grosse voix lui demanda : "Qu'est-ce qui te fait donc tant de chagrin, mon bonhomme ?"

Simon se retourna. Un grand ouvrier qui avait une barbe et des cheveux noirs tout frisés le regardait d'un air bon. Il répondit avec des larmes plein les yeux et plein la gorge :

- "Ils m'ont battu ... parce que ...je ... je ... n'ai pas ... de papa ... pas de papa.

- Comment," dit l'homme, en souriant, "mais tout le monde en a un."

L'enfant reprit péniblement au milieu des spasmes de son chagrin : "Moi ... moi ... je n'en ai pas."

Alors l'ouvrier devint grave ; il avait reconnu le fils de la Blanchotte, et, quoique nouveau dans le pays, il savait vaguement son histoire.

- "Allons," dit-il, "console-toi, mon garçon, et viens-t'en avec toi chez ta maman. On t'en donnera ... un papa."

Ils se mirent en route, le grand tenant le petit par la main, et l'homme souriait de nouveau, car il n'était pas fâché de voir cette Blanchotte, qui était, contait-on, une des plus belles filles du pays ; et il se disait, peut-être, au fond de sa pensée, qu'une jeunesse qui avait failli pouvait bien faillir encore.

Ils arrivèrent devant une petite maison blanche, très propre.

- "C'est là," dit l'enfant, et il cria : "Maman !"

Une femme se montra, et l'ouvrier cessa brusquement de sourire, car il comprit tout de suite qu'on ne badinait plus avec cette grande fille pâle qui restait sévère sur sa porte, comme pour défendre à un homme le seuil de cette maison où elle avait été déjà trahie par un autre. Intimidé et sa casquette à la main, il balbutia :

- "Tenez, madame, je vous ramène votre petit garçon qui s'était perdu tout près de la rivière."

Mais Simon sauta au cou de sa mère et lui dit en se remettant à pleurer :

- "Non, maman, j'ai voulu me noyer, parce que les autres m'ont battu ... m'ont battu ... parce que je n'ai pas de papa." ... [...]
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[...] ... Soudain, une lourde main s'appuya sur son épaule et une grosse voix lui demanda : "Qu'est-ce qui te fait donc tant de chagrin, mon bonhomme ?"

Simon se retourna. Un grand ouvrier qui avait une barbe et des cheveux noirs tout frisés le regardait d'un air bon. Il répondit avec des larmes plein les yeux et plein la gorge :

- "Ils m'ont battu ... parce que ...je ... je ... n'ai pas ... de papa ... pas de papa.

- Comment," dit l'homme, en souriant, "mais tout le monde en a un."

L'enfant reprit péniblement au milieu des spasmes de son chagrin : "Moi ... moi ... je n'en ai pas."

Alors l'ouvrier devint grave ; il avait reconnu le fils de la Blanchotte, et, quoique nouveau dans le pays, il savait vaguement son histoire.

- "Allons," dit-il, "console-toi, mon garçon, et viens-t'en avec toi chez ta maman. On t'en donnera ... un papa."

Ils se mirent en route, le grand tenant le petit par la main, et l'homme souriait de nouveau, car il n'était pas fâché de voir cette Blanchotte, qui était, contait-on, une des plus belles filles du pays ; et il se disait, peut-être, au fond de sa pensée, qu'une jeunesse qui avait failli pouvait bien faillir encore.

Ils arrivèrent devant une petite maison blanche, très propre.

- "C'est là," dit l'enfant, et il cria : "Maman !"

Une femme se montra, et l'ouvrier cessa brusquement de sourire, car il comprit tout de suite qu'on ne badinait plus avec cette grande fille pâle qui restait sévère sur sa porte, comme pour défendre à un homme le seuil de cette maison où elle avait été déjà trahie par un autre. Intimidé et sa casquette à la main, il balbutia :

- "Tenez, madame, je vous ramène votre petit garçon qui s'était perdu tout près de la rivière."

Mais Simon sauta au cou de sa mère et lui dit en se remettant à pleurer :

- "Non, maman, j'ai voulu me noyer, parce que les autres m'ont battu ... m'ont battu ... parce que je n'ai pas de papa." ... [...]
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- un garçon qui n'a pas de papa
...
Les enfants riaient, très excités ; et ces fils de champs, plus proches des bêtes, éprouvaient ce besoin cruel qui pousse les poules d'une basse-cour à achever l'une d'entre elles aussitôt qu'elle est blessée.
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"Voyons, c'est fini, tais-toi. Il est venu sous un chou comme tous les petits enfants. Tu le sais bien.
- Mais il n'y avait pas de chou dans le wagon ?"
Alors Gontran de Vaulacelles, qui écoutait avec un air sournois, sourit et dit :
"Si, il y avait un chou. Mais il n'y a que M. Le curé qui l'a vu."
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Midi finissait de sonner. La porte de l'école s'ouvrit, et les gamins se précipitèrent en se bousculant pour sortir plus vite. Mais au lieu de se disperser rapidement et de rentrer dîner, comme ils le faisaient chaque jour, ils s'arrêtèrent à quelques pas, se réunirent par groupes et se mirent à chuchoter.
C'est que ce matin-là, Simon, le fils de la Blanchotte, était venu à la classe pour la première fois.
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