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Hubert Juin (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070369454
216 pages
Gallimard (14/05/1977)
  Existe en édition audio
4.01/5   376 notes
Résumé :
Dans cette œuvre, Maupassant reprend les thèmes de la guerre et de la prostitution qui ont fait son succès. Il reprend également les thèmes du libertinage, prend parfois des aspects macabres et pose des interrogations sur la mort.
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
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Attention ! Chef-d'oeuvre à l'horizon !
Sachez que ce recueil contient, à mon avis, deux ou trois des meilleures nouvelles De Maupassant, toutes catégories confondues (ce qui n'est pas rien).
Tout de suite également, il me faut confesser que toutes les nouvelles du recueil ne sont pas du même niveau.
Mais certaines sont tellement parfaites, tellement fortes et bien senties qu'à elles seules elles méritent de faire hisser le recueil au firmament illusoire des 5 étoiles.
La nouvelle titre, bien qu'excellente, n'est pas de mon point de vue la meilleure du livre ; elle surfe sur la même vague que Boule-De-Suif : contexte de la guerre franco-prussienne, une prostituée s'y montre plus honorable que bien des gens soi-disant plus fréquentables.
Par contre, la succulence, la vraie dynamite de l'ouvrage, est selon moi la nouvelle intitulée Madame Baptiste. C'est l'histoire inqualifiable d'une double peine, d'une fille violée et rejetée de par ce fait. Bref, un récit fort et bouleversant, touchant à la perfection comme peu savent s'en approcher.
Deux Amis est un modèle de construction et d'efficacité, dans le registre des dommages collatéraux de la guerre. Maupassant revisite le thème des humbles et discrets, qui savent se montrer nobles et vaillants dans certaines conditions, un peu comme dans une nouvelle d'un autre recueil, le Père Milon.
La nouvelle À Cheval est plus proche du modèle canonique de l'auteur, c'est-à-dire pas très éloignée de la farce, grinçante, caustique, un brin misanthrope, sur ces gens tous un peu pourris dans le fond, d'une manière ou d'une autre.
Les autres nouvelles (elles sont 18 au total) m'ont laissé un souvenir plus périssable mais demeurent plaisantes.
Dans tous les cas, un recueil incontournable si l'on aime déjà Maupassant, incontournable si l'on souhaite découvrir Maupassant, incontournable si l'on n'aime pas Maupassant car qui peut dire qu'il n'aime pas Maupassant avant d'avoir lu ce recueil ?
Mais ceci n'est que mon avis de Normande égarée, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Pour moi, et ce depuis cinquante ans, Maupassant reste une de mes nourritures littéraire favorites.
Le numérique du domaine public, me permet de retrouver aisément ces nouvelles qui sont autant de joyaux des lettres de notre dix-neuvième siècle.
La voix De Maupassant ne s'est jamais éteinte, qui port un témoignage tellement précieux sur les personnages, us et travers, bourgeois et gens humbles toujours vivants. Récits intemporels, car souvent réactualisés et universels.
Emblématique, la nouvelle-titre de ce recueil concentrerait tout l'art du maître Maupassant pour raconter une histoire qui vous prend et ne vous lâche pas.
Et il me reste tant à lire De Maupassant! Quel bonheur.
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Ce recueil comporte en fait dix-huit nouvelles qui épinglent au passage la société de l'époque à travers les thèmes de prédilection De Maupassant : la prostitution, le libertinage, la relation homme femme, l'occupation de la France par les Prussiens…

« Mademoiselle Fifi » qui est en fait un prussien « le marquis Wilhem d'Eyrik, un tout petit blondin fier et brutal avec les hommes, dur aux vaincus, et violent comme une arme à feu. » qui occupe, avec ses compagnons, le château qu'une famille française a dû fuir. Seul le curé du village fait de la résistance en ne faisant plus sonner son clocher, au grand dam des Prussiens.

« C'était sa manière à lui de protester contre l'invasion, protestation pacifique, protestation du silence, la seule, disait-il, qui convînt au prêtre, homme de douceur et non de sang. »

Tout ce petit monde s'ennuie et tue le temps en se livrant à des exactions, détruisant les meubles, la vaisselle ou les tableaux par jeu macabre : la toute-puissance de l'occupant donc… alors, on décide de faire une soirée légère en allant chercher des femmes.

On retrouve ce thème dans une autre nouvelle : « deux amis », deux hommes, adeptes de la pêche, se retrouvent au bord de la rivière après avoir traversé les lignes. Ils entendent les détonations en provenance du Mont Valérien, se croient en sécurité car ils ne font rien de mal. Ils se font arrêter par les Prussiens, force occupante, et sous couvert d'une accusation gratuite d'espionnage condamnés exécutés pour le simple plaisir de tuer… cette nouvelle fait penser bien-sûr à l'occupation et aux exactions nazies.

Ma préférée est « Madame Baptiste » : enfant, elle a été victime d'abus sexuel par un homme qui a été condamné mais c'est elle que les bien-pensants montrent du doigt et accuse de moeurs légères ; on s'éloigne d'elle comme si elle était contagieuse, on se moque d'elle ouvertement. On retrouve le thème de l'hypocrisie, une fois qu'on a été cloué au pilori, quoi qu'il puisse arriver on sera condamné… hypocrisie de la société mais en premier lieu de l'Église qui lui refuse les derniers sacrements, et donc seules quelques personnes assisteront à l'enterrement.

Dans « le lit », l'auteur nous propose une analyse quasi philosophique du rôle du lit dans la vie des hommes et des femmes. « le lit, mon ami, c'est toute notre vie. C'est là qu'on naît, c'est là qu'on aime, c'est là qu'on meurt… mais c'est aussi là qu'on souffre ! Il est le refuge des malades, un lieu de douleur aux corps épuisés»

Maupassant aborde aussi l'amour, dans « Les mots d'amour », il égratigne au passage une femme qui a l'habitude de dire après l'amour, des mots doux qui ne plaisent pas à son amant (mon gros chien, mon chat ou mon coq ou encore mon gros lapin adoré) qui sont pour lui des tue-l'amour et qu'il en vient à préférer ses silences.

Et bien-sûr quelques scènes sur le couple, le mariage, l'infidélité ou des femmes légères, qui relèvent parfois de la misogynie (cf. « La bûche » ou « La relique ») mais il n'est pas tendre non plus avec les hommes : dans « A cheval », il étrille un homme qui veut parader, se croyant supérieur aux autres, car bien né…

Et encore dans ce recueil, une nouvelle consacrée à la folie, avec « Fou ? », l'histoire d'une homme tellement jaloux qu'il l'est de tout ce qui approche la dame de ses pensées, et même de son cheval !!! est-il vraiment amoureux d'ailleurs, car il passe de l'amour à la haine d'une minute à l'autre.

J'ai lu la plupart des nouvelles De Maupassant, il y a longtemps et j'ai beaucoup de plaisir à les relire, tant l'écriture est belle, fascinante et le ton, tour à tour, lucide, féroce, voire caustique, ou ironique, mais toujours léger.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Une triste petite nouvelle. Mademoiselle Fifi n'est autre qu'un homme, un sous-lieutenant de l'armée prussienne, le marquis Wilhem d'Eyrik. Nous sommes en période de guerre plus précisément de l'occupation de la France par les prussiens.

Voici une petite histoire de résistance qui, certainement, ne peut pas figurer dans l'histoire officielle.

Les quelques militaires prussiens retranchés dans le château d'Uville veulent combler le vide qui les possède. Ils organisent alors une petite fête, comme toujours dans des moments du genre, le besoin de la femme est indispensable.

Heu oui les femmes arrivent. Parmi elles, il y a Rachel, une juive qui n'hésitera pas à exprimer son dédain envers ces prussiens qui clament fièrement leur victoire sur les français, elle n'hésitera pas non plus de donner un coup de couteau mortel à mademoiselle Fifi après qu'il l'ait giflé...

Une petite révolte d'une simple paysanne qui ne fait pas de gros tapage mais qui nous fait comprendre les femmes de caractère, il y 'en a eu à chaque temps et à tous les niveaux!!!
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Un tout petit peu moins emportée au global par ce recueil que certains autres, et pourtant il est truffé de quelques pépites si bien pimentées qu'elles relèvent à merveille l'ensemble de ce plat !

Parmi mes coups de coeur : la sarcastique au possible « Mots d'amour » ou comment expliquer à nous autres femmes amantes combien il serait souvent bienvenu de nous taire ; « Madame Baptiste » ou la narration parfaite d'une douloureuse histoire en quelques pages ; « Un réveillon » où l'on veillera le père Fournet sur un lit de mort bien particulier ; «Mademoiselle Fifi", qui m'a mis horriblement mal à l'aise…

Après les études de moeurs et scènes campagnardes, c'est un nouveau Maupassant que je découvre ici, car derrière nombre de ces nouvelles qui explorent la complexité abyssale des femmes, on sent poindre des accès de brutale folie. Et je ne doute pas qu'il me reste encore de belles et complexes profondeurs à découvrir chez le bonhomme.
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Il fit sa cour, la demanda en mariage et l’épousa. Alors, ayant du toupet, il fit des visites de noce comme si de rien n’était. Quelques personnes les rendirent, d’autres s’abstinrent. Enfin, on commençait à oublier et elle prenait place dans le monde.
Il faut vous dire qu’elle adorait son mari comme un dieu. Songez qu’il lui avait rendu l’honneur, qu’il avait fait rentrer dans la loi commune, qu’il avait bravé, forcé l’opinion, affronté les outrages, accompli, en somme, un acte de courage que bien peu d’hommes accompliraient. Elle avait donc pour lui une passion exaltée et ombrageuse.
Elle devint enceinte, et, quand on apprit sa grossesse, les personnes les plus chatouilleuses lui ouvrirent leur porte, comme si elle eût été définitivement purifiée par la maternité. C’est drôle, mais c’est comme ça…
Tout allait donc pour le mieux, quand nous avons eu, l’autre jour, la fête patronale du pays. Le préfet, entouré de son état-major et des autorités, présidait le concours des orphéons, et il venait de prononcer son discours, lorsque commença la distribution des médailles que son secrétaire particulier, Paul Hamot, remettait à chaque titulaire.
Vous savez que dans ces affaires-là il y a toujours des jalousies et des rivalités qui font perdre la mesure aux gens.
Toutes les dames de la ville étaient là, sur l’estrade.
À son tour s’avança le chef de musique du bourg de Mormillon. La troupe n’avait qu’une médaille de deuxième classe. On ne peut pas en donner de première classe à tout le monde, n’est-ce pas ?
Quand le secrétaire particulier lui remit son emblème, voilà que cet homme le lui jette à la figure en criant : « Tu peux la garder pour Baptiste, ta médaille. Tu lui en dois même une de première classe aussi bien qu’à moi. »
Il y avait là un tas de peuple qui se mit à rire. Le peuple n’est pas charitable ni délicat, et tous les yeux se sont tournés vers cette pauvre dame.
Oh, monsieur, avez-vous jamais vu une femme devenir folle ? — Non. — Eh bien, nous avons assisté à ce spectacle-là !

(MADAME BAPTISTE).
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La pluie tombait à flots, une pluie normande qu’on aurait dit jetée par une main furieuse, une pluie en biais, épaisse comme un rideau, formant une sorte de mur à raies obliques, une pluie cinglante, éclaboussante, noyant tout, une vraie pluie des environs de Rouen, ce pot de chambre de la France. « Mademoiselle Fifi »
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« Voyez-vous, madame, quel que soit l’amour qui les soude l’un à l’autre, l’homme et la femme sont toujours étrangers d’âme, d’intelligence ; ils restent deux belligérants ; ils sont d’une race différente ; il faut qu’il y ait toujours un dompteur et un dompté, un maître et un esclave ; tantôt l’un, tantôt l’autre ; ils ne sont jamais deux égaux. « La bûche »
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Mais, connaît-on jamais les femmes ? Toutes leurs opinions, leurs croyances, leurs idées sont à surprises. Tout cela est plein de détours, de retours, d’imprévu, de raisonnements insaisissables, de logique à rebours, d’entêtement qui semblent définitifs et qui cèdent parce qu’un petit oiseau est venu se poser sur le bord d’une fenêtre.
« La relique »
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LE LIT
« Oh ! comme je ne comprends pas ceux qui achètent des lits nouveaux, des lits sans mémoires. Le mien, le nôtre, si vieux, si usé, et si spacieux, a dû contenir bien des existences, de la naissance au tombeau. Songez-y, mon ami ; songez à tout, revoyez des vies entières entre ces quatre colonnes, sous ce tapis à personnages tendu sur nos têtes, qui a regardé tant de choses. Qu’a-t-il vu depuis trois siècles qu’il est là ?
« Voici une jeune femme étendue. De temps en temps elle pousse un soupir, puis elle gémit ; et les vieux parents l’entourent, et voilà que d’elle sort un petit être miaulant comme un chat, et crispé, tout ridé. C’est un homme qui commence. Elle, la jeune mère, se sent douloureusement joyeuse ; elle étouffe de bonheur à ce premier cri, et tend les bras et suffoque et, autour on pleure avec délices ; car ce petit morceau de créature vivante séparé d’elle, c’est la famille continuée, la prolongation du sang, du cœur et de l’âme des vieux qui regardent, tout tremblants.
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Vidéo de Guy de Maupassant
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