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Citations sur Le rosier de Madame Husson et autres nouvelles (21)

Là est son crime: le respect ! C'est un sentiment, messieurs, que nous ne connaissons plus guère aujourd'hui, dont le nom seul semble exister encore et dont toute la puissance a disparu. Il faut entrer dans certaines familles arriérées et modestes pour y retrouver cette tradition sévère, cette religion de la chose ou de l'homme, du sentiment ou de la croyance revêtus d'une caractère sacré, cette foi qui ne supporte ni le doute ni le sourire, ni l'effleurement d'un soupçon. On ne peut être un honnête homme, vraiment un honnête homme, dans toute la force de ce terme, que si on est un respectueux. L'homme qui respecte a les yeux fermés. Il croit. Nous autres, dont les yeux sont grands ouverts sur le monde, qui vivons ici, dans ce palais de la justice qui est l'égout de la société, où viennent échouer toutes les infamies, nous autres qui sommes les confidents de toutes les hontes, les défenseurs dévoués de toutes les gredineries humaines, les soutiens, pour ne pas dire souteneurs, de toutes les drôlesses, depuis les princes jusqu'aux rôdeurs de barrière, nous qui accueillons avec indulgence, avec complaisance, avec bienveillance souriante tous les coupables pour les défendre devant vous, nous qui, si nous aimons vraiment notre métier, mesurons notre sympathie d'avocat à la grandeur du forfait, nous ne pouvons plus avoir l'âme respectueuse. Nous voyons trop ce fleuve de corruption qui va des chefs du Pouvoir aux derniers des gueux, nous savons trop comment tout se passe, comment tout se donne, comment tout se vend. Places, fonctions, honneurs, brutalement en échange de titres et de parts dans les entreprises industrielles, ou plus simplement contre un baiser de femme.
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Il me dit : "Il me faut mille francs pour jeudi. (...) J' te vends ma femme." (...) Je lui demande : "Combien ça que tu me la vends ?" Il réfléchit ou bien il fait semblant. Quand on est bu, on n'est pas clair, et il me répond : "Je te la vends au mètre cube." Moi, ça m'étonne pas, vu que j'étais autant bu que lui, et que le mètre cube ça me connaît dans mon métier. Ça fait mille litres, ça m'allait. Seulement le prix restait à débattre. Tout dépend de la qualité. Je lui dis : "Combien ça, le mètre cube ?" Il me répond : "Deux mille francs." Je fais un saut de lapin, et puis je réfléchis qu'une femme ça doit pas mesurer plus de trois cent litres. J' dis tout de même : "C'est trop cher." Il répond : "J' peux pas à moins. J'y perdrais." Vous comprenez, on n'est pas marchand de cochons pour rien. On connaît son métier. Mais s'il est ficelle, le vendeur de lard, moi je suis fil, vu que j'en vends Ah ! ah ! ah ! Donc je lui dis : "Si elle était neuve, j' dis pas : mais a t'a servi, pas vrai, donc c'est du r'tour. J' t'en donne quinze cents francs l' mètre cube, pas un sou de plus. Ça va-t-il ?" Il répond : "Ça va. Tope là !"
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Un homme qui ne distingue pas une langouste d’un homard, un hareng, cet admirable poisson qui porte en lui toutes les saveurs, tous les arômes de la mer, d’un maquereau ou d’un merlan, et une poire crassane d’une duchesse, est comparable à celui qui confondrait Balzac avec Eugène Sue, une symphonie de Beethoven avec une marche militaire d’un chef de musique de régiment, et l’Apollon du Belvédère avec la statue du général de Blanmont !
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-Prévenu Cornu, vous paraissez être l'investigateur de cette infâme machination. Expliquez-vous !
-Et Cornu à son tour se leva:
-Mon président, j'étions bus.
-Le président répliqua gravement!
-Je le sais. Continuez !
J'y vas. Donc, Brument vint à mon établissement vers les neuf heures, et il se fit servir deux fils-en-dix, et il me dit! " Y en a pour toi, Cornu. " Et je m'assieds vis-à-vis, et je bois, et par politesse, j'en offre un autre. Alors il a réitéré , et moi aussi, si bien que de fil en fil, vers midi, nous étions toisés.
Alors Brument se met à pleurer: ça m'attendrit. Je lui demande ce qu'il a. Il me dit : "il me faut mille francs pour jeudi." Là dessus, je deviens froid, vous comprenez. Et il me propose à brûle tout le foin : "j'te vends ma femme".
J'étais bu et j'suis veuf. Vous comprenez, ça me remue. Je ne la connaissais point, sa femme ; mais une femme, c'est une femme, n'est-ce-pas ?..............................................................

(Une vente)
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La nuit était magnifique, une de ces nuits qui vous font passer dans l'âme des idées grandes et vagues, plutôt des sensations que des pensées, avec des envies d'ouvrir les bras, d'ouvrir les ailes, d'embrasser le ciel, que sais-je ? On croit toujours qu'on va comprendre des choses inconnues.

(Enragée)
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Que vous importe, alors, qu’elle soit mâle ou femelle ! La vertu est éternelle, elle n’a pas de patrie et pas de sexe : elle est la Vertu.
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─ (...) Croyez-vous aux idées dangereuses ?
─ Qu'entendez-vous par là ?
─ Croyez-vous que certaines idées soient aussi dangereuses pour certains esprits que le poison pour le corps ?
─ Mais, oui, peut-être.
─ Certainement. Il y a des idées qui entrent en nous, nous rongent, nous tuent, nous rendent fous, quand nous ne savons pas leur résister. C'est une sorte de phylloxera des âmes. Si nous avons le malheur de laisser une de ces pensées-là se glisser en nous, si nous ne nous apercevons pas dès le début qu'elle est une envahisseuse, une maîtresse, un tyran, qu'elle s'étend heure par heure, jour par jour, qu'elle revient sans cesse, s'installe, chasse toutes nos préoccupations ordinaires, absorbe toute notre attention et change l'optique de notre jugement, nous sommes perdus.
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Tu es donc gourmand ?
Parbleu ! Il n'y a que les imbéciles qui ne soient pas gourmands. On est gourmand comme on est artiste, comme on est instruit, comme on est poète. Le goût, mon cher, c'est un organe délicat, perfectible et respectable comme l’œil et l'oreille. Manquer de goût, c'est être privé d'une faculté exquise, de la faculté de discerner la qualité des aliments, comme on peut être privé de celle de discerner les qualités d'un livre ou d'une œuvre d'art ; c'est être privé d'un sens essentiel, d'une partie de la supériorité humaine ; c'est appartenir à une des innombrables classes d'infirmes, de disgraciés et de sots dont se compose notre race ; c'est avoir la bouche bête, en un mot, comme on a l'esprit bête. Un homme qui ne distingue pas une langouste d'un homard, un hareng, d'un maquereau ou d'un merlan, et une poire crassane d'une duchesse, est comparable à celui qui confondrait Balzac avec Eugène Sue, une symphonie de Beethoven avec une marche militaire d'un chef de musique de régiment...
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Essayez de vous dégager de tout ce qui vous enferme, faites cet effort surhumain de sortir vivant de votre corps, de vos intérêts, de vos pensées, de l'humanité tout entière, pour regarder ailleurs.
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Nous allions le long de la rive, un peu grisés par cette vague exaltation que jettent en nous ces soirs de rêve. Nous aurions voulu accomplir des choses surhumaines, aimer des êtres inconnus, délicieusement poétiques. Nous sentions frémir en nous des extases, des désirs, des aspirations étranges. Et nous nous taisions, pénétrés par la sereine et vivante fraîcheur de la lune qui semble traverser le corps, le pénétrer, baigner l'esprit, le parfumer et le tremper de bonheur.
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