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sur 2804 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Thérèse Desqueyroux, femme immorale incontestablement, on a du mal à vouloir la défendre et pourtant on voudrait pouvoir la comprendre. L'hypocrisie sociale et familiale du milieu qu'elle occupe lui refusant la liberté de mouvements et surtout le droit d'aimer l'aura menée à l'irréparable, voulant fuir la cage dorée qui s'est dressée autour d'elle, un des barreaux devait inexorablement céder pour qu'elle accède à sa propre existence.
Aurait elle dû rentrer dans le rang comme la plupart de ses congénères et sacrifier ses espérances ou choisir l'acte suicidaire, tout comme Anna Karénine ? Il est des êtres qui préfèrent atteindre à l'anéantissement de l'autre, celui qui érige les frontières infranchissables de leur vie. Heureusement pour la société, les monstres tout comme les héros ne sont pas légion, la société peut régner.

Ce livre m'intriguait par sa renommée et son sujet. J'ai découvert l'écriture de François Mauriac atypique et rythmée entre les pensées et les dialogues qui viennent à se chevaucher donnant du rythme au texte. L'utilisation du style métaphorique permet un vocabulaire poétique et romanesque. A relire pour le plaisir du genre assurément.
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Persuadé de ne pas avoir lu « Thérèse Desqueyroux », découvert au format poche dans un des nombreux vide-grenier de l'été, je me lance. Très vite des images me reviennent… Non pas de Thérèse, mais du « décor » : ces évocations de la lande, des pins après la pluie, me parlent…
Sans doute une lecture recommandée en classe, trop tôt, de ce grand bouquin, d'un auteur important…

Thérèse, sur le chemin du retour du tribunal de Bordeaux où vient d'être prononcé un non-lieu dans l'affaire qui l'accusait de tentative d'empoisonnement sur la personne de Bernard, son mari, suite au témoignage à décharge de celui-ci ; les intérêts politiques et/ou familiaux des uns et des autres n'étant pas compatibles avec une condamnation.
Nous voilà plongés dans une histoire de riche famille provinciale comme il a dû y en avoir des quantités à l'époque où François Mauriac situe l'action… Enfin, l'action… Ou l'inaction plutôt, dans la mesure où la première partie du livre se situe sur le retour du tribunal et nous plonge dans les pensées de Thérèse : comment présenter à Bernard, son mari, ce qui ne pourra être qu'une confession ; tout le monde la sait coupable… Inaction toujours alors que son mari la séquestre, par vengeance.
Vient se greffer dans cette histoire une sombre histoire de mariage arrangé concernant la propre soeur de Bernard ; une histoire édifiante sur les pratiques de l'entre-deux guerres en province : la terre, la terre…

Au final, c'est toujours pour moi une grande joie de me plonger dans cette prose classique et tellement évocatrice d'images, de sons et d'odeurs de la pinède après (ou pendant) la pluie. Ajoutons à cela l'étude minutieuse d'une personnalité peu commune comme celle de Thérèse, ou trop commune comme celle de Bernard… Un petit livre qui ne se lit pas aussi vite qu'on pourrait le croire tant il est dense…
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L'histoire est célèbre : Thérèse Desqueyroux, qui a tenté d'empoisonner son mari Bernard, bénéficie d'un non-lieu après que ce dernier a déposé en faveur de son épouse. Pas par amour – non, il n'y a pas d'amour entre eux – mais par peur du qu'en-dira-t-on. Et Thérèse se retrouve prise au piège de son crime, du regard des autres, de son mariage, de ses souvenirs et de sa vie. Elle est considérée comme un monstre car son crime n'a même rien de « passionnel ». Il a été commis par une femme froide et indifférente, de façon tout aussi froide et indifférente.

Tout au long de la route qui la ramènera auprès de son mari à Argelouse dans le sud-ouest de la France, nous assistons à l'introspection de la jeune femme qui prend le temps de faire défiler sa vie – toujours aussi froidement – pour comprendre ce qui l'a menée à commettre ce crime. Et elle reste invariablement bloquée devant une phrase : « Je l'ai épousé parce que… ». Mais non, elle ne le sait pas. Tout ce qu'elle sait, tout ce qu'on comprend, c'est qu'elle n'est pas heureuse, qu'elle n'aime pas sa vie d'épouse et de mère et qu'elle s'ennuie, un peu comme la Bovary. Ce qui rend le personnage de Thérèse Desqueyroux aussi complexe, c'est qu'il y a bien d'autres personnes malheureuses, ennuyées, qui ne se sentent pas à leur place. Mais très peu se tournent vers le crime, et froidement qui plus est. D'ailleurs, la mort est omniprésente dans ce court roman, tout comme l'odeur des chrysanthèmes…

Du fait de son anticonformisme et de son côté « monstrueux », Thérèse Desqueyroux est un personnage fascinant et ce roman éponyme l'est tout autant. Les nombreux passages introspectifs sont très intéressants et permettent d'appréhender cette personnalité atypique. Après avoir tourné la dernière page, je me suis quand même dit que j'aurais bien aimé savoir ce qu'est devenue cette jeune femme après avoir été « abandonnée » par Mauriac sur ce trottoir parisien…
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Au sortir du procès pour tentative d'assassinat sur son époux, pour lequel elle a obtenu un non-lieu grâce au témoignage de la victime, Thérèse Desqueyroux rentre chez elle. « le cauchemar dissipé, de quoi parleront-ils ce soir, Bernard et Thérèse ? » (p. 29) Dans le train qui la ramène chez elle, à Argelouse, elle se remémore les conditions et raisons de son geste, ses errances et ses dégoûts. Ce voyage à rebours des souvenirs l'entraîne dans des passés plus ou moins proches et dans un présent imminent, aux allures de sentence, celle que la justice n'a pas rendue. Thérèse, désormais, ne connaîtra que sa chambre et les bois de pins. le reste de la maison lui est interdit.
Si Bernard Desqueyroux n'a pas voulu accabler son épouse, c'est avant tout pour sauver les apparences et préserver leur enfant, Marie. Cette enfant, Thérèse n'en voulait pas. « Elle avait compté les mois jusqu'à cette naissance ; elle aurait voulu connaître un Dieu pour obtenir de lui que cette créature inconnue, toute mêlée encore à ses entrailles, ne se manifestât jamais. » (p. 70) Dure et froide, Thérèse peut sembler sans coeur, mais elle bout en fait de passion contenue, passion qui ne peut pas s'exprimer à Argelouse. « Argelouse est réellement une extrémité de la terre, un de ces lieux au-delà desquels il est impossible d'avancer. » (p. 39)
Et puis il y a Anne, la petite-soeur de Bernard et l'amie d'enfance de Thérèse. La jeune fille se toque de Jean Azévédo, un homme dont les Desqueyroux ne veulent pas. de voir cette jeune femme, presqu'une enfant, connaître l'amour qu'elle n'a jamais approché, Thérèse mesure toute la vacuité de son mariage et tout l'ennui que lui cause son époux. Se débarrasser de lui semble si facile : « elle s'est engouffrée dans le crime béant ; elle a été aspirée par le crime. » (p. 99) La fin de l'histoire de Thérèse Desqueyroux n'en est pas vraiment une, c'est plutôt la banale continuité d'une existence morne.
François Mauriac s'est inspiré d'un fait divers pour créer le personnage de Thérèse. Cette femme à l'étroit dans un mariage sans saveur, plus passionnée pour la soeur de son époux que pour l'époux lui-même, est de la trempe des nouvelles héroïnes, celles qui puisent leur courage dans les bas-fonds. Contrairement à une Thérèse Raquin que sa victime venait hanter, Thérèse Desqueyroux n'a pas de remords. Elle trouve la justification de son geste dans le grand désarroi qu'est sa vie et dans le fossé où sont tombées ses aspirations.
Sous la plume de Mauriac, on croit lire un long article judiciaire. Dans un exposé tissé de souvenirs et de réflexions, il décortique le vrai crime de cette épouse provinciale. Elle n'est pas coupable d'avoir attenté à la vie de son mari, elle est coupable de ne pas s'accommoder d'une existence convoitée par beaucoup. Elle est coupable d'avoir osé ce que tant ne savent pas accomplir.
Si j'ai eu de la sympathie pour cette meurtrière inachevée ? Beaucoup ! Se débattre dans une vie étriquée comme elle l'ose, c'est méritant et courageux. Son geste, certes extrême, témoigne d'une passion dont manquent tant d'héroïnes modernes.

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Petit, mais costaud, j'ai envie de dire ! Un livre qui happe, qui prend, et qu'on a du mal à laisser de côté... L'écriture atypique, rythmée, entre descriptions justifiées et dialogues vifs et intelligents, la lecture est vraiment intéressante. Des personnages forts, marquants, qu'on aime et déteste à la fois... Une psychologie très présente, développée, malgré le peu de pages... Une très belle découverte, que je ne regrette absolument pas d'avoir lu !!! Il faut cependant se remettre dans le contexte de l'époque, parce que sinon, on peut sentir que le texte a quelque peu mal vieillit... Mais si on se laisse aller, se transposant dans le temps et l'espace de ce bouquin, c'est une lecture très addictive...
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Je découvre sur le tard « Thérèse Desqueyroux » et je suis extrêmement troublée par ce livre.

Troublée de retrouver mes sensations de lycéenne face à une de ces lectures « difficiles » d'auteurs du début du XXème au programme, qui m'ont presque tous à l'époque donné du mal : Proust, Malraux, Gide

Troublée face à ce style très travaillé, assez indirect, tout en allusions, dans lequel il est difficile de s'appuyer sur des repères solides.

Troublée par cette femme, Thérèse Desqueyroux, personnalité d'une profondeur si difficile à sonder. Femme brillante et non conventionnelle, emmurée dans une vie maritale sans horizon, sans espoir d'élévation intellectuelle, émotionnelle ou spirituelle, enfermée dans la maison landaise d'une belle-famille balzacienne (front bas, obsession patrimoniale, ligne de vie guidée par les convenances), même la pluie qui tombe sur la lande fait barreau, Thérèse Desqueyroux va tenter d'assassiner son mari. Ce n'est pas un crime passionnel, mais un empoisonnement muri, réfléchi, répété.

Troublée parce qu'il est difficile d'interpréter ce geste, dont je me suis demandé s'il tenait de l'exorcisme, du divertissement pascalien, de la tentative d'évasion ou de la vengeance, ou de tout cela à la fois.

Un trouble qui se poursuit après avoir refermé le livre sur l'acuité et le désespoir du regard de cette femme.
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Je suis partagée entre la nausée que m'inspire ces milieux petits-bourgeois provinciaux français d'avant 90 - des relents d'escales de vacances - et la force de ce récit très noir.
Dans ce roman, court heureusement, on étouffe, on s'asphyxie auprès de ces êtres qui ne semblent pas vivre, fats, hypocrites, vides, et que seul le regard des autres, le qu'en dira-t-on préoccupe.
Thérèse, la jeune Thérèse, là-dedans, parce qu'elle a été élevée ainsi, épouse l'un d'eux sans trop y réfléchir, elle qui a le malheur d'être intelligente et curieuse dans un milieu qui ne l'est pas. Ce n'est que lorsque son amie - une amitié plus nécessaire que choisie pour pallier à la solitude -, une fille pourtant très ordinaire loin de la vivacité de Thérèse, donc lorsque celle-ci s'éprend passionnément d'un homme qui ne lui est pas destinée, que Thérèse prend la mesure de la médiocrité de son mariage, des ses sentiments, en un mot: de sa vie.
La force de ce roman réside en partie dans le fait que Thérèse n'est pas seule, loin de là. Des filles, des femmes comme elle, j'en ai connu quelques-unes au cours de ma vie, des femmes d'une autre génération c'est vrai, peut-être les choses changent-elles enfin. Une sorte d'Emma Bovary, que seul le rêve, même s'il ne tiendra pas, peut apaiser un moment. C'est d'une dureté implacable, tellement déprimant...
Les personnages, tous autant qu'ils sont, sont détestables, Thérèse y compris, bien que ce soit à elle qu'on s'attache forcément. Je n'ai pas vu le film adapté par Claude Miller mais j'ai beaucoup de mal à me représenter Audrey Tautou dans ce rôle tout comme cette image en couverture où une larme noire coule sur sa joue me semble déjà trop empreinte d'émotion pour que j'y reconnaisse une Thérèse au-delà de la souffrance.
Un roman que je ne veux plus toucher, fini.
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"Ce n'est pas la ville de pierres que je chéris, ni les conférences, ni les musées, c'est la forêt vivante qui s'y agite, et que creusent des passions plus forcenées qu'aucune tempête. le gémissement des pins d'Argelouse, la nuit, n'était émouvant que parce qu'on l'eût dit humain" (p 148) . Bilan dressé par Thérèse Larroque épouse Desqueyroux quand elle se retrouve enfin libre ....
En ces années 1930 , dans les familles aisées, riches de leurs pinèdes landaises, les mariages sont la plupart du temps des mariages "économiques.Quel sort attend toutes ces jeunes filles ? Celui de rentrer dans une famille bien sous tout rapport , d'y apporter leur dot et leurs biens, d'élever leurs enfants et de respecter la Famille . Mais voilà quand Thérèse découvre que son mariage ne lui apporte rien , qu'il la condamne à vivre comme elle ne le souhaite pas, que le mot solitude est omniprésent à son esprit ..... de là à envisager de passer à l'acte et d'assassiner son époux ...
Inspiré par une histoire vraie, François Mauriac nous décrit un univers provincial étriqué où toutes ces jeunes femmes s'étiolent, en mal d'amour, en mal de reconnaissance et emprisonnées à vie dans des vies insipides ..
Un roman court mais d'une intensité inouïe , une femme qui crie au fond d'une prison de bienséance, une femme qui veut pouvoir vivre pleinement , vivre jusqu'au bout désirs et aspirations sexuelles ou non qu'importe .Un portrait qui ne peut laisser indifférent et qu'il importe de remettre dans son contexte historique et sociologique pour l' appréhender au mieux. Magistral ...
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Thérèse Desqueyroux évoque les conséquences que peuvent avoir les mariages arrangés. On se situe au début du XXème siècle, au sein de la bourgeoisie bordelaise et Thérèse, qui aspire à d'autres rêves, est contrainte d'épouser un homme qu'on lui impose pour des raisons financières.
Elle ne parvient pas à trouver le bonheur aux côtés de son époux Bernard et rejette le conformisme qui règne au sein de ce monde bourgeois, à tel point qu'elle commet l'irréparable.
Qu'est-ce l'a conduite à tenter d'empoisonner son mari ? C'est avec un flash-back que Thérèse se remémore son enfance, son adolescence et enfin ses fiançailles avec Bernard et leur mariage. A travers ce parcours, Mauriac ne cherche pas d'excuses mais il expose les faits et le cheminement psychologique de Thérèse qui l'ont poussée à tuer son mari.

Ce roman n'est autre que le récit d'une femme qui n'est pas comblée, qui subit son mariage alors qu'elle rêve d'indépendance. Une solution pour s'en sortir : tuer son mari. Une oeuvre qui retrace les souffrances d'une femme qui ne peut pas se contenter d'une vie bien rangée. Un classique poignant et qui se lit facilement.
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Bon une chose est sûre, il ne fait pas bon s'appeler Thérèse dans la littérature. Entre Thérèse Raquin et Thérèse Desqueyroux il existe un instinct meurtrier indéniable même si Mauriac semble quand même plus complaisant avec son héroïne. Ici pas de crime passionnel, pas de culpabilité mais un profond désespoir, un sentiment de gâchis de la vie.

Thérèse n'a pas connu sa mère morte en couches, son père est plus intéressé par sa carrière politique que par le bonheur de sa fille. Les conventions en vigueur à l'époque l'a fait épouser un riche propriétaire terrien Bernard Desqueyroux. Au début elle est plutôt satisfaite de cette perspective, cela lui permettra de se rapprocher de son amie Anne avec laquelle elle éprouve des sentiments ambigus mais très vite Thérèse déchante, son mariage ampute sa liberté et l'acte charnel devient un supplice. Sa jalousie envers Anne qui ressent un amour véritable lui est insupportable et elle est prête à tout pour ruiner les espérances de son amie. Même la naissance de sa fille ne lui apporte aucun réconfort.
Thérèse Desqueyroux est un personnage étrange, insondable. On comprend qu'elle puisse être blessée par une sexualité décevante, que son quotidien dans la société provinciale l'étouffe et qu'elle soit désireuse de liberté et qu'elle souffre d'une solitude indicible, mais en même temps elle ne sait pas pourquoi elle a agit ainsi, elle n'a pas de motivations rationnelles. C'est un bien curieux portrait de femme que nous décrit @Mauriac.

Les descriptions des paysages et des odeurs des forêts de pin sont magistrales. L'écriture est concise et précise mais je suis sorti du roman un peu déboussolé ne sachant que penser de Thérèse Desqueyroux.


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