Je ne peux pas ramener ma mère à la vie. Je suis même incapable de tenir la promesse que j’ai faite à sa mémoire de ne plus jamais utiliser mon pouvoir.
La culpabilité enserre mon corps, se glisse sous ma peau, sape mon énergie, anéantit mon espoir.
Pourtant, je refuse de céder. Je ne peux pas me complaire dans mon malheur. Sauver des vies est le seul moyen dont je dispose pour racheter une fraction du mal que j’ai fait.
Mes muscles sont si fatigués que j’ai l’impression que c’est moi qu’on a liquidée, cet après-midi, et non ce pauvre garçon. Mon cerveau, lui, fonctionne à la vitesse grand V. Je sais que j’ai besoin de dormir ; pourtant, je ne crois pas que je réussirais à fermer l’œil, même si je trouvais le temps de m’allonger.
Or, le temps me manque.
J’ai la nostalgie de la frange blonde qui, autrefois, tombait sur son front et s’arrêtait juste au-dessus de ses yeux. Malgré ses cheveux courts, Cal est indéniablement séduisant. Il se tourne, et la lumière qui filtre par la fenêtre se reflète sur son visage. J’ai très envie de toucher les poils sur sa mâchoire anguleuse.
Cette nuit, j’ai accompli une bonne action. J’ai sauvé une jeune fille et je lui ai donné une chance de vivre en sécurité à l’Extérieur. Combien faudra-t-il que j’en sauve encore pour racheter mon passé ?
Je n’aurai pas assez de toute une vie pour réparer le mal que j’ai fait.
Il veut que je les infiltre et que je les trahisse. Je ne prête aucune foi aux raisons que M. Belando a invoquées pour me choisir comme espionne, et jamais je ne ferai ce qu’il attend de moi, mais ce n’est pas comme s’il m’avait donné le choix.