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Critique de mfrance


Qu'en est-il donc de ce "mystère" ?
Serait-ce une chose inaccessible à la raison humaine, de l'ordre du surnaturel, ce qui est obscur, caché, inconnu, incompréhensible, selon la définition de Larousse ?
Ou plutôt de manière plus mystique, une vérité connue des seuls initiés, et en l'occurrence ici ces liens invisibles qui réunissent les membres de la famille.
Ainsi, comme le dit Mauriac "tout se passait, chez les Frontenac, comme s'il y avait eu communication entre l'amour des frères et celui de la mère, ou comme si ces deux amours avaient eu une source unique."

Cette famille Frontenac apparaît donc comme une entité, soudée autour de la veuve Blanche Frontenac, l'épouse de Michel, l'aîné de la famille, décédé très jeune.
Autour d'elle gravitent les cinq enfants et l'oncle Xavier, ce dernier consacrant son existence à Blanche et à ses neveux et nièces, et refusant de se marier, tout en entretenant une relation secrète.
C'est cela le mystère Frontenac. Cette alchimie familiale, d'où tout étranger est totalement exclu.

Chez ces gens là, il s'agit d'agir dans l'intérêt de la famille. Qu'importe le bonheur ! non, c'est le devoir seul qui compte et la notion de bien commun. La pieuse Blanche et le rigoureux Xavier en sont les garants. Et les cinq enfants sont censés s'y plier sans rechigner.
L'aîné Jean-Louis, sera le premier à s'incliner et, tout brillant lycéen qu'il soit, renoncera à la philosophie
afin de prendre les rênes de l'entreprise familiale de bois merrains.

Entre la maison de Bordeaux et le domaine landais de Bourideys, la famille mène une existence d'un quotidien navrant de banalité.
Alors que dans ses autres ouvrages, Mauriac manifeste son rejet, voire sa haine envers son milieu, cette bourgeoisie bordelaise, si imbue de sa prétendue supériorité, en créant des personnages outranciers, aux passions exacerbées, il ne s'agit ici que d'un ronronnement familial soigneusement orchestré par la mère et l'oncle.
Seul Yves, le plus jeune des enfants, le poète, va échapper, mais pour combien de temps, à cette existence trop bien rangée en s'installant à Paris, pour y mener une carrière littéraire ou une existence quelque peu dépravée ?

Ce roman de par ses personnages et sa structure apparaît comme une évocation plus ou moins fidèle de l'enfance et la jeunesse de la fratrie de François Mauriac. Mauriac lui-même étant représenté sous les traits de Yves, le jeune poète, plein de tendresse pour sa mère et de nostalgie pour le domaine qui a enchanté son enfance.
Comme d'habitude chez lui, tout cela est exprimé de manière éblouissante, mais il y manque la vigueur des oeuvres magistrales que sont pour moi Génitrix, le noeud de vipères, Thérèse Desqueyroux ou encore le sagouin, entre autres chefs d'oeuvre.
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