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EAN : 9782253010722
Le Livre de Poche (10/07/1987)
3.29/5   40 notes
Résumé :
Est-ce qu'on se suicide parce qu'on a pour père le poète le plus célèbre d'Angleterre et qu'il se préoccupe plus de son œuvre que de vous bercer sur ses genoux ? Est-ce qu'on se suicide parce qu'on écrit des vers incapables de rivaliser avec les siens... alors qu'il y a tant d'autres choses à faire, à voir, à savourer dans la vie? Richard en convient dès qu'il a passé une heure en compagnie de Jake qui l'a retenu au moment où il allait se jeter dans la Tamise. Quand... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Difficile de dire si j'ai apprécié ce roman - et pourtant après réflexion, je dois dire que oui, c'est une très belle plongée dans un cerveau torturé - tant la personnalité du protagoniste principal était déplaisante. Dick, Jeune homme de vingt ans, déboussolé tente de se suicider en se jetant à l'eau mais se voit rattraper à temps par Jake un homme un peu plus âgé. S'ensuit un périple d'Angleterre vers le Nord de l'Europe en bateau où ces deux hommes vont échanger un peu de leurs histoires respectives, le plus jeune dans une grande attente vis-à-vis de l'aîné, plus sage et confiant dans la vie. Ce dernier tente de le rassurer et de lui faire découvrir les beautés du monde et le plaisir que l'on peut en retirer, mais lors d'un dernier voyage, le bateau chavire et Jake meurt. Seul à nouveau, échoué sur les côtes françaises, il se dirige vers Paris. Toujours à la recherche de la figure paternelle, il tente de s'inventer une nouvelle vie (écrivain), sans doute pour indiquer à son père qu'il existe toujours. Sa tentative de suicide résulte de son sentiment de rejet de la part de son père, poète adulé en Angleterre et homme taiseux. de ce que Dick lui écrira dans une longue lettre, je comprends la douleur du fils. Mais Daphné du Maurier ne laisse la parole qu'au fils quasiment tout du long du roman, dès lors le lecteur a uniquement la vision de Dick dans les rapports père-fils. le père a élevé l'enfant de manière stricte et la mère ne s'est pas montrée très maternelle, elle non plus. Mais à nuancer car tout ce que j'ai pu comprendre vient du fils. Arrivé à Paris il se met à écrire, mais pour y arriver il lui faut une bonne âme qui l'aime, lui. Et c'est épouvantable de voir combien Dick est auto-centré dans la relation avec Hesta, jeune fille musicienne et indépendante. Il va pousser très loin la manipulation afin qu'elle tombe éperdument amoureuse et dès qu'il a ce qui lui faut, cette domination d'un être en amour pour lui, il ignore les besoins et envies de sa compagne. Jusqu'à ce qu'il termine son livre…

J'ai été impressionnée par la force de Daphné du Maurier d'arriver à m'embarquer dans l'esprit d'un jeune homme, complètement immature, égoïste et qui finalement n'attend qu'une chose : être dirigé, comme si toutes les années d'éducation ne lui avait jamais appris à devenir un être autonome. Alors la faute à qui ? Je n'ai pas vraiment d'éléments dans le roman pour orienter, reste sans doute un grand manque dans cette famille.

Un roman qui va sans doute rester longtemps dans ma mémoire.
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Difficile d'avoir pour père un génie. Surtout quand ce génie - reconnu de son vivant comme le plus grand poète de langue anglaise - ne sait mettre de sentiment que dans ses oeuvres et traite son propre fils avec une insensibilité glaciale. Surtout quand ce génie ne songe à faire de vous qu'un digne successeur, une copie idoine, vous enferme dans les livres, dans l'étude, jusqu'à vous les faire détester, et ne vous témoigne évidemment qu'un mépris écrasant quand vous vous révélez indigne de ces hautes attentes.
Un jour, un mouvement de révolte désespérée met fin à tout ça, Dick s'enfuit du foyer paternel et le voilà désormais sur un pont, dans les fumées de Londres. Prêt à sauter. Terrifié par son geste mais incapable de trouver une raison d'y renoncer. Et puis deux mains se posent sur ses épaules, le retiennent, un homme, un sourire, le raccrochent à la vie. Un homme plus âgé, qui a déjà beaucoup vécu, qui trouve absurde de gâcher ainsi ses vingt ans, qui l'entraîne avec lui, devient l'ami, le compagnon, le frère aîné, le père de substitution dont il a tant besoin pour apprendre, enfin, à exister. Mais leurs voyages n'auront qu'un temps, le plus beau, celui de l'évasion, des découvertes, de la jeunesse enfin - et après cela, que devenir ?

Lecture pas inintéressante mais diablement pesante que cette Jeunesse Perdue, qui me laisse au final très partagée. D'un côté, des thèmes toujours puissants (le poids de l'éducation et des dysfonctionnements familiaux sur le développement d'une personnalité, la difficulté à être par soi-même, les pouvoirs de l'amitié, les mirages de l'amour, la force vivifiante mais bientôt décevante des illusions, le difficile apprentissage de soi), un portrait psychologique implacable et assez fin, quelques scènes superbes, qui m'ont touchée presque aux larmes par la seule force de l'écriture. de l'autre, un personnage principal extrêmement déplaisant, simplement agaçant et puéril tant que Jake est encore là pour le soutenir, puis pour lequel j'ai vite perdu toute capacité d'empathie, en compagnie de qui j'ai eu, de plus, en plus, le sentiment d'étouffer. Un esprit étroit, mesquin et creux, qui a fait siens tous les préjugés de son temps sur la vie, l'amour, le sexe, les femmes... dont mêmes les rêves sont artificiels tant il n'a pas en lui assez de puissance, assez d'individualité pour rêver vraiment.
Tout cela, évidemment, se justifie assez bien par son éducation écrasante, par le propos même du roman (un médiocre qui apprend à s'assumer comme tel en renonçant peu à peu aux rêves trompeurs de sa jeunesse) mais... mais, un petit supplément d'âme, de personnalité, n'aurait certainement pas gâché le propos, aurait même pu le rendre plus subtil et percutant. D'autant que je ne suis pas absolument certaine qu'il n'y ait pas là un brin de maladresse de la part de l'auteur, dont la plume est déjà belle, percutante, mais qui a encore besoin de prendre un peu de bouteille pour mieux maîtriser les dérangements de ses personnages.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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J'avais lu « jeunesse perdue » il y a quelques années. Ma PAL se réduisant de plus en plus, j'ai redécouvert ce roman.

Désespéré, sans but et ne supportant plus la froide indifférence de son père à son égard, Richard décide de mettre fin à ses jours en se jetant dans le fleuve. Mais un inconnu va le retenir in extremis. C'est avec Jake qu'il va partir à l'aventure et voyager, mais ces voyages prendront fin rapidement lors d'une expédition sur un vieux cargo où Jake trouvera la mort.

La rencontre avec Jake aura un effet salutaire. Même s'il a perdu son ami, Richard va désormais s'accrocher à la vie, et ce, malgré une douloureuse déception en amour et son échec cuisant en tant qu'écrivain.

J'apprécie particulièrement cette romancière mais j'avoue ne pas avoir été emportée par l'histoire de Richard. Cette petite flamme qui a suscité mon intérêt dans la première partie, trop courte d'ailleurs, a rapidement faibli au cours du récit. C'est dommage !
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De Daphné du Maurier, je n'avais lu auparavant que "La chaîne d'amour", son premier roman, pour lequel j'ai eu un gros coup de coeur et qui a été une de mes plus belles lectures de 2020. J'ai donc décidé de continuer ma découverte de son oeuvre avec son deuxième roman publié en 1932, "Jeunesse Perdue".

Je dois dire que j'ai été déçu par cette lecture. Peut-être en attendais-je trop, mais j'avoue que comparé à son précédent, j'y ai trouvé plus de défauts.
Pour ce qui est de l'histoire, on va suivre Richard, un jeune homme perdu, effacé par le succès de son père poète, et qui au début du roman s'apprête à se suicider. Il va être sauver in extremis par Jake, compagnon avec lequel il va décider de se lancer à l'aventure.

Le premier tiers du récit est génial : beaucoup d'actions, de péripéties, des descriptions sublimes et de l'action en mer (qui m'ont beaucoup rappelé "La Chaîne d'amour"), font que le récit est très palpitant et intriguant. Puis après cela, l'histoire bascule dans un autre registre jusqu'à la fin, registre qui m'a beaucoup plu au début, mais dont je me suis un peu lassé sur les 50 dernières pages.

Malheureusement ce qui ne l'a pas trop fait avec moi, c'est le personnage principal. le récit est écrit à la première personne, ce qui n'est pas du tout dérangeant et rend même un coté un peu plus original à l'ensemble.
Non le souci, c'est que Richard est un personnage insupportable à suivre, très égocentrique, pas du tout respectueux (avec qui que ce soit), bref, un parfait c***.
Le personnage est parfaitement construit d'un bout à l'autre, et ce n'est pas un problème d'écriture, c'est juste que j'ai trouvé difficile de devoir suivre toute son histoire uniquement à travers ses yeux, avec ses remarques qui donnaient envie de lui donner des baffes.

Ce roman est en fait une réflexion sur la jeunesse et le passage à l'âge adulte, sur les questions que l'on peut se poser et les envies que l'on peut avoir à cette période. Il est intéressant de noter que Daphné du Maurier a bâti ce récit autour d'un personnage central masculin détestable, ce qui remet en cause la bêtise de certains hommes, et l'évolution de celle-ci avec leurs âges. En revanche, le traitement du personnage féminin est bien plus positif, et intelligent.

En fait, si je devais reconnaître une des choses qui m'a gêné, c'est que j'ai eu l'impression que tout le récit tendait vers un final plein d'enjeux qui se résolvaient, et finalement le soufflet est retombé. L'autrice est resté très soft, proposant une histoire "tranche de vie" alors que je pensais retrouver plus de rebondissements que cela. Peut-être que la fin arrive aussi trop vite, comparé aux nombreux événements qui se sont déroulés, surtout sur la deuxième partie.

Mais s'il y a bien une chose que je garderais encore une fois de cette histoire, c'est la plume de Daphné du Maurier. Toujours aussi efficace, évocatrice, il ne m'a fallu que 5 pages pour être déjà embarqué dans l'histoire, sans que je puisse rien y faire. Ces descriptions de Londres, de Scandinavie et de Paris m'ont épatés, tant elles étaient réalistes et totalement subjuguantes. L'autrice avait définitivement un talent de conteuse innée, tout simplement magistral.

C'est certes une déception pour moi, et sûrement pas un des meilleurs romans de l'autrice, mais ce n'est pas cela qui m'empêchera de découvrir le reste de ses écrits !
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Très beau roman traitant de l'amour, du désamour, du mensonge, de la trahison... Fine psychologie de l'auteur et belle plume. Un bon livre.

http://araucaria.20six.fr/
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Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
« Je voudrais, dit-elle, je voudrais qu'on puisse se marier.
- Oh ! chérie. » Je la regardais stupéfait. « Tu ne peux pas vouloir dire cela. Mais le mariage est une chose horrible. Tu sais bien. Nous en avons parlé souvent.
- Oui, dit-elle, mais maintenant ça ne me paraît plus si horrible que ça.
- C'est impossible, continuai-je, pas nous. Nous ne nous aimerions plus la moitié autant. Être avec toi ne serait plus une chose passionnante. Tu serais ma femme et voilà tout. Nous trouverions ça tout naturel.
- Je ne crois pas que ça ait tant d'importance, dit-elle.
- Chérie, tu n'as pas vraiment envie de te marier. Tu n'as pas réfléchi à ce que ce serait. Allons, sérieusement, y as-tu réfléchi ?
- Oui, dit-elle.
- Non, Hesta, ce n'est pas possible. Voyons, tout d'un coup la vie devient terne, ordinaire, pareille tous les jours. Tu ne t'es pas mise tout d'un coup à avoir des scrupules moraux ?
- Oh ! Dick. Tu es fou.
- Mon cœur, non, je ne suis pas fou. Mais le mariage... tu te sentirais liée et moi aussi. Ce qu'il y a de respectable là dedans me tuerait. C'est parfait d'être comme nous sommes, jamais sûrs.
- Jamais sûrs de quoi ?
- De la vie, de l'amour, l'un de l'autre... Je ne sais pas. Écoute, est-ce que tu veux vraiment te marier ?
- Non, si tu ne le veux pas.
- Tu ne vois pas que ce serait affreux ?
- Peut-être...
- Tu ne le vois pas ?
- Tu dois avoir raison, Dick.
- Et c'est tellement inutile ! Nous n'avons pas à nous soucier des autres gens. Tu es indépendante, moi aussi. Ton tuteur, tu t'en moques, n'est-ce pas ?
- Oui.
- Ce n'est pas comme si tu étais pauvre
- Bien sûr.
- Qu'est-ce qui t'a mis ça dans la tête ?
- Rien, une idée comme ça. N'en parlons plus, Dick.
- Chérie, c'est merveilleux quand même que tu y aies pensé, c'est la preuve que tu tiens un peu à moi. Mais ça serait affreux, tu le sais bien ?
- Oui.
- Non, ce qu'il faut, c' est que tu quittes la pension et viennes habiter ici avec moi. »
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Être jeune, c'est une chose que tu ne comprendras, dit-il, que quand tu ne le seras plus, et ce sera alors comme un éclair qui te laissera un peu plus sage qu'avant. Mais, si tu écoutes bien, tu entendras dans l'air comme l'écho d'une chose perdue, comme un oiseau dont on ne peut définir la chanson, trop haut, trop loin, pour qu'on l'atteigne, et qui dit : Je ne serai plus jamais jeune, je ne serai plus jamais jeune.
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" Tu sais, dit-elle, tu avais absolument raison en ne voulant pas qu'on se marie. C'est beaucoup plus amusant comme ça, tu ne trouves pas ? On ne se sent pas lié du tout. On peut se quitter si on veut. "
Je fus surpris de ces paroles. C'était fort bien pour moi de mépriser le mariage mais, je ne sais pourquoi, cela prenait un autre sens, venant d'elle.
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J'entrai dans une boutique et achetai le livre de mon père puis remontai dans ma chambre d'hôtel pour le lire tout seul. Et quand je le lus, je vis que tout ce que les journaux en disaient était vrai. Il ne servait à rien de lui résister, car là s'imposait une beauté nue et le sens de ses rêves, et l'angoisse, et l'extase, et tout ce que j'avais jamais pu connaître. Là était le frémissement même de la vie, le doute et la douleur, la voix d'une âme solitaire perdue dans le désert, et il m'appelait du fond de ce désert, non comme un père et un homme, mais comme un esprit frère du mien, sans âge, un être semblable à moi, et je le connaissais ainsi comme je n'aurais jamais pu le connaître dans sa chair, penché vers moi du haut d'un inaccessible sommet et m'amenant jusqu'à lui.

Deuxième partie: Hesta
Chapitre VIII
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Une paysanne lavait son linge dans un étang, un chien s'étirait sur le seuil d'une maisonnette et secouait la queue pour chasser les mouches. Les choses se succédaient, inévitables et paisibles, mais je ne voyais pas comment je m'y réintégrerais jamais. On eût dit que le murmure et l'émotion de la vie continuaient autour de moi, tout près, sans me toucher, et que je demeurais isolé dans le canal de mon existence sans communication avec le grand fleuve qui coulait devant moi. Peu importait. Je m'étais trouvé, un jour, sur un pont devant la certitude de la mort et, à ce moment, l'appel de la vie et l'attrait de l'aventure m'étaient apparus plus forts que jamais. Du haut d'un seuil mystérieux, j'avais regardé la terre et vu qu'elle était bonne. Quelque chose en moi avait aspiré à une libération, à une satisfaction. L'air qui soufflait sur mon visage, la poussière éparse sous mes pieds, le passage des femmes et des hommes chers et familiers, jusqu'à la sueur de leur corps et l'odeur de leurs vêtements m'avaient attiré dans un appel suprême et définitif.

Deuxième partie: Hesta
Chapitre I
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DAPHNÉ DU MAURIER / REBECCA / LA P'TITE LIBRAIRIE
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