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Critique de glegat


Après avoir lu et apprécié « Prométhée ou la vie De Balzac » d'André Maurois c'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai commencé la lecture de « Lélia ou la vie de George Sand », en attendant de lire « Olympio ou la vie de Victor Hugo » toujours du même auteur. André Maurois est un excellent biographe, et a produit sans doute l'une des meilleures biographies De Balzac jusqu'à ce jour [et il y a beaucoup de concurrence]. Dans cette biographie de George Sand j'ai retrouvé tout le talent et le savoir faire de Maurois pour nous rendre vivante et actuelle la vie d'un génie de la littérature. Maurois conçoit la biographie non pas comme une analyse de l'oeuvre, mais comme une étude de personnalité. Dans chacune de ses biographies, il tente de percer la psychologie et les motivations profondes des auteurs plutôt que d'expliquer l'oeuvre du point de vue littéraire et c'est ce qui rend ses livres si vivants et si captivants. Il faut dire que ses modèles sont d'une richesse inouïe : Balzac, Sand et Victor Hugo sont tous des géants avec un parcours de vie exceptionnel.
George Sand [1804-1876] a fréquenté toute l'élite intellectuelle et artistique de son époque : Jules Sandeau, Sainte-Beuve, Mérimée, Vigny, Balzac, Chopin, Liszt, Lamennais, Delacroix, Arago, Lamartine, Napoléon III, Taine, les frères Goncourt, Renan, Théophile Gautier, Dumas, Flaubert, Tourgueniev, etc.

Elle s'habille en homme et fume le cigare, elle est à la fois croqueuse d'hommes et mère poule. Elle mène à Nohant une vie partagée au milieu d'une tribu d'amis, mais trouve aussi le temps d'écrire tous les jours des romans, des articles, des pièces de théâtre et d'entretenir une correspondance digne de celle de voltaire [Sa correspondance représente 25 volumes dans la collection Garnier]. Elle sait faire les confitures, elle est habile couturière, excellente jardinière, à l'aise dans les salons littéraires pour débattre politique religion et philosophie et dans son élément à la campagne en parlant patois avec les paysans. C'était une femme-orchestre dotée d'une vitalité extraordinaire. On connaît ses amours tumultueuses avec Sandeau, Musset et Chopin pour ne citer que les plus connus. Politiquement elle était de gauche sensible aux théories communistes naissantes et sur le plan religieux plutôt protestantes après avoir été tentée par le catholicisme. Sa personnalité est particulièrement touchante par le dévouement et la générosité dont elle a fait preuve jusqu'à ces derniers instants à l'égard de sa famille et de tous ses amis.

Dans une lettre à Flaubert elle se livre : « La sacro-sainte littérature, comme tu l'appelles, n'est que secondaire pour moi dans la vie, j'ai toujours aimé quelqu'un plus qu'elle et ma famille plus que quelqu'un. »

George Sand meurt en quelques jours d'une occlusion intestinale mal soignée à l'âge de 72 ans. Nul doute que si elle avait été opérée à temps elle aurait survécu encore de nombreuses années, car elle ne souffrait d'aucune autre maladie et s'étonnait elle-même de sa vigueur quelques semaines avant son décès.

Sur le plan littéraire, d'après Maurois, le meilleur de son oeuvre est dans « Consuelo » un roman-fleuve paru en 1843, mais aussi dans son journal intime et dans sa prodigieuse correspondance. Personnellement j'ajouterais ses romans champêtres notamment « La mare au diable » et « La petite Fadette ». La lecture de cette biographie est un excellent point d'entrée dans l'oeuvre immense et inégale de George Sand.


- "Lélia ou la vie de George Sand", Tome XIV des oeuvres complètes d'André Maurois, Librairie Arthème Fayard, (1953), 448 pages.
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