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EAN : 9782082130028
515 pages
Flammarion (15/07/1993)
4.09/5   11 notes
Résumé :
Le second volet des Mémoires de François Mauriac marque la poursuite et l'aboutissement de son projet autobiographique : il y revient sur ses convictions religieuses, laisse resurgir des souvenirs de jeunesse, affirme sa foi dans l'homme et, plus que tout, exprime son amour de la littérature. Dans ce texte d'une grande finesse, sa vie intérieure et ses lectures s'entrelacent jusqu'à se confondre, pour accomplir, dans une prose brillante, la difficile tâche de se rac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ces nouveaux mémoires sont, comme les premiers, d'une grande beauté. Ici, toutefois, Mauriac renonce à évoquer ses lectures pour méditer plus à loisir sur sa famille, ses racines, son attitude devant la mort. Ces méditations m'enchantent : elles sont comme une musique douce, qui invite à la sérénité.
L'auteur s'interroge aussi sur sa foi, et jamais ne perd de vue la présence de Dieu. Ses ancêtres font également l'objet de réflexions plus sociales, non dénuées de sévérité. Sans hésitation, je place Mauriac dans mon panthéon des prosateurs du XXème siècle.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Fuir... Mais les chasseurs d'images ne me lâchaient pas. Toujours en avant-garde, ils surent atteindre sans moi cette forêt de la grande lande, à trente kilomètres de Malagar et où, dans le parc redevenu sauvage de Johanet, les pins de mes vacances d'enfant survivent encore. Quand je les eus rejoints, ce fut pour donner raison à leurs intuitions : oui, c'était bien ce chêne-là qui était sacré pour nous ; j'appuie ma joue sur l'écorce à l'endroit où je posais mes lèvres, le dernier matin d'octobre, avant la rentrée. Oui, c'était bien l'Ile mystérieuse que je lisais dans cette édition d'Hetzel et que je lirai encore sur l'image qu'ils viennent de fixer.
Botté de caoutchouc, le photographe ne craignit pas d'entrer dans le lit de ce ruisseau, la Hure, plus sacré encore pour nous que ne l'était le Chêne. Sans craindre de déranger quelque dieu inconnu, il foulait le sable immaculé que ride un courant éternel, celui qui entraînait, croyais-je, vers la mer, nos bateaux frêles, taillés dans une écorce de pin.
Le cours du temps que les chasseurs d'images ont eu l'illusion de remonter continue de rouler autour de moi ; il entraîne ce que la pellicule a fixé : ces reflets d'un petit monde détruit depuis tant d'années, entre des millions d'autres petits mondes ; le pouvoir de résurrection que possède un écrivain pourrait s'appliquer à toutes les vies si, comme je le crois, il existe autant de paradis perdus qu'il y a eu d'enfances.
Peut-être l'art n'est-il qu'une tentative prométhéenne de fixer ce qui, par un décret des puissances suprêmes, doit être entraîné et anéanti. Peut-être ce que Baudelaire croyait être le plus haut témoignage que nous puissions donner de notre dignité, apparaît-il au contraire à l'Etre infini comme un effort dérisoire pour contrecarrer ses desseins. L'oubli est la loi inéluctable contre laquelle désespérément nous nous insurgeons, écrivains, musiciens, peintres, chasseurs d'images. A l'endroit où, botté de caoutchouc, le photographe était entré dans le lit de la Hure, aucune trace n'a subsisté de son passage d'un instant. Le sable est aussi pur entre les longues mousses que fait bouger à peine le courant qui murmurait déjà au temps du prince Noir et qui ne s'arrêtera jamais de couler. Tout est là encore sous mon regard de ce que la pellicule a fixé, et rien n'en demeure puisque, lointains ou proches, les instants sont toujours ce qui n'est plus
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J'admire que des générations aient tremblé devant les morts. O revenants, pourquoi ne revenez-vous jamais ? La première nuit de ces vacances de Pâques, j'ai entendu frapper des coups réguliers à l'une des fenêtres du corridor. Je me suis souvenu que dans mon enfance la maison passait pour hantée. Quelque insecte ou quelque oiseau était pris sans doute entre le contrevent et la vitre. J'ai préféré imaginer qu'un signe m'était donné (sans y croire, bien sûr !) Jamais rien n'est parvenu jusqu'à moi de cette rive dont j'approche. Il ne s'est jamais rien passé dans ma vie que j'aie pu interpréter comme un appel.
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Si mourir était retourner au néant, nous aurions tort d'assimiler la mort au sommeil : le réveil me délivre d'une vie illusoire, mais tout de même d'une vie. Mon expérience sur ce point ne rejoint pas celle de Proust. Il est revenu bien souvent sur cette angoisse de ses réveils, surtout dans les chambres qui ne lui étaient pas familières, où la réalité ne coïncidait plus avec ses souvenirs. A peine émergé de la nuit, il ignorait où il se trouvait et qui il était : le sommeil avait fait de lui un être sans mémoire, tout entier ramené à la sensation brute d'exister. Pour moi, au contraire, c'est être rassuré, c'est rentrer dans un monde ami et dont je me crois le maître, c'est échapper à des mirages qui me possédaient et contre lesquels je me sentais sans pouvoir.
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Le beau temps est un préjugé de la jeunesse. Pour le vieil homme, le temps ne saurait plus être beau ni mauvais, il est le temps dont la trame lui paraît sans prix, qu'elle soit pénétrée de rayons ou ténébreuse : chaque fil en reste précieux. Le moindre visage disparu que notre mémoire y projette suffirait à nous le rendre cher. Mais même sans aucune figure projetée et sans que les morts y apparaissent, il garde à nos yeux cette gloire d'être le temps des hommes, notre temps à nous, celui dans lequel le destin que nous aurons vécu parmi des millions d'autres, s'est inscrit.
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Un abîme va nous engloutir. Qu'y a-t-il au delà des espaces ? Quelle est cette lumière que les yeux mortels ne reflètent pas ? Les êtres que j'ai aimés périssables, les reconnaîtrai-je incorruptibles ? Ceux que j'ai aimés éphémères, que nous seront-ils au sein de leur éternité ? Cet amour enfin possédé, quelle part laissera-t-il à ce que nous appelions amour quand nous aimions ? La tendresse humaine n'est-elle pas liée au pauvre corps, au cœur de chair, à cette dépouille sitôt dévorée ?
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Philippe Dazet-Brun vous présente son ouvrage "François Mauriac : L'inguérissable jeunesse" aux éditions Memoring.
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