AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,69

sur 3158 notes
Je ne me lasse pas de lire cet auteur que je trouve très moderne. Pierre et Jean raconte l'histoire de deux frères qui n'ont rien en commun, tant sur le plan physique – l'un est brun, l'autre blond – que moral. L'entente n'est déjà pas à son paroxysme et voilà qu'une visite du notaire va faire basculer les valeurs fraternelles : Jean, le cadet, hérite de tous les biens d'un ami de la famille. Pourquoi ? Pierre va se sentir lésé, à juste titre, et va essayer de comprendre la raison de ce legs. Et si le donateur, blond comme Jean, était en fait le père de ce dernier ?

Maupassant n'a pas son pareil pour décrire la vie et ses affres. de plus, il a un style qui ne vieillit pas. Pierre et Jean pourraient être deux personnes du XXIe siècle puisque rien n'a changé. On remarque que les ressorts dramatiques qui cassent les liens, qui désunissent les familles, sont les mêmes qu'aujourd'hui.
Lien : https://promenadesculturelle..
Commenter  J’apprécie          1182
1888, c'est l'année où Zola publie « le rêve »… Zola, pour beaucoup la référence de cette époque. Mais c'est également l'année où Guy de Maupassant publie « Pierre et Jean », son quatrième roman ; un petit roman écrit d'une traite durant l'été 1887…
Quel rapport, me direz-vous ? A part l'amitié qui lie les deux hommes, rien sans doute… Quoique… Si Zola place l'essentiel de ses « Rougon Macquart » dans le sud et à Paris, Maupassant place ses romans mais aussi ses nombreuses nouvelles en Haute Normandie, à l'époque, en Seine Inférieure ; mais la préoccupation est bien la même : décrire le monde qui les entoure avec un certain réalisme.
Dans « Pierre et Jean », nous sommes au Havre, à la fin du XIX ème siècle chez les Roland, père, mère, fils, fils… Les deux fils embrasseront, l'un la carrière d'avocat, Jean, le blond, le posé, et l'autre, Pierre, le brun, l'exalté, celle de médecin.
Tout irait pour le mieux si un ancien client de la bijouterie familiale, Léon Maréchal, ne décédait brusquement en léguant sa fortune à Jean. Une sourde rivalité s'installe entre les deux frères, puis le doute…

« Pierre et Jean », une oeuvre naturaliste, non seulement par l'intrigue sur fond d'hérédité légitime ou adultérine et les problèmes d'argent de la petite bourgeoisie provinciale, mais aussi et surtout par le cadre du roman : la Normandie portuaire : ses jetées, ses cafés... Ses marins…

Un superbe roman précédé d'une préface où l'auteur définit à son idée le roman, le roman réaliste, et le romancier…Un superbe roman, et probablement un de mes préférés de cette époque si riche par ailleurs.
Commenter  J’apprécie          910
Longue nouvelle ou court roman ? Qu'elle qu'en soit la forme pour moi, soit dit en passant, à soixante-cinq ans, c'est mon premier Maupassant.
Et c'est de la BAL… Comprenez que je l'ai trouvé dans une Boite A Livres.
C'est « de la balle », ça ne se dit plus depuis 2000. Et Maupassant se lit-il encore en 2021 ?
Si vous aimez les histoires toujours contemporaines avec des mots d'autrefois, pourquoi pas !
Je me suis remémoré avec nostalgie les demandes de ma grand-mère à serrer le pain dans la huche alors qu'aujourd'hui on se contente de le remettre dans le sachet…Ce pain a-t-il le même gout du coup ?
Et que dire de ces idées misogynes étalées à longueur de pages, dépassées comme une trottinette électrique dépasserait une charrette asthmatique, ont-elles raison d'être aujourd'hui ?
Et pourtant, les non-dits et les faux-semblants, c'est ce que fait exploser Maupassant avec des mots galants et pour cela il fera s'affronter Pierre et Jean. Par contre, les faits sont bien d'actualité, on ne peut le nier. Pourquoi un seul héritier ?
Je suis tout de même resté scotché par la fluidité des phrases et la facilité déconcertante à énoncer des pensées complexes et les faire paraitre aussi claires et pétillantes que des bulles de champagne.
Pardonnez-moi, mais pour conclure, je pense que les idées reçues ont la peau dure.
Lorsque j'étais adolescent, Maupassant c'était pour les filles à la vanille comme Jules Verne l'était pour les garçons.
Je les ai presque tous englouti, ce qui m'a ravi mais foin de « Bel-ami ».
Moralité, il n'y a que le vécu qui élargit les idées et la vieillesse qui rend la peau molle.

Commenter  J’apprécie          7117
Quelle merveille inattendue! Pierre et Jean était destinée à être une courte lecture entre deux monstres, mais ça a finalement été une très bonne découverte.
L'intrigue, assez simple, nous amène dans les méandres psychologiques de Pierre, jeune homme diplômé de médecine, qui voit son frère cadet hériter d'une grosse fortune suite à la mort d'un vieil ami de ses parents.
Pourquoi Jean est-il l'unique héritier de cet homme célibataire endurci? Pourquoi lui, Pierre, le premier que cet homme a connu et aimé, ne lui a t-il rien légué? Et pourquoi ses parents et Jean semblent-ils trouver cet héritage normal alors qu'il est suspect pour ses amis? Quel atroce secret de famille cache cet héritage?

Comme toujours, l'écriture est incisive et belle. On suit les tourments du pauvre Pierre, jeune homme sanguin si différent de son frère, plus sensible et doux. Les descriptions du port du Havre et de la mer sont magnifiques de retenue, on entend le bruit des vagues contre la coque des bateaux, on aperçoit la lumière brumeuse du phare dans la nuit silencieuse.
Je n'ai jamais autant aimé Maupassant.
Commenter  J’apprécie          688
Un beau livre! Une petite histoire menée d'une bonne main de maitre de notre cher Maupassant que ce soit du point de vue du récit que ce soit du point de la structure. On se laisse emporter par les phrases, les mots qui subissent l'influence des troubles de chaque personnage, aussi on le constate, seul le père Roland qui, par simple naïveté, se trouve en marge du secret qui affecte l'affection de deux frères Pierre et Jean, un secret qui s'apprête à tuer la mère Roland...

En effet, un ancien ami du couple Roland, Mr. Marechal meurt et laisse une part de son héritage au deuxième fils du couple qui est Jean. Dans un premier temps, la nouvelle égaie la famille, après un moment, le premier fils, Pierre semble troubler sur le choix de cet ancien ami de leurs parents. Plusieurs questions fulminent en lui, des questions auxquelles le vieux Marowsko essaiera d'éclaircir en lui disant: « Ça ne fera pas un bon effet. » car il aurait souhaité que le Maréchal ait laissé l'héritage aux deux enfants plutôt qu'à un seul. de même que la bonne de brasserie lui répond:« Eh bien, il a de la chance, ton frère, d'avoir des amis de cette espèce-là ! Vrai, ça n'est pas étonnant qu'il te ressemble si peu ! », de cet avis, Pierre a commencé a mené des investigations sur sa ressemblance avec son frère...heu oui il se rend compte qu'il est brun et que Jean est blond comme le monsieur Marechal...peu à peu on découvre le secret du grand amour de la mère Roland...

Commenter  J’apprécie          600
Deux frères que tout sépare - le physique comme le caractère - et qui se jalousent en secret sans pour autant se détester : Pierre, un médecin de trente ans, et Jean, un avocat de cinq ans son cadet. Une rivalité constante mais relativement paisible, tempérée par leurs parents et une vie familiale bourgeoise et ordonnée, oppose depuis l'enfance Pierre, le violent, le rancunier, à son cadet d'un commerce plus agréable et plus doux.

Un héritage inattendu et vécu par Pierre comme une incompréhensible injustice fait soudain basculer cet équilibre précaire : pour quelles obscures raisons M. Maréchal, un vieil ami de la famille récemment décédé, laisse-t-il à Jean - et à lui seul - la totalité de ses biens, un legs considérable, une véritable fortune ? le choc est rude pour Pierre qui n'en ressent d'abord qu'une “pesanteur d'âme”, “un petit point douloureux”, “quelque chose comme une graine de chagrin” - avant que ne se déverse en lui toute la haine et toute la rancune de son tempérament naturellement violent et soupçonneux… Un déferlement, un cataclysme, qui emportera tout sur son passage.

"Pierre et Jean" fait partie des romans dits “réalistes” De Maupassant qui s'attache ici à décrire au plus près la réalité des émotions, des situations et des paysages : réalités de la jalousie et de la haine - et de leurs mécanismes ; réalités cachées sous les masques trompeurs de la petite-bourgeoisie un peu trop lisse et des familles un peu trop sages ; réalités enfin d'une ville - Le Havre - retranscrite dans toute la vérité de son effervescence portuaire, de son paysage urbain, de sa campagne normande et de sa vie provinciale.

L'art De Maupassant se déploie ici à plein, qui sait rendre à merveille les ressorts psychologiques de personnages aux sentiments palpables, hauts en couleurs et parfaitement incarnés, les émotions cachées et les secrets coupables, et l'écriture superbement maîtrisée De Maupassant ajoute encore au plaisir de lecture de ce roman qui compte - au même titre que “Bel-Ami” - au nombre de ses chefs d'oeuvre. Un grand texte et un grand classique, absolument indémodable, et une référence de la littérature française.

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
[Challenge solidaire 2019 - Des classiques contre l'illettrisme]
[Challenge Hommage à NOTRE-DAME de PARIS]
Commenter  J’apprécie          559
Pierre et Jean sont deux frères qui ont grandi dans une famille de la bourgeoisie normande. Ils habitent désormais au Havre.
Le père, M. Roland, ancien bijoutier parisien, voue un amour inconditionnel pour la mer, la pêche en bateau et c'est cette passion qui a amené la famille a déménager pour s'établir sur ces côtes normandes si belles et si apaisantes.
Pierre et Jean, ce sont deux prénoms qui sonnent comme l'enfance insouciante, désinvolte, une fratrie qui a grandi au sein d'une famille aimante et protectrice.
Le temps s'écoule ainsi, dans une sorte de joie affable, un peu innocente, protégée des tracas du monde.
Le bonheur est là dans l'amour naissant entre Jean le cadet et Mme Rosémilly jeune veuve de vingt-trois ans, voisine des Roland.
Guy de Maupassant n'a pas son pareil pour décrire de belles scènes familiales et champêtres dans une manière réaliste, des repas qui s'éternisent, une partie de pêche en mer, au loin les paquebots qui frôlent l'horizon tandis que des bateaux de pêche longent la jetée, regagnent le port, les soutes pleines de poissons. Tel un peintre impressionniste, l'auteur procède par petites touches savamment dosées et nous enchante dans un récit qui démarre comme la légèreté bucolique d'un pique-nique en pleine campagne.
La mère est heureuse, riante, sensible aux attentions les plus simples, appréciant à sa juste valeur ce bonheur potache qui ne fait de mal à personne et qui dégringole comme un soleil venu du ciel sur une clairière…
Qu'importe si le père n'a pas inventé le fil à couper le beurre, est un peu balourd surtout à la fin des repas, le digestif aidant…
C'est ainsi que nous nous attachons à ces personnages ordinaires, posés dans ce paysage qui habille désormais leur univers.
Deux frères, c'est la complicité, la différence et l'altérité… Ici Pierre et Jean sont différents autant que peut l'être le jour et la nuit. Jean est blond, tandis que Pierre est brun, mais la différence ne se limite pas aux frontières du physique. Leurs caractères également sont différents et peut-être aussi ce qui sommeille dans le tréfonds de leur âme. Ils ont cependant en commun l'ambition d'avoir réussi leur rêve professionnel. Pierre est médecin et Jean s'apprête à se lancer dans une carrière d'avocat…
Guy de Maupassant en veut-il au bonheur des familles heureuses ? Voici que dans sa palette de couleurs il vient jeter une petite ombre, comme cela, presque insignifiante. Elle pourrait d'ailleurs prendre la couleur du bonheur, prolonger cette joie qui existe déjà et qui coule comme un long fleuve tranquille… Un jour, la famille Roland reçoit la visite du notaire pour les informer d'une bonne nouvelle : Léon Maréchal, un très bon ami de la famille perdu de vue depuis leur départ au Havre, vient de décéder et lègue tout son argent à … Jean. Jean oui, le cadet… Pourquoi Jean et pourquoi pas Pierre l'ainé, celui que Léon Maréchal, l'ami de la famille prenait sur ses genoux avant la naissance de Jean ? Pourquoi Jean et pourquoi pas les deux frères tant qu'à faire ?
Pourtant, les parents ne voient le mal nulle part et au contraire, accueille l'événement comme un signe supplémentaire qui vient se conjuguer à leur bonheur. Pour eux, toutes les planètes semblent alignées et la perspective d'un mariage à venir s'invite alors sous les meilleures auspices.
Sous les aspects anodins d'une bonne nouvelle, cette annonce va se transformer pourtant peu à peu en élément perturbateur… Je vous laisse imaginer tout ce qui passe par la tête du frère ainé et forcément la différence physique, la blondeur de Jean devient suspecte…
La rivalité fraternelle qui couvait sans doute, insidieusement, se découvre petit à petit entre les deux frères, comme une évidence…
Peintre des paysages et des personnages, cet héritage, cet argent qui tombe du ciel, va révéler bien des choses dans les caractères bon enfants des membres de cette famille unie, bien sous tous rapports. C'est comme si brusquement la mer s'était mise à s'agiter, la terre peut-être a alors tremblé, le trou normand fait des vagues. Les familles heureuses ont-elles aussi des secrets de famille qu'il serait honteux de révéler ?
C'est un roman en trompe-l'oeil, à chaque page je me demandais où l'auteur m'entraînait. Il faut toujours se méfier de l'eau paisible, de la Normandie sereine où Emma Bovary imagina elle aussi la courbe fugitive d'un bonheur éperdu que le destin infâme transforma en cauchemar fatal. La force du roman tient à son ambiguïté sans cesse renouvelée comme la vague qui se jette sur le rivage. Il n'est sans doute pas anodin de voir dans le paysage océanique qui berce, qui tangue, qui bouscule aussi ce roman, un élément majeur dans la dramaturgie du récit qui va, grandissante. Cependant, il est traversé aussi par la lumière éblouissante d'un fils pour sa mère.
J'ai été admiratif de l'écriture De Maupassant, qui, sans effet, vient tranquillement déployer pas à pas son histoire de manière magistrale, dans le dédale des encombrements du hasard et de la futilité des jours lisses. C'est grandiose.
La violence enfouie d'un drame familial se dessine alors, creusant ses chemins comme des galeries souterraines.
C'est un récit réaliste de la métamorphose, comme un paysage qui se transforme sous nos yeux, en nous laissant à chaque page le soin d'être apprivoisé par un doute léger, qui grandit, tremble en nous, qu'on efface de temps en temps d'un revers de main.
C'est fin, c'est cruel, c'est du grand art, c'est l'abîme qui s'ouvre, égratignant au passage l'image de la sacrosainte famille et il n'y a sans doute pas de hasard si Maupassant figure dans mon panthéon littéraire parmi mes écrivains préférés du XIXème siècle.
XIXème siècle, certes mais Maupassant est intemporel dans sa manière de nous offrir ce texte si moderne par bien des aspects. Famille, je vous aime !
Commenter  J’apprécie          5423
Sous la plume De Maupassant, l'histoire la plus banale devient un chef d'oeuvre.
Un héritage, un adultère et de la jalousie, les ingrédients sont là et on ne peut pas dire que ce soit très original.
Des personnages écorchés, fouillés et très recherché font de ce court récit un livre riche et captivant. Les deux frères, Pierre et Jean, sont unis par des liens distendus, une relation alimentée par la jalousie s'est éveillée entre eux au fil des années.
Bien sûr, Maupassant, c'est pour la plupart d'entre nous une vieille connaissance et cependant chaque rencontre est un plaisir toujours aussi vif, comme un ami qui fait partie de nous et nous accompagne fidèlement.
Il se laisse oublier pour pouvoir revenir avec plus de force.

Commenter  J’apprécie          540
Guy de Maupassant est surtout célèbre pour ses nouvelles si bien ciselées, si percutantes. Il n'a écrit que très peu de romans et "Pierre et Jean" est l'un de ceux-ci. L'action comme très souvent se déroule en Normandie. Pierre et Jean ce sont deux frères qui vont être séparés par un terrible secret de famille. La tragédie n'est pas loin... L'histoire est forte. le texte magnifiquement bien rédigé. Et Guy de Maupassant fin psychologue dépeint merveilleusement bien les protagonistes. Un grand livre De Maupassant. Un excellent roman moderne pour l'époque où régnait une bourgeoisie pudibonde.
Lien : http://araucaria20six.fr/
Commenter  J’apprécie          500
Si Maupassant est plus connu pour ses nouvelles que pour ses romans, il n'en demeure pas moins vrai que ces derniers sont tout aussi délectables que ces premières.

Ainsi en est-il de "Pierre et Jean", le roman de la confrontation et de la compétition fraternelles, du contraste entre la faveur et la malchance, d'où découle une étude très fine des limites entre amour et haine, entre fierté et jalousie.

J'ai retrouvé dans "Pierre et Jean" une forme adoucie du naturalisme de Zola et d'ailleurs, ce roman vaut déjà la peine d'être lu pour l'avant-propos dans lequel Maupassant disserte avec brio sur l'art d'écrire un roman et sur la nature du genre roman, un régal.

Naturaliste, rude mais juste, "Pierre et Jean" est aussi une ode à la vie et à la tolérance, au respect des chemins et des choix individuels. Pas de jugements moraux bien que le récit s'y prête mais un souci du réalisme qui ramène chaque être à ses propres faiblesses.

Du bel ouvrage.


Challenge MULTI-DÉFIS 2019
Challenge XIXème siècle 2019
challenge NOTRE-DAME de Paris
Commenter  J’apprécie          440





Lecteurs (13311) Voir plus



Quiz Voir plus

Pierre et Jean

Où se passe le début de l'histoire ?

Saint-Tropez
Normandie
Havre
Picardie

5 questions
203 lecteurs ont répondu
Thème : Pierre et Jean de Guy de MaupassantCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..