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Citations sur L'Auberge de la Jamaïque (82)

Des vents étranges soufflaient, qui semblaient ne venir de nulle part. Ils se glissaient à la surface de l'herbe, et l'herbe frissonnait ; ils soufflaient sur les petites flaques de pluie, dans le creux des roches, et les flaques ondulaient. Parfois, le vent hurlait et ses clameurs résonnaient dans les crevasses ; puis ses gémissements se perdaient de nouveau. Il y avait, sur les rocs, un silence qui appartenait à un autre âge, à un âge révolu, évanoui comme s'il n'avait jamais été, un âge où l'homme n'existait point, où seuls des pieds païens foulaient les collines. Il y avait dans l'air un calme, une paix plus ancienne et plus étrange qui n'était pas la paix de Dieu.
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Elle avait prié pour que sa mère lui fut longtemps conservée, pour que la ferme prospérât. Elle avait obtenu la maladie, la pauvreté, la mort. Elle était maintenant seule, prise au filet, un réseau tissé de brutalité et de crime ; elle vivait sous un toit qu’elle haïssait, parmi des gens qu’elle méprisait ; elle foulait une lande désolée, hostile pour rencontrer un voleur de chevaux et un assassin. Pour ce Noël, elle n’offrirait à Dieu aucune prière.
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Ce jour-là, peu de nuages projetaient leur ombre et la lande se déroulait devant elle, prenant, sous le soleil, une couleur de sable. Un courlis solitaire se tenait, pensif, près du ruisseau, contemplant son reflet sur l’onde ; puis, pointant son long bec dans les roseaux avec une incroyable rapidité, il frappa la terre molle et, tournant la tête, il se dressa sur ses pattes. S’élevant alors dans l’air, il jeta son cri plaintif et partit vers le sud.
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(…) hors du silence, monta de nouveau le murmure du vent. Il s’élevait et s’éteignait ; sa plainte courait sur les pierres. C’était une autre sorte de vent, qui laissait derrière lui un cri et un sanglot, un vent qui ne venait de nulle part, qui n’allait vers aucun rivage. Il jaillissait des pierres elles-mêmes, et de la terre sous les pierres. Il chantait dans les creux des cavernes et dans les crevasses des rochers, commençant par un soupir qui se muait en lamentation. Il résonnait dans l’air comme un chœur chanté par des morts.
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- Mais toute la campagne m'appartient, Mary, j'ai le ciel pour toit et la terre pour lit. Vous ne comprenez pas. Vous êtes une femme ; la maison, avec toutes les petites choses familières et quotidiennes, est votre royaume. Je n'ai jamais aimé cela et ne l'aimerai jamais. J'aime à dormir une nuit sur la colline, dans une ville le lendemain. J'aime à chercher fortune au hasard de ma course, avec des inconnus pour compagnie et des passant pour amis.
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- Je n’ai qu’une faiblesse dans ma vie, dit-il, et je vais vous la confier : c’est l’alcool. C’est une malédiction, et je le sais. Je ne peux pas m’en empêcher. Un jour, cela me perdra et ce sera une bonne chose. Certains jours, je ne prends qu’une goutte, comme ce soir. A d’autres moments, je sens la soif s’emparer de moi et je bois comme une éponge, je bois pendant des heures. C’est la puissance, la gloire, les femmes, le Royaume de Dieu, tout cela à la fois. C’est alors que je parle, que je parle jusqu’à ce que la moindre des damnées choses que j’ai faites soit dispersée aux quatre vents. Je reste dans ma chambre et hurle mes secrets dans mon oreiller.
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Joss Merlyn criait de toutes ses forces et le bruit était assourdissant. Lorsqu'il était ainsi, Mary ne le craignait point : ce n'était que fanfaronnade et comédie. Ce n'est que lorsqu'il baissait la voix jusqu'au murmure qu'elle le savait redoutable.
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Et voici qu'en dépit d'elle-même le visage de Jem lui apparut de nouveau ; il avait l'air d'un chemineau, avec sa barbe naissante, sa chemise sale et son regard hardi. Il était rude et manquait de tendresse ; il y avait en lui plus d'un trait de cruauté ; c'était un voleur et un menteur. Il s'ingéniait à faire tout ce qu'elle craignait, détestait et méprisait. Mais elle savait qu'elle pouvait l'aimer. La nature se souciait bien des préventions ! Les hommes et les femmes étaient comme les animaux de la ferme à Helford, supposait-elle ; il y avait une commune loi d'attraction pour tous les êtres vivants, quelque affinité physique qui les faisait aller l'un vers l'autre. Ce n'était pas l'esprit qui choisissait. Le bétail ne raisonnait point, pas plus que les oiseaux. Mary n'était pas une hypocrite ; élevée à la campagne, elle avait vécu trop longtemps avec les oiseaux et les bêtes ; elle les avait vus s'accoupler, élever leurs petits et mourir. Il n'y avait guère de romanesque dans la nature, et Mary entendait ne pas le rechercher dans sa propre vie.
Non, Mary ne se faisait pas d'illusions. Etre amoureux n'était qu'un joli mot pour excuser la chose. Jem Merlyn était un homme, elle était femme ; que ce fût ses mains, sa peau ou son sourire, quelque chose en elle répondait à cet homme ; le seul fait de penser à lui était irritant et stimulant à la fois et cela la tourmentait. Elle savait qu'il lui faudrait le revoir.
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Ici,sur le sommet, le vent s'agitait et pleurait avec des murmures de craintes, sanglotait à de vieux souvenirs de sang versé et de désespoir : il y avait là une note déchirante dont l'écho se répercutait et se perdait dans le granit, très haut au-dessus de la tête de Mary, sur le pic même de Roughtor, comme si les dieux eux-mêmes étaient là, dressant vers le ciel leurs têtes imposantes.
En imagination, la jeune fille entendait le murmure de milliers de voix, les pas de milliers de pieds ; elle voyait les pierres autour d'elle se changer en hommes. Mais leurs faces étaient inhumaines, plus vieilles que le temps, sculptées et rugueuses comme le granit ils parlaient une langue qu'elle ne pouvait comprendre.
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Etre amoureux n'était qu'un joli mot pour excuser la chose. Jem Merlyn était un homme, elle était une femme; que ce fût ses mains, sa peau ou son sourire, quelque chose en elle répondait à cet homme ; le seul fait de penser à lui était irritant et stimulant à la fois et cela la tourmentait. Elle savait qu'il lui faudrait le revoir.
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