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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le Désert de l'Amour, de François Mauriac, n'a rien de révolutionnaire. Roman de bonne facture certes, bien écrit, bien construit, mais dans son thème comme dans son style, il assez en phase avec la moraline de son époque : enflé dans ses transports et chaste dans ce qui cause ces emportements. Ou pour le dire autrement, plus que le désert, c'est la “sécheresse de l'amour”. Ce roman est donc plutôt sec, drame sérieux - et uniquement sérieux, loin des Machado de Assis ou Italo Svevo qui savent que le tragique a besoin du comique - Mauriac utilise une palette bien plus restreinte et son mélo est, peut-être, un chouïa excessif.

Alors sans doute faut-il chercher du côté de la vie du Prix Nobel français de Littérature, afin de mieux comprendre en quoi la douleur de la relation père-fils dans le roman, comme l'impression d'être passé à coté l'un de l'autre, sans s'être véritablement jamais connu, est aussi biographique chez cet orphelin de père que fut l'écrivain et académicien bordelais.

Du côté de la biographie à nouveau chez celui qui écrit à propos de son jeune protagoniste : “au seuil de notre jeunesse, les jeux sont faits rien ne va plus ; peut-être sont ils fait depuis l'enfance : telle inclination, enfouie dans notre chair avant qu'elle fût née, a grandi comme nous, s'est combinée dans la pureté de notre adolescence, et, lorsque nous avons atteint l'âge d'homme, a fleuri brusquement sa monstrueuse fleur.” Cela parait ma foi quelque peu ténébreux rapporté au personnage, mais pour Mauriac, dont l'homosexualité resta toujours sinon coupable du moins discrète (malgré son désir toujours contenu, comme Julien Green, André Gide ou Marcel Proust, de l'écrire enfin) cela fait davantage sens, de même que de parler des têtes féminines que Raymond Courrèges aurait fait tourner et d'ajouter à la liste, en tapinois, “ce camarade entré au séminaire”…

“A quoi sert-il d'être encore jeune ? On peut être encore aimé certes, mais on ne choisit plus.” Roman catholique, portrait critique de la bourgeoisie girondine, Mauriac dépeint un chassé croisé amoureux tout en retenue. Certes, l'auteur semble prendre parti contre la rumeur sotte, la médisance crasse mais in fine, surement comme un avertissement contre ses propres tendances, tous ses personnages semblent puni d'avoir tenté de s'extraire de ce même conformisme que pourtant il dénonce. Ainsi François préfère les regrets aux remords… “j'ai rêvé mes débauches moi…cela vaut-il mieux que de les vivre ?”

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D'entrée, on apprend qu'il s'agit d'une vengeance à assouvir : Raymond Courrèges à l'encontre de Maria Cross. Mais pourquoi donc ?
Assis dans un petit bar, Raymond qui a trente sept ans, aperçoit Maria Cross. Il se remémore. Retour vers le passé…
C'est alors qu'il était en terminale qu'il a fait sa rencontre dans le tramway du retour, un soir d'autrefois. Peu à peu Maria est tombée sous le charme de ce garçon qui lui ne souhaita pas s'en laisser conter et vit là seulement une conquête potentielle. le visage de Raymond obséda Maria qui, torturée par la passion, ne sut si elle devait l'assouvir. Pour elle, il n'était qu'un enfant inoffensif. Incommunicabilité des consciences. Incompréhension annonçant un désastre.
L'auteur va nous présenter une famille bordelaise en nous mettant en lumière ses mesquineries, ses complicités et tous ses travers. Mille intrigues se nouent dans cette maison où des haines féroces se sont tissées au fil des ans.
« À vivre ainsi pressés les uns contre les autres, les membres d'une même famille ont à la fois le goût de ne pas se confier et celui de surprendre les secrets du voisin. Chacun prétendait connaître à fond tous les autres et demeurer seul indéchiffrable. »
Belle ambiance !

On retrouve dans ce superbe roman les thèmes chers à Mauriac : l'amour passion dévorante et la notion omniprésente de péché. La chair symbolise le péché.
Mauriac disait de son roman qu'il était celui du renoncement.

Ce roman a été publié la première fois en 1925, faut-il qu'il soit brillant pour susciter encore de nombreux commentaires !!!
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Voilà bien longtemps que je n'avais pas lu une oeuvre de François Mauriac.
Dans le désert de l'amour je retrouve les caractéristiques de l'écriture de Mauriac , les thèmes dominants de son oeuvre, le tragique de la vie, l'atmosphère et l'empreinte pesante et empesée de la bourgeoisie provinciale, ( celle de Bordeaux que Mauriac connait bien pour y être né) .
Ce roman (1925) est celui de l'incommunicabilité , de la solitude, de la vacuité de la vie quand l'amour n'est pas au rendez-vous.
Raymond Courrèges (prénom d'un des frères de F. Mauriac) , 35 ans, retrouve, par hasard, à Paris, dans une boîte de jazz, dix-sept ans après, Maria Cross, une femme entretenue qui l'a éconduit en l'humiliant alors qu'il était lycéen en classe de philosophie et qu'il vivait dans la banlieue bordelaise. (Talence) (Une de ses lectures : Aphrodite, ce roman libertin et sulfureux , lu par la jeunesse intellectuelle de cette époque)
Incompréhensibilité entre Raymond Courrères, jeune adolescent et son père Paul (Un des deux prénoms du père de F. Mauriac) , médecin dévoué, époux de Lucie, née Boulassier d'Elbeuf (c'est dire !) , indicibilité entre les époux, entre les autres membres de la famille, Madeleine, la fille , le gendre, Gaston , toute cette communauté parentale, ces générations différentes cohabitant sans beaucoup d'intimité , dans une grande maison.
Mais surtout attitude incompréhensible de Maria Cross qui ne peut s'assumer seule et qui préfère subir le statut de « poule », entretenue par Larouselle. Cette femme de 27 ans, dont le père et le fils vont tomber passionnément amoureux. Pour les deux, amour dévorant, humiliant, fardeau terrible pesant sur leur destinée .
Une passion stérile qui rendra tour à tour , le père et le fils malheureux, et qui fera de Raymond un gougeât, celui qui va « mépriser tout ce qui ne lui semble pas objet de possession », un homme dominateur ne recherchant que le goût de la satisfaction immédiate.
Maria Cross a finalement épousé l'homme qui l'entretenait et qui la trompe ouvertement, sans complexe. Une femme qui n'a pas voulu s'assumer.
Pourtant, des retrouvailles inopinées permettront enfin au fils et au père de se revoir après un si long silence, se retrouver, pour ne plus jamais se rencontrer .


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J'ai trouvé ce livre plus ampoulé, moins fluide que “Le mystère Frontenac” lu quelques temps auparavant. Il est souvent sentencieux - on pourrait d'ailleurs y piocher une multitude de citations. L'écriture est raide. François Mauriac appuie lourdement sur ce qui sépare les protagonistes :

“Le désert qui sépare les classes comme il sépare les êtres.” (62)
“Ce fils d'une autre race puisqu'il est d'un autre sexe.”

Le contexte social paraît dépassé, désuet, le texte a vieilli. le roman se lit pourtant facilement et avec plaisir car le caractère des personnages est précis, mis en valeur sans lourdeur. le docteur est finement campé dans sa vie à moitié vécue, à moitié rêvée. L'esprit de famille qui est en fait esprit de conservation, la vie sociale qui ne laisse que peu de possibilités à la vie intérieure de s'exprimer, ressortent avec force. Chacun est face à son néant.
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Apres un debut difficile,je me suis laissee envahir par cette tres belle histoire d'amour,de coincidence(malsaine).Qu'il est parfois difficile de communiquer entre un pere tres occupe par son travail et un fils qui devient un homme!Mais combien il est heureux et chaleureux de se retrouver apres plusierurs annees d'absence!
Dans cette histoire,ce pere et ce fils sont attires par la meme femme et ont vecu a leur maniere chacun la meme passion,sans que jamais ils ne s'en apercoivent,sans jamais oser se l'avouer
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P est éperdu d'amour pour M mais n'ose pas le lui avouer.
M pense que P est un raseur.
P voudrait rendre L. heureuse mais L. l'énerve.
L aime P mais ne sait pas le lui montrer.
M a un petit coup de coeur pour R.
R tombe amoureux de M mais M l'humilie.
V est fou de M mais pense d'abord à B.
Une affligeante ronde de personnages incapables de communiquer, de se parler avec sincérité, d'être honnêtes avec eux-mêmes.
Tous tournent comme des planètes autour de la mystérieuse et infréquentable M, dont la personnalité semble complexe au début, puis qui chute de son piédestal (au sens propre comme au figuré).
Là encore, en nous parlant de la solitude de chacun face à l'amour, des mensonges et des non-dits, Mauriac traite un thème qui résonne encore un siècle plus tard.
Il le fait habilement en organisant une rencontre 20 ans après les faits, rencontre qui dénoue les rancunes, mais laisse chacun tout aussi seul qu'au début…
Certains passages sont magnifiques (impossible de prendre le tramway à Bordeaux sans y songer je suis sûre). Toutefois j'ai trouvé cette troisième lecture de Mauriac un peu moins percutante que les deux premières, peut-être parce qu'il y introduit un personnage extérieur au cadre familial.
Challenge Nobel
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Le poids d'un amour importun dans une société pétrie de convention : l'auteur nous entraîne dans le quotidien d'un médecin renommé, qui, pendant un temps, a meublé sa vie des visites platoniques qu'il faisait à Maria, une femme mise à l'écart, pour cause d'adultère.
Impensable pour lui de s'y adonner.
Pourtant, la puissance de son amour malheureux le ronge de l'intérieur. Sa famille, dont il ne peut s'écarter, ne lui donne qu'une affection lointaine à laquelle il se sent incapable de répondre. Il y trouve malgré tout une douceur inextinguible à laquelle il s'accrochera pour s'éloigner de cette passion.

Finalement, c'est son fils, qui sans le savoir, va lui offrir une porte de sortie. Lui aussi, à l'insu de sa famille, a éprouvé un sentiment pour cette même femme. L'occasion inespérée pour le père et pour le fils de se comprendre, de partager, de s'aimer, peut-être.
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Ce roman de Mauriac porte bien son nom, l'amour (en tant que don de soi) est peu présent dans ce livre, à part peut-être dans l'amour de Maria pour son petit garçon décédé ou celui du docteur Courrèges pour son fils Raymond. Par contre , l'amour sous forme d'attraction, d'obsession, de passions volages, et même de fidélité conjugale frustrée (chez la mère de Raymond) sont bien présentes, mais toutes sont stériles et n'apportent que rage et frustration.

C'est un roman à l'écriture impeccable et chaque tourment des différents personnages est magnifiquement rendu par Mauriac. Et les tourments sont nombreux, toujours empreints de ces scrupules religieux et du qu'en dira-t-on chers à Mauriac (et à son époque). Ici, une jeune veuve mère de famille, Maria Cross, se voit obligée de devenir la maîtresse d'un nouveau riche de province pour subvenir à ses besoins. le docteur Courrèges qui la soigne et qui a soigné son petit garçon avant qu'il ne décède de maladie, tombe fou amoureux d'elle (platoniquement) et se ronge de scrupules, tandis que Maria le trouve for ennuyeux. Quant à l'épouse du docteur, elle est aigrie et ne se gêne pas pour critiquer ces « drôlesses », ces « femmes de mauvaise vie ».
Entretemps, le fils Courrèges, Raymond, devient lycéen et fait la rencontre de Maria Cross. A partir de là, l'intrigue du roman se met en place et cette triste situation ne fera qu'empirer. L'expérience malheureuse de Raymond avec Maria le marquera pour la vie et sera la source de son attitude future avec les femmes.

L'histoire est extrêmement bien construite mais les personnages me sont restés tous antipathiques. Ils sont tourmentés, égoïstes, enfermés dans des codes ou des jeux de rôle et de manipulation des autres. Il n'y en pas un pour racheter les autres. Cependant, et même si je n'y adhère pas totalement, j'ai trouvé intéressante l'idée développée dans le roman que les personnes que nous rencontrons au cours de notre vie nous marquent de façon indélébile et que nos actes futurs dépendent de nos expériences passées.


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Un roman écrit il y a presque un siècle et qui, à sa manière, n'a pas une ride. L'écriture est très belle, sans doute surannée, sans jamais pour autant perdre sa force. Dans un bar, Raymond Courrèges croise le regard de Maria Cross, ce qui réveille de vieux souvenirs, un blessure jamais cicatrisée qui a conditionné sa vie. Un duel muet, presque inconscient entre un père et un fils pour une même femme qu'ils ne possèderont jamais, l'un parce qu'il est trop vieux et ne suscite aucun désir, l'autre parce qu'il est adolescent et encore mal dégrossi. Un père, un fils, deux humiliations, deux rêves brisés dans le cadre carcéral de la bourgeoisie provinciale. Mauriac décrit magnifiquement la solitude et la détresse qu'elle engendre, les dégâts de la frustration de vies qui ne seront jamais vécues et comment les humiliations éprouvées à l'adolescence peuvent abîmer la vie d'un homme. Mais en creux, de manière contrariée, sans le soutien des mots, il exprime aussi ce que peut être l'attachement entre un père et un fils et la manière dont le second sans peut-être se l'avouer aime et protège le premier. Finalement, c'est un grand livre sur l'incommunicabilité qui n'interdit pas pour autant les sentiments.
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Un pere et un fils qui tombent amoureux de la me femme: le triangle amoureux recomposé à la sauce familiale version Mauriac: un roman enraciné dans le terroir, noir a souhait et une analyse tres fine des ames humaines: bref un superbe roman que j'en suis sur vous allez adorer !
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