Pour Louis, Soixante-huit ans, avocat, «
le vent du soir viens de se lever » comme l'aurait dit
Jean d'Ormesson ; la fin est proche. Aussi s'emploie-t-il à rédiger une lettre destinée sa femme Isabelle qui lui survivra. Il n'en doute pas.
Autour de lui, cette famille détestée dans laquelle il ne voit que cupidité : sa fortune accumulée serait leur seule raison de vivre. Une fortune importante que lui, Louis aimerait tant transmettre à Robert, son fils illégitime établi à Paris.
Las ! Isabelle mourra avant lui, et la lettre qui lui était destinée deviendra confession ; la confession d'un homme dévoré par la haine.
Dans ce court roman paru entre les deux guerres (1932) nous décrit cette bourgeoisie Bordelaise comme il l'a fait précédemment dans «
le baiser au lépreux » et « Thérèse d'Esqueyroux », entre autres… Une bourgeoisie provinciale « près de ses sous » ; une bourgeoisie provinciale noire, cupide, haineuse.
Et Louis ? « Vous ne pouvez imaginer ce supplice : ne rien avoir eu de la vie et ne rien attendre de la mort. », confesse-t-il. Qui sait, si la vie s'était mieux comportée avec lui, s'il n'aurait pas été capable d'amour… Lui qui vécut auprès d'une femme qui n'a épousé que son argent… Une fille, Marie, décédée à 10 ans…
Même si en tant que vieil avare, Louis n'est pas « défendable », il faut tout le talent de
François Mauriac – et il est grand − pour nous faire lui trouver quelques circonstances atténuantes.
De temps à autre, c'est un régal de se replonger dans une prose de la qualité de celle de
François Mauriac ; un peu désuète, certes, mais tellement en accord avec le cadre décrit les personnages et les événements décrits…
«
le noeud de vipères » un texte, un des chefs-d'oeuvre de la littérature du XX ème siècle.