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EAN : 9782923682587
Les Allusifs (19/04/2017)
3.78/5   16 notes
Résumé :
Simon ne vit que pour le temps qu’il consacre à l’écriture et au vélo. À la mort de son chien, ses repères s’effritent, et lentement remonte à la surface le souvenir de Béatrice, sa sœur depuis longtemps disparue et dont il était autrefois si proche. Convaincu qu’elle se trouve encore quelque part, il décide de retrouver sa trace et de refermer le cercle d’injustice créé autour d’elle. Il trompe l’ennui d’un été caniculaire en reconstituant le vénéneux récit familia... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Si l'écriture d'un premier roman est souvent le reflet de l'âme de celui qui s'exprime, Élie Maure met en valeur dans ce livre non seulement la richesse de son style et la qualité de sa plume, promesse je l'espère de nombreux autres romans à venir, mais une sensibilité de coeur si juste que je ne peux m'empêcher de penser à cette phrase de Fernando Pessoa:
"L'homme doué d'une sensibilité juste et d'une raison droite, s'il se préoccupe du mal et de l'injustice dans le monde, cherche tout naturellement à les corriger d'abord dans ce qui le touche de plus près : c'est-à-dire en lui-même. Cette tâche l'occupera durant sa vie entière."
Le Livre de l'intranquillité.
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Je sors -presque à l'instant- de cette lecture bouleversée.
Elie Maure nous livre une histoire poignante, qu'elle construit et exprime de manière à ce qu'elle nous percute et nous investisse avec force.

Simon, le narrateur, âgé de la cinquantaine, mène sa vie comme un adolescent attardé et incapable d'attachement. Chercheur à l'université de Montréal, il est célibataire et sans enfants. Passionné de vélo, il ponctue son temps libre de longues balades forestières, et de ses tentatives pour coucher sur le papier les réminiscences d'une enfance qui, depuis quelque temps, le taraudent. Il le fait de manière décousue, mêlant souvenirs et présent. Les épisodes du passé sont entrecoupés de l'expression de la peine immense qu'a suscité la mort, récente, de son chien Berlin. Sous son ton mélancolique, égrenant l'absence d'événements de son existence morne, perce l'expression d'une détresse sourde, diffuse, sans doute d'autant plus douloureuse qu'il ne parvient à en cibler l'origine précise.

Cette ignorance qui lui pèse, et l'empêche de se structurer, l'amène à entamer une enquête familiale, dans le but plus ou moins conscient de traquer d'anciennes fêlures dont il a jusqu'alors occulté le souvenir. Cette enquête tourne d'abord autour de son père, homme au tempérament dominateur et aventureux, dont les accès de violence avaient instauré une distance craintive entre ses fils -Simon a deux frères- et lui. Il se focalise ensuite sur la recherche de sa soeur Béatrice, dont il a été très proche, avant que son départ au pensionnant à l'âge de douze ans, le coupe de sa famille, qu'il ne reverra que de manière sporadique. La dernière fois qu'il a vu Béatrice, c'était à l'enterrement de leur père, qu'elle avait loyalement accompagné dans sa longue agonie. le père et la fille avaient toujours entretenu une relation privilégiée...

Le témoignage de Simon laisse deviner les manquements de cette famille dysfonctionnelle, portée par des parents qui, malgré des caractères divergents -la mère affichait l'aigreur et la hargne d'une dépression permanente- avaient comme point commun de traîner le lourd bagage de traumatismes enfantins, évoqués à demi-mots au détour d'une allusion... les liens du narrateur avec ses frères sont eux-mêmes distendus, et il a coupé les ponts avec sa mère.

Ayant fait savoir à sa soeur, par l'intermédiaire d'une amie commune, qu'il aimerait la revoir, Béatrice lui répond par des lettres, dans lesquelles elle aussi revient sur leur passé. Elle y évoque notamment leurs années d'enfance en Algérie, où le père avait demandé à enseigner, leur triste retour dans un Québec froid et grisâtre, la détresse de son adolescence solitaire, révélant la face obscure de ces souvenirs, qu'elle entache d'une vérité crue et déchirante.

L'auteur oppose ainsi le début du récit où Simon, envahi d'une sorte de passivité angoissée, d'incapacité à vivre, tourne autour d'un mal sur lequel il ne parvient pas à mettre le doigt, à l'intensité violemment perturbante d'une seconde partie que le lecteur reçoit comme une claque magistrale en pleine face. Elie Maure y exprime avec une éloquence à peine supportable une souffrance intime, destructrice, met en exergue les sentiments dévastateurs et contradictoires que génèrent les relations toxiques entre membres d'une même famille.

A lire !
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Entre mensonges et non-dits, Elie Maure nous retrace l'histoire d'une famille désunie et brisée dont les membres, abîmés par la vie, sont seuls et malheureux.
A la lecture des lettres de sa soeur, Simon comprend un certain nombre de choses et replace des souvenirs épars dans leur contexte. Son mal de vivre devient plus que palpable. On le ressent, on le vit au travers de son histoire. Les informations reçues, aussi dures soient-elles, vont lui permettre de se reconstruire et d'envisager l'avenir sous un autre angle.
Avec un sujet sensible, presque dérangeant, Elie Maure nous explique les conséquences désastreuses de certains actes sur la vie des enfants, qui deviendront des adultes meurtris tout au long de leur vie.
Un premier roman qui aborde un thème fort avec une écriture dense, profonde et humaine.
Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Magnifique plume de l'auteure! Difficile de s' arrêter.
Chargé, puissant, presque insoutenable...
Je l'ai terminé parce qu'il y a une vie derrière. Une vraie vie. Et c'est ça qui est dramatique.
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Une claque
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Mère avalisait la fable selon laquelle nous avions grandi dans un cocon. A la vérité, mère ne nous a jamais laissé pleurer car cela exaspérait père. C'est ce genre d'affabulations qui, répétées à satiété, construit une enfance qui n'a jamais existé et sur laquelle, toute notre vie, nous essayons d'accorder des sentiments de colère et d'injustice alors qu'on nous a fait croire à un conte de fées.
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Dans ma famille, nous appartenions à des castes différentes, la caste des enfants et celle des parents formaient une société rigde dans laquelle nous ne savions pas que nous étions malheureux ou qu'il aurait pu en être autrement. Il en était ainsi.
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Quand les gens parlent de leur livre préféré, ils l'ont souvent lu dans leur jeunesse; ont-ils cessé de lire depuis?
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Quand nous sommes partis, elle s' est adressé à mes amis du haut des marches et leur a lancé: "Son père était une très bonne personne! " Je n'ai pas pu m'empêcher de tressaillir et je me suis demandé de quel homme elle parlait.
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