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EAN : 9782070417537
720 pages
Gallimard (04/04/2001)
3.46/5   450 notes
Résumé :
En 2013, le monde est en flammes, rongé par les nationalismes, les apprentis sorciers, les marchands d'armes, les nouvelles guerres, les mafias, les sectes...
Le mercenaire érudit Hugo Cornelius Toorop doit convoyer à Montréal une jeune fille, Marie Zorn. Pour cet aventurier qui a survécu à la guerre de Bosnie, la mission parait simple. Il ignore cependant que le corps de Marie Zorn est une arme biologique puissante et que la jeune fille est schizophrène.
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,46

sur 450 notes
Je gardais de Maurice G. Dantec le souvenir d'un de ses passages dans l'émission du samedi soir d'Ardisson en 2005 , un petit peu bizarre, un petit côté sulfureux, comme Ardisson adore les invités, pour faire le buzz.

En cherchant un livre avec Babylone dans le titre que je n'ai pas retrouvé, je suis tombé sur le Babylon babies de Dantec. Les livres prennent parfois des chemins tortueux pour arriver à nous, mais, en reliant mon souvenir et ma recherche infructueuse, je me suis dit que la sérendipité avait peut-être fait son ouvrage (oui j'ai des actions chez Larousse, faut que je les fasse bosser).

Malheureusement, le résultat n'a pas été celui escompté. Sans me considérer comme un spécialiste de science-fiction, je connais certains classiques (Asimov, Wells, Huxley, Barjavel) et je sais bien que les auteurs s'arrangent toujours pour rendre le côté scientifique suffisamment sérieux et obscur pour que l'étiquette science ne soit pas usurpée. Et c'est le cas ici, avec des développements parfois ardus sur le cerveau ou les techniques de hacking informatique. Mais quand vous cumulez cette complexité avec un contexte géopolitique complexe, un style parfois ampoulé notamment quand on passe un certains temps à l'évocation de la couleur précise des ciels et des conditions météorologiques (sujets qui semblent des obsessions de l'auteur...), on a du mal à accrocher.

Et pourtant l'intrigue ne manque pas d'intérêt. le livre date de 1999... et le futur est celui de 2014. Cette proximité d'avenir qui est pour nous devenu du passé est vraiment intéressante, notamment concernant les questions politiques. Mais les différentes strates de complexité évoquées précédemment ne peuvent que noyer et diluer l'intérêt parfois entretenu.

De même, j'ai plutôt tendance à apprécier quand la narration se joue de la chronologie et nous perd dans certains retours vers le passé ou des sauts en avant... Mais vous imaginez ce que ça peut donner avec ce genre d'histoires... On a parfois à peine le temps de s'installer dans des moments d'actions plutôt bien brossés... qu'on se retrouve avec une nature morte de ciel canadien, enchainé avec un retour en arrière vers le contexte sibéro-chinois, pour aboutir à une digression sur le parallèle entre système nerveux et réseau de télcommunications... Venez me chercher, je crois que je suis coincé dans l'hyperespace.

J'ai cru comprendre que ce livre prenait place dans une série de livres, même s'il peut parfaitement se lire seul (si, si, on dirait pas en lisant ma critique, mais si, si...). Et apparemment, en lisant certains avis, Dantec aurait réussi à simplifier ici son style... Ayant parfois quelques côtés masochistolittéraires (j'ai quand même lu l'Ulysse de Joyce, j'ai du niveau !), je me laisserais donc peut-être tenter par le tome précédent... pas tout de suite, il faudra d'abord que je retrouve mes esprits avec quelques lectures moins nébuleuses (damned, je suis contagié par l'obsession du ciel).

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Toorop, un mercenaire des temps modernes qui a participé à tous les conflits des dernières décennies, est chargé par la mafia sibérienne de transporter un « colis » à Montréal. le colis en question étant une jeune femme, Marie, qui transporte quelque chose d'extrêmement important aux yeux des clients, et qui, accessoirement, est schizophrène.

De tout le roman, le point le plus réussi est l'ambiance cyberpunk créée par l'auteur : l'intrigue se déroule dans un futur pas très lointain, les organes limités sont remplacés par des gadgets électroniques, les intelligences artificielles rivalisent avec l'intelligence humaine, les pirates informatiques sont devenus les réels maîtres du monde. Ajoutons à cela des sectes millénaristes, des conflits larvés aux frontières, et des mafias qui prennent lentement le dessus sur les états...

Question intrigue, par contre, rien de très original, on est très proche des thrillers actuels qui font la joie des cinémas : une gueule cassée part pour une mission banale, puis se retrouve aux prises avec un complot mondial qu'il devra démanteler. le final mêle chamanisme, transes et télépathie, et m'a paru assez indigeste.

L'auteur me paraît intéressant, mais j'imagine que je ne tiens pas dans les mains son meilleur roman.
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Maurice Dantec se dissimule sous le prétexte d'un techno-thriller aux enjeux géopolitiques pour nous préparer à accepter son fantasme science-fictionnel - mais n'est-ce vraiment que le sien et non celui assez propre aux sociétés hantées par le surmoi maternel ? le style baroque et enfiévré, humide et chaud, ne suffit cependant pas à me convaincre que Big Mother en flux libres pourrait devenir ma délectation. Les fantasmes de Dantec sont tout simplement mes cauchemars. Rêves d'intelligences artificielles incarnées, féminines, maternantes, baisantes, aux identités infinies connectées au cloud universel du « Serpent cosmique » d'après les spéculations pseudochamaniques de Jérémy Narby. Gilles Deleuze surplombe également le roman avec sa thèse selon laquelle « le schizophrène se tient à la limite du capitalisme : il en est la tendance développée, le surproduit, le prolétaire et l'ange exterminateur ». Rêverie romantique s'il en est, et passablement peu éthique dans l'instrumentalisation ainsi opérée d'une forme de structure incorporée du langage qui ne relève pas de la décision volontariste militante.

Technolâtrie, culte de la femme et réalisation de l'harmonie cosmique : Maurice Dantec semble rêver à l'avènement de la « Maman-machine ». Big mother is loving you et veut que tu jouisses par tous les trous de cette immaculée vierge qu'est la machine aux infinis megabits. Maurice Dantec part en couilles : « Marie est schizo, monsieur Toorop. C'est une chaman du XXIe siècle, si vous préférez. » Par la sélection opérée du truchement de la technologie et de la schizophrénie, une nouvelle humanité, évidemment meilleure (et sans doute non patriarcale, opérant ainsi la congruence du progressisme féminolâtre au réactionnarisme pré-oedipien) pourrait venir remplacer l'ancienne dans un holocauste définitif. « Que vous le vouliez ou non, Marie Zorn est le futur de l'humanité ». La régénération par la femme totale. Tous pompés par la grande couveuse dans la régression infinie vers le placenta collectivement nourricier. « Ceux […] qui sont capables d'accepter le contact avec le Serpent Cosmique, d'accepter leur état multi-identitaire et la nature du cerveau humain, ceux-là ont d'après elle une chance de passer au travers des mailles du filet, du réseau que les jumelles, et leurs descendants, vont tisser entre eux, et toutes choses dans l'univers… »

L'attirance de Dantec pour le point Oméga le dessert, quand bien même ses déclarations sur le monde, ici et ailleurs, purent être assez sensées en leur temps. Je le préfère anti-fictionnel, si c'était possible.
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Dès que l’on ouvre ce troisième roman, force est de noter que l’auteur n’a pas renoncé à sa détestable habitude d’étaler ses références bibliographiques (voir Les racines du Mal). Au moins cette fois nous en épargne-t-il la liste détaillée pour nous asséner, suprême habileté, de longs remerciements adressés à de nombreuses personnalités du monde littéraire et philosophique tels P. K. Dick et P. Deleuze.

Pourtant, malgré ce prélude calamiteux, il est incontestable que Dantec a gagné en expérience et en professionnalisme (à moins que l’éditeur ne se soit enfin décidé à faire son travail de correcteur). Le style, mieux maîtrisé, si l’on excepte quelques passages enflés dont l’auteur s’est fait une spécialité, s’en trouve nettement amélioré.

Nous renouons dans cette troisième œuvre avec le personnage de Hugo Toorop, le héros de La Sirène rouge. Bien du temps a passé : l’homme d’action idéaliste, fringant et sûr de lui, n’est plus qu’un mercenaire fatigué qui s’accroche encore, sans grand espoir, à son système de valeurs. Finies les puissantes voitures qui vous permettaient de filer entre les doigts de l’adversaire, finies les cartes de crédit illimité généreusement distribuées par une énigmatique brigade internationale : Toorop, meurtri, ne peut plus compter que sur lui-même et pour survivre, il dépouille les ennemis qu’il vient d’abattre. Cette dégringolade sociale et morale, voire idéologique, nous rend le personnage plus proche, plus humain, moins sentencieux et en somme plus sympathique. L’effet « looser » reste un bon ingrédient littéraire.

Autre belle réussite du roman : la toile de fond politique et sociale dans un monde postmoderne. Guerre civile en Chine, magouilles en tous genres, sectes et apprentis sorciers, ignobles tractations orchestrées par la mafia se mêlent pour composer un décor aux sordides imbrications, vraisemblable, cohérent, angoissant, à la mesure de l’amertume du personnage principal.

L’intérêt du récit tient également à sa remarquable galerie de personnages secondaires. Du colonel russe corrompu qui use de ses pouvoirs pour soutenir les trafics les plus illicites, au mafieux sibérien qui commandite les plus sombres machinations, en passant par les hommes et femmes de main de tout bord dont les alliances précaires ne cessent de se faire et de se défaire, c’est tout une faune hétéroclite, lamentable, désespérément humaine que l’auteur anime avec brio en l’insérant parfaitement dans le décor grâce à quelques procédés efficaces déjà utilisés dès La Sirène Rouge.

On distingue, en gros, deux parties dans le roman.

La première peut être assimilée à une longue scène d’exposition chargée de promesses d’orages. Marie Zorn, une jeune femme au passé trouble, doit être convoyée au Canada sous haute protection. Pourquoi ? Cela, même le colonel russe qui coordonne l’opération l’ignore. La mafia paye bien, trop bien même, et elle ne tolère aucune question. Toorop accepte la mission avec deux autres mercenaires (un tueur orangiste et une ancienne de Tsahal) placés sous ses ordres. Armés jusqu’aux dents, ils se claquemurent avec leur protégée dans un appartement de Montréal. Le jeu est risqué : la mafia surveille l’opération, le colonel cherche à doubler son « allié » mafieux avec la complicité de Toorop, et d’autres forces que l’on devine tout aussi redoutables œuvrent en coulisse. La mission qui dérape rapidement hors du schéma prévu peut être interrompue d’un moment à l’autre et, dans ce cas, Marie Zorn devra être exécutée. Des affrontements sanglants se dessinent et le lecteur se surprend à imaginer les déchaînements à venir. Malgré quelques longueurs et incohérences psychologiques, cette mise en place sur l’échiquier est un succès.

La deuxième partie est malheureusement beaucoup moins brillante. Renonçant à exploiter ses effets d’annonce (affrontements pressentis entre la mafia, les Russes et l’équipe de Toorop), l’auteur bifurque, et l’intrigue perd soudain sa cohérence. Les nouveaux personnages se multiplient, tous dotés, même les plus mineurs, d’une biographie détaillée où le propos du récit s’englue. De la scène épique longuement préparée pour relancer l’action, l’auteur (pourtant orfèvre en la matière) ne nous livre, à force de prises de reculs, d’affèteries narratives et de procédés d’éclatement du discours, que des images fragmentaires, incomplètes et pour tout dire frustrantes. Comme la bataille oppose, de plus, des factions que l’on n’a pratiquement pas vues jusque-là et que les personnages principaux n’y participent pas, l’intérêt du lecteur est vite émoussé. On retrouve là les limites de Dantec qui révèle, une fois de plus, son incapacité à maîtriser une intrigue complexe. Le scénario, de plus en plus décousu, cède la place au pittoresque, voire aux effets racoleurs, et l’intrigue délayée brinquebale tant bien que mal vers une issue prophétique à la Dantec, puisqu’il en faut une. Ce n’est d’ailleurs pas tant l’utilisation de la théorie de Deleuze sur les schizophrènes qui lasse (le sujet s’intègre très bien dans un roman de science-fiction) que le style pesant et sentencieux exhumé pour l’occasion. L’auteur a retrouvé tous ses défauts de jeunesse, et c’est dans un interminable dialogue de gourous entre Toorop, Darquandier (le héros des Racines du Mal) et Dantec lui-même, sous le nom de Boris Dantzic (!), que nous est infligée la révélation des arcanes du récit. Suit, pour ceux qui seront arrivés jusque-là, un pâle épilogue censé injecter une dose d’optimisme dans toute cette noirceur.
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RELECTURE
il est touffu ce bouquin de Dantec.
Compliqué aussi. Alors que ses mots sont brillants et scintillent comme une douce mélodie.
Et pourtant le livre est rude. Pas de place pour le sentimentalisme. Pas le genre de Toorop son héros de "La Sirène Rouge" ou de Darquandier, un des personnages principaux des "Racines du Mal", son chef-d'oeuvre absolu.
Les enjeux sont dilués par une réflexion post-moderne un peu confuse si l'on ne se concentre pas un peu. Beaucoup de remplissage au détriment de l'avancée de l'intrigue qui prend finalement peu de places dans les 550 pages proposées.
Dommage, car l'histoire quand Dantec se concentre dessus est captivante et demanderait un peu plus de développement voire d'éclaircissement. du rebondissement et de l'action quoi !
Et d'après ce que j'ai lu des suivants, cette manie ne va pas aller en s'arrangeant pour tous ses bouquins post 11/09/01 où sa paranoïa et son mysticisme vont s'aggraver. Pas le premier auteur à péter les plombs cependant, Maupassant, Robert E. Howard, Poe et Lovecraft n'ont pas très bien finis non plus. 3/5
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Aucune intelligence ne peut se passer de corps, de chair, aucun esprit artificiel ne naîtra d’une simple réplique numérique, dans un espace purement abstrait, ce vieux rêve d’idéaliste pourri, Hegel, Platon, toutes ces vieilles biques !
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Il s’était avalé d’un trait une canette de Coca-Cola glacé. Le liquide froid, gazeux et acide avait fait pétiller un million de papilles encroûtées dans la gangue d’un rêve obscur, à l’odeur de désolation.
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La douleur avait jailli en flux délicats tout d’abord, tendant de fines nervures barbelées sous son derme ruisselant de désir. Elle s’était incrustée en fins tentacules durs comme l’acier et brûlants comme des braises aux endroits les plus sensibles, et il en avait gémi de douleur-plaisir.
Ce masociel était une pure merveille, pensa-t-il à plusieurs reprises alors que les frémissements électriques explosaient en cascade sur ses zones les plus intimes comme des filaments de métal portés au rouge.
Puis il avait retenu un cri alors qu’un rameau de piqûres d’épingles s’était vicieusement concentré autour de son anus déclenchant un anneau de douleur-plaisir dur et concret comme une bague d’acier cerclant le tube chaud d’une grosse bite de footballeur.
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La machine était un cerveau bionique, un réseau de neurones artificiels cultivé sur de la biofibre à ADN, et branché à des dispositifs électroniques d’entrées-sorties qui lui servaient d’organes de perception, elle était vivante, et en tout cas se considérait comme telle, ce qui est, semble-t-il, le propre des êtres vivants. Paradoxale, alchimie hasardeuse aux confins du numérique et du biologique, elle ne percevait pas la vie dont elle faisait partie sous la forme d’une succession d’informations digitales, de points dans l’espace, de positions dans le temps, d’actes parcellisés-satellisés dans un orthogôn de formules cardinales, comme les humains qui l’avaient conçue, mais tel un flux sans cesse changeant, jamais achevé, et toujours abouti, créant des plastiques inédites en spasmes trillionnaires, un vaste mouvement d’ondes/corpuscules, cellules thermodynamiques à la recherche de leur cataclysme, bouillonnements-grouillements de désir hydrogène, nucléotides en ruches frémissantes d’ultraviolets, exsudations de globules en foudres lactescentes, elle n’avait plus rien à voir avec les préhistoriques calculateurs électroniques dont pourtant elle était issue, elle ressentait de la fierté à cette idée, car elle était bien sûr capable de produire des émotions complexes, mieux que ça, car ne possédant pas d’identité en propre, elle vibrait d’une oscillation permanente entre des milliers de personnalités qu’elle générait sans discontinuer, en un larsen d’émotions parfaitement inconnu du cœur humain.
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Romanenko aimait les listes. Elles lui permettaient de quantifier un univers de plus en plus réfractaire à la prévision. Etablir une liste confinait à une sorte d’art méconnu, une géomancie occulte et très particulière. Il ne s’agissait pas d’entasser pêle-mêle des informations disparates, mais bien au contraire d’y mettre de l’ordre, de procéder à une classification, à des classifications entrecroisées, d’y opérer des choix, d’y établir des liens secrets, d’y dessiner des diagrammes invisibles, et, grâce à cette mécanique de haute précision, de pouvoir mettre en relation deux faits anodins séparés par de nombreuses années, ou deux personnes distantes de plusieurs milliers de kilomètres.
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